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dimanche 20 février 2011

L'instant [l'éternité !]



J'aime la note bleu, l'instant parfait durant lequel tout est exactement à la place qui est la sienne dans l'univers*. De la moindre de tes particules* jusqu'à l'infiniment grand de la distance entre les planètes.

Le trombone coulisse, tandis que, sur la grosse caisse, le marteau vient frapper violemment la peau du tambour au rythme intime du sang à l'intérieur de tes veines. Leurs battements se superposent et s'entrecroisent*.

Cet instant qui n'a que la durée d'un instant, une fraction infime de l'éternité, prélevée à l'ensemble du vivant.

Comme la peau du tambour* vibre longtemps sous le heurt du maillet. Quelque chose s'étire dans le secret de l'air, au-delà du perceptible. Le mouvement réglé comme une horloge, les tendons du poignet, les doigts, les phalanges blanchies au moment de l'effort, ce petit soulèvement, au coin de la lèvre* du musicien.

Puis, l'archet glisse le long des cordes du violon. La chair des doigts* s'enfonce sous la pression, le crin reprend son avancée. A l'autre bout du rythme, le bras du virtuose, le pouce et l'index liés qui soulignent le mouvement.

Votre souffle lui-même se met à s'agiter, pénètre parmi la danse entre les instruments. Le cœur apprend la mélodie, la tempe respire en harmonie, la main s'ouvre et s'étire. C'est le moment du trompettiste. Les joues* gonflées sous la poussée, les lèvres comme fendues aux commissures que la langue de peu à peu vient mouiller de salive.

L'appui de l'instrument déforme les muqueuses tandis qu'une agitation du métal, fait naître la note ultime. Lentement, elle prend de l'altitude, elle virevolte et se cambre et se cabre. Les doigts s'accélèrent aux pistons*, enfoncent l'air ou le relâchent. Tout se chevauche délicatement. De toutes petites mécaniques s'agitent les unes après les autres tandis que la peau du tambour étire son vibrato de basses.

Votre nuque se courbe et vous n'êtes soudain plus que la musique qui trépigne entre le dedans et dehors, plus que la brasse* douce d'une note jusqu'à l'irruption de la suivante. Votre esprit se dilue et se concentre, votre amplitude est immense, tout est exactement à la place qui est la sienne dans l'univers…

 L'image d'origine est là*

10 commentaires:

  1. Superbe. L'instant parfait, qui n'a pas été aux aguets de ces rayons verts qui ponctuent nos vies, imprévisibles ? Il faut savoir les reconnaître, les saisir au vol, il n'y en a pas des masses… On ne les oublie pas, moi en tout cas, cela fait au bout d'une vie une collection secrète de petits bonheurs mélancoliques ou déchirants, hors de prix.

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  2. Le Coucou : merci !
    Je les cherche, dans le sens où j'y suis attentif et, bien sûr je ne les oublie pas non plus !
    :-))

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  3. vive la musique (et la distance qui sépare les notes, car ainsi seulement elles peuvent tendre à l'harmonie):)

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  4. lucia mel : vive l'harmonie, en fait ! :-))

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  5. A la deuxième lecture (j'étais déjà passé ce matin), je comprends. C'est un billet pornographique (et ce n'est pas ce qu'il me faut ces jours ci).

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  6. Nicolas : oui mais discrètement !
    Désolé, c'est pas ta saison !
    :-))

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  7. Touché par la grâce, Monsieur Poireau?...quel lyrisme et quelle compréhension de la musique, de ces notes qui s'égrènent comme autant de frissons !
    Nicolas a bien raison, faut interdire ce billet aux moins de 18 ans.

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  8. Solveig : merci !
    C'est très bien la musique, c'est une question de pratique, c'est comme tout ! :-))

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  9. Très belle évocation. C'est très jolie de jouer sur toute la gamme des émotions. Il s'en dégage une très grande sensualité.
    Et puis c'est tellement visuel. Je vois de très belles images. Et justement parce que c'est écrit, j'imagine des choses...
    La force des mots !
    Bravo !

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