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jeudi 18 juin 2009

Le débat [émission traditionnelle !]

Imaginons un sketch à interpréter sur scène :



[source]


Je regardais l'autre jour un débat à la télévision, le sujet, c'était : «Pour ou contre la burqa»

Personnellement, je n'imaginais pas qu'on puisse organiser toute une émission autour de ce seul sujet. Mais, quitte à la réaliser, on pourrait s'attendre à y trouver quelques conseils pratiques. On était sur le service public, tout de même.

Oui, évidemment ! Vous ne pensez pas que TF1 qui va se lancer sur ce créneau. A la limite, si on leur trouve des prostituées bien gaulées et qui racolent en burqa, ça peut commencer à les brancher.
Surtout si tu peux dégoter, parmi les clients, une ou deux stars déchues.
Les vieux chanteurs au bord de la misère, c'est un truc qui marche à chaque fois. Il faut croire que ça rassure le téléspectateur…

[Il marque un temps]

Moi, j'ai regardé toute la soirée en espérant que je pourrais y apprendre des trucs et des astuces : comment faire un ourlet correct au costume ?
Quel est la bonne température à choisir pour le réglage du fer ? Vaut-il mieux repasser sur l'envers ou sur l'endroit ? Quelles sont les meilleures grilles d'aération possibles ?

Ah ! Je vois que vous n'étiez pas non plus au courant mais il en va de la burqa comme du tuning : tu peux personnaliser l'engin.
C'est vrai qu'au niveau des accessoires, c'est assez limité.
Tu n'as pas le droit aux ailerons ni au caisson de basses assez puissant pour réveiller tout le quartier, mais tu peux parfaitement choisir la dimension du tamis.
C'est entièrement customisable afin de laisser à la femme, la liberté d'exprimer toute sa créativité ainsi que son goût pour la mode.
Comme elles ont aussi l'esprit pratique, elles optent assez souvent pour des gros trous l'été afin de permettre une bonne circulation de l'air et, en hiver, de la maille fine pour éviter de se les cailler.

Ce que je retiens du débat, c'est surtout que la burqa, c'est un peu comme le kilt des écossais : un costume traditionnel dont on ne devrait pas avoir peur.
Aussi longtemps qu'on ignore ce qui se passe dessous.

[Il marque un temps puis fait un sourire gourmand au public]

C'est vrai que si on imagine la fille à poil à l'intérieur du costume, les choses prennent tout de suite une autre dimension. Personnellement, j'ignore si le designer en chef du Coran a laissé des consignes.

Ah si ! Y'en a un !
[Il s'énerve]
On ne lance pas un mouvement comme ça, vous savez.
Dans chaque religion, ils sont obligés d'en avoir un au début, pour créer la marque.
Vous n'imaginez quand même pas que la robe orange et les clochettes du Dalaï Lama, ce soit venu comme ça, par l'opération du saint Esprit ?
Je vous prie de croire que ce sont des heures de boulot et de brainstorming pour affiner le concept.

Tenez, regardez, le petit chapeau rond des juifs. C'est tellement épuré, ça tient du miracle !
C'est tellement simple qu'au premier coup d'œil dans la rue, tu identifies la marque.
Au début, je ne sais pas si vous vous en souvenez, ils portaient aussi des boucles de cheveux sur les côtés mais ils se sont assez vite rendus compte que ça alourdissait plutôt qu'autre chose.
Il ont abandonné la coiffure et c'est devenu un phénomène mondial. A une certaine époque, ils étaient même très recherchés…

[Il reprend plus bas]

Je me souviens que, quand j'étais adolescent, vous savez, à cet âge où la foi se laisse aisément basculer par toute une bande d'hormones, je scrutais les religieuses sous leur voilette à l'église.
Elles étaient assises juste devant et il y avait ce moment où il fallait se lever pour aller recevoir l'eucharistie.
Tout le monde y allait, vous pensez, on avait supporté toute la séance que, même en français, on ne comprenait qu'en partie, ce n'était pas pour refuser de participer au buffet.
C'est vrai que côté alimentation, c'était frugal — juste un petit morceau d'hostie — mais d'un autre côté, personne ne venait présenter l'addition et on choisissait soi-même le prix qu'on voulait bien y mettre.

J'étais là, je remontais l'allée, petit pas après petit pas. J'avais tout le temps d'observer devant moi les détails du crâne à la fois dégarni et couleur lilas d'une mamie et soudain. Arrivé vers les premiers rangs, je tournais la tête sur la gauche et, par la lumière venue tout droit du vitrail latéral, je pouvais apercevoir leur visage par transparence.
Je découvrais le tracé de leur profil qui se découpait à contre-jour et, du front jusqu'au menton, en passant par le dessin des lèvres, je crois bien que c'est là que je me suis mis à croire au mystère de la féminité…


Dans le reportage d'Envoyé Spécial à propos de Stéphane Guillon,
quelqu'un disait que les humoristes
sont là pour appuyer où ça fait mal.
Que c'est exactement le rôle de l'humour.
Je crois qu'il avait tout à fait raison

23 commentaires:

  1. Homer : merci ! :-))
    J'aimerais bien entendre ce texte joué sur scène ! :-))

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  2. Le titre du billet de Super No est un régal. Le tien pourrait-être "le débat qui vendrait". Et merci pour le lien, je sens que qu'on va venir faire les soldes chez moi. Grâce à Monsieur Poireau.

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  3. mtislav : j'aime beaucoup ce genre de débat télévisé, surtout des sujets qui demandent un peu plus de réflexion !
    Ta video sur le tuning de la révolution était très bien, ça méritait un lien !
    :-))

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  4. C'est pas bientôt, ces politesse dans les commentaires ?

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  5. Nicolas : je n'insulte pas les commentateurs, moi !
    ;-)))

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  6. très joliment vu ;-).

    Pour ce qui est des femmes nues sous la burqa, je voudrais rappeler qu'une styliste (australienne si mes souvenirs sont bons) a mis au point l'année passée déjà, ou il y a deux ans... le burqa-bikini, qui permet aux musulmanes, mais aussi aux Japonaises (c'est son autre créneau) d'aller à la plage comme tout le monde !!!

    Bon, je vais aller cliquer sur les liens... ;-)

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  7. 'tain t'aurais pu me dire que t'avais trouvé un super article pour intégrer des mp3 dans blogger...

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  8. Gael : comment, tu n'es pas abonné à TOUS les articles de Monsieur Poireau sur lesquels tu te précipites dès leur parution et avant même qu'ils ne refroidissent ?
    ;-)))

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  9. mé si mais je n'ai pas eu le temps d'"éplucher" tous les liens :)

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  10. C'est article n'a pas lieu d'être! Aucun débat n'a eu lieu à la télévision concernant ce sujet ! Monsieur Poireau, vous mentez ! C'est pas bien !
    Pas bien du tout !

    [Je ne sors plus, je détalle vite fait !]

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  11. Mademoiselle Ciguë : c'est un sketch comme la première phrase l'annonce. A partir de là, l'auteur, il fait ce qu'il veut !
    :-))

    [Ah mais alors…].

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  12. Ça alors! J'ai lu ce délicieux billet à sa sortie, je l'ai relu plus rapidement encore au moins une autre fois, et j'étais persuadé de t'avoir déjà dit tout le bien que j'en pense: eh bien, non! Il était temps que je corrige cet oubli.

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  13. Le Coucou : Merci ! J'aimerais bien l'entendre joué sur scène pour pouvoir l'entendre justement !
    :-))

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  14. "Entendre joué". On croit rêver. Nananère !

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  15. Nicolas: Jaloux va ! T'aurais aimé pouvoir écrire un texte pareil hein !

    ;-))

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  16. Non... Surtout que quand je vois mon commentaire précédent, où il manque un mot, j'ai la confirmation qu'il faudrait parfois que je ferme ma gueule.

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  17. Nicolas: t'inquiète ! Je viens de vanter tes talents chez moi :-)

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  18. Nicolas : je vais faire une réponse sérieuse pour une fois et dans le but d'expliquer tout ça.
    Il se trouve que j'aime écrire.
    Un "débat" s'organise chez toi à propos de la burqa auquel je participe. Le même soir, je vois un reportage pas mal à propos de Stéphane Guillon. Mon cerveau malaxe tout ça ensemble et invente cet article de blog qui, pour moi, fonctionne comme un texte de scène.
    Je ne sais pas, puisque j'en suis l'auteur, si ce texte est bon ou pas. A force d'écrire, j'ai surtout appris qu'il appartient au lecteur d'en décider, quelque soit mon sentiment de "créateