vendredi 11 décembre 2009

Le matin [pas réveillé !]

Edouard Hoopper, the morning sun
[Edward Hopper - The morning sun]]

H
La cuisine est grande. Elle est, par un côté, totalement ouverte sur l'extérieur. Une fenêtre de peu de hauteur mais d'une largeur considérable, découpe en rectangle, un bon morceau de la pelouse. La lumière est douce qui vient du jardin. Une tasse à la main, le café s'épanche en odeurs bienfaitrices tandis qu'une première clope étire ses lanières bleues dans l'air du matin. Votre épouse passe, les cheveux nattés d'éponge, et vos yeux s'égarent parmi l'ombre de ses reins. Un souvenir d'effleurement vous revient et réveille avec de la douceur, les terminaisons nerveuses d'un sourire.

La maison est à vous et le temps ne vous est pas compté. Le petit déjeuner est un nouveau moment de détente tel que la vie en offre. Elle est d'une grande générosité à votre égard. Vous exercez un travail si passionnant qu'il est nécessaire de vous épier vous-mêmes afin de terminer les journées à une heure raisonnable. Lorsque vous êtes, le soir, de retour en ce foyer, les enfants sont occupés à lire et votre épouse est souriante.

Votre âge vous comble et vos regrets ont à peu près le même poids qu'un oubli. L'argent est une nécessité mais vous n'êtes pas dans le besoin. Votre existence est une plaine de verdure qui ondule lentement sous le soleil d'un éternel printemps, une eau accueillante capable d'alléger la moindre de vos peines, tout autant qu'un battement de cils sur de lumineuses particules à la surface d'une tranche de lumière solaire.

Votre épouse franchit la porte de la chambre et marche vers vous, amplifiée de sa beauté. Elle a tiré loin vers l'arrière ses cheveux et, sur son crâne, se dessinent des sillons au tracé fascinant. Ses yeux sont peints, ses lèvres pleines et sa tenue exacerbe sans excès, les formes en présence. Sa féminité est une chose nacrée, brillante et douce.

Le monde soudain bascule. L'angle de vue se modifie et vous découvrez désormais le monde par son regard. Celui qu'elle pose à l'instant sur vous. Votre visage est là, rougi et tordu de larmes au milieu de cet océan de bien-être. Vos joues se liquéfient d'un chagrin sans limite. Votre inconscient vient de vous remettre en mémoire que vous êtes étendu quelque part, seul, plongé dans le sommeil et profondément occupé à fabriquer de toute pièce, cet impossible rêve…

10 commentaires:

  1. "profondément occupé à fabriquer de toute pièce, cet impossible rêve…"

    Heureusement que tu n'as pas ajouté "à la main".

    [Tiens ! Un billet en début d'après-midi !]

    [Tu as vu comme j'utilise bien les crochets ?]

    RépondreSupprimer
  2. Nicolas : article programmé, comme les trois précédents [et pour la petite histoire, écrits les même soir {mais jusque très tard}].

    [Tu progresses ! :-)) ].

    RépondreSupprimer
  3. Du coup, tu ne commentes plus que sur les crochets.

    :-))

    [t'as vu, je progresse aussi en smileys]

    RépondreSupprimer
  4. Nicolas : le rêve peut aussi se faire "à la main" !

    [Je suis une fois de plus dégoûté par la mise en page Blogger : non respect des typos et des couleurs choisis, quelle daube !]

    :-)) et ;-))

    RépondreSupprimer
  5. Et bien, quelle déception ! Tout le long, je me suis : " Mais quelle vie de roman-photo il est là, lui ! "
    :)

    RépondreSupprimer
  6. αяf : oui, c'était trop beau, il fallait que ça cesse !
    :-))

    RépondreSupprimer
  7. C'est un roman une vie pareille! Joliment raconté! :))

    RépondreSupprimer
  8. Une vie si paisible,
    Un rêve peut-être,
    Un jour je l'espère,
    Avec toi je le sais...

    [Lou]

    RépondreSupprimer
  9. Le Coucou : merci !

    Mademoiselle Ciguë : …

    RépondreSupprimer
  10. Poireau: Et ça se dit auteur !

    [paravent]

    RépondreSupprimer