mardi 8 mars 2011

Rire avec la gauche [qui rira le dernier !]

A l'occasion d'un sondage qui fait peur avec l'annonce d'une Marine Le Pen en haut de l'affiche, je ressors ce billet de juillet 2009 dont je n'ai quasi rien changé. Une tactique pour la gauche en 2012 ?




 
Il se peut que cet article soit un peu long
et contienne
quelques liens un peu olé-olé !


Nous sommes le 14 mars 2001 et monsieur Jospin est à la cuisine, debout face à la casserole. Il s'apprête à vérifier la cuisson des paupiettes et, la cuillère à la main, l'air hésitant et songeur, l'œil clos derrière ses lunettes de métal, il goûte le peu de sauce qu'il vient de glisser sur sa langue afin d'en mesurer les fines saveurs. La pensée le traverse qu'un échec dans la réalisation de ce plat l'amènera vraisemblablement à devoir quitter définitivement la vie gastronomique.

C'est à cet instant précis que Sylviane passe la porte du bureau. C'est une femme proche de la cinquantaine qui porte une beauté resplendissante de milf et un pull échancré dévoilant largement la naissance de ses seins. Elle quitte un instant la stratosphère de ses écrits pour recueillir le sentiment de son concubin car, toute femme qu'elle soit, elle éprouve parfois le besoin irrépressible de plonger dans le bon sens rassurant et la parole apaisante de son homme :

— Dis-moi, mon doudou, comment pourrions-nous déterminer l'orphisme en tant que sophisme dans l'herméneutique phénomènologique de la Comtesse de Ségur ?

Lionel est soudain terriblement déprimé. Ce soir-là, après avoir terminé d'avaler les paupiettes assez moyennes mais acceptables, après avoir discuté en détail de l'épisode de Sophie découpant un poisson rouge à l'aide d'une paire de ciseaux et du rôle polysémique autant que plurivoque de l'ustensile dans son déterminisme social et symbolique au double rôle inéluctable de ménagère et de castratrice chez l'héroïne en tant que femme à devenir [c'est vous dire si la soirée fut longue et passionnante], il se retire dans son bureau et prend enfin sa décision : il convient aux français de se choisir d'abord un Président pour ensuite élire les Députés.


Ce pourquoi la gauche merdoie


Cette étape est une erreur historique qui continue de peser sur l'existence même de la gauche. Issue d'une philosophie du collectif qui consiste à s'enrichir en permanence d'un groupe d'individus unis dans le but d'améliorer le sort de tous, voici la gauche enfermée, par cette inversion du calendrier électoral, dans une recherche perpétuelle d'un leader. Or, il n'appartient qu'à la droite de croire au culte du chef et au mythe du capitaine capable à lui seul de vaincre toutes les tempêtes grâce à sa volonté de fer, à ses muscles d'acier et à ses talonnettes de tout genre.

La gauche pourra penser autant qu'elle veut la situation du monde et elle pourra faire naitre de cette réflexion collective toutes les idées de progrès qu'elle juge bonnes, elle se trouvera encore et toujours empêchée d'accéder au poste de décision suprême par son incapacité à se créer un meneur. Il n'est simplement pas dans sa nature d'accepter la suprématie d'un seul sur tous, de croire qu'une seule personne du fait de sa dotation à la naissance puisse dominer les autres afin de les diriger. Prise au piège dans cette logique de droite, nous assistons au ballet plus ou moins sincère des unes et des autres afin de démontrer qu'il pourrait être le porteur d'un destin de directeur et, si le providentiel et putatif candidat ne se fait abattre ni au départ ni avant l'arrivée, il se révèle fatalement incapable d'en rassembler les suffrages.



Ce comment la gauche s'en sortira


Si les derniers résultats électoraux présidentiels démontrent plus qu'il n'est besoin la validité de cette théorie, il reste évident aussi que la destruction systématique du modèle français par la droite au pouvoir n'est plus acceptable. Il est plus que temps de permettre à un groupe politique prônant la justice sociale d'appliquer enfin ses idées au pays. Monsieur Poireau lui offre aujourd'hui la méthode qui convient pour ce faire :

1. Refuser le combat
Puisque Nicolas Sarkozy est réputé imbattable, qu'il est un tribun hors pairs capable des meilleurs discours de pure forme, opposons-lui un candidat fantoche apte à caricaturer le discours de l'ancien maire de Neuilly. Ce clown aura pour mission de démontrer par l'absurde les promesses électorales du leader minimo et de faire rire à gorge déployée à chacune de ses propositions. Puisque les électeurs savent par avance que le président en titre ne tient que peu ou pas ses engagements, à lui de nous le rappeler en extrapolant une par une ses idées. Notre amuseur argumentera d'une manière systématiquement ridicule.
Plusieurs exemples :
. Au «travailler plus pour gagner plus», notre pitre répondra par la proposition d'un smic horaire porté à deux cent cinquante euros dès la quarantième heure travaillée sur la semaine.
. A l'idée du travail le dimanche, il avancera l'idée de l'activité permanente avec des supermarchés ouverts jours et nuit et sept jours durant, grâce à la mise à disposition de nouveaux salariés âgés de dix ans au moins.
. Pour la possibilité de la retraite, il proposera que celle-ci soit désormais réservée aux seuls employés ayant permis un bénéfice d'au moins soixante-quatorze millions d'euros par an à leur employeur.
. Le fonctionnement de l'Education Nationale sera naturellement amélioré en même temps que l'économie deviendra florissante grâce à l'embauche massive des enfants en échec scolaire [par exemple au-dessous de quatorze de moyenne par trimestre].

2. Démonter l'enjeu
Notre loufoque devra communiquer avec force sur sa véritable incapacité à tout faire [je n'ai pas quatre bras, dira-t-il d'un air dépité mais souriant] et arguera de sa volonté à laisser les autres bosser à sa place. Il valorisera le rôle du parlement dans la sauvegarde et la construction du pays, bien plus importantes que les petits pouvoirs Elyséens. Il insistera le plus souvent possible sur ce que nous coûte un député et que, pour ce qu'on les paie, ce serait quand même bien de les mettre au boulot. Il rappellera aussi que l'ensemble des régions fonctionnent très bien telles qu'elles sont, avec la gauche à leur tête, et qu'il ne voit nulle raison de changer une équipe qui gagne.

3. Casser le mythe
Enfin et surtout, notre guignol s'engagera, en cas de réussite au scrutin présidentiel de mai 2012 à ramener la fonction présidentielle à sa juste mesure et à redonner le pouvoir aux élus qui choisissent de travailler collectivement, y compris au sein de toutes les instances au niveau régional.

4. Penser plus loin
Notre zouave officiel soulignera le plus souvent possible son rôle de simple amuseur et insistera sur l'enjeu véritable : élire une majorité de gauche à l'Assemblée Nationale incluant tous les courants du Parti Socialiste et des autres afin de mettre fin à la fonction du président. Il se moquera pour cela d'un Nicolas Sarkozy a qui il aura fallu cinq longues années et un salaire multiplié par deux, juste pour réussir l'installation du tout-à-l'égout dans la maison de sa belle-mère !


Ce comment la gauche durera

La gauche est construite sur sa capacité à regrouper les individus, à s'enrichir de leur diversité afin d'organiser la redistribution équitable des richesses produites par la nation. Puisqu'elle n'a, par définition, aucun chef possible, elle doit tout mettre en œuvre pour en casser la possibilité. L'une des premières lois présentés au parlement sera, outre l'abaissement de ses responsabilités, la possibilité de mettre fin à tout instant aux fonctions du Président de la République…


Une utopie ? Mais non ! Vous verrez qu'en cherchant un peu,
vous trouvez vous-mêmes quelques marioles
prêts à être candidat de la gauche dans les conditions ci-dessus,
n'hésitez pas à les nommer en commentaire !

3 commentaires:

  1. Je ne vois pas pourquoi le SMIC horaire ne serait augmenté à ce point uniquement à partir de la 40ème heure.

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  2. Nicolas : ah ! En tant que candidat, je te charge de cette proposition ! :-p

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  3. Billet-fleuve dis donc! «Il n'est simplement pas dans sa nature d'accepter la suprématie d'un seul sur tous»… Tout à fait d'accord, moi je réagis systématiquement ainsi, et c'est aussi pour ça que j'aime bien les écolos, dans le fond, parce qu'ils savent à merveille moucher leurs ambitieux.

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