vendredi 12 juillet 2013

Nananère



Comme te l'indique mon tweet de ce matin, le scanner démontre que je n'ai pas de cancer. Il y a bien "quelque chose" qui s'en prend à mes ganglions et titille mes globules blancs (à moins que les deux ne soit liés…) mais rien de dangereux dans l'immédiat.
Je n'ai pas fini mon parcours médical. Après trois ans d'entêtement, j'ai trouvé une doctoresse qui fait son travail et cherche le pourquoi. Il n'y a toujours pas de diagnostic. Je sais pour le moins que je vais rester un peu…

Merci à tous pour les messages de soutien, surtout toi.

dimanche 7 juillet 2013

Deux mouvements…


J'ai depuis longtemps compris que la vie est une petite idiote écervelée. Elle agit et nous propose des choix d'un air joyeux alors que ça va déclencher tout un tas de conséquences. L'existence n'a pourtant lieu qu'au présent. Nous sommes là, nous tentons un choix parmi les propositions du menu puis autre chose apparait que nous relions ou non à l'instant d'avant. Il n'y a que nous, humains, à tenter d'y coller un sens. Nous tirons des traits pour connecter des points isolés de l'histoire, ça trace des dessins qui ressemblent à une trajectoire. Nous appelons ça : la cohérence.

Je ne crois pas que tout cela soit écrit, notre parcours. Il n'y a que des hasards. Nous passons à cet endroit, à ce moment et ça tombe sur nous. Ça aurait pu tout aussi bien arriver à quelqu'un d'autre. Ce qui fait sens, ce sont nos choix. Ce que nous sélectionnons, parmi les possibles, pour meubler notre parcours et les leçons que nous pensons en tirer.

En ce moment et dans le même temps, ma vie s'agite de deux mouvements intimes. Une très jeune femme est passée dans ma vie et s'en éloigne. Mes analyses de sang m'indiquent que quelque chose dans mon corps a réveillé mes globules blancs.

Ce n'est pas banal qu'une demoiselle me choisisse pour vivre sa première fois. Ce n'est pas anodin d'être dans ce rôle, moi pour qui le plaisir féminin est sur un piédestal et qui trouve essentiel que les femmes s'épanouissent. Je suis construit de cette matière, il faut que le corps exulte. J'en ai croisé des cabossées du désirs, des démolies de la maltraitance, des accidentellement frigidifiées.

Nous sommes des gens civilisés. Oui, vous aussi, je vous assure. Nous vivons en société. Nous ne nous reniflons pas le cul dans la rue pour savoir si nous nous plaisons. Nous établissons une communication, un échange. Il s'installe des connexions entre les personnes. Nous partageons des anecdotes, nous nous dévoilons. Nous nous faisons reluire un peu pour capter la lumière. Sauf cas particuliers, nous prenons le temps de nous choisir entre individus.

Nous nous sommes choisis à cet instant. Rien n'était prémédité et la vie nous a offert cette option. J'ai l'expérience d'un homme adulte de 47 ans. Elle a toute l'innocence de ses 20 ans. Ce furent des moments de partage et d'émotions charnelles. J'ai pris soin d'elle à ce moment précis où elle en avait besoin. Je suis passé par là par hasard et, peut-être pour échapper à sa situation du moment, j'étais la solution qu'elle attendait. Pour recevoir de l'attention, s'offrir, c'est exister.

C'était pour moi comme relire la chronique de ses propres débuts, la lampe-torche de l'expérience à la main avec les piles de l'émotion pour fournir l'énergie. J'invente les métaphores que je veux, c'est mon blog. Il y a eu des restaurants, il y a eu des mots, il y a eu les peaux, l'épiderme, il y a eu des cafés du matin, enroulée dans la couette. Il y a eu, entre nous, un de ces moments hors du cours de la vie. Une suspension, des parenthèses, un point de rencontre entre deux générations.

Je passe un scanner mercredi. Mes analyses de sang indiquent que j'ai possiblement un corps étranger quelque part dans mon organisme. Mes globules blancs forment des bataillons pour défendre la baraque. J'ai peur de la suite, je ne sais pas comment gérer cela. Ça ne s'apprend pas.

Elle est comme un printemps qui s'éloigne. Nos chemins se séparent parce qu'il n'y a pas d'histoire à écrire. Le possible a déjà eu lieu. Quand la magie opère, c'est comme un feu d'artifice, ça éblouit mais ça ne dure jamais longtemps. J'ai repris mon quotidien, elle a changé le sien, déménagé, démarré le chapitre suivant. Elle a regagné la surface. J'y suis peut-être pour quelque chose. Finalement elle ne s'est pas noyée. Elle est revenue à elle-même.

En ce moment et dans le même temps, ma vie s'agite de deux mouvements qui ont lieu en parallèle. Elle qui s'éloigne avec toute sa jeunesse et moi, le mal qui s'approche. Je résiste à la laisser partir. Paniqué par ce qui arrive après, je suis celui qui s'accroche pour ne pas laisser filer les mailles du temps qui se tricote. Qu'est ce qu'il y a avec mes métaphores ?

Elle a repris sa vie, je réintègre la mienne. Elle s'est offerte à mon expérience et j'ai reconnu la fraîcheur du désir. J'ai retrouvé le pétillant, l'imprudence, l'irréfléchi. Reliant ces points isolés de mon histoire, j'essaie de leur donner un sens. L'intensité des escapades, la magnitude des émotions, je peux maintenant faire face à la suite, armé de ces sourires supplémentaires…