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vendredi 31 juillet 2009

La marche [une recette pour l'avance…].


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J'ai reçu hier soir et juste avant d'aller me coucher, un mail de ma sœur ainée. C'est sans doute pour vous un évènement d'une grande banalité mais sachez que je n'ai, pour ma part, pas un sens inné de la famille. A moins que ce soit justement cette famille qui, à mes yeux, est dépourvue de sens.

Quand je suis parti de chez mes parents, j'étais rempli de l'énergie que vous donne la fin de l'adolescence et j'étais assez loin de comprendre alors mes véritables motivations. Depuis l'âge de dix ans, je remplissais des pages et des pages à propos de la difficulté de vivre. Vers quinze ans, lors du choix de mon orientation professionnelle, j'avais opté pour l'apprentissage de l'horticulture et des jardins, non pas tant par amour des petites fleurs et des légumes que par la possibilité offerte de travailler au grand air et surtout parce que le seul lycée de la région qui en prodiguait l'enseignement, m'obligerait à demeurer en internat du lundi matin au vendredi soir.

Ce qui a l'air limpide aujourd'hui et que j'avais sous les yeux depuis toujours, a mis très longtemps a prendre sens pour moi. Il m'aura fallu relier les faits entre eux pour en comprendre la logique. Il m'aura fallu plusieurs fois traverser les tempêtes et subir les ruptures. Il m'aura fallu entendre de ces femmes qui avaient été amoureuses de ma personne, au point d'en partager les jours et les nuits plusieurs années durant, les mots qui décrivaient l'enfer dont j'étais moi-même le créateur. Il m'aura fallu me reconnaitre et m'accepter dans ce rôle et cette distribution. Il m'aura fallu décider les grands travaux de désherbage. Il m'aura fallu déconstruire à l'aide du langage et de ma psy, tout le tortueux entrelacs derrière lequel je m'étais réfugié. On se protège comme on peut quand on est un enfant et j'avais choisi pour moi-même, tout un ensemble de masques…



Je

Le temps me survole et m’emmène vers l’hiver
Les saisons je n’en sais plus rien belles ou laides
Je suis une âme morte et le monde est de verre
La beauté, le bonheur aucun ne m’aide vers
Je suis comme au désert à midi les oueds.

Je colle mon regard aux parois transparentes
La paume de ma main glisse aux froides lumières
Je cherche une ouverture une porte une fente
Je suis dedans ce mur que moi-même j’enfante
Par où donc suis-je entré à mon heure première ?




Loin de moi l'idée de vouloir faire pleurer dans les chaumières, ma vie n'a été ni pire ni meilleure qu'une autre, si tant est qu'il soit possible d'en comparer la valeur. La psychothérapie n'a pas été une méthode pour apprendre à marcher mais simplement le moyen de décrypter mon propre pas et surtout la manière de m'éviter de nouveaux égarements. Eloigné définitivement des taillis, je vois depuis quelques années plus clair dans mon jardin intérieur. Si je suis parfaitement conscient depuis toujours, qu'il est impossible de reprendre les chemins à l'envers, je sais aujourd'hui ne plus en craindre les ornières.

S'il m'arrive de nouveau de tomber par terre, c'est pas la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est pas la faute à Rousseau. Chaque jour est un carrefour où je choisis ma route. Réalisateur désormais de mon propre destin, je commande parmi les épisodes qu'on me propose, les scénarios qui me conviennent. Rien n'est écrit par avance, il n'appartient qu'à moi, autant qu'à vous en somme, de régler la longueur de la laisse qui nous retient de vivre.

J'ai reçu hier soir et juste avant d'aller me coucher, un mail de ma sœur ainée qui m'apprend que ma mère joue dans «Le cancer 2, le retour». L'équipe tourne actuellement les scènes de fin et elle y tient le tout premier rôle. Pas celui de la tumeur mais l'autre. J'écoute en moi, le bruit que fait cette nouvelle, l'écho éventuel qui en résulte et je n'entends rien. Le calme plat des particules. Quelque chose a lieu dans le lointain, quelque chose remue qui ne m'affecte pas. Je regarde devant moi la lande apaisée que le soleil inonde et sur laquelle j'avance d'un pas tranquille. J'ai toujours préféré marcher dans la campagne plutôt que d'aller au cinéma…

jeudi 30 juillet 2009

La tenue des comptes [à l'oreille et au pif ?]


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Vous imaginez ce qu'il faut mettre en place comme moyens afin de vérifier dans le détail les chansons qui passent sur les ondes. Dans cette logique du toujours moins cher, je ne suis personnellement pas surpris que l'entreprise retenue pour ce marché se plante quelque peu et confonde de vieux chanteurs avec des jeunes premiers. Si par exemple, vous tombez sur un titre de Benjamin Biolay, à moins d'être un expert, il est absolument impossible non seulement de le dater mais aussi d'en préciser la langue.

Vous imaginez, à l'autre bout de la chaine, les étudiants sous payés pour rester six ou huit heures durant, le casque sur les oreilles à se farder la totalité des programmes de l'antenne de NRJ ou de Skyrock ? Malgré la une confortable pause de quatre minutes à la mi-temps afin qu'ils se nourrissent, soufflent un peu, aillent se soulager la vessie et fument une clope, vous admettrez que c'est une vie de forçat. Largement suffisant comme argument pour expliquer la confusion entre «L'important c'est d'aimer» (Obispo - 1999) et «Rien n'est plus beau que l'amour» (Shake - 1977).

A l'inverse, qu'en à peine un mois, des enquêteurs aient pu parcourir le pays depuis Lille jusqu'à Marseille et de Strasbourg jusqu'à Brest pour revenir dare-dare et la main sur le cœur, nous jurer qu'il y a en France aujourd'hui trois cents cinquante sept burqas qui se promènent dans la rue, c'est tout à fait épatant. Je veux bien avec vous m'inquiéter du nombre croissant de caméras de surveillance laissées à la disposition des forces aux ordres mais quand même, vous ne trouvez pas ça un tout petit peu trop précis ?

Et d'où nous sortent-ils ce chiffre exact ? Existe-t-il un fichier officiel déclaré à la CNIL ou quelque part dans un ministère ? L'Etat français dispose-t-il d'une machine ultra-secrète capable de trianguler le moindre déplacement de ce genre de tenue ? Aurait-on, sans que je m'en aperçoive lancé un satellite spécialisé ou bien obtenu l'aide immédiate du dévoué Yann Arthus Bertrand ? Retrouvez «Les burqas vues du ciel» prochainement dans toutes les bonnes pharmacies.

Non, sérieusement, pour parvenir à un tel résultat en aussi peu de temps, je ne vois qu'une seule explication : Nicolas Sarkozy a pris l'opération en charge personnellement et le recensement a du être interrompu par son malaise…

mardi 28 juillet 2009

L'enterrement du rock [mouvement perpétuel !]



Le rock est mort entend-on à peu près tous les dix ans, tandis que des gamins à cheveux gras viennent au devant de la scène pour tapoter sur des claviers et produire des sons de tuyauteries claustrophobiques. Ils se fardent de peau grasse et de pupilles récalcitrantes afin de remuer leur corps couvert de toile épaisse au son de rythmiques d'avant l'invention des tam-tams.

Personne n'assiste aux enterrements, occupés que nous sommes à dresser une oreille sur la nouveauté du jour. Nous tentons d'y trouver de l'intérêt, de la lumière, de l'énergie, de la consolation à notre chagrin peut-être. Nous nous laissons parfois éblouir par ces hurluberlus, ces hurleurs à la berlue mais cela ne dure qu'une étincelle, à peine la durée d'un feu follet. Ils inventent suffisamment de feux de paille pour que le rock puisse renaître de leurs cendres.

Le rock est un aventurier boulimique qui s'épuise lui-même à vouloir suivre toutes les pistes en même temps, à explorer en parallèle toutes les surfaces à sa mesure. Il finit par s'éloigner des sources, par dissoudre les petits ruisseaux dans de trop grandes rivières. Pourtant, les pierres ne roulent que dans les torrents des montagnes. Il prend trop de poids, devient trop lourd et finit par manquer de souffle. Le confort des tournées mondiales et des hôtels de qualité quatre étoiles achèvent de l'endormir sous l'embonpoint.

Régulièrement pourtant, nous devrions titrer : ouvrez vos oreilles, le rock est né !

Tame Impala - Half Full Glass Of Wine [merci à VoxPopMag pour la découverte !]

mercredi 22 juillet 2009

La Banque Populaire [de se foutre du monde !]


Chaque vendredi soir, le service «Courrier électronique international» de la Banque Populaire part en mission vers les Amériques… [source]


Si vous aussi, vous rêvez de naviguer dans l'espace sidéral d'internet, de surfer au vent des lointains horizons du réseaux mondial et d'entrer de plain pied dans la moderne modernité du tout électronique en accédant à la gestion de votre compte en banque en ligne, le cul moulé dans votre canapé, la Banque Populaire a pour vous la solution.


Ils ont baptisé ça Cyber-Plus, c'est vous dire s'ils sont ambitieux.

Et pendant qu'ING vous offre bêtement la gratuité totale d'un compte rémunéré parce qu'informatisé, il vous faudra, pour accéder au prodigieux service de cette banque qui a la prétention d'être populaire, débourser un euro et cinquante centimes d'abonnement mensuel.

Pour ce coût, il est légitime que vous imaginiez entrer dans le monde du luxe à la française, dans l'univers des portes à dorures et des tapis tellement épais qu'un canal s'est pendu, du cousu à la main et du sur-mesure. Si je m'en réfère à ma propre expérience, il se sera écoulé plus d'une année avant qu'ils ne parviennent à opérer la portabilité de la connection vers les machines de monsieur et madame Apple. Précisons qu'il m'aura fallu leur pousser plusieurs fois le cri de la vache à lait avant qu'ils ne daignent me rembourser le prix de l'abonnement ainsi que les frais des virements effectués au guichet [cinq euros forfaitaires] auquel j'étais contraint de me rendre du fait de l'incapacité de leur service.

Vous pourrez à moultes occasions communiquer avec votre chargé(e) de clientèle grâce au formidable outil que constitue le courriel électronique et obtenir une réponse dans un délai régulièrement inférieur à trois semaines pleines. Un silence d'une durée supérieure signifiant, outre la possibilité de son décès prématuré par les suites d'un étranglement fortuit par un client mécontent, que vous venez de changer de responsable.

Grâce à une accessibilité parfaite, il vous suffira alors de vous rendre sur le site du siège régional du groupe afin de protester de ce silence prolongé et vous recevrez, dans l'après-midi même une réponse automatique confirmant toute l'importance que vous représentez à leur yeux. Dans les deux semaines suivantes, un mail personnalisé vous parviendra afin de vous informer des coordonnées téléphoniques de la nouvelle personne en charge de votre dossier.

Mais la partie la plus festive du service CyberPlus de la banque qui aimerait se faire aussi populaire que le bœuf, réside vraiment dans le module permettant d'effectuer des virements de compte à compte. Vous toucherez du doigt le sublime, vous atteindrez ici les sommets d'une logique que même un ingénieur féru de casses-tête chinois n'aurait jamais pu imaginer. Je conseille vivement au lecteur d'attacher sa ceinture et de bien nouer ensemble ses neurones :

XXXXX. Le module de virement bancaire sur lequel vous gérez votre compte, vous permet, par défaut, d'effectuer autant de virements que vous le souhaitez vers… votre propre compte ! [amusant, n'est-il pas ?]

XXXXX. Si vous espérez vous appuyer sur la norme IBAN créée par l'Europe [depuis janvier 2007] pour faciliter un libre échange bancaire à travers tout l'espace communautaire afin de créer d'autres destinataires à vos virements électroniques, par exemple votre adorée compagne [je fais gaffe, elle me lit !] ou votre belle-mère si vous leur devez de l'argent ou même la tante Zaza pour lui rembourser les deux kilos de jambon sec qu'elle vous a généreusement expédiés du fin fond de l'Espagne, sachez que la banque qui, au même titre qu'un certain Louis XVI en juin 1789, s'imagine populaire, en a verrouilé la possibilité.

XXXXX. En interrogeant par courrier électronique votre chagré(e) de clientèle, et sous réserve qu'entre-temps il ou elle soit toujours sur ce poste [voir plus haut], vous apprendrez que cette opération n'est possible qu'en transmettant à votre agence bancaire le nom, le prénom, l'adresse exact du destinataire mais aussi la dénomination et les coordonnées postale de sa propre banque.

Parti courageusement habiter la Belgique, ce pays aussi exotique qu'éloigné des frontières hexagonales, j'ai donc transmis au siège régional de la banque populaire-de-se-foutre-du-monde, puisque ma chargée de clientèle est enceinte jusqu'aux yeux et que j'ignore encore qui la remplace, les coordonnées IBAN de mon propre compte ici avec ma propre adresse de résidence et c'est après à peine douze jours d'un suspense insoutenable, que je viens de recevoir la réponse par courrier électronique :
«Monsieur,
Vous ne pouvez pas effectuer de virements internationaux par internet, ni rentrer dans les listes de bénéficiaires de comptes étrangers. Pour réaliser ce type d'opérations, vous devez adresser votre demande à votre agence en fournissant le numéro de compte à débiter, le montant, le nom, l'adresse du bénéficiaire, ainsi que le nom et l'adresse de sa banque, ses codes IBAN et BIC. Nous restons à votre disposition pour toute autre question.».

Je me demande si ce n'est pas le service marketing qui a commis une boulette en prenant un nom aussi prometeur que «CyberPlus»…


Nota Bene : cher client de banque française, sache qu'ici, ta situation de vache à lait fait rire à gorge déployée !

jeudi 16 juillet 2009

Rire avec la gauche [qui rira le dernier !]

Il se peut que cet article soit un peu long
et contienne
quelques liens un peu olé-olé !




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Nous sommes le 14 mars 2001 et monsieur Jospin est à la cuisine, debout face à la casserole. Il s'apprête à vérifier la cuisson des paupiettes et, la cuillère à la main, l'air hésitant et songeur, l'œil clos derrière ses lunettes de métal, il goûte le peu de sauce qu'il vient de glisser sur sa langue afin d'en mesurer les fines saveurs. La pensée le traverse qu'un échec dans la réalisation de ce plat l'amènera vraisemblablement à devoir quitter définitivement la vie gastronomique.

C'est à cet instant précis que Sylviane passe la porte du bureau. C'est une femme proche de la cinquantaine qui porte une beauté resplendissante de milf et un pull échancré dévoilant largement la naissance de ses seins. Elle quitte un instant la stratosphère de ses écrits pour recueillir le sentiment de son concubin car, toute femme qu'elle soit, elle éprouve parfois le besoin irrépressible de plonger dans le bon sens rassurant et la parole apaisante de son homme :


— Dis-moi, mon doudou, comment pourrions-nous déterminer l'orphisme en tant que sophisme dans l'herméneutique phénomènologique de la Comtesse de Ségur ?

Lionel est soudain terriblement déprimé. Ce soir-là, après avoir terminé d'avaler les paupiettes assez moyennes mais acceptables, après avoir discuté en détail de l'épisode de Sophie découpant un poisson rouge à l'aide d'une paire de ciseaux et du rôle polysémique autant que plurivoque de l'ustensile dans son déterminisme social et symbolique au double rôle inéluctable de ménagère et de castratrice chez l'héroïne en tant que femme à devenir [c'est vous dire si la soirée fut longue et passionnante], il se retire dans son bureau et prend enfin sa décision : il convient aux français de se choisir d'abord un Président pour ensuite élire les Députés.


Ce pourquoi la gauche merdoie


Cette étape est une erreur historique qui continue de peser sur l'existence même de la gauche. Issue d'une philosophie du collectif qui consiste à s'enrichir en permanence d'un groupe d'individus unis dans le but d'améliorer le sort de tous, voici la gauche enfermée, par cette inversion du calendrier électoral, dans une recherche perpétuelle d'un leader. Or, il n'appartient qu'à la droite de croire au culte du chef et au mythe du capitaine capable à lui seul de vaincre toutes les tempêtes grâce à sa volonté de fer, à ses muscles d'acier et à ses talonnettes de tout genre.

La gauche pourra penser autant qu'elle veut la situation du monde et elle pourra faire naitre de cette réflexion collective toutes les idées de progrès qu'elle juge bonnes, elle se trouvera encore et toujours empêchée d'accéder au poste de décision suprême par son incapacité à se créer un meneur. Il n'est simplement pas dans sa nature d'accepter la suprématie d'un seul sur tous, de croire qu'une seule personne du fait de sa dotation à la naissance puisse dominer les autres afin de les diriger. Prise au piège dans cette logique de droite, nous assistons au ballet plus ou moins sincère des unes et des autres afin de démontrer qu'il pourrait être le porteur d'un destin de directeur et, si le providentiel et putatif candidat ne se fait abattre ni au départ ni avant l'arrivée, il se révèle fatalement incapable d'en rassembler les suffrages.



Ce comment la gauche s'en sortira


Si les derniers résultats électoraux présidentiels démontrent plus qu'il n'est besoin la validité de cette théorie, il reste évident aussi que la destruction systématique du modèle français par la droite au pouvoir n'est plus acceptable. Il est plus que temps de permettre à un groupe politique prônant la justice sociale d'appliquer enfin ses idées au pays. Monsieur Poireau lui offre aujourd'hui la méthode qui convient pour ce faire :

1. Refuser le combat
Puisque Nicolas Sarkozy est réputé imbattable, qu'il est un tribun hors pairs capable des meilleurs discours de pure forme, opposons-lui un candidat fantoche apte à caricaturer le discours de l'ancien maire de Neuilly. Ce clown aura pour mission de démontrer par l'absurde les promesses électorales du leader minimo et de faire rire à gorge déployée à chacune de ses propositions. Puisque les électeurs savent par avance que le président en titre ne tient que peu ou pas ses engagements, à lui de nous le rappeler en extrapolant une par une ses idées. Notre amuseur argumentera d'une manière systématiquement ridicule.
Plusieurs exemples :
. Au «travailler plus pour gagner plus», notre pitre répondra par la proposition d'un smic horaire porté à deux cent cinquante euro dès la quarantième heure travaillée sur la semaine.
. A l'idée du travail le dimanche, il avancera l'idée de l'activité permanente avec des supermarchés ouverts jours et nuit et sept jours durant, grâce à la mise à disposition de nouveaux salariés âgés de dix ans au moins.
. Pour la possibilité de la retraite, il proposera que celle-ci soit désormais réservée aux seuls employés ayant permis un bénéfice d'au moins soixante-quatorze millions d'euros par an à leur employeur.
. Le fonctionnement de l'Education Nationale sera naturellement amélioré en même temps que l'économie deviendra florissante grâce à l'embauche massive des enfants en échec scolaire [par exemple au-dessous de quatorze de moyenne par trimestre].

2. Démonter l'enjeu
Notre loufoque devra communiquer avec force sur sa véritable incapacité à tout faire [je n'ai pas quatre bras, dira-t-il d'un air dépité mais souriant] et arguera de sa volonté à laisser les autres bosser à sa place. Il valorisera le rôle du parlement dans la sauvegarde et la construction du pays, bien plus importantes que les petits pouvoirs Elyséens. Il insistera le plus souvent possible sur ce que nous coûte un député et que, pour ce qu'on les paie, ce serait quand même bien de les mettre au boulot. Il rappellera aussi que l'ensemble des régions fonctionnent très bien telles qu'elles sont, avec la gauche à leur tête, et qu'il ne voit nulle raison de changer une équipe qui gagne.

3. Casser le mythe
Enfin et surtout, notre guignol s'engagera, en cas de réussite au scrutin présidentiel de mai 2012 à ramener la fonction présidentielle à sa juste mesure et à redonner le pouvoir aux élus qui choisissent de travailler collectivement, y compris au sein de toutes les instances au niveau régional.

4. Penser plus loin
Notre zouave officiel soulignera le plus souvent possible son rôle de simple amuseur et insistera sur l'enjeu véritable : élire une majorité de gauche à l'Assemblée Nationale incluant tous les courants du Parti Socialiste et des autres afin de mettre fin à la fonction du président. Il se moquera pour cela d'un Nicolas Sarkozy a qui il aura fallu cinq longues années et un salaire multiplié par deux, juste pour réussir l'installation du tout-à-l'égout dans la maison de sa belle-mère !


Ce comment la gauche durera

La gauche est construite sur sa capacité à regrouper les individus, à s'enrichir de leur diversité afin d'organiser la redistribution équitable des richesses produites par la nation. Puisqu'elle n'a, par définition, aucun chef possible, elle doit tout mettre en œuvre pour en casser la possibilité. L'une des premières lois présentés au parlement sera, outre l'abaissement de ses responsabilités, la possibilité de mettre fin à tout instant aux fonctions du Président de la République…


Une utopie ? Mais non ! Vous verrez qu'en cherchant un peu,
vous trouvez vous-mêmes quelques marioles
prêts à être candidat de la gauche dans les conditions ci-dessus,
n'hésitez pas à les nommer en commentaire !


mardi 14 juillet 2009

Les jurés [anonymes en notre nom !]

Monsieur Poireau n'est pas en vacances,
il est juste un peu mou de la plume !






The Justice League [source]



En France, la Justice n'a pas d'opinion. Les choses y sont organisées de telle manière que le jugement rendu soit le plus objectif possible. Dans un Jury d'Assises, ce ne sont pas des spécialistes du Droit qui officient. Les cartographes assidus du dédale judiciaire sont laissés de côté. Pas plus que ne sont invités à pérorer sur le perron des tribunaux, les membres de la classe politique. On sait trop combien ils sont toujours prêts à sauter sur le moindre fait divers pour tenter de transformer l'émotionnel en bulletin de vote.

Les fondateurs de notre République et les générations de législateurs qui sont intervenus par la suite, ont toujours pris soin, dans les affaires dont la gravité mérite de passer en jugement public, d'en laisser la conclusion au peuple. Au delà du Droit tel qu'il nait sous la plume du législateur, tel qu'il se crée de l'accord voté par l'assemblée des deux Chambres, au delà du Droit tel qu'il s'applique par les porteurs d'hermine et tel qu'il s'écrit au quotidien dans les méandres des livres, à l'image d'un labyrinthe qui en permanence se réinvente et se prolonge de nouvelles salles, il est fait confiance au peuple réuni pour en obtenir le jugement.

On choisit au hasard quelques clampins anonymes dont la seule particularité est d'être électeur à jour de leur inscription sur les listes. Ça peut être la boulangère, le médecin, le garagiste ou l'ouvrier d'usine. Ça peut être la prostituée, son client ou la maitresse d'un homme d'affaire. Ça peut être ce retraité de soixante ans, cette mère de trente-cinq ou ce célibataire de quarante-trois qui habite seul avec maman dans un très grand appartement. Ça peut être le psychiatre ou celui qui lui parle, la strip-teaseuse ou celle qui la regarde, ça peut être n'importe quel membre de notre société que le tirage au sort désigne, la mamie râleuse en foulard aussi bien que la beurette souriante en jupette.

Il sont neuf en tout à être appelés à assister aux débats de la Cour, à entendre les avis des uns et des autres. L'Avocat des victimes, l'Avocat des accusés et le Ministère publique qui, au nom de l'Etat fait valoir son conseil en matière de condamnation raisonnable (si j'ai bien tout compris). Neuf à écouter les experts qui, d'après leur science et leur spécialité, viennent détailler le déroulement des faits, décortiquer la personnalité et la biographie des inculpés. Neuf à entendre durant plusieurs semaines, le récit ainsi fait du parcours des uns et des autres, de l'enfance au jour J. marqué d'une pierre noire, les épreuves subies, les erreurs d'aiguillage ou les mauvaises options choisies consciemment jusqu'à la réalisation concrète du crime objet du jugement.

Ils vivent cela comme vous et moi, j'imagine : du mieux qu'ils peuvent. Peut-être que leurs enfants leur manquent ou qu'ils sont ravis d'échapper au boulot durant quelques semaines. Peut-être qu'ils ont du mal à trouver le sommeil le soir venu dans leur hôtel du fait du bruit ambiant des autres chambres et de leur propre remue-ménage intérieur des questions qu'ils se posent. Peut-être arrivent-ils avec toutes les réponses déjà écrites en eux, qu'ils soient partisans de la peine de mort ou anti-pénitentiaires convaincus et qu'ils s'ennuient avant de pouvoir débattre de leur décision péremptoire. Peut-être qu'ils prennent des notes sur ce qu'il entendent pour y revenir par la suite, des détails anodins peuvent devenir signifiants quand ils sont éclairés dans la durée des jours.

Quoiqu'il en soit et quels qu'ils soient, ils sont nos représentants, notre voix au chapitre de la Justice, l'expression de ce que le peuple juge bon de décider pour l'affaire dont ils ont eu connaissance pour avoir assisté à tous les débats dans les moindres détails. Les tortures infligés, les justifications, les dénégations et la mine déconfîte des accusés, les regrets et les provocations, la douleur des parents du côté des victimes et les pleurs des mères de potentiels assassins.

C'est avec ça qu'ils se retirent et qu'ils discutent entre eux pour déterminer ce qu'il convient de décider ensemble. La question de la culpabilité et de sa répartition d'abord. Ensuite, les moyens à mettre en œuvre afin d'éviter à l'ensemble de la société, dont ils sont les représentants temporaires que le sort a désignés, pour pouvoir s'en prémunir. Quelle peine convient-il d'appliquer à celui-ci afin que son quartier, sa ville, son pays n'ait pas à en subir la réapparition avant longtemps si ce n'est de façon définitive. La juste manière pour notre corps social de se protéger contre cette tumeur maligne arrêtée avant qu'elle ne se répande et se métastase.

Qui suis-je alors, simple citoyen pour me permettre de juger leur jugement ?

Je n'ai entendu qu'un écho lointain du travail de la Justice en cours, je n'ai lu que les comptes-rendus épars tels qu'on a bien voulu les faire paraitre parmi le flot calibré des médias, entre les bouchons des départs en vacances et les pauvres lycéens obligés de bucher en prévision du bac, entre le virus de la grippe et la qualité des eaux de baignade, entre les conseils à suivre pour ne pas cramer au soleil sur la plage et les pitreries symptomatiques du gouverneuneument en place.

Et Michèle Alliot-Marie, ci-devant ministre fraichement émoulue à la tête de la Justice et à peine sortie de la Police et de la Force aux ordres, qui est-elle pour donner voix au chapitre ? Qui est-elle pour se substituer aux jurés issus du peuple et en disqualifier le jugement ? Au nom de qui, au nom de quoi serait-elle mieux à même que ces gens, que ce boucher, que cette prostituée, que ce garagiste, que cette chef d'entreprise ou que cette beurette qui met du pain sur son balcon pour nourrir les pigeons pour décider avec discernement ?

Pas plus qu'une mamie à foulard, pas plus qu'une employée d'usine, pas plus qu'un gardien d'immeuble qui nous sort les poubelles, pas plus qu'une ménagère de même pas cinquante ans, pas plus qu'un épicier du coin étiqueté Fauchon ou marocain, elle n'a d'avis supérieur à émettre. Les jurés sont anonymes et le restent obligatoirement parce qu'ils n'expriment en aucun cas leur avis personnel. Ils décident de manière collégiale en leur âme et conscience et à partir du déroulé auquel le tribunal leur fournit les moyens d'assister. Ils sont présents d'un bout à l'autre au procès, de longues heures durant et tranchent d'une manière ou de l'autre à partir du travail effectif de la Justice.

Ils ne trônent pas dans un Ministère aux dorures surannées, ne reçoivent pas personnellement les victimes ni ne visent de carrière dans la fonction. Ils n'ont personne d'autre à satisfaire que leur propre conscience et rentrent chez eux, toujours anonymement et, je l'espère, avec le sentiment de la mission accomplie et d'avoir rendu le meilleur jugement possible.

L'irruption de la politique telle que la pratique ce clan baptisé UMP, dans le champ de la Justice est une mise à mal du principe de la Justice elle-même. La sérénité qu'exige son déroulement est désormais perturbée par le clientélisme outrancier dont ils font preuve en chacune de leur décision. La privatisation de tout et de n'importe quoi au service des copains, le maquillage permanent d'une action à leur seul avantage au mépris d'un mandat électif, ils bafouent de leur rapacité et de leur égotisme le sens même de la démocratie.

Un Jury d'Assises ne peut en aucun cas être un collège d'experts au service d'un pouvoir politique opportuniste, pas plus qu'un groupe chargé de réparer la douleur insondable des victimes. Il est constitué par le hasard d'un choix du moment et la procédure qui prévoit son isolement collectif est là pour, autant que faire ce peut, le prémunir de l'humeur changeante de la vox populi et des courants mouvants de l'opinion.

Il est l'émanation directe du peuple souverain et ne cherche en aucun cas à le séduire par sa décision. Un Jury d'Assises ne peut en aucun cas se laisser corrompre par la visée d'une élection future. Il est le peuple et il le restera. Quoiqu'en dise toutes les Michèle Alliot-Marie de France et de Navarre…



Forfaiture : Crime dont un fonctionnaire
se rend coupable en commettant
certaines graves infractions
dans l'exercice de ses fonctions.
Voir : félonie, trahison
.


Je dédie cet article à Le Coucou et à Marie-Georges pour leur attachement aux grands principes de la démocratie…

dimanche 5 juillet 2009

L'heureux tour [les roues de la fortune !]

287ème article



[source : le site d'Eric Leblacher]


Le gars, il est assis sur sa selle et il pédale. On ne sait pas vraiment pourquoi ça lui est arrivé à lui en particulier. Peut-être a-t-il raté sa scolarité et préféré le cyclisme à la vie en usine. Huit heures par jour dans le bruit des machines à répéter des gestes automatiques.


Au moins, il est au grand air tandis que ses jambes moulinent et il voit du pays. Monaco, Nice, les Pyrénées et, tout au bout comme un phare, comme une promesse sucrée, les pavés des Champs-Élysées, la foule des parisiens en liesse, les applaudissement et les sourires des enfants comme une pommade après tous ces efforts.

Du matin jusqu'au soir, il pédale. Sous le soleil qui l'incendie, le vent qui le glace, la pluie qui le cingle ou contre le froid qui lui coupe les doigts, il avance. Sa pensée s'obsède de cette rythmique qui doit lui faire battre le temps. La mécanique des mollets s'agite contre la morsure des horloges. Il écoute à l'intérieur le bruit de soufflerie que cela fait. Le palpitant qui double de volume et manque de place dans sa poitrine, il cherche des litres d'air la bouche ouverte. Loin de le soulager, chaque lampée d'oxygène est une brulure supplémentaire.

Les mains s'incrustent du guidon, le dos est un iceberg acéré de douleur parcouru d'une sueur que la vitesse glace à même la peau. Assis sur sa selle, il pédale avec les autres et sourit comme eux aux caméras sur les motos. Les gros cubes passent en dégageant une chaleur tonitruante, le passager se penche pour filmer à bout de bras, l'objectif à ras du sol.

La contre-plongée de l'effort dans la montée, ça c'est bon pour l'audience. Cela donne de bonnes images sur la télé seize-neuvième du salon, écran plat, coin carré, du son partout dans la pièce. Le cliquetis des dérailleurs explose en cinq-point-un. Le réalisateur bascule sur un plan large de la promenade des Anglais, puis parcourt la Grande Bleue et à nouveau la côte ensoleillée et quelques villas de rupins vues depuis l'hélicoptères, avant de rebasculer vers la course.

Vue d'ensemble du peloton et des coureurs qui sourient dans leur maillot coloré et publicitaire. Les sponsors sont des entreprises qui vendent des téléphones aux gagas ou du crédit aux gogos. Certaines marques arborées par des équipes étrangères ne nous sont associées à aucun imaginaire mais brillent de leurs teintes resplendissantes, des tuniques de vainqueurs.

Les gars, ils sont assis sur leur selle et ils pédalent…

jeudi 2 juillet 2009

Un petit tour [et ça repart !]


[source]


Lance Armstrong est très mal conseillé.
Relancé de tout côté sur les soupçons de dopage, il continue bêtement de nier.
J'espère que quelqu'un aura l'idée de lui traduire un exemplaire de la nouvelle brochure promotionnelle de l'Elysée parue sous la couverture du Nouvel-Observateur.
Le champion cycliste apprendrait ainsi qu'il suffit de reconnaitre avoir commis des erreurs pour repartir blanc comme neige…


Pour le coup, l'Observateur porte bien son nom
puisqu'aucun des journalistes maison n'a visiblement pu
participer à la rédaction de l'interview