mardi 10 mars 2009

L'Assemblée [à table !]


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Un type qui veut s'en sortir aujourd'hui face à la crise que les médias nous annoncent longue et dure comme la métaphore adéquate, soit il se lance à corps perdu dans la médecine mais il s'en prend tout de suite pour sept années d'études sans aucune garantie de succès, soit il parvient à devenir Député de la République.


Toi ou moi, on peut se faire élire, c'est même tout le principe du truc. La démocratie, ce n'est pas seulement ce machin dont on te parle à la télévision, la liberté de signer une délégation de pouvoir pour une durée déterminée, c'est aussi la possibilité que nous allions nous-mêmes nous mêler des choses qui nous regardent.

Mais il semble bien que de laisser ses fesses épouser le cuir du pouvoir, ça vous change profondément.

Déjà, tu changes automatiquement de statut social. Même si la vieille, tu n'étais qu’éboueur ou technicien de surface dans le métro, avocat des nantis ou trapéziste dans la haute finance [à de telles altitudes, ce n'était plus de l'équilibre, c'était de la voltige. Les enfants de la balle se relèvent tant bien que mal et, bien que secoués par leur chute brutale, se remettent en selle et vont vous refaire leur numéro], te voilà Chef de province à la Capitale.

Peu importe que tu te sois lancé dans la carrière pour en virer tes ainés qui y étaient encore, pour sauver une poignée de veuves et d'orphelins ou pour sauver le patronat des griffes toujours plus exigeantes du prolétariat, ton compte en banque est automatiquement crédité de quelques milliers d'euros. C'est au moment où tu pourrais le plus facilement sortir ta carte bancaire que partout où tu vas, le moindre restaurant, la moindre salle de spectacles, on se contente de ta carte de visite.

Cela est assorti de quelques avantages en nature dont même un chômeur de longue date se refuserait à rêver un soir de Noël au moment de se coucher en songeant aux cadeaux qu'il aurait pu offrir à ceux qu'il aime : logement à bas prix, électricité à l'œil et déplacement jusqu'à plus soif sur tout le territoire.

Dans ces conditions, il est assez logique que ces gens, tout occupés qu'ils sont à transmettre à leurs enfants les fonctions qu'ils squattent à longueur de mandats, les postes dont nous leur avons confiés la charge [enivrés par l'espoir dont ils nous avait abreuvé par le biais de prospectus débordants de quadrichromies], en oublient assez vite leur mission. Il est assez normal qu'ils se retrouvent, presque malgré eux, déconnectés de notre réalité.

D'un côté, un reportage de France 2, dans lequel on découvre qu'il existe un marché aux portes de Paris où s'achètent et où se vendent toute sorte de denrées. Les dates limites de consommation dépassées permettent de négocier les prix au quart de leur valeur dans les rayons d'un supermarché. Des nuées de pauvres viennent y remplir frigidaires et placards parce qu'ils n'ont plus d'autres solutions pour subvenir aux repas familiaux.

La misère affiche son visage au grand jour dans ma télévision.

Et de l'autre, l'Assemblée de nos représentants qui décide que les quelques uns qui profitent des avantages du ticket-restaurant vont pouvoir s'acheter des patates et des navets en lieu et place d'un repas assis dans un établissement servant des victuailles cuisinées. Ils se soucient du rose de nos joues et de notre bonne santé qui serait provoquées par l'absorption de cinq végétaux à raison d'une journée, tandis que parmi les rues de la grande ville, la télévision découvre le visage hâve de ceux qui ne possèdent rien.

La misère expose ses figure d'ombre en pleine lumière.

Nos élus sont loin de cette réalité et se préoccupent de ce qu'ils croient important. Quand tu choisis ta carrière, il faut garder en mémoire que la différence essentielle, finalement, entre le député et le médecin, c'est qu'on demande au second de l'efficacité…

9 commentaires:

  1. De l'efficacité ? Tu ne vas quand même pas demander ça à un élu !

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  2. Allez, regarde la chaine Parlementaire et on pourra juger de leur efficacité

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  3. Ce n'est pas le principe de ces facilités et défraîments qui me choque, car ils peuvent s'expliquer, mais leur niveau et le laxisme dans leur utilisation qui les transforment en privilèges.

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  4. Et encore, tu ne parles pas du cumul. Avec tout ça, le député est aussi maire et président de conseil régional, et parfois, s'il fut médecin, il est directeur de clinique ou quelque chose du genre...

    Compte en banque bien rempli comme ça...

    [bonbiyé]

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  5. Ca va mal finir !

    Ca sent la révolte dans le discours des gens.

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  6. Nicolas : bin si justement ! :-))

    Homer : je l'ai fait à un moment… Ça ne m'a pas convaincu comme sorte de héâtre… :-))

    Le Coucou : Pas d'accord ! En Suède par exemple, un ministre prend le Métro ou sinon paie le taxi de sa poche. C'est justement l'accumulation entre hautes rémunérations te avantages que je dénonce ! :-))

    Dorham : c'est vrai qu'en plus, ils cumulent, j'oubliais !!! [merci !].

    Eric Citoyen : un belge m'a dit aujourd'hui : Vous savez, on attend tous que les français démarrent, on est prêt à suivre ! :-))

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  7. Et pourquoi nos amis belges ne nous devanceraient pas ? qu'ils ne nous attendent pas, qu'ils foncent; les grecs n'ont pas regardé vers la France pour faire leur révolution. Si on n'est pas capables cette fois-ci d'être précurseurs, on sera suiveurs ! l'important est que ça change, et vite.

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  8. Qui peut dire, le plus honnêtement du monde, que ni le pouvoir, ni l'argent ne les feraient dévier de sa 'route vertueuse' ???
    Toujours très honnêtement, je crois que je n'en serais pas capable...

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