lundi 22 décembre 2008

Les postes [c'est occupé !].


[source]


Encore, Brice Hortefeux, nous pouvions comprendre, nous parvenions à excuser le bonhomme. Le type qui a vu toute sa carrière défiler dans l'ombre des plus puissants que lui, à attendre son tour, à guetter d'un œil inquiet le moment propice, à craindre de rater de peu le passage des spotlight, nous pouvons excuser qu'il ait accepté le premier poste qui passait à sa portée.


Les petits ambitieux n'ont pas vraiment d'odorat.
Et s'il y a bien un ministère qui ne sent pas très bon, c'est le sien : Ministère de nos Valeurs agressées par les sauvages, les non-civilisés, les non-nous.

Mais qu'un ancien-socialiste hérite du fauteuil, voilà qui change la donne. Nous ne sommes plus dans la revendication abrupte de la droite mais dans l'accoutumance. De tout inordinaire qu'il fut, le Ministère de la Haine Coutumière, de la chasse aux indésirable banalisée, le Ministère de Protection de notre Identité contre les impurs, s'installe dans les mœurs.

Il sera bientôt possible à n'importe quelle dinde carrièriste de perrorer depuis son perron : «Et nous comptons en expulser vingt-cinq pour cent supplémentaires, dès l'année prochaine». Et d'annoncer les quotas comme autant de kilos de patates, comme un nombre de fagots de bois, d'objets hétéroclites.

Mais il faut reconnaître tout de même, à ce gouvernement, une grande harmonie en la matière, une gigantesque cohérence. Nous aurons peu l'occasion de voir, je le pense, une telle qualité d'assemblée, de retrouver de si tôt, une telle concentration. Il en devient difficile pour ne vexer ni les unes ni les autres, de vous fournir quelques exemples.

Il revient pourtant à monsieur Fillon d'ouvrir le bal. Oui, le premier ministre, celui qui a le titre en ce moment. Lui, c'est facile, il a tout compris à l'histoire : il prend le salaire et il ne s'occupe de rien. De toute manière dès qu'il essaie quelque chose, il se retrouve avec l'autre énervé sur le dos, ce n'est même pas envisageable. C'est une stratégie terriblement efficace car, outre d'éviter à notre hystérique en chef de trop tirer sur la corde [mais comment tient-il ?], il se ramasse les plus beaux scores de tous les premiers ministres.

Tu parles, les gens ont oublié et sa tête et son nom et ils le prennent pour un gentil !

Il faudra pourtant se souvenir qu'il aura tout cautionné en tant que chef du gouvernement. De Lagarde à Darcos, de Pecresse à Woerth, il a tout avalé. Vous vous souvenez du milliard d'euros du plan de madame Amara pour les banlieues ? Même les phrases les plus creuses de Xavier Bertrand, il n'a rien dit. Pourtant nous savons comme il est difficile de ne pas réagir à son propos mais il a été d'un courage exemplaire.

Mais là, je crains qu'il ne craque. Hormis le renvoi de Brice Hortefeux à l'ombre et la nomination d'un traitre du camp d'en face à sa place, Nicolas Sarkozy ne change pas le gouvernement. Il décide de garder chacun à sa place. Il semble désormais incapable de trancher, comme figé par le poids de décisions dont il s'effraie par avance, des possibles conséquences. Il a porté ce parti au pouvoir, il a consacré tant d'année de sa vie à tracer le chemin qui mène au poste suprême, qu'il ne peut imaginer qu'aucun autre n'essaie après lui.

Il passe désormais son temps à protéger son précieux.

Que personne ne le lui prenne par surprise. Ne s'en accapare. Il faut prévoir et réfléchir, imaginer avant eux d'où proviendra l'attaque, voire le précéder s'il venait à s'inquièter de ce qu'il pourrait mijoter. Il les imagine en horde tapie dans l'ombre, prête à bondir en multitudes rendues avides par son pouvoir personnel. Il se prémunit donc de toute perte future et oublie peu à peu ce qu'était sa mission.

Je pense que si j'étais François Fillon, je me soucierais aussi de ce que devien ce président…

1 commentaire: