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dimanche 7 juillet 2013

Deux mouvements…


J'ai depuis longtemps compris que la vie est une petite idiote écervelée. Elle agit et nous propose des choix d'un air joyeux alors que ça va déclencher tout un tas de conséquences. L'existence n'a pourtant lieu qu'au présent. Nous sommes là, nous tentons un choix parmi les propositions du menu puis autre chose apparait que nous relions ou non à l'instant d'avant. Il n'y a que nous, humains, à tenter d'y coller un sens. Nous tirons des traits pour connecter des points isolés de l'histoire, ça trace des dessins qui ressemblent à une trajectoire. Nous appelons ça : la cohérence.

Je ne crois pas que tout cela soit écrit, notre parcours. Il n'y a que des hasards. Nous passons à cet endroit, à ce moment et ça tombe sur nous. Ça aurait pu tout aussi bien arriver à quelqu'un d'autre. Ce qui fait sens, ce sont nos choix. Ce que nous sélectionnons, parmi les possibles, pour meubler notre parcours et les leçons que nous pensons en tirer.

En ce moment et dans le même temps, ma vie s'agite de deux mouvements intimes. Une très jeune femme est passée dans ma vie et s'en éloigne. Mes analyses de sang m'indiquent que quelque chose dans mon corps a réveillé mes globules blancs.

Ce n'est pas banal qu'une demoiselle me choisisse pour vivre sa première fois. Ce n'est pas anodin d'être dans ce rôle, moi pour qui le plaisir féminin est sur un piédestal et qui trouve essentiel que les femmes s'épanouissent. Je suis construit de cette matière, il faut que le corps exulte. J'en ai croisé des cabossées du désirs, des démolies de la maltraitance, des accidentellement frigidifiées.

Nous sommes des gens civilisés. Oui, vous aussi, je vous assure. Nous vivons en société. Nous ne nous reniflons pas le cul dans la rue pour savoir si nous nous plaisons. Nous établissons une communication, un échange. Il s'installe des connexions entre les personnes. Nous partageons des anecdotes, nous nous dévoilons. Nous nous faisons reluire un peu pour capter la lumière. Sauf cas particuliers, nous prenons le temps de nous choisir entre individus.

Nous nous sommes choisis à cet instant. Rien n'était prémédité et la vie nous a offert cette option. J'ai l'expérience d'un homme adulte de 47 ans. Elle a toute l'innocence de ses 20 ans. Ce furent des moments de partage et d'émotions charnelles. J'ai pris soin d'elle à ce moment précis où elle en avait besoin. Je suis passé par là par hasard et, peut-être pour échapper à sa situation du moment, j'étais la solution qu'elle attendait. Pour recevoir de l'attention, s'offrir, c'est exister.

C'était pour moi comme relire la chronique de ses propres débuts, la lampe-torche de l'expérience à la main avec les piles de l'émotion pour fournir l'énergie. J'invente les métaphores que je veux, c'est mon blog. Il y a eu des restaurants, il y a eu des mots, il y a eu les peaux, l'épiderme, il y a eu des cafés du matin, enroulée dans la couette. Il y a eu, entre nous, un de ces moments hors du cours de la vie. Une suspension, des parenthèses, un point de rencontre entre deux générations.

Je passe un scanner mercredi. Mes analyses de sang indiquent que j'ai possiblement un corps étranger quelque part dans mon organisme. Mes globules blancs forment des bataillons pour défendre la baraque. J'ai peur de la suite, je ne sais pas comment gérer cela. Ça ne s'apprend pas.

Elle est comme un printemps qui s'éloigne. Nos chemins se séparent parce qu'il n'y a pas d'histoire à écrire. Le possible a déjà eu lieu. Quand la magie opère, c'est comme un feu d'artifice, ça éblouit mais ça ne dure jamais longtemps. J'ai repris mon quotidien, elle a changé le sien, déménagé, démarré le chapitre suivant. Elle a regagné la surface. J'y suis peut-être pour quelque chose. Finalement elle ne s'est pas noyée. Elle est revenue à elle-même.

En ce moment et dans le même temps, ma vie s'agite de deux mouvements qui ont lieu en parallèle. Elle qui s'éloigne avec toute sa jeunesse et moi, le mal qui s'approche. Je résiste à la laisser partir. Paniqué par ce qui arrive après, je suis celui qui s'accroche pour ne pas laisser filer les mailles du temps qui se tricote. Qu'est ce qu'il y a avec mes métaphores ?

Elle a repris sa vie, je réintègre la mienne. Elle s'est offerte à mon expérience et j'ai reconnu la fraîcheur du désir. J'ai retrouvé le pétillant, l'imprudence, l'irréfléchi. Reliant ces points isolés de mon histoire, j'essaie de leur donner un sens. L'intensité des escapades, la magnitude des émotions, je peux maintenant faire face à la suite, armé de ces sourires supplémentaires… 

26 commentaires:

  1. Venant commenter comme d'habitude, je vois que le premier billet de ta blogroll (de moi, d'ailleurs) s'appelle le cancer de l'assistanat.

