lundi 31 octobre 2016

Freedom [modèle déposé !]



J'ai l'impression qu'il y a toujours la même volonté d'hégémonie américaine depuis la libération. C'est un peu comme si les États-Unis avaient été vexés de ne pas avoir eux-mêmes délivré toute la princesse Europe et qu'ils étaient restés habités du même élan chevaleresque.

Ou bien, pour être plus pragmatique, c'est peut-être parce qu'au plus ils augmentent la taille de leur marché, au plus ils accroissent le nombre de clients potentiels.  Et leur chiffre d'affaire.

Ce n'est pas anodin qu'internet soit de racine américaine et qu'énormément de branches y aboutissent toujours. En vérité, la quasi totalité de ce que nous semons sur les réseaux est récolté sur des serveurs américains. Ils les regroupent dans de grands entrepôts industriels, ils appellent ça des "fermes". Je suppose que ça leur sert à faire pousser des trucs.

Ce n'est pas anodin que la locomotive du cinéma et de l'entertainment soit le pays de Mickey® et de Ronald Mc Donald®. Nous connaissons tous leur folklore et beaucoup d'entre nous fêtons halloween®. Nous partageons des vidéo Coca-Cola® à partir d'un site Google® sur des technologies Apple®.

J'ai l'impression que les Ricains abandonnent cette young and cool attitude dès que d'aucuns refusent de fonctionner selon le modèle qu'ils imposent. Sans déconner, le résultat concret de ces 60 années de libéralisation des marchés, c'est que partout sur la planète, s'applique le droit américain.

En clair, dans le monde nouvellement libre, tu es libre de jouer… selon la règle édictée par les cow-boys. Je pense que c'est parce que Vladimir Poutine refuse de se soumettre à cette évidence, que nous avons visiblement acceptée comme naturelle, qu'il y a de nouveau de la nervosité dans leur relation.

Je ne suis pas un soutien du président russe. Il abuse d'une fibre nationaliste que je conchie. Il me semble évident qu'il fait partie de cette frange de l'oligarchie qui s'engraisse énormément aux frais de l'État sans oublier d'en distribuer à ses amis les plus chers. Mais je ne souhaite pas la guerre.

Je comprends qu'il veuille préserver ce qu'il appelle «l'âme russe» afin de flatter son électorat et que je nomme plutôt culture. Ce n'est pas rien l'histoire de ce pays et nous, je veux dire la France, y avons joué quelques rôles. Il me semble que cet argument devrait être entendu par l'Europe qui prône elle-même (et malgré tout) l'exception culturelle. 

Si Vladimir Poutine commet des actes qui nous déplaisent, nous disposons de tout un tas de moyens de communications qui permettent de s'expliquer, de se parler, de s'écouter, de s'entendre voire même s'engueuler en face à face. C'est tout de même plus sympathique, osons le mot, c'est tout de même plus humain, que d'aller déployer des missiles tout au long de sa frontière.

S'il arrivait que je sois président #VotezPoireau* et que j'apprenne que des milliers de soldats s'entassent aux quatre coins de l'hexagone, j'ai beau être d'un naturel flegmatique, ça m'énerverait un petit peu. J'aurais moi aussi, sans doute, ce réflexe un peu idiot et vraisemblablement masculin, de rappeler que je suis également très bien équipé.

Ce qui me saute aux yeux dans tout cela, c'est surtout que le projet européen qui est né de la guerre n'existe nulle part en tant qu'entité politique sur la scène internationale. C'est l'Otan, sous mandat américain, qui décide de ce que nous allons faire militairement contre la Russie.

Contre nos amis russes.

Partout, ce sont des généraux de la bannière étoilée qui dirigent les manœuvres* comme s'ils étaient chez eux. Dans les conflits en cours, quelques pays, dont la France en première ligne, font l'effort matériel et financier de lutter contre le terrorisme islamiste. Sous commandement américain. Il n'y a ni armée, ni territoire européens.

Tout se passe comme si la guerre ne pouvait pas finir sans que les États-Unis aient enfin libéré la terre entière. Comme si nous n'avions rien bâti depuis 1945 pour que cela n'arrive plus. Nous avons passé tout ce temps à établir des relations commerciales et financières sans jamais nous soucier aussi d'édifier de quoi les protéger.

Nous avons passé tout ce temps à défendre le commerce et les banquiers sans jamais discuter de qui ferait le soldat une fois la guerre revenue…


PS : j'ai l'air alarmiste comme ça
mais j'ai publié toute une série de tweets
sous le hashtag #BruitsDeGuerre* qui peuvent
te montrer comment sur un temps long,
la tension monte aussi vite que les budgets d'armements.


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Photo empruntée ICI*

vendredi 7 octobre 2016

Les banquiers et les politiques [fifty / fifty]




Lorsque je regarde les publicités des banques, je suis tenté de croire que ce sont des messages de l'association des humanistes réunis. Entre celui qui veut être utile et l'autre qui est mon ami pour la vie, je me sens plus populaire dans le milieu de la finance que sur les réseaux sociaux.

Evidemment, je ne suis pas dupe.

Je sais bien que mon ami banquier, “mon collaborateur sur le long chemin de l'existence” n'hésitera pas à se transformer en un être sanguinaire dénommé “conseiller de clientèle”.

À la moindre difficulté que je rencontrerais, il essaiera de me presser afin d'assurer son chiffre mensuel. Celui que réclame son patron, son n+1, celui qui rend directement compte auprès du Chef du Bureau de la Rentabilité.

Et lorsque je regarde les émissions politiques, c'est à peu près pareil. Un troupeau de types (et de gonzesses) remplis de générosité et qui ont plein de solutions.

Des gars qui plus tard au pouvoir, viennent t'expliquer que “je n'ai pas eu de bol” pour justifier qu'il faille rembourser les dégâts. Chirac est passé, Sarkozy est passé, Hollande est passé et le chômage est toujours là.

C'est une dette énorme laissée à la société et nous leur accordons tout de même des privilèges. Le peuple est trop bon ces temps-ci.

Les hommes politiques sont comme les banquiers qui promettent un monde merveilleux et te réclament ensuite de l'argent pour payer leurs erreurs. Et assurer leur train de vie.

#VotezPoireau

La vanne à laquelle vous auriez pu échapper :
Une révolution, ça ne se décrète pas, ça s'échafaude !

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Source image : ‘surreal human sculptures’ by Andrew Baines

dimanche 25 septembre 2016

Trois petits tours… [C'est de la magie !]



C'est en 2011 que le Parti Socialiste mit en place la toute première primaire. Outre l'idée d'officialiser ainsi sa domination sur la gauche de l'échiquier, ce processus électoral portait aussi, en arrière-fond, la volonté de corriger le scrutin présidentiel à deux tours.

Le Parti Socialiste avait constaté comme beaucoup que l'arrivée d'une multitude de candidatures du camps progressiste au premier tour avait pour effet de diluer son poids électoral et d'entraîner sa défaite. Quoi de mieux alors que de placer en amont une épreuve de barrage pour sembler se présenter unis sur la ligne de départ.

À droite, comme il est de tradition face à toute nouvelle idée progressiste, on commença par moquer le concept, par crier que jamais ô grand jamais, par vitupérer contre le changement avant finalement d'adopter également le principe.

En 2016, c'est donc une grande majorité de l'électorat national qui est appelé aux urnes afin de sélectionner les petits chevaux qui pourront porter casaque au Grand Prix du Château de l'Élysée. Mais s'il devient de fait officiel que le scrutin présidentiel à deux tours ne suffit plus pour déterminer efficacement le choix des électeurs, l'autorité de contrôle et les pouvoirs publics ne se sont nullement saisis de la démarche.

L'UMP-rebaptisée organise donc une grande primaire de la droite et du centre, dont l'extrême droite est exclue et à laquelle le centre a refusé de participer pendant que le PS actuellement au pouvoir promeut une épreuve qualificative à laquelle une bonne partie de l'extrême gauche ne reconnait aucune légalité.

