mardi 16 octobre 2012

Pas de pot [déconfiture !]




Je n'en veux à personne, en fait. A force, j'ai appris que c'était indépendant de leur volonté. Elle est comme ça ma vie, des zigs, des zags et pas d'aboutissement. Quels que soient les acteurs, la pièce se rejoue. Je crois que sur ma tombe, je voudrais qu'on grave : il a essayé.


Comme un con, moi qui ai pourtant vu tous les épisodes précédents, je me fais quand même avoir. Je commence un truc, je progresse, j'avance et quand je touche au but, il s'échappe. C'est assez énervant.


Un rêve, ça fait surtout mal quand ça s'écroule. Il faut reconstruire, dégager les gravats, en recycler certains. En jeter beaucoup. Ça coute une énergie considérable. C'est assez épuisant.


Mais je voulais plutôt parler d'après, de comment on rebondit. Comment on se relève, le jour d'après. Je crois que ça me vient du travail avec ma psy. Ou de ce que j'en ai retiré, tout cela n'est pas très net.


On a le droit de pleurer, pas de se lamenter. Il ne sert à rien de surjouer ses douleurs. Passer trois jours au lit, ne plus répondre au téléphone, s’assommer d'alcool ou de cannabis, les moyens ne manquent pas et puis quoi ? Tu as perdu trois jours des vingt à trente mille qui te sont accordés.


La vie est suffisamment vaste pour comprendre qu'à son échelle, l'incident en cours n'a que peu d'importance. Dans cinq ans, qu'en restera-t-il ?


Je revisitais en pensées le nombre de fois où j'en avais fait l'expérience, lorsque croyant atteindre l'objet du désir, il se retirait à la dernière seconde. 


Malgré tous nos efforts, je sais pourtant


que nos vies


n'ont


réellement


aucun


sens.



Les choses arrivent parce qu'elles doivent arriver.
Ensuite, nous ne cessons d'y coller des pourquoi.



La photo appartient à Edda Onorato pour Un Déjeuner de soleil*

dimanche 2 septembre 2012

Des signes d'oiseaux [des pattes de mouche ?]




En ce moment, il m'arrive des histoires avec des oiseaux, je ne sais pas pourquoi. Mais tout a-t-il un sens ? J'ai remarqué, cette année, combien le nombre d'abeilles avait chuté. Il y a des dizaines de bourdons pour se précipiter sur les fleurs mais il n'y a qu'eux, les collègues de Maya sont la plupart du temps absentes. Je perçois ce fait comme j'en ai l'habitude. La vie envoie des signes que j'essaie de comprendre.

J'ai noté également que les graines que nous disposons en bord de terrasse pour nourrir les oiseaux durant l'hiver sont encore très utiles. Il y a de maigres mésanges qui viennent les picorer, souvent en fin d'après-midi. Toujours vers la même heure, comme une sorte de rendez-vous. Elles doivent organiser une tournée. L'une après l'autre, elle accrochent leurs piètres pattes au filet de plastique vert et, en équilibre, la tête quasiment vers le sol, elles grappillent leurs victuailles à précis petits coups de bec. Je suis assez content de participer à la sauvegarde de la civilisation des mésanges.

Et l'autre soir, encore, alors que je sortais pour arroser un peu les plantes qui sont à l'abri de l'auvent, une sorte de moineau, sans doute attiré par la lumière électrique, s'y engouffre. Pour une raison que j'ignore, il avait l'air perdu à voleter d'ici à là et à revenir. Comme s'il n'arrivait plus à trouver la sortie. Les chats de la maison commençaient à s'y intéresser sérieusement quand il a fini par aller voler ailleurs.

Encore hier, j'étais dans la cuisine d'où l'on voit pleinement le jardin. Je remarque, posé sur la souche d'un buddleïa que j'avais coupé l'année dernière, un merle qui me regardait de son œil rond. Je me suis dit qu'il attendait que je tourne le dos pour venir profiter des fraises qui poussent là. Comme il n'avait pas l'air de comprendre mon message par la transmission de pensée et le sourcil froncé, je suis sorti pour lui montrer combien son avenir de chapardeur était compromis.

Mais il n'a pas bougé. J'ai avancé jusqu'à très près de lui, tendre la main aurait permis de le toucher sans doute, quand il a enfin daigné se mouvoir… jusqu'à la clôture plantée de l'autre côté. Ce qui démontre son côté moqueur. En réalité, ce merle a quelque chose de particulier que j'ai fini par remarquer : il n'a pas de queue. Il arrive encore à voler sur de courtes distances mais le manque de stabilisateur caudale lui interdit d'en faire plus.

Des abeilles disparues, des mésanges affamées, un merle sans queue, la vie envoie des signes que j'essaie de comprendre…

lundi 30 juillet 2012

A l'heure du JT [des trains !]




