[photo Ludovic Carème]
Le problème avec le nouvel album d'Alain Bashung, c'est qu'après un certain nombre d'écoutes, on ne sait plus quel titre a notre préférence. On se demande même, on ne sait pourquoi, laquelle parmi toutes ces chansons sera le tube de l'été et on se retrouve devant l'embarras et le choix réunis au sommet.
Peut-être est-ce dû à ce son de guitare sèche qui accompagne la quasi totalité du disque qui inévitablement emmène notre oreille vers un ouest américain musical.
Imaginant n'y rien mieux comprendre à la langue de Sheakspeare que sur la moitié du top cinquante actuel, on entendrait alors le travail de Bashung pour parvenir à cet univers particuliers, inévitablement ensoleillé. Le far-West comme l'illustre impeccablement Jérôme Witz, l'illustrateur de la pochette qu'il faut mentionner.
J'en arrive à croire qu'il n'était pas si mal qu'on puisse un peu pirater la musique. Ça oblige les maison de disque à nous motiver pour qu'on achète les albums. Ici, il s'agit d'un véritable livre de 60 pages avec des illustrations originales autour de l'univers sonore de «Bleu pétrole». Une quadruple page au centre avec le fameux tableau dont ne nous étaient montrés que des fragments.
L'espace est prévu pour glisser dans la couverture, à gauche le cd audio et à droite le dvd qui va avec. Trois video de sessions acoustiques entre Alain Bashung et Gaëtan Roussel et un documentaire d'interview sur le pourquoi cette collaboration [mais il y en a un qui ne se montre jamais et donc on ne le voit pas !]. Je pense que ça vaut le coup d'acquérir l'original ! Ça m'a même rappelé la beauté des pochettes de vinyl, que les moins de vingt ans ne doivent pas connaître, dont la surface nous faisaient un tout autre effet esthétique que les riquiquis boitiers des cd.
Délaissant l'univers torturé à l'extrème de «l'imprudence» son précédent album, dont la noirceur annonçait donc la prochaine rupture, ayant trouvé la borne infranchissable du possible, du réalisable, du duo d'écriture avec Jean Fauque.
Voici le chanteur et compositeur de nouveau en départ vers autre chose, d'aussi essentiel mais plus proche des racines. Comme à chaque embarquement, il a choisi avec soin son équipage, non seulement à la réputation établie (Gaëtan Roussel de Louise Attac et Tarmac) mais aussi à quelques chose d'attirant et de neuf dans l'univers musical (Armand Méliès).
Et en co-équipier suprême, Gérard Manset [qu'on ne voit jamais, donc !] dont Alain Bashung, par son travail mélodique d'un équilibre incroyable — je pense ici à «comme un lego» où sur le thème d'une certaine vision de l'humanité, vue de très haut, et avec très peu de moyens, même pas de grand solo du guitariste électrifié qui rien qu'à lui tout seul occuperait les trois quarts du morceau, guitare voix comme base de départ et ça se ballade pendant plus de neuf minutes. Et tu penses même pas au temps qui passe !
Evidemment, il serait injuste de ne pas évoquer la qualité des textes tissés d'une poésie d'équilibriste du sens, la métaphore ça passe ou ça casse et que là, ça coule de source sans que tu l'aies vu venir ! Des phrases deviennent des gimmicks sans rien perdre de leur qualité de départ :
Je t'ai manqué / Pourquoi tu me visais ?
Résidents, résidents de la république / Où le rose a des reflets bleus
Mon ange je t'ai puni / A tant me sacrifier
A chaque chanson, sa gamme de petites pépites du langage dont on le sait friand. Peut-être est-ce annonciateurs, allez savoir, d'un retour dans les sunlights du hit parade d'un Alain Bashung qui se contente pourtant de poursuivre sa route, sans concession mais avec une sincérité à toute épreuve.
D'ailleurs, j'ai bloqué la touche repeat depuis quatre jours et je n'en suis pas encore rassasié !
En plus, si t'y connais rien à Alain Bashung,
c'est le bon disque pour le découvrir, cool !
c'est le bon disque pour le découvrir, cool !
Tiens ! Un blog politique.
RépondreSupprimerNicolas : et bien figure-toi que Bashung se déclare de plus en plus sur le côté politique. Des réserves fortement marquées anti Sarkozy mais aussi contre une gauche pas assez de gauche. Enfin, je le comprend comme ça !
RépondreSupprimer:-)
Bashung... oui, bien sûr... La culture à son plus haut biveau... La gauche triomphante, quoi...
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimerVive la droite culturelle. Celle de Doc Gynéco, de Mireille Mathieu, de Johnny.
Ah voilà, tu parles de musique.
RépondreSupprimerBon, je sais que ça fait moyennement recette surtout sur un blog d'humeur, mais moi qui ne goute que très peu Bashung (pour le coté, "suis poète et j'fume des clopes à des heures indues, c'est pour ça que je murmure dans le noir), j'ai bien envie d'écouter ça.
Rien ne doit jamais être définitif en art !
Totale réussite, qui me donne plus envie d'oublier la politique que d'en parler ;)
RépondreSupprimerJe te fais confiance côté musique (et pas que), tu m'as fait découvrir des trucs géniaux que j'écoute en boucle
RépondreSupprimer(en attendant que je l'écoute, si tu as des ptits fichiers à m'envoyer ...)
:)
Bonjour,
RépondreSupprimerNous aussi avons chroniqué ce disque:
http://www.desoreillesdansbabylone.com/2008/07/alain-bashung-bleu-ptrole-2008.html
Musicalement,
Ju
;) Ton article est beau... et oui c'est le bon disque pour Découvrir Monsieur... ;)
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