Nous assistons à une organisation amateure de deux votes parallèles censés préparer la présidentielle. Deux scrutins quasiment officialisés sans que la République, nos Institutions, ne se soient à aucun moment penchées sur l'organisation et le fonctionnement afin d'en vérifier l'équité, d'en réglementer l'accès et le financement.

Du fait de ce manquement, mai 2017 révélera vraisemblablement un élu issu d'un processus de sélection tout à fait clanique, à l'organisation obscure et pour le moins assez peu conforme à notre République. Une fiction électorale au service d'une illusion de République.

[Image empruntée ICI

lundi 30 mai 2016

Balle au pied




Ils sont étranges ces hommes qui courent le plus vite possible sur l’herbe rase en poussant, à l’aide de leurs pieds, une sphère qu’ils appellent «ballon». Cela ressemble à un concours d’agilité. Le but ultime de la cérémonie serait de passer l’objet roulant au travers d’une porte symbolique matérialisée par deux piquets verticaux reliés d’une barre horizontale en leur sommet.

Ils ont dessiné sur le sol un rectangle et établi l’interdiction absolue d’en sortir avec la sphère. Ils ont tracé d’autres quadrilatères dont certains sont surmontés d’un rond partiel et ont embelli le centre du terrain d’un cercle parfait. Ces signes cabalistiques nous restent obscurs, le possesseur temporaire du ballon et les autres officiants les franchissent sans déclencher de réaction particulière.

D’autres humains s’affairent sur le pré. Ils entreprennent de s’approprier la sphère ou se positionnent de manière à offrir un relais en cas de blocage du porteur. De temps à autre, nous observons que la balle, emportée par la vitesse, s’envole de quelques mètres dans les airs. Ils essaient alors de la contrôler par de petits mouvements de la tête ou de la frapper violemment du crâne mais s’y révèlent plutôt malhabiles.

Un des participants est délégué au seuil de la porte et reçoit le titre de gardien. Pour cette mission de haute importance, lui est conférée l’autorisation inédite d’utiliser ses quatre membres, voire la totalité du corps, pour interdire le passage du ballon. Si cela lui accorde un avantage évident pour se saisir de la sphère au cours d’un épisode aérien, cela s’avère plus hasardeux pour la bloquer parmi la forêt de jambes qui s’empressent de lui faire franchir la porte.

Si l’un des participants réussit cet exercice, nous assistons à de grands débordements de joie qui paraissent gagner les autres membres du groupe par contagion. Aussitôt cette action accomplie, le marqueur se jette sur le sol où il est rejoint par la presque totalité de l’équipe. Certains miment alors l’accouplement, tandis que d’autres se contentent de simples embrassades accompagnées de rictus.

La foule d’humains placée tout autour de l’espace de jeu, vraisemblablement pour se distraire des exploits de ces bipèdes, est à son tour contaminée par la démonstration émotionnelle. Elle remue bruyamment pour accompagner les effusions. Elle crie, vocifère et agite dans l’air quelques morceaux d’étoffes colorées. Bien qu’ayant assisté à de nombreuses cérémonies, nous n’avons pas pu déterminer l’avantage formel que lui procure l’acte des officiants. Nous continuons donc nos observations pour éclaircir ce point.

Chronique écrite pour feu Das Fruhstuk, juillet 2014

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Pour aller plus loin :
La civilisation du football : http://grece-fr.com/?p=1577
Violence et football : analyse historique des lois du jeu http://www.irsv.org/index.php?option=com_content&view=article&id=119%3Aviolence-et-football-analyse-historique-des-lois-du-jeu
Les niveau de conscience dans le sport : http://europsy.org/marc-alain/sport3.html
 
À signaler : la revue Autrement : «Le football dans nos sociétés» (2006)

Photo : Manchester United vs. Arsenal at Old Trafford. October 1967 [source]

mardi 19 avril 2016

On ne va pas parler [le vide sidéral]



On ne va pas parler de ce qui motive les gens à se réunir sur des places, on va parler d'un vieux réac qu'ils n'aiment pas. Parce qu'il y a selon l'ordre médiatique une sorte d'obligation à applaudir Alain Finkielkraut. Qu'il tienne un discours identitaire importe peu, il faut l'aimer.

Il y a encore des responsables politiques pour qui dégager les places publiques fera disparaitre la colère des gens, comme par magie. On ne va pas parler des violences et de l'impunité policières de ce pays, on va s'alarmer qu'une affiche en dénonce l'existence.

Il y a encore des responsables politiques pour qui l'usage de la force est la réponse à la confrontation entre ceux qui exercent le pouvoir et ses assujettis. On ne va pas parler de leur absence permanente de solution. On ne va pas parler de leurs renoncements, on ne va pas parler de leurs échecs depuis 40 ans à ne résoudre rien. On ne va pas souligner leur incompétence à faire autre chose que de supprimer des droits sociaux.

On ne va pas se demander d'où vient tout cet argent qui s'accumule au point de déborder jusqu'au Panama, le même argent qui manque pour payer des infirmières et ouvrir des écoles, les mêmes sommes absentes quand il s'agit de soutenir un théâtre, une association culturelle ou d'accueillir dignement des réfugiés de guerre.

On ne va pas parler des slogans au pinceau qui décorent nouvellement cette agence bancaire, on ne va pas y lire la dénonciation du vol permanent et généralisé. On va dénoncer cela comme une dégradation. On ne va pas parler de cette ligne de crédit qui reste absolument introuvable quand une PME réclame un financement pour renouveler ses équipements.

On ne va pas s'interroger sur le sens qu'il y a pour une société à produire de jeunes gens formés à mieux comprendre le monde et qui vont galérer pour devenir caissier chez Carrefour. On ne va pas s'interroger sur la légitimité de leur désenchantement. Ils n'avaient qu'à faire Top Chef ou Koh Lanta.

On ne va pas faire usage des réseaux sociaux pour échanger sur la beauté du monde et réinventer la politique. On va les remplir de posts et de tweets sur les clowneries permanentes de la société du spectacle. On va railler ce candidat chanteur mal coiffé, applaudir cette starlette à deux balles, on va moquer ses fautes de français, gloser d'une virgule, railler un contresens, on va déverser nous-mêmes dans nos espaces de liberté les tonnes de détritus que produit la télévision.

On ne va pas parler de ce qui motive les gens à se réunir sur des places. Des gens qui ne se connaissent pas et qui se parlent. On ne va pas souligner leur désir d'avenir, leur politique autrement, leur changement qui est maintenant, on va parler de la course des petits chevaux vers l'Elysée. On va commenter le jeune premier contre le vieux sur le retour, le vieux percheron contre le pur sang.

On ne va surtout pas dire que les gens qui se parlent sur les places sont des électeurs qui ne croient plus au gain miraculeux, des gens qui décident de ne plus jouer au tiercé. Des gens comme vous et moi qui sont la démocratie.

Source : photo AFP piquée ici


lundi 18 janvier 2016

Non, Pink Floyd n'est pas le groupe de Syd Barrett

[Syd Barrett en 2006, quelques mois avant sa mort]


Syd Barrett a été un petit génie du renouveau musical de la scène anglaise du milieu des années soixante. Dans l'émergence de la pop culture, il a su comme personne brasser ensemble des comptines enfantines et une vision plus adulte et oppressante de la société britannique.

Sous l'impulsion des enfants du baby boom, c'est toute la société d'après guerre qui se ré-invente et se libère du corset victorien. Cet appel d'air crée une effervescence qui fera du swinging-London, le centre du monde culturel. Si l'on cite les Beatles et les Rolling-Stones,  il faut aussi rappeler qu'ils ont d'abord scandalisé la «bonne société anglaise» avant de s'imposer comme des références absolues sur la scène musicale mondiale.

C'est dans ce contexte, entre 1962 et 1965 que quelques étudiants de l'université de Cambridge s'initient à la musique. Ils montent différents groupes dont, à l'automne 1965, les Architectural Abdabs composés de Roger Waters, Nick Mason, Rick Wright, Bob Klose, Clive Metcalf, Juliette Gale (qui deviendra madame Wright) et Keith Noble.