L'actualité c'est l'histoire des trains qui arrivent en retard, des enfants morts écrasés ou congelés, de la gamine violée et du père qui se pend dans le grenier après avoir lui-même ouvert la gorge à chacun de ses trois rejetons. Avec un simple cutter de bureau. C'est le règne de la guerre et des petites saloperies à quelques milliards de l'économie mondiale. On ne compare pas pour rien les membres de la finance internationale à des requins.

Tu suis les infos et tu finis vraiment par ne plus croire à rien. Tout va mal, partout. Des tremblements de terre, des tragédies météorologiques, de pauvres petites filles assassinées, des usines qui ferment. Difficile de ne pas oublier que pourtant des professeurs enseignent, des femmes et des hommes créent des entreprises, des bébés naissent dans la joie puis vivent une enfance plaisante et que la très grande majorité des avions atterrissent tout à fait normalement.

A côté de cela, on te fournit de la joie régulièrement : Androïd annonce une mise à jour majeure, Apple un nouvel appareil qui va devenir indispensable à ta vie. L'univers médiatique n'est qu'ombre et lumière. Soit le triste sort de nos semblables, soit la lumineuse merveille de la technologie et de l'entertainment. D'un côté on t'offre la déprime et de l'autre, la possibilité de ressentir un peu d'allégresse. Autrement dit, on te refile continuellement la maladie pendant qu'on te vend d'acheter le médicament.


Nota benêt : cet article est écrit avec mon iMac (pas mon iPhone) et sur une plate-forme de blog appartenant à Google.

Illustration*

vendredi 27 juillet 2012

La tonte [L'attente…]





[Ce serait plutôt un texte à jouer sur scène, vous n'avez qu'à imaginer].




Je vous raconte l'histoire d'un gars, mettons, c'est un copain à moi. L'autre jour, il faisait beau et comme par ici, le soleil c'est une énergie durable, mais pas longtemps, il en a profité pour tondre la pelouse.

C'est chouette d'avoir un jardin, ce n'est pas la question. Mais une fois qu'en tu en as un à disposition, tu te demandes comment faisaient les parents pour tenir le potager familial ? Comment trouvaient-ils le temps matériel ? Ou c'est qu'on mène une vie de dingue ou y'a un truc qui m'échappe.

Bref, revenons à notre pelouse. La Belgique, c'est un pays où, soit tu tiens tes fenêtres fermées parce qu'il drache comme la veille et l'avant veille, soit tu les refermes parce que dès qu'il y a un rayon de soleil, c'est concert à la tondeuse. Tu penses, dès que c'est un peu sec, c'est la précipitation, chacun s'empare de son matériel. Tu as tout intérêt à sortir ton engin avant que ça ne remouille.

D'un bout à l'autre de la rue, voisin après voisin, tout le monde se met soudainement et conjointement à faire des va-et-viens en poussant devant eux leur outillage. Ce n'est pas tellement qu'on a des hectares à cisailler, c'est simplement que si la météo ne se décide pas à accorder un ou deux jours de soleil de temps en temps, sauf à disposer d'une faucheuse, on se retrouve contraints d'opérer en plusieurs passages progressifs. Dans un sens et dans l'autre.

Et mon pote, ce jour-là, se donne du mal ; il ajoute à la tonte massive, le désherbage à la main dans les endroits que la machine n'atteint pas. Il essaie «d'améliorer par un apport d'humanité tout l'intérêt de cet espace naturel». Oui, il me l'a dit comme ça et j'ai réagi un petit peu comme vous : un jardin, ça n'a rien de naturel.

Le soir, sa compagne rentre, lui parle de sa journée en prenant un café puis s'en va vaquer à ses occupations jusqu'au repas du soir. Pas un seul mot sur la beauté implantée dans ce petit coin de nature. Pas une seule remarque sur l'harmonieux accord établi entre le respect de la flore locale et la coupe électrique à une hauteur maximale de 8 millimètres.

Tu parles, elle rentre, elle est fatiguée de ses huit heures de travail, elle est à mille lieues de penser à seulement regarder par la fenêtre. Il pourrait tout aussi bien avoir fait construire une petite maison en plein milieu de la prairie, ça passerait, pour elle, inaperçu. Elle est encore dans la digestion de ce qu'elle a vécu les heures précédentes, avant de pouvoir passer à table. Elle est même incapable de comprendre, à ce moment-là, le concept de l'horticulture.


Non, ce que je trouve intéressant, dans cette histoire, c'est la manière dont cet ami en arrive à attendre qu'elle lui dise quelque chose. Il s'est tapé son petit délire écolo, il a choisi de jardiner. Il a soigné la planète qui va beaucoup mieux depuis qu'elle est tondue. Le plaisir est là, dans l'acte consommé, le mouvement, la sueur. Pourquoi ressent-il ce désir impérieux qu'elle remarque cette action ? D'où lui vient cette nécessité absolue d'être approuvé, applaudi… reconnu peut-être ?

Ne peut-il pas jouir de son moment de plaisir solitaire à l'activité de plein-air sans que personne n'en témoigne ? Est-il dans l'incapacité affective d'imaginer qu'elle mène en parallèle, une vie personnelle ? Ne peut-il pas, par la narration de cet instant de sa félicité, glissé banalement dans la conversation, en exprimer la satisfaction ressentie ? Sans rien attendre en retour ?

Ce que je veux dire, c'est qu'on a l'exemple même du comportement de «petit tyran des proches» qu'on croise fréquemment. C'est en tout cas mon impression, regardez un peu autour de vous.

Ici, le mec imagine la réaction qu'elle devrait avoir. Il est tout seul dans sa tête à lui et son esprit invente ce qui pourrait se passer à un moment situé quelques heures plus tard. Selon lui.

Il a anticipé en visualisant l'instant de son retour lorsqu'elle découvrirait, souriante et ravie, l'amélioration apportée par l'humanité à cet espace naturel. Et bien sûr, tout autre chose a eu lieu. Comme c'était prévisible, rien ne s'est passé comme prévu. La réalité est venu recouvrir de sa froideur véritable, la caliente de ses fantasmes.

Il n'avait visiblement pas connaissance que le destin fait ce qu'il veut de nos illusions. Il se déjoue de nos machinations sans même y prendre garde. En fait, mon copain en veut à sa femme de ne pas avoir partagé avec lui, ce qu'il avait conçu. Un peu comme un enfant fait un caprice quand tu ne lui ramasses pas pour la 47ème fois sa putain de cuillère. Quand tu découvres que le monde autour de toi na va pas changer par ta simple volonté. Comme on vient de lui passer son rêve échafaudé, à l'eau froide, il faudrait que ce soit la faute de quelqu'un.

Comme s'il fallait venger ce désenchantement.

Pourtant, la vie est amusante dans son extrême créativité à contrarier nos calculs. Quand tu profites de ton imaginaire pour te laisser surprendre (sans regrets de ce qui n'aura donc pas lieu) par ce qui arrive vraiment, elle est extraordinaire.

Il est étrange l'esprit humain, si je puis me permettre de me prendre comme étalon de la généralité, ce n'est que maintenant, à l'instant, que je trouve le conseil de j'aurais du donner à mon pote quand il est venu partager cette déception : quoique tu prévois, envisages, planifies ou évalues : attend-toi à des surprises et apprécie-les. C'est LA vie…


Nota benêt : 1. dans ton jardin, la plante ne te remercie pas en fleurissant comme une moitié folle, c'est qu'elle profite que tu lui tues toutes ses concurrentes.  2. Toutes ces plantes qui affichent leurs organes sexuels en technicolor, je me demande si c'est bien raisonnable.


Cette belle image que j'ai secrètement nommée «Ken est assis sur la pelouse de Barbie» provient de ce site*


27 juillet, coucou @Le Coucou ! #1an …
 

jeudi 26 juillet 2012

Les alliés [à l'étranger !]




S'expatrier, c'est te séparer de quelqu'un, sans être fâché ni rien, juste les aléas de la vie. Tu continues à la regarder vivre mais de loin. C'est la même personne mais elle est devenue ton ex. Elle continue d'exister sous tes yeux. Tu vois avec qui elle sort, qui la tente, avec qui elle couche. Tu observes tout cela avec une sorte de gourmandise affadie. La curiosité l'emporte encore un peu sur l'indifférence.

Ta vie continue sur d'autres rails et il s'installe une sorte de détachement. Tu constates avec l'accumulation du temps que ces événements sont assez lointains pour ne pas être tant que cela de ta vie. C'est un peu comme d'arrêter du jour au lendemain de t'intéresser au football. Après quelques années, ils te semblent étranges, les gars qui courent en short après un ballon.

Ils vivent une ferveur qui t'est devenue étrangère. S'il arrive qu'ils gagnent, tu es content pour eux mais ça n'atteint plus jamais l'extase. Ce n'est pas plus grave que d'assister à un spectacle de danse contemporaine sans rien comprendre à la contorsion généralisée à laquelle tu assistes.

Côtoyant le peuple belge, tu constates ce qui les fait différents. L'appellation «ton pays», c'est un peu vidée de sons sens, elle s'est dépassionnée. C'est la même patrie mais elle est devenue ton ex. Elle continue d'exister sous tes yeux d'entomologiste et c'est cette distance acquise qui t'offre une nouvelle liberté de conscience. Ce n'est finalement pas plus grave que de se départir d'une mauvaise habitude.

L'expérience de s'expatrier, c'est commencer à comprendre combien le nationalisme est une sorte de peur viscérale de cette désalié(nation).


J'ai proposé ce texte à Newsring en tant que débat
sur la nature du nationalisme. Je n'ai pas encore reçu de réponse…


Source photo : montage perso de 2 images d'e-bay*

jeudi 19 juillet 2012

L'avenir [à ta portée !]





J'ai quand même cette chance incroyable de côtoyer l'avenir. Autour de moi, partout, dans l'autobus, dans la rue, les magasins, parfois les bibliothèques, je croise des jeunes. Ils ne sont occupés à rien, ils rigolent, ils draguent, ils découvrent les limites du monde qu'ils inventent. Ils se tiennent mal, ne respectent pas les mêmes règles ou alors pas au bon moment. Ils fabriquent sous mes yeux, ce qui sera demain.

Ils se passent des musiques étranges, portent des fringues douteuses. Les filles apparaissent moins stéréotypées, les garçons plus naturels. Quand les profs leurs demandent de rendre une copie, au pied de la lettre, ils copient internet. Ils se facebookent, se skypent, se essémessent. Ils ont des technologies si étranges que ça me rappelle mon grand-père et ses bizarreries de 78 tours.


Ils naissent avec l'électronique comme nous sommes nés avec la télévision. Encore que pour ma part, je suis assez vieux pour me souvenir d'une période où les émissions commençaient avec l'après-midi. Ma mère s'effrayait que l'ont puisse, par la suite, passer autant d'heure devant le petit écran. Comme les parents s'inquiètent d'autant d'électronique dans leur environnement.


Ils naissent avec les réseaux comme nous sommes nés dans un monde de livres et de volumes. Nous serons les derniers témoins de l'ère de l'imprimerie qui termine son cycle d'existence. Le but fixé initialement de diffuser le savoir au plus grand nombre a été le plus souvent atteint. L'humanité change peu à peu de support. Le papier devenait en quelque sorte trop limité dans ses applications. Trop lent à se répandre dans le monde et à se diffuser.


La dématérialisation des savoirs n'est pas la disparition des savoirs. Elle est une nouvelle étape dans le but que poursuit l'humanité : se raconter les uns les autres, ce que nous apprenons de ce qui nous entoure et de ce que nous ressentons. De l'élevage de la poule à la langue japonaise, de la plus factuelle des réalités de cette vallée de larmes à la plus anabolisante des fictions, nous transmettons.

L'effacement d'un support au profit d'un autre est un élargissement. La numérisation en cours de l'ensemble de nos savoirs et de notre mémoire assure à une multitude grandissante de personnes de cette planète d'y accéder. La dématérialisation n'empêche en rien aux livres d'exister mais ils sont déjà d'un autre temps qui est en marche.

Tout comme nous avons abandonné la cassette audio en faveur du cd puis du mp3, nous abandonnerons le livre. Je veux dire nous en tant que communauté. Mais aussi, tout comme nous avons gardé l’appétit de la même musique, nous conservons la culture de ce qui est écrit. Internet comme le savoir de tous à la portée de tous, comme partage le plus large jamais atteint de ce que nous sommes à cet instant.

Nous avons quand même cette chance incroyable de côtoyer l'avenir…


Nota benêt : Si tu réfléchis, l'avenir, c'est jamais que le présent du lendemain.


Source photo*

vendredi 29 juin 2012

La marelle [Jouer à sauter !]




Durant toute ton enfance, tu apprends comment fonctionne le monde. Tu découvres avec des yeux neufs ce que tout le monde semble connaitre déjà ; l'aventure est au coin de la rue. Et à l'adolescence, c'est comme si quelqu'un re-mélangeait le paquet de cartes.

Les filles avec qui tu jouais la veille à la marelle, il faut maintenant les inviter au resto avant d'espérer les envoyer sauter jusqu'au ciel.  Dès qu'elles attrapent de la poitrine, les femmes deviennent des personnes bizarres. Dès qu'elles ont des nibards, ce n'est plus du tout le même jeu.

Comme si la vie était devenue plus sérieuse… 


source image*

 

dimanche 24 juin 2012

À table ! [Vaste programme…]




Comme on traverse la solitude à grandes enjambées. Les yeux dans les poches, le mouchoir par dessus. Il ne faut pas rêver car ça laisse croire à du meilleur qui n'arrive jamais. C'est plutôt qu'à vouloir toujours autre chose que ce qu'on nous sert, on se dégoute nous-mêmes de la cantine. Elle est très bien cette purée, de toute façon, il n'y en a pas d'autres. Pas d'autres lieux où la salade est plus verte. Il n'y a pas l'option «Choix du menu» dans cette application.

Pour avoir la vie qu'on veut, il faut aimer la vie qu'on a. Avec les chaos et les difficultés. Personne n'a écrit nulle part : ce sera facile et drôle et la joie régnera sur un monde merveilleux. On peut alléger le repas si on décide que tout cela n'est pas bien grave, puisqu'on meurt à la fin. Rois et reines, manants et manantes, intello sans drapeau, négro sans papiers, mariés, divorcés, dernier des cons, on finit tous dans un estomac d'asticots ou parmi la cendre d'un mégot froid.

N'aie pas l'audace de prétendre à laisser une trace à cause de ton passage par la case départ. De quelle mégalomanie faut-il souffrir pour penser ainsi ? Sur quelque six milliards d'humains, tu penses raisonnablement que tu as une quelconque importance ? Que tu es doté d'une telle personnalité qu'il faut en graver l'histoire ? Ne te laisse pas aller à te croire important. Reste toi-même, ne te mets jamais la barre plus haut que cela. C'est à peine suffisant de toute une vie, pour atteindre qui l'on est.

Source image*

vendredi 22 juin 2012

Les limites [la normalité !]




Il y a des gens qui trouvent que les enfants font d'excellents souffre-douleurs*. D'un poids convenable, faciles à manipuler, pratiques. Pour d'autres gens, ce sont de parfaits partenaires particuliers. Comme dans l'ensemble, ce n'est pas notre comportement, nous convenons qu'il s'agit d'une maladie mentale. Ça mérite dans certain cas, une attention très attentionnée.

Nous fixons continuellement les règles de notre normalité. Le racisme était admis comme une opinion, c'est devenu un délit. Je ne discute pas ici du bienfait ou non de cette interdiction. Je souligne qu'à ce moment-là, un nombre suffisant de personnes a décidé que ce n'était plus normal. Le «Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable» a changé de géolocalisation.

Notre société évolue perpétuellement, les valeurs sont des variables qui changent selon la saison et fluctuent à la tête du client. Tu peux parfaitement parler tout seul dans la rue, aussi longtemps que tu n'agresses personne. Si tu ne heurtes pas la sensibilité d'une portion importante de la population, il n'y a personne pour t'inclure dans une Loi.

Se pose ici la question de pour ou contre la burqa. D'abord comme disait Desproges, tant que vous ne touchez pas à mes affaires, je m'en fous. Mais je sens bien que selon le principe ci-dessus énoncé, il devient naturel qu'une population décide que tel type de vêtement est inconvenant.

Et s'il arrivait que des naturistes viennent copuler en public et en tout lieu, ce ne serait pas plus acceptable. C'est l'endroit exact où se touchent les rives de la liberté individuelle et de la volonté collective. Une communauté de citoyens considère que c'est la goutte d'eau qui fait déborder la vase. Une communauté de citoyens considère que chacun se vêt comme il lui plait. Pour ma part, je trouve épatant qu'on puisse s'occuper de ce genre de questions quand il suffit de laisser au temps d'en faire son affaire.

Mais dans cette même idée, si nous décidions, collectivement que le nationalisme est une maladie mentale ? Un comportement qui dépasse les bornes de notre acceptable collectif, qui excède notre capacité d’acquiescement. Puisque l'extrêmement de droite Anders Breivik* peut être déclaré psychiatriquement fou, comment devrons-nous considérer les moins gravement atteints par cette maladie ?

Nous sommes déjà en train de refaire les barrières, de retoucher les limites de l'acceptable d'avant.


Source de l'image*

lundi 11 juin 2012

Toute sa vie [des petits riens].




Toute sa vie sans rien, les mains dans les poches, le nez en l'air à regarder passer le vent, les nuages. Apercevoir le ciel sans y chercher rien.

Ou bien ramasser des cailloux sur la plage. Dans un sachet plastique, des coquillages qui s'en iront dormir au fond d'une armoire. Des babioles, des bibelots, de tous petits objets qui contiennent notre magie personnelle. Le nounours que t'a offert grand-mère, cette tasse hideuse emplie d'un pot-pourri de souvenirs, une vieille pièce que t'avait donnée ton papa, une montre arrêtée, une fleur séchée, nos gris-gris sont des breloques.

De la thaumaturgie de pacotille qui nous permet de ranger nos pensées, de tenir en ordre nos émotions. Cette boîte sur ma bibliothèque a toute une histoire. Il me suffit de la regarder pour en retrouver la trace. Les sentes herbeuses où tu courais, ta jupe claire et légère dans le soleil de plein midi. La mèche de tes cheveux entre mes phalanges. La perle de sueur au-dessus de ta lèvre.


Nous érigeons peu à peu nos musées, nos mausolées. Hors de l'église Catholique et des préceptes en cours, nous gardons dans nos cerveaux païens, cet attachement aux choses. Objets inanimés que nous chargeons de l'âme des moments disparus. Des amulettes et des objets comme des passages magiques entre nous et nos douleurs antérieures. Du matériel chargé de l'énergie des absents. Un simple caillou, une clef hors d'usage, une boucle d'oreille sans sa jumelle, des petits riens insignifiants à qui l'on trouve un sens.

Source photo : c'est moi qui l'ai faite*

dimanche 3 juin 2012

L'éternité [pourvu que ça dure !]

 


630ème article sur ce blog


Les Hommes ont quatre ou cinq ans d'éternité insouciante. Après quoi, ils découvrent un jour, un oisillon crashé du nid, un chat écrabouillé sur la route ou une mamie grise et froide dans un lit. Ils prennent connaissance de la mort indépassable et passent le reste de leur vie à courir à la recherche de cette innocence désormais en fuite.

Qu'ils allongent ensuite le pas du père ou qu'ils s'épuisent à en briser une par une les statues, ça les occupent toujours assez. Des étendues de jours et d'heures à ne pas dialoguer avec soi-même. La colère intime, ça fait un de ces boucans, on ne s'entend plus penser. Des tempêtes à couvrir sa voix intérieur.

Vieillir c'est la croiser de plus en plus souvent, pouvoir compter ses victimes au delà d'un nombre exprimé en doigts. Une liste de prénoms dont certains n'ont même plus de visage. La mémoire est un labyrinthe où règnent en nombre les ombres. Tu deviens trop vieux le jour où tu n'arrives plus à remettre de l'ordre.

Je sais pourtant que je l'ai conservé quelque part, ce moment, sur la grand route, où elle a pris ma main. Où l'ai-je rangé ? Dans quelle pile et au fond de quelle boîte ? Je pensais qu'il était là.

C'est comme décider de mettre le nez dans une armoire où les strates se sont trop longtemps empilées les unes par dessus les autres. On finit par y retrouver ce qu'on ne cherchait pas, voire surtout pas. Et l'après-midi s'écoule du spleen au regret, des sourires aux larmes. Les Hommes ont quatre ou cinq ans d'éternité insouciante. Ensuite ils découvrent la nostalgie tombée du nid…

Image : miror of memories*
 

vendredi 1 juin 2012

Les générations [No futur !]

 
 
 
C'est parce que leurs parents avaient connu la guerre que la génération de 1968 avait besoin d'un truc puissant pour se fabriquer ses propres rêves. Ils ont pensé basculer le vieux monde cul par dessus tête. Ils ont commencé en retirant les pavés des rues et en dévergondant les filles. Voyant la menace, on leur a fait un peu de place. Et on leur a donné un peu plus la parole. En échange de quelques trucs financiers pour se faire un max de blé, ils ont laissé troqué l'herbe et le patchouli. Ils ont reconverti leur goût du voyage initiatique en concept d'agences de voyage et en ouverture à la mondialisation.
 
C'est parce que leurs parents avaient inventé les Rolling Stones et les Pink Floyd que la génération 78 avait besoin d'un truc sévèrement burné pour électrifier ses propres rêves. Ils ont pensé pisser à la face du vieux monde. Ils ont lancé le riff de guitare sans riff, le morceau sans mélodie et les lendemains sans futur. Voyant leurs crêtes et leurs gesticulations, on leur a fait un peu de place. A condition qu'ils se recoiffent. The punk is not dead, je veux bien mais c'est quand même Jean-Louis David qui fait fortune.
 
Chaque génération semble se nourrir de la nostalgie de la précédente. Nous, on n'a pas connu la guerre. Nous, on n'a pas la chance d'avoir connu Coluche de son vivant. Le «nous on n'a pas» est le terreau sur lequel s'enracine l'avenir du monde.
 
La blague à laquelle vous avez échappé : le no-futur, c'est maintenant !

Image* : le film «Le grand soir» n'a rien à voir avec l'article mais caser Poelevoorde en punk, c'était tentant. A ses côté, Didier Wampas et Albert Dupontel.

jeudi 10 mai 2012

Il pleut [Oui, j'ai vu]




Est ce qu'on peut vivre sans aimer ? Je veux dire, est-il humainement* possible de passer soixante années de sa vie sans la moindre tendresse envers personne ? Peut-être des collègues de bureau avec qui papoter, des amis de soirée avec qui échanger, des relations avec qui rapporter sexuellement mais personne à qui vraiment se fier. Personne à qui remettre sa confiance.

Quelqu'un avec qui partager un café, une clope, un repas. Le petit peu de truc en commun comme le bourgeon* de toute une communauté potentielle, un univers de possibles. Un morceau de couette, un bout de canapé, quelques centimètres de peau. Une oreille usuelle pour entendre des choses aussi banales qu'un commentaire météorologique :
- Il pleut encore aujourd'hui, dit-il.
- Oui, j'ai vu, répond-elle.

On peut très bien vivre sans avoir tout essayé et continuer de s'en passer. Le goût du vin espagnol sous le soleil d'Andalousie, le chant des oiseaux d'un petit matin depuis le tatami d'un ryokan aux abords de Kyoto. L'odeur des bébés, le poids* d'un volant, la vitesse d'une chute, le plaisir du sport, la durée des siestes, la mort d'un ami.

On peut très bien vivre sans jamais prendre l'avion par exemple. Des milliards d'habitants de cette planète ne monteront jamais à bord d'un Airbus*. Ils ne viendront pas se caler le derche pendant des heures entre un accoudoir en béton et une dame aux cuisses excessivement moëlleuses ; quand ils aimeraient le contraire. J'ai moi-même longtemps vécu sans avoir à utiliser les transports aériens.

Je pense que mes parents y auraient concédé si les Compagnies avaient accepté de disposer la caravane en soute. Et si elles avaient autorisé mon père à vérifier personnellement l'opération depuis le chargement à bord jusqu'au sanglage complet du véhicule*. Du coup, nous nous tapions des journées de dix onze heures de route entre ici et nulle part. Pourvu que ce soit ailleurs avec du soleil et un lac. De fait, dès que tu habites le Nord de la France, tout est loin. Sauf la Belgique mais là, tu peux même s'y rendre à vélo.

Je n'ai découvert la Terre vue du ciel qu'après l'âge de trente ans. Je reconnais que c'est dommage pour ceux qui ratent ça. A chaque fois que j'en ai l'occasion, je m'écrase le nez au hublot* et je redécouvre le monde comme un Légo®. Les maisons, les immeubles, les villes entières ne sont plus que des formes. De vagues courbes à travers les distances les relient, les contournent. Des lumières ici et là révèlent, vraisemblablement, une présence humaine avant de se dissoudre par ailleurs.

Il est certain que j'aurais pu, ma vie durant, continuer à rester au ras des pâquerettes, à vivre les événements au ras des rez de chaussée. Je n'aurais pas alors mesuré* la misérable absence d'importance que prennent nos problèmes, au-delà d'une certaine altitude. Nos vies comme des poussières infimes, des détails sur une étendue de puzzle aux pièces de plus en plus minuscules. Est-ce qu'on peut vivre sans aimer ?

Sculpture de Elvind Wittemann. A visiter*

samedi 5 mai 2012

Mettre au cloud [ça tente !]




Le point de départ du réseau internet, c'était l'idée de la décentralisation. Au lieu d'avoir un seul lieu de stockage informatique* qui pouvait être bombardé par les méchants soviétiques, il fallait des données capables de circuler d'un point à un autre sans qu'on sache où elles se trouvent physiquement*.

C'était à la fois l'invention du peer to peer* et de la sécurité informatique idéale : en multipliant les sources en autant de points disséminés, personne n'a jamais la possibilité de connaitre l'ensemble du puzzle. Le catalogue complet de toutes les données de tous les internautes. De la taille de tes culottes*, de ton goût osé pour les mots de Bukowski* à ton numéro d'accès à tes données bancaires.

Or, votre histoire de cloud* [dans les nuages, aurait ajouté Bashung] me fait rageusement penser que nous sommes en train de nous faire avoir. Voilà que nous offrons* nous-mêmes la centralisation de nos données privées et collectives. Voilà que nous les rassemblons dans des fermes à disques durs. Nous fournissons ainsi nous-mêmes, à quiconque en chercherait le contrôle, la possibilité de frapper un grand coup…

Emprunt d'image*

mercredi 2 mai 2012

Nouvel ordre [table rase !]




On a juste un président sortant, candidat à sa réélection qui insulte les syndicats, fait donner le drapeau tricolore à tous les vents* et dont le parti agresse une journaliste. Sinon notre démocratie va formidablement bien. On parle de tous les sujets comme de savoir si la compagne du candidat de gauche est une chienne de marque agressive. Il s'avère qu'elle est journaliste mais ça n'a sans doute rien à voir.


Emprunt d'image*

 

dimanche 29 avril 2012

Pas moufté [face aux muftis…]




Il est quand même vachement bien le peuple français. Après cinq ans de sarkozysme à un rythme effréné, il se prend une semaine de viande halal dans la tronche et il ne moufte pas. L'autre affreux d'apparence musulmane se met à abattre des militaires de manière expéditive, puis des inconnus dont des enfants à l'entrée d'une école juive. Al Qaïda débarque en scooter en plein Toulouse et le peuple français ne moufte* pas.



Image* : des steaks hachés halal avec moins de 20% de matière grasse.

mercredi 25 avril 2012

Le moral [on en parle !]



Si je suis salarié, je lis la presse et on me dit que je coûte beaucoup trop cher*. J'ai bien du mal à terminer les vingt-cinq derniers jours mais c'est encore abusif. J'ai presque honte à chaque début de mois quand je vois la tête de mon patron qui vient de verser la paie. J'ai l'impression de lui arracher un bras, il a l'air de souffrir, c'est horrible*. J'aimerais bien parvenir à subvenir avec moins mais ce sont les enfants, ça coûte un pont, vous savez bien.

Si je suis chômeur, je lis la presse et on me dit que je suis une feignasse* qui profite de l'assistanat. J'ai de plus en plus de mal à financer ma recherche d'emploi avec mes allocations dégressives mais c'est encore abusif. J'ai honte à chaque début de mois de voir que j'ai encore profité de l'argent de l'Etat pour survivre, c'est horrible*. J'aimerais bien qu'on me choisisse pour un emploi mais ça coûte un pont, vous savez bien.

Et après ça, on s'étonne que la presse soit en crise, la consommation en berne et que le pays ait le moral dans les chaussettes ?

Emprunt d'image*

mardi 24 avril 2012

La fin [c'est moyen…]




Ce con de Mélenchon aurait fait 18 % au premier tour de la présidentielle, on aurait pu entendre le président-sortant nous débiter tout Lénine et Marx à la guitare. Il aurait invité le Chœurs de l'Armée Rouge en meeting, proposé le retour du défilé militaire pour distraire le peuple laborieux*. Par exemple, pourquoi ne pas mobiliser les troupes pour l'anniversaire du Premier Ouvrier de France ? Oui, c'est la manière dont il promettra de rebaptiser la fonction directrice.


[extrait du discours de remerciement de Nathalie Arthaud] - [Source photo*]

vendredi 20 avril 2012

Emporté par la foule [Pas vu, pas pris…].




La foule assemblée acclamant son leader. Des milliers de supporters dans la ferveur de la victoire appelée de leurs vœux criée à pleine gorge. La masse des fanatiques debout dans la communion de l'hymne, de tout son cœur avec son coryphée. De longs plans glissés de la caméra par dessus l'affluence* pour en exhiber la masse. Des centaines de mètres de bras et de drapeaux qui s'agitent. Il faut bien que le corps (électoral) exulte.



Source photo*



jeudi 19 avril 2012

Ensemble [la France forte !]



[Je boucle ma réflexion de 2007 sur "Sarkozy et le symbole du père". Je pense qu'il vaut mieux avoir lu l'article de l'époque mais je concède qu'on peut s'en passer si l'on est fainéant de la lecture].

Pour aller plus vite, on dit qu'avant l'UMP, il y avait le RPR. C'est aller un peu vite en besogne*. C'est qu'à un moment, la droite s'est lassée de se prendre baffe sur baffe aux élections et qu'elle a décidé de repeindre la façade pour se présenter toute ensemble sous la même marque : Jacques Chirac.


Illustration maison.

dimanche 15 avril 2012

Du travail [Quoi ! Encore ?]




Au bout d'un moment, on te sort du système. On t’évince du peuple des sous-humains, tu n'es même plus un chien, tu es devenu l'ombre de ce chien. Tu n'as été choisi pour aucun travail donc on te punit en abaissant ta capacité financière. Le but est de te faire réagir. Ce n'est pas de la torture sociale, c'est une sorte d'expérience en cours sur les capacités de l'humanité à améliorer ses performances par la stimulation de l'ardeur au travail.





Illustration : bureau du chômage aux Etats-Unis*

dimanche 8 avril 2012

Prendre soin [Tu manges assez ?]




Ce besoin qu'ont certaines personnes de prendre soin de toi. De savoir si tu manges correctement, si ton poids n'est pas exagérément dans la maigreur. Ils t'interrogent, s'il arrive que tu les croises ici ou là, sur la manière dont tu organises ton existence*. Ils traquent la toute petite faille dans laquelle ils pourront glisser leur argument.

Alors que tu expliques combien tes journées sont longues dans cette volonté qui est la tienne de les consacrer pleinement aux études*. Alors que tu insistes sur ton acharnement à tenir bon, malgré la fatigue accumulée qui te pèse comme un linge humide et froid à ta chair. Ils attirent ton regard avec leurs yeux et te disent : «Il faut penser à sortir un peu. Tu sais que rester enfermé trop longtemps, ce n'est pas bon».

Ils ont toujours sous la main, eux qui oublient tout le reste, le souvenir d'un oncle qui avait eu ce type de comportement*, il y a des années. Comment s'appelait-il déjà ? Celui dont ils ont égaré le prénom est, la plupart du temps décédé, parfois après une terrible agonie, durant laquelle il avait horriblement maigri.

L'exemple basé sur leur longue expérience de la vie. Le personnage à tout moment, à portée de mémoire, qui servira de passeur à leur propre message*. Ce besoin qu'ont certaines personnes de leurrer leur angoisse en prenant soin des autres. Leur anxiété tenue en respect par cette préoccupation d'autrui.

Il faut qu'autour d'eux, tout soit en ordre. Que le facteur passe à l'heure, que le cachet soit avalé, que les amoureux s'aiment et se choisissent, que le chien aboie et que la caravane* passe. Ils ne peuvent être heureux qu'au prix de ce léger surcroît d'inquiétude. Ce n'est pas rose tous les jours, si tu les côtoies.

Il faut accepter de répondre à côté, de maquiller très légèrement la réalité. Il faut admettre qu'avoir raison, n'est pas nécessairement d'une telle importance. Sauf à aimer couper les cheveux* en quatre à des mouches sodomites, tu relativises. Tu comprends que là se cache leur nécessaire de survie. Que ce léger excédent d'attention à l'autre n'est que la preuve que de leur absolue nécessité d'avoir des relations…


Source illustration*