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  2. Jegoun : ah marde ! :-)

    Jeandelaxr : comme tu dis ( ! ). :-)

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  3. le hasard je n'y ceois pas trop, on le cherche ou le provoque, mais bon ...
    joli billet que j'ai apprécié

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  4. Nardeau : merci ! Chacun se fait son idée sur la vie, c'est ça qui est drôle. Pour moi c'est le hasard qui offre sa palette de choix. Sinon, quoi ? ;-)

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  5. Je ne sais pas quoi dire si ce n'est que ton billet est émouvant...
    Une bise au passage.

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  6. Baiser mouillé sur tes radicelles à crollettes, Verte Tige.

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  7. Elooooody : c'est déjà beaucoup ! Merci. :-)

    Nora Gaspard : merci ! :-)

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  8. Ok, bon, c'est peut-être le moment de sortir les Kalachnikov contre les corps étrangers. Courage et bises.

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  9. Yann : merci ! Oui, le combat va commencer, si le scanner montre quelque chose. (Ce dont je suis convaincu !).

    Merci ! :-))

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  10. Vraiment touchant! C'est fou ce que la vie nous réserve parfois. Et surtout bon courage!!! :)

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  11. Une fois de plus je suis étonné de constater à quel point la Vie est une loterie ! Ton "billet" en est la preuve supplémentaire. Sur les mouvements qu'il évoque.
    Je ne réagirai pas au 1er mouvement, tellement intime et propre à vous deux, que je me vois "mâle" le commenter et encore moins le juger !
    En revanche, en ce qui concerne le 2e mouvement, permets-moi de te rappeler notre première et unique rencontre. Attablés à la terrasse d'un resto d'Ixelles, je m'étais senti suffisamment en confiance avec toi pour te révéler "mon" expérience en matière de crabe. J'avais 14 ans quand j'ai fait sa rencontre ("on" me donnait 1 an). J'en ai 57 à présent. Tout est dit non ? Comme tu le dis, il faut pas lâcher le morceau ! Et te battre !

    Autre chose, à propos de tes métaphores, enfin, bon, je dis ça ... mais, tes métaphores quoi ! ;-)
    David

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  12. David : han, c'est vrai tu m'avais raconté ça, j'avais oublié, pardon. Un des rares belges à ne pas me déconsidérer parce que français ! :-))
    Le 1er mouvement est terminé, j'en sors.
    Le 2ème mouvement ne fait que commencer. Je verrai bien. 47 ans c'est un peu tôt je trouve, je vais rester un peu ! :-)
    Merci.

    Gwep : merci ! :-)

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  13. Je commente peu (voire jamais, hum) mais là ton billet m'a particulièrement touchée.
    Donne-nous des nouvelles de tes examens. L'attente des résultats paraît interminable et on a toujours tendance à se persuader que le pire va arriver. Mais rien n'est joué.
    En tout cas, bon courage pour ça et pour le reste. Pour ce que ça vaut, je penserai à toi et je t'enverrai toutes mes ondes positives !

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  14. Cochon : merci, c'est important, les "proches" ;-)
    Scanner mercredi, résultats vendredi, peut-être. Surtout je pars au soleil samedi, je ne vais pas me priver ! :-)

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  15. Ça donne envie d'aimer.

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  16. J'ai du mal à voir le rapport entre les deux phases mais le principal est de "niquer" la seconde. Bises.

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  17. Anonyme : oui, j'y travaille ! :-))

    Trub : les phases ? La jeunesse qui s'éloigne et la mort qui s'approche ? Ça me semble limpide pourtant… Merci. :-)

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  18. Je lis souvent mais ne commente jamais. Un billet très émouvant peu changer cela. Courage ! :)

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  19. Laura : merci !

    Scanner demain mais je vais bien je suis serein ! :-)

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  20. Très touchant, je te souhaite tout de bon pour la suite!

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  21. Très bien écrit, extrêmement touchant. Bon courage !
    (Elles sont bien tes métaphores ;-)

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  22. Gaël : merci. La vie est là, maintenant, alors je vais bien. Je suis serein. :-)

    Chantal : merci. :-))

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  23. J'ai eu de la chance, comme j'avais du retard de lecture, j'ai lu ce billet après l'autre ce qui m'a permis d'être moins inquiète.
    Tout dépend si les symptômes sont supportables ou pas trop : sinon une fois vérifié que le pire n'est pas le cas, on peut très bien vivre avec des bizarreries médicales (personnellement ce sont les globules rouges qui font des fantaisies, et c'est comme ça).
    PS hétéronormé : Si tous les hommes étaient comme toi les femmes seraient moins malheureuses. Respect

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  24. les perenthèses de os vies sont noslus fortes racines, et tes métaphores sont juste bien placées, où l'émotion se partage et la vie s enrichit. Merci pour ces mots qui parlent d espoir, de jeunesse, de vie. et hop, le renouveau est là pour toi;)

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  25. Gilda : j'ai lu ton commentaire il y a longtemps. C'est flatteur mais dans un sens «i tous les hommes étaient comme toi les femmes seraient moins malheureuses. Respect», c'est très subjectif. Tout n'est pas rose. :-) Mais merci.
    mb : merci, je voulais que les métaphores soit comme des bulles qui prêtent à la gaieté. Je retiens que la vie m'a offert cette double expérience. Je me trouve gâté ! :-)

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