Ils jouent d'abord du Rock rythm and blues, puis, après le départ de Bob Klose et sous l'influence de Mike Leonard, un professeur de la Polytechnique de Londres chez qui ils se réunissent, abordent les sonorités psychédéliques et les improvisations. Ce n'est qu'à ce moment là que Waters, Mason et Wright rencontrent Syd Barrett qui va leur apporter sa vision déjà étrange d'un monde fantasmagorique aussi poétique qu'halluciné.

Le premier album de Pink Floyd, «The piper at the Gates of Dawn», sort en 1967. Onze titres sont gravés dont deux sont signés collégialement, un par Roger Waters et dix composés par Syd Barrett. Le groupe part aussitôt en tournée (en compagnie de Jimi Hendrix !) et c'est dès cette série de concerts internationaux qu'apparaissent les premières fêlures de Syd Barrett.

Sous influence permanente des drogues et notamment du LSD, il est très souvent désorienté, ignore où il se trouve, oublie de se rendre sur scène ou bien quand il s'y rend, passe la soirée à jouer inlassablement le même accord durant de longues minutes. Pour terminer la tournée, Pink Floyd fait appel à David O'List, guitariste des Nice puis invite David Guilmour, qui est rentré à Londres, à les rejoindre.

Le deuxième album, «A Saucerful of Secrets» parait en 1968. Il contient sept morceaux dont un signé collégialement, un par Syd Barrett, deux par Rick Wright et trois par Roger Waters. Assez ironiquement, on peut relever que l'ultime chanson de Syd Barrett pour Pink Floyd dit ceci :

«It's awfully considerate of you to think of me here
And I'm much obliged to you for making it clear that I'm not here»
(C'est très attentionné de votre part de penser à moi
Et je me sens obligé d'être clair : je ne suis pas là)

Entre ce deuxième album et celui de 1973, «Dark Side of The Moon» qui amènera Pink Floyd au succès planétaire, le groupe enregistrera plusieurs disques qui témoignent à la fois de son évolution interne et de sa recherche artistique. Roger Waters prend en charge la quasi totalité des textes et participe, en compagnie de David Gilmour, Rick Wright et Nick Mason, à l'écriture d'une grande partie des musiques.

C'est sous cette influence de Roger Waters et sous sa direction artistique que Pink Floyd fera une gigantesque carrière internationale. Ils développeront une musique blues rock* au cœur d'albums concept avec de longues improvisations musicales et des textes de plus en plus politiques critiquant à la fois la société de consommation et la montée du cynisme des responsables politiques.  

Jusqu'à la fin de l'année 1978 le groupe se retrouve pour produire un nouvel album après la très longue tournée de «Animals». Tandis que les trois autres arrivent «les mains dans les poches», Rogers Waters fournit deux brouillons d'albums complets dont l'un deviendra «The Wall» en 1979 (26 titres dont 17 signés par Waters*) et l'autre «The Pros and Cons of Hitch Hiking*» qui sera son premier album solo sorti en 1984 après qu'il ait décidé de mettre fin à l'expérience Pink Floyd.

[Passons sur «The Final Cut» de 1983 qui est plus ou moins le chutier de The Wall - parce que EMI, la maison de disque, a refusé d'en faire un quadruple album - et qui est signé Roger Waters, interprété par Pink Floyd mais sans Rick Wright totalement détruit par ses addictions aux drogues]

Connaissant toute cette histoire, on constate que si Syd Barrett a été le déclencheur du succès du groupe, il n'a réellement contribué à la musique que d'un seul album. Il est bien évident qu'il a influencé la suite de la carrière du groupe, notamment «Wish you were here» sur lequel Roger Waters exprime toute la tristesse* d'avoir perdu un ami, emporté à la fois par sa propre folie mais aussi la pression de l'industrie musicale.

Mais ce n'est pas Syd Barrett qui a fait tout cela. Ce n'est pas Syd Barrett qui a fait Pink Floyd. C'est Roger Waters accompagné de David Gilmour à la guitare, de Rick Wright aux claviers et de Nick Mason à la batterie qui ont permis l'existence de ce groupe.

Aussi, quand je lis en 2016, soit cinquante ans plus tard, que Pink Floyd est le groupe de Syd Barrett, je me dis que les journalistes musicaux devraient un tout petit peu bosser leurs sujets.



[Roger Waters, novembre 2015]


Nota : en 1992, Roger Waters a sorti l'album «Amused to death»
sur le concept d'une humanité qui s'autodétruit en se distrayant
et dont une nouvelle version est ressortie en juillet 2015.
Je vous le conseille


mercredi 6 janvier 2016

2017 [same player shoot again]



Déjà 2017 se pointe à l'horizon de l'agenda médiatique. Les réflexions commencent pour savoir par quel incompétent, nous allons remplacer l'incompétent qui tient l'Elysée. On teste différentes formules qui n'ont aucune réalité sur le fond si ce n'est de changer le nom sur l'étiquette. Les roses en tête contre les bleus, les rouges grignotent leur retard sur les bleus marines, les verts sont à la corde, l'élection présidentielle est traitée comme une course de petit chevaux sur les plateaux.

Les débats se succèdent qui ne répondent à aucune des questions dont se soucie l'opinion, qui ne règlent aucun de nos soucis quotidiens. On agite les micros, on brandit les caméras, on recueille la petite phrase de celle-ci, on exergue la formule de celui-là comme autant de virgule ajoutées à un texte que plus personne ne souhaite comprendre.

La déchéance de nationalité ne créera aucun emploi. Non seulement, elle ne relancera pas l'économie mais elle n'aura pas non plus d'effet sur le terrorisme. Et pendant qu'à vide ils débattent, nous nous débattons toujours dans plein de problèmes.

Un sondage* apparait qui met au grand jour une unanimité chez les sondés : il faut plus de diversité parmi les élus. L'exigence de changement donne un grand coup de pied dans la fourmilière. Si tant est qu'on puisse se fier à une enquête d'opinion, la demande de renouvellement du système et de la classe politique est d'une telle proportion qu'elle devrait sonner comme un signal d'alarme pour la classe dirigeante.

Les rédactions se lancent aussitôt dans l'analyse des propositions d'Alain Juppé. Il n'apporte pourtant rien de neuf mais, dans ce même sondage, il est celui que les gens rejettent le moins. L'âge de la retraite, l'indemnisation des chômeurs, le code du travail, l'ancien premier ministre nous ressort le catalogue complet des classiques de l'énarquie. Toujours la même incapacité à se saisir de la réalité, compensée par une agitation de façade et quelques menus réglages à la marge.

Comme c'est parti, il n'y aura pas plus de changements après 2017 qu'après les éditions précédentes. Les promesses se suivent qui annoncent un renouveau ; elles changent seulement d'habit le temps d'un défilé. On reprendra les mêmes vieux pots pour refaire les mêmes recettes.

Tout détachés qu'ils sont de la réalité du pays, les hommes et femmes politiques sont grassement payés pour vivre dans des locaux très bien chauffés. Jour après jour, la caste médiatique s'occupent de leur cirer les pompes. Ils mènent une carrière, ils écrivent leur histoire. Pourquoi voulez-vous qu'ils changent ? Selon le vieux principe des joueurs : tant qu'ils gagnent, ils jouent.

Force est de constater que ces politiciens ne s'en iront pas d'eux-mêmes…

vendredi 1 janvier 2016

Roger Waters [La vie de star]



Je repensais récemment à la vie de Roger Waters* dont je suis fan. Je réfléchissais à sa vie personnelle. Il a été élevé, orphelin d'un père mort à la guerre*, par une mère castratrice. Etudiant en architecture, il monte plusieurs groupes de rock avec son pote et dès que le succès se pointe, Syd Barrett pète un câble et déclare sa schizophrénie.

Il relance Pink Floyd en fait un groupe de renommée mondiale et quand il constate qu'il y fait tout le boulot et décide de claquer la porte, il se prend un procès de ses ex-collègues pour continuer sans lui et lui interdire de jouer ses propres morceaux.

Ajoutez à cela quatre divorces successifs, je trouve que ça relativise vachement la vie de star.