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samedi 6 novembre 2010

La recherche [mort ou vif…]





Pour les besoins de la démonstration, je vous invite à faire une expérience : prenez un enfant par la main. N'importe lequel, un wallon, un flamand, même un petit enfant bruxellois* handicapé, on s'en fout, c'est seulement pour figurer dans le décor. Mais pas celui-ci, c'est le mien, on ne sait jamais.

D'autre part, voici une pomme*. Posez la pomme sur la tête de l'enfant. Si vous n'avez trouvé qu'une petite fille, c'est encore mieux, rapport à la joliesse de la figuration. Ce sera vraiment un beau décor. Reculez de quelques pas, encore un peu. Voilà.

Maintenant, sortez lentement l'arbalète* que vous cachiez sous votre veste. Ou que vous aviez glissée dans votre sac à main, si vous êtes une dame. Insistez auprès de l'enfant pour qu'il se tienne tranquille.

Il arrive que la vue de l'arme éveille chez eux je ne sais quel instinct primaire, comme des larmes ou des cris mais aussi d'autres manifestations physiques* plus inattendues. Je ne doute pas que vous saurez le calmer. Les gosses* sont parfois tellement chiants qu'on regrette qu'ils ne soient livrés avec un interrupteur.

À présent, mettez en joue et alignez votre dard avec le fruit joufflu. Ne bougez plus. Que se passe-t-il ?

Rien.

La pomme est là, au cœur d'un drame qui la fera disparaitre
à coup sûr, mais elle ne songe pas un instant à faire un pas de côté. Aucun mouvement pour éviter sa fin. Elle reste là, inconsciente de son sort, fière et snobe face au décès. Aucun geste, elle reste offerte* au destin que vous déciderez pour elle.

Comme elle ne se meut pas, nous en conclurons que la pomme n'est pas un être vivant.

Vous savez que c'est compliqué cette histoire de séparer ce qui vit de ce qui ne vit pas. Il ne faut pas confondre ce qui est mort avec ce qui ne fut jamais doué de vie. L'idée de déterminer le mouvement,
la capacité* de se mouvoir comme critère principal s'est assez vite retrouvée dépassée par l'épreuve des faits.

Les arbres ont toujours l'air de faire du sur-place même si la forêt progresse et que le bois avance. Et les végétaux sont pourtant bien des êtres vivants puisqu'ils vieillissent et se reproduisent. Mais que faire alors de ces méduses* dont les cycles de vie se répètent ad libitum æternum et de ces anémones* de mer à qui il suffit de se tirer sur le haricot pour se faire des héritiers ?

Ça faisait un bout de temps qu'on se posait la question pour les virus : vifs ou inertes ? Selon où on se place les périphrases* se compliquent pour ne pas affirmer : un amas de cellules, un regroupement de particules biologiques, toute sorte d'expression pour contourner la difficulté à savoir où les caser.

Si vous laissez un virus tout seul dans un endroit neutre*, il ne se passe rien. Même posé sur la pomme qui est posée sur la tête de l'enfant, il n'aura pas un geste et reste offert au destin que vous choisirez pour lui. Aucune réaction.

Aussi longtemps qu'il ne trouve pas l'hôte qu'il attend, le prince charmant* qui viendra pour le sortir du sommeil, le virus est non-vivant. Il n'EST pas. Il ne prend vie qu'à l'intérieur de la cellule de quelqu'un d'autre. Une sorte de Tanguy* mais avec quelques milliers d'amis à la maison. Et qui se reproduisent, voyez, c'est dégoûtant.

Parfois vivant, parfois non.

Les scientifiques* se grattaient la tête en débattant entre eux du statut de ce "machin". Et vous savez quoi ? A force d'observations, ils ont fini par tomber sur un virus malade. Un virus qui avait attrapé un virus ! Or, comme le rappelle Wikipedia* :

«Tous les êtres vivants peuvent être infectés par des virus.»

CQFD. Fin de l'expérience1.



Nota-benêt : pensez à rendre l'enfant à sa mère
qu'on n'ait pas d'ennuis avec les autorités…



1. J'avais lu cet info sur Science@Vie mais je n'en ai pas trouvé trace sur internet.



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La photo originale est de Lola Mansurov*

10 commentaires:

  1. C'est fascinant, la science ! Je vais refaire l'expérience: j'ai la pomme, j'ai un arc et des flèches (des fois que la première tentative louperait, c'est mieux d'en avoir plusieurs, non?), il ne me manque qu'un môme… Dès que j'en trouve un, je me lance et je te tiendrai au courant.

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  2. Nicolas : j'aime bien les démonstration scientifique. Un vieux reste de Marcel Gotlib, je pense !
    :-))
    [Ou de Desproges…].

    Le Coucou : lançons un appel sur twitter. Présenté sous forme d'offre de baby-sitting, ça peut t'amener quelques candidats, histoire d'être bien au point ! :-))
    [J'adore la science, ça me fascine ! :-)) ].

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  3. Pourquoi tu l'as barrée, la phrase sur l'interrupteur ? Tu assumerais mieux si je te disais que je pense la même chose ?

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  4. MonBlogEssai : En général, en "strike", je mets des phrases qui sont un peu boder-line. Comme la mode est à l'enfant roi…
    :-))

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  5. Mais qu'il est fort ce Monsieur Poireau ! C'est bluffant !

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  6. Dommage que mes élèves ne sachent pas lire ; comme on étudie le vivant/ non vivant, ton article aurait pu les éclairer. Bon, j'espère qu'ils sauront lire un jour, sinon c'est la poisse (ou l'arbalète, je me tâte)(signé une maîtresse de CP qui cherche sa reconversion).

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  7. Marie-Georges Profonde : avec une classe entière de gamins à ta disposition, tu peux aisément recommencer la démonstration plusieurs fois. Ça fait un bon quota de pertes…
    :-))

    [Deviens ministre, c'est un job d'avenir ! :-) ].

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