Ils sont étranges ces hommes qui courent le plus vite possible sur l’herbe rase en poussant, à l’aide de leurs pieds, une sphère qu’ils appellent «ballon». Cela ressemble à un concours d’agilité. Le but ultime de la cérémonie serait de passer l’objet roulant au travers d’une porte symbolique matérialisée par deux piquets verticaux reliés d’une barre horizontale en leur sommet.
Ils ont dessiné sur le sol un rectangle et établi l’interdiction absolue d’en sortir avec la sphère. Ils ont tracé d’autres quadrilatères dont certains sont surmontés d’un rond partiel et ont embelli le centre du terrain d’un cercle parfait. Ces signes cabalistiques nous restent obscurs, le possesseur temporaire du ballon et les autres officiants les franchissent sans déclencher de réaction particulière.
D’autres humains s’affairent sur le pré. Ils entreprennent de s’approprier la sphère ou se positionnent de manière à offrir un relais en cas de blocage du porteur. De temps à autre, nous observons que la balle, emportée par la vitesse, s’envole de quelques mètres dans les airs. Ils essaient alors de la contrôler par de petits mouvements de la tête ou de la frapper violemment du crâne mais s’y révèlent plutôt malhabiles.
Un des participants est délégué au seuil de la porte et reçoit le titre de gardien. Pour cette mission de haute importance, lui est conférée l’autorisation inédite d’utiliser ses quatre membres, voire la totalité du corps, pour interdire le passage du ballon. Si cela lui accorde un avantage évident pour se saisir de la sphère au cours d’un épisode aérien, cela s’avère plus hasardeux pour la bloquer parmi la forêt de jambes qui s’empressent de lui faire franchir la porte.
Si l’un des participants réussit cet exercice, nous assistons à de grands débordements de joie qui paraissent gagner les autres membres du groupe par contagion. Aussitôt cette action accomplie, le marqueur se jette sur le sol où il est rejoint par la presque totalité de l’équipe. Certains miment alors l’accouplement, tandis que d’autres se contentent de simples embrassades accompagnées de rictus.
La foule d’humains placée tout autour de l’espace de jeu, vraisemblablement pour se distraire des exploits de ces bipèdes, est à son tour contaminée par la démonstration émotionnelle. Elle remue bruyamment pour accompagner les effusions. Elle crie, vocifère et agite dans l’air quelques morceaux d’étoffes colorées. Bien qu’ayant assisté à de nombreuses cérémonies, nous n’avons pas pu déterminer l’avantage formel que lui procure l’acte des officiants. Nous continuons donc nos observations pour éclaircir ce point.
Ils ont dessiné sur le sol un rectangle et établi l’interdiction absolue d’en sortir avec la sphère. Ils ont tracé d’autres quadrilatères dont certains sont surmontés d’un rond partiel et ont embelli le centre du terrain d’un cercle parfait. Ces signes cabalistiques nous restent obscurs, le possesseur temporaire du ballon et les autres officiants les franchissent sans déclencher de réaction particulière.
D’autres humains s’affairent sur le pré. Ils entreprennent de s’approprier la sphère ou se positionnent de manière à offrir un relais en cas de blocage du porteur. De temps à autre, nous observons que la balle, emportée par la vitesse, s’envole de quelques mètres dans les airs. Ils essaient alors de la contrôler par de petits mouvements de la tête ou de la frapper violemment du crâne mais s’y révèlent plutôt malhabiles.
Un des participants est délégué au seuil de la porte et reçoit le titre de gardien. Pour cette mission de haute importance, lui est conférée l’autorisation inédite d’utiliser ses quatre membres, voire la totalité du corps, pour interdire le passage du ballon. Si cela lui accorde un avantage évident pour se saisir de la sphère au cours d’un épisode aérien, cela s’avère plus hasardeux pour la bloquer parmi la forêt de jambes qui s’empressent de lui faire franchir la porte.
Si l’un des participants réussit cet exercice, nous assistons à de grands débordements de joie qui paraissent gagner les autres membres du groupe par contagion. Aussitôt cette action accomplie, le marqueur se jette sur le sol où il est rejoint par la presque totalité de l’équipe. Certains miment alors l’accouplement, tandis que d’autres se contentent de simples embrassades accompagnées de rictus.
La foule d’humains placée tout autour de l’espace de jeu, vraisemblablement pour se distraire des exploits de ces bipèdes, est à son tour contaminée par la démonstration émotionnelle. Elle remue bruyamment pour accompagner les effusions. Elle crie, vocifère et agite dans l’air quelques morceaux d’étoffes colorées. Bien qu’ayant assisté à de nombreuses cérémonies, nous n’avons pas pu déterminer l’avantage formel que lui procure l’acte des officiants. Nous continuons donc nos observations pour éclaircir ce point.
Chronique écrite pour feu Das Fruhstuk, juillet 2014
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Pour aller plus loin :
La civilisation du football : http://grece-fr.com/?p=1577
Violence et football : analyse historique des lois du jeu http://www.irsv.org/index.php?option=com_content&view=article&id=119%3Aviolence-et-football-analyse-historique-des-lois-du-jeu
Les niveau de conscience dans le sport : http://europsy.org/marc-alain/sport3.html
À signaler : la revue Autrement : «Le football dans nos sociétés» (2006)
Photo : Manchester United vs. Arsenal at Old Trafford. October 1967 [source]