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samedi 30 avril 2011

Des tendances [tu crois ?]





Vous n'en n'avez pas marre certains jours qu'on vous parle de cul à chaque coin de rue ? Il est pourtant inconvenant, convenez-en, de regarder par le trou de la serrure pendant que maman et papa font tirelipimpon sur le Chihuahua* ou la chenille qui redémarre.

Vous préférez quoi, la sodomie* ou la fellation* ?
La dernière fois, c'était quand ?
Vous trouvez ça normal, de nos jours ?
Si vous deviez résumer en une seule expression, la qualité de votre vie sexuelle, vous diriez qu'elle est plutôt : 
1. d’accord
2. pas d’accord
3. plutôt d’accord
4. d’accord
5. tout à fait d’accord
6. sans opinion ?

Quand tu sors dîner chez des amis, c'est à peine s'il ne te faut pas venir avec une pancarte pour indiquer ton statut du moment. Je veux bien que ça fasse partie de l'identité mais est-ce une raison pour montrer sa carte à tous les passants ? Celle-ci préfère les quenelles, cet autre se régale de moule*, ils sont là-bas tout un ensemble à apprécier les nouilles ET les coquillages.

Des spécialistes des choses du dedans de la tête* viennent dire dans ma télévision que toute l'humanité serait à double tranchant. Il n'est pas inhabituel, disent-ils, qu'une personne décide de virer de bord sans devenir pédé comme un foc, fréquent d'aimer son prochain comme soi-même sans pour autant échanger la voile contre la vapeur. On peut choisir, affirmentent-ils encore, de vivre en couple avec une personne, plutôt qu'avec une appartenance sexuelle.

Leur discours ressemble tellement à une sorte d'utopie, un genre de jardin d'Eden* juste avant le croquage de la pomme [cinq fruits et légumes par jour, serait-ce péché ?]. Les animaux* n'avaient encore aucun nom, la vigne encore toutes se feuilles et nous comprenions toutes les langues de la planète y compris le chant de chacun des oiseaux du ciel.

C'est une offre tellement bandante qu'on pourrait croire à un quelque nouveau mouvement religieux, les adeptes du cul pour tous et à toutes les sauces partis à la conquête du monde. L'époque nous donne à voir, d'un côté les femmes voilées, de l'autre cette sorte de sans-culotte dès que l'occasion se présente.

Je n'ai rien contre les uns, ni les autres, que chacun vive selon son plaisir. Que chacun fasse avec lui-même comme il l'entend. Peu me chaut qu'ils aiment les glaçons et la vanille, qu'ils éjaculent de concert ou fantasment* sur la S.P.A. Je suis pour qu'on ajoute à la Constitution un article déclarant doctement : il n'y a pas de mal à se faire du bien.


Mais qu'on cesse de nous parler de fesse, de nous conseiller quant à notre sexualité, de nous expliquer comment il est bon ou non de se comporter. Et surtout de nous juger selon nos mœurs.




Source de l'image*

jeudi 28 avril 2011

La gardienne


Gardienne des moutons
qui attendent le retour
de mes nocturnes transhumances

Loupiote des nuits blanches
veilleuse des sommeils
aux heures déchirées de béances

Ouvreuse des corridors
aux chaleurs carnivores
Coroles alanguies des opercules

Parcourus de coudées franches
le ventre des poissons la tanche,
dont le reflet franchit l'eau qui recule

Comme il me vient une profonde soif,
elle porte une peau de textile
tissé d'un océan d'eau douce…

Le macramé de son langage
l'alambic de mes ivresses
le grain de vanille, la gousse

La berge des rivières
De ses lèvres de pierres
nous recueille

Un vol de libellule
La clairvoie du tule
et l'envers des feuilles
comme le secret des arbres…




Photo de Allybeag*

samedi 23 avril 2011

Parce que je le veau bien [le bulletin !]



Pour Nicolas Sarkozy, ton bulletin de vote vaut mille euros* mais ça ne concerne pas tous les salariés. Et surtout, si t'es au chômage, t'auras pas un kopek* de plus pour te payer un verre*.

Pour Dominique de Villepin, si ce n'est que huit cent cinquante euros, ils te seront versés tous les mois, toute la vie et à tout le monde*. Ce qui inclut bien évidemment la famille Bettencourt.

On attend les propositions de tous les autres* candidats et notamment de Marine Le Pen. On subodore dans son entourage qu'elle aurait approuvé une prime de 10.000 anciens* francs pour chaque voix reçues.

On dirait bien que 2012, pour ce qui est du débat politique, s'annonce comme une excellente année…




Légende de l'illustration* : Marine Le Pen portée en triomphe par dix mille francs au lendemain de sa victoire. Elle porte ici le traditionnel costume françois*.

mercredi 20 avril 2011

Le cœur [la tête !]



L'article ci-dessous fait référence à cette info* 


Il y a des gens tellement ils sont méchants*, tu te dis qu'ils ont du être mordus par un musulman quand ils étaient petits. Si ! Il faut bien admettre qu'écrire sur un mur "Mahomet pédophile", n'est pas faire preuve d'une très grande civilité. Ce n'est pas démontrer qu'ils ont un cœur si, de plus, le mur sur lequel ils appliquent le message* est le lieu d'une future mosquée.

Encore, «prêtre pédophile», ils auraient pu plaider la pression de l'annonement* général, la béatification la bêtification médiatique ambiante qui leur aura fait confondre les torchons avec les serviettes, les soutanes* avec les djellabas*. Mais emportés par je ne sais quel élan artistique, étourdis par l'euphorie créative du moment, conscients de la pauvreté poétique du slogan laissé tel quel, ils ont cru bon d'y adjoindre une tête de cochon.

Et là, je m'interroge : l'animal* fut-il sacrifié spécifiquement pour l'opération commando ? Est-ce que la séparation du corps et du crâne de la créature eut lieu dans un abattoir agréé par la préfecture ou bien dans une baignoire ?

Quelqu'un a-t-il conservé chez lui cette caboche* le temps qu'il a fallu pour que le bon moment se présente ? A-t-il rangé cette dépouille dans un placard entre les raviolis du lundi et les bières en réserve ? A-t-il pensé à cette portion d'être, encore chaude peut-être, comme à un trophée ou bien a-t-elle songé quelques instant aux mille manières qu'elle trouverait de cuisiner* cette viande ?

Photo cochonne*


vendredi 15 avril 2011

Pizza Hut [que des putes !]




La scène se passe dans une pizzeria. Le décor est tout de gris, de noir, d'acier. C'est assez éloigné de ce qu'on imagine être la tradition du fin fond de l'Italie*, les rideaux rouges et verts engrisaillés par le temps tandis que sèche du linge propre aux fenêtre. Ici, au contraire, l'univers est froid comme un sou neuf. La voix off nous précise qu'il s'agit d'un repas d'affaire ce qui a peut-être un rapport.

Je ne sais pas vous mais moi, si mon patron* se met à nous réunir chez Pizza Hut, je me sens plus proche de la porte que de la promotion. Un peu comme les enfants à qui les parents offrent un anniversaire chez Mc Donald's. Il n'est pas précisé que ces gens autour de la table bossent ensemble, j'interprête*. Après tout, s'il s'agit de combler l'espoir d'une belle signature au bas d'un bon contrat, je n'imagine pas que ce soit le lieu adéquat.

Successivement, chacun des convives sera filmé de face, pendant qu'une personne* déclame un texte figurant ses pensées. Le premier songe avec soulagement à cette victoire qu'il vient de remporter et qui lui ouvre les portes de la carrière. On espère qu'il n'aura pas chassé l'un de nos aînés pendant qu'il y était encore*, ça ferait mauvais genre.

On sent que les personnages sont fortement couillus*. Il règne une atmosphère sévèrement burnée*, élevée aux hormones et marouflées à la testostérone*. Ce sont là des ambitieux équipés d'objectifs précis, de cibles, de lignes droites qui ne se brisent pas. Et tant pis qui s'écrase et tant pis qui se broie*.

Il y a aussi le vieux patron*. On sent qu'il en a vu d'autres et que ces blancs-becs*, tout au plus l'amusent. Peut-être pourrait-il y trouver le souvenir de ce qu'il fut s'il n'était tant occupé à protéger ses arrières. Il garde la conscience qu'un autre qui te lèche n'est pas acte d'amour. Le temps des allégences et le temps des poignards se confondent* si souvent.

Parmi les quatre attablés, il y a aussi la femme*. Un quart de féminité* dans le monde des affaires, c'est peut-être un quota qui m'aura échappé, je n'étais pas au courant. Propre sur elle, parfaitement coiffée, elle est du même niveau d'exigence esthétique que ses congénères masculin. Il y a bien qu'elle porte des lunettes mais nous laisserons, pour cette fois, la rime* à sa place.

Non, il y a que ce qu'elle pense, d'après la voix qui l'exprime, c'est : « entre le patron et moi, si vous saviez… » en se touchant* les cheveux.

Vous ne remarquez rien, il n'y a rien qui vous choque ? Trois hommes à la carrière bien garnie, trois loups* des grandes steppes glacées du commerce international, trois mâles occupés à dévorer le monde avant qu'il ne nous mange et elle, pauvre dinde, qui s'affaire à ses affaires de cœur. Elle qui ne songe qu'à se faire sauter* par le plus vieux lion du troupeau.

Dites donc, chez PizzaHut, personne n'a pensé à remettre le calendrier à l'heure ? On est en 2011, le monde a changé. On n'est plus obligé, pour réussir, de porter une belle tête de macho*.

Nota Benêt : ce n'est pas pour être désagréable
mais sincèrement, Pizza Hut,
c'est pas bon, si on aime la pizza !

La photo est de June Beetle*

——————————[Malgré mes recherches de quelques minutes acharnées, je n'ai pas trouvé la video de ce film publicitaire pour Pizza Hut que je raconte ci-dessus. S'il arrivait que vous le trouviez, n'hésitez pas à me le signaler !] ——————————

mercredi 13 avril 2011

Les machines [yes, bécanes !]




Toi, tu es un type normal. Tu fais du calcul pour la comptabilité*, du dessin pour la publicité, des romans pour frissonner. Ce qui est important pour toi, c'est qu'en plus de tout ce que tu as à gérer, tu n'aies aucun problème avec ton ordinateur. Que la machine ne viennent pas interrompre par ses frasques* les calculs d'un cerveau humain. C'est le minimum qu'on lui demande.

Malheureusement,  les gars à la direction informatique, ce sont des cracks*. Ils ont biberonné au http et terminé le C++ et le php avant leurs premiers boutons d'acnés*.  C'est pour ça qu'on les recrute, parce que les bécanes n'ont aucun secret pour eux. Quand il s'agit d'acheter du matos, c'est à eux qu'on le demande, leur avis qu'on écoute. Et ils le font selon leurs critères de g33k* obsessionnel compulsif.

Nous sommes ainsi nombreux à choisir pour sa simplicité, l'usage des ordinateurs Apple dans nos activités personnelles. Le Mac OS X est disponible quand on le lui demande et conforte l'utilisateur* dans sa capacité à maîtriser les logiciels. Le système à la pomme s'efface pour que la personne puisse simplement accomplir sa tâche. Il fonctionne.

Ce n'est pas une histoire de bits ou de gigahertzs*, pas une question de prix, c'est que nous n'aimons l'ordinateur qu'en ce qu'il nous rend service. La manière dont il s'organise ne nous regarde pas aussi longtemps qu'il nous permet de faire ce que nous avons à faire.

Nous sommes nombreux, aussi, à souffrir sur des PC professionnels gérés par Windows pour le travail. Le système Microsoft contraint constamment l'utilisateur dans ses activités. L'interroge sur sa volonté de réaliser une action, ne cesse en bas à droite, d'attirer l'attention par des messages incongrus*. Il signale les trop fréquentes erreurs par des messages incompréhensibles uniquement des cracks…

Au bureau, nous parlons entre nous et à voix basses du confort qui nous manque de travailler sur des ordinateurs qui nous plaisent…


Nota-benêt : le sujet n'est pas
Apple vs Le Reste du Monde
mais la manière dont les entreprises
n'interrogent pas les utilisateurs
sur leur informatique maison.




Image d'ici*
 

samedi 9 avril 2011

Le Créateur [La Star !]




Si D.ieu* a fait l'homme à son image, alors, les chirurgiens esthétiques ne sont pas près de gagner le paradis. Retoucher l'œuvre du Créateur* ! Et de quel droit ?

Je sais bien, on est à l'époque du commerce total, tout s'achète et tout se vend. De nouvelles dents, un cœur de vingt-cinq ans et les seins* de Sophie Marceau. Ce que tu veux, tu peux te l'offrir, ce n'est qu'une question d'argent. Il suffit d'avoir les moyens de ses ambitions.

Il est étrange que pour ces mêmes raisons commerciales*, il ne soit pas encore possible de se refaire le portrait avec celui d'une star. Je trouve que ça m'irait bien la tête de Clint Eastwood*. Cet air de type blasé que plus rien n'impressionne mais qui reste touché par l'existence.

Le visage de Justin Bieber* serait l'un des plus vendus donc l'un des moins chers. Ça me console un petit peu.

Il y a quand même tout un marché à créer dans les produits dérivés. Il suffira de mettre quelques vedettes sous contrat. Ça vous dirait de vous payer les fesses de Carla Bruni* ? La fossette de Brad Pitt* ? Les seins d'Eva Green* ? La bite de Rocco Siffredi* ?

Source de l'illustration* [Heath Leager dans "Dark Knight"]

mercredi 6 avril 2011

Les Lumières [l'éclairage public…]



Peine de mort et torture constituent donc un rejet de l'universalité dont se réclament les Lumières. Les détournements dont celle-ci est l'objet consistent en une rupture de l'équilibre entre universel et particulier, entre unification et tolérance. Les Lumières demandent les deux, ce qui laisse supposer que la frontière qui les sépare ne peut être fixée une fois pour toutes.

Si tous les moyens sont bons pour imposer l'unité, la liberté de chacun est menacée. Si les droits de l'Homme restent le seul repère incontestable dans l'espace public et se transforment en jauge de l'orthodoxie des discours et des actes, on entre dans l'espace du «politiquement correct» et du lynchage médiatique, version démocratique de la chasse aux sorcières : une sorte de surenchère vertueuse qui a pour effet de réprimer toute parole qui s'en écarte.

Ce chantage moral apparaissant à l'arrière-plan de tous les débats est néfaste à la vie démocratique. Il entraîne une domination excessive du bien sur le vrai, et donne, du coup, une apparence de mensonge à tout ce qui se réclame du bien, une apparence de vérité à tout ce qui s'oppose au discours dominant.

C'est ainsi que prospèrent, en France, les thèses de l'extrême droite qui se targue d'être la seule à oser « parler vrai», alors qu'elle affirme simplement le contraire du politiquement correct. Par là acquiert le droit de cité ce qu'on pourrait appeler le «politiquement abject».
Tzvetan Todorov* - L'Esprit des Lumière

samedi 2 avril 2011

A chaque fois [présent !]



J'étais là à chaque fois. Quand je n'allais pas bien, j'ai veillé sur moi-même. Je me suis relevé quand je suis tombé. Parfois, j'avais de l'appui* et parfois, non. J'étais présent à chaque fois.

J'ai partagé tous mes malheurs, versé toutes mes larmes, recollé tous mes morceaux à chaque fois qu'ils furent éparpillés. On se prend de ces déflagrations* ! J'étais là pour les tout premiers soins.

J'ai dévoré tous mes bonheurs, becqueté un par un chaque sourire, je me suis ébloui de tous mes rires, même bien après qu'ils aient perdu leur éclat*. On n'est jamais bien à l'abri des étincelles. J'étais dessous quand ça tombait.

J'ai filé d'en bas des étoiles, baguenaudé dans les pâturages, déçu des Perrette, cassé du pot-au-lait*, j'ai vibré de chacun de mes élans.

Je me suis accompagné partout à chaque instant, je ne me suis pas quitté des yeux. Je me suis touché la peau* des soirs de solitude, je me suis brossé les dents plusieurs fois par jour, j'ai pris soin d'entretenir la machine*.

Ce n'est pas tant que je m'adore à ce point-là. Mais j'ai compris depuis longtemps que la vie* n'est pas un restaurant où l'on vous laisse le choix du menu. Personne ne t'en veux en particulier, mais tu mangeras ce qu'on t'apporte…