jeudi 19 juillet 2012

L'avenir [à ta portée !]





J'ai quand même cette chance incroyable de côtoyer l'avenir. Autour de moi, partout, dans l'autobus, dans la rue, les magasins, parfois les bibliothèques, je croise des jeunes. Ils ne sont occupés à rien, ils rigolent, ils draguent, ils découvrent les limites du monde qu'ils inventent. Ils se tiennent mal, ne respectent pas les mêmes règles ou alors pas au bon moment. Ils fabriquent sous mes yeux, ce qui sera demain.

Ils se passent des musiques étranges, portent des fringues douteuses. Les filles apparaissent moins stéréotypées, les garçons plus naturels. Quand les profs leurs demandent de rendre une copie, au pied de la lettre, ils copient internet. Ils se facebookent, se skypent, se essémessent. Ils ont des technologies si étranges que ça me rappelle mon grand-père et ses bizarreries de 78 tours.


Ils naissent avec l'électronique comme nous sommes nés avec la télévision. Encore que pour ma part, je suis assez vieux pour me souvenir d'une période où les émissions commençaient avec l'après-midi. Ma mère s'effrayait que l'ont puisse, par la suite, passer autant d'heure devant le petit écran. Comme les parents s'inquiètent d'autant d'électronique dans leur environnement.


Ils naissent avec les réseaux comme nous sommes nés dans un monde de livres et de volumes. Nous serons les derniers témoins de l'ère de l'imprimerie qui termine son cycle d'existence. Le but fixé initialement de diffuser le savoir au plus grand nombre a été le plus souvent atteint. L'humanité change peu à peu de support. Le papier devenait en quelque sorte trop limité dans ses applications. Trop lent à se répandre dans le monde et à se diffuser.


La dématérialisation des savoirs n'est pas la disparition des savoirs. Elle est une nouvelle étape dans le but que poursuit l'humanité : se raconter les uns les autres, ce que nous apprenons de ce qui nous entoure et de ce que nous ressentons. De l'élevage de la poule à la langue japonaise, de la plus factuelle des réalités de cette vallée de larmes à la plus anabolisante des fictions, nous transmettons.

L'effacement d'un support au profit d'un autre est un élargissement. La numérisation en cours de l'ensemble de nos savoirs et de notre mémoire assure à une multitude grandissante de personnes de cette planète d'y accéder. La dématérialisation n'empêche en rien aux livres d'exister mais ils sont déjà d'un autre temps qui est en marche.

Tout comme nous avons abandonné la cassette audio en faveur du cd puis du mp3, nous abandonnerons le livre. Je veux dire nous en tant que communauté. Mais aussi, tout comme nous avons gardé l’appétit de la même musique, nous conservons la culture de ce qui est écrit. Internet comme le savoir de tous à la portée de tous, comme partage le plus large jamais atteint de ce que nous sommes à cet instant.

Nous avons quand même cette chance incroyable de côtoyer l'avenir…


Nota benêt : Si tu réfléchis, l'avenir, c'est jamais que le présent du lendemain.


Source photo*

11 commentaires:

  1. Quelle pensée! Quelle vista!
    Sans doute l'article le plus visionnaire et le plus intelligent qu'il m’ait été donné de lire depuis ces 30 dernières années.
    Merci.

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  2. Anonyme : mais t'es qui ?

    Nicolas Dublog : déjà ? Allons-y… :-)

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  3. Bravo, beau texte Monsieur Poireau.

    L'avenir du poireau étant de finir en pot-au-feu,
    s'il te plaît, prends bien garde à toi !

    amitiés

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  4. Mélissandre : merci ! Mais sur le fond ? :-))

    Solveig : merci. Je vais faire attention mais je n'ai pas peur ! :-))

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  5. Que le savoir soit accessible, partout, pour tous, à chaque instant, bien évidemment c'est une grande avancée. Loin de moi l'idée de vouloir le nier !
    Mais je suis parfois mal à l'aise avec cette instantanéité qui nous pousse dans la même journée a passer d'un sujet à l'autre au fil des réflexions, des envies, des interrogations. L'impression de ne plus autant creuser les sujets, de survoler. Le savoir livresque me semblait être autre, peut être le souvenir de ces années passées à hanter les bibliothèques.
    Bref, tu l'auras compris, sans doute, j'oscille entre deux mondes.

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  6. DeFrancoisJose : oui, je comprends mais il s'agit de discipline individuelle. Ce n'est pas parce que 10 nouveaux titres paraissent en librairie qu'on se précipite pour les lire tous. De même avec les liens et les ressources, il faut accepter de ne pas tout lire, de trier entre le signifiant et le superflu !
    Enfin… il me semble !
    :-))
    Merci de commenter ! :-)

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    1. Il te semble bien ! Toute la difficulté réside en effet a se limiter; même si la tentation de se faire une orgie de mots est grande; un peu comme un enfant dans la plus belle des pâtisserie qui n'a pas assez de ses deux yeux et qui ne sait que choisir...

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  7. Bonjour,

    C'est vrai que nous avons une chance incroyable. Que de changements en un demi-siècle. Je m'émerveille tous les jours même si hélas ! l'homme n'a pas progressé en humanité autant qu'en technique. Il ne faut pas perdre espoir mais c'est dur.
    Ceci dit, certaines choses seront éternelles. La musique actuelle n'a pas détrôné la musique classique. Tout change mais le meilleur restera.

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  8. molinia : ton commentaire me plait, c'est positif à souhait ! :-)

    Defrancoijose : j'ai un article sur ce sujet mais qui reste en brouillon. Il faudrait que je développe. A lire plus tard ! Merci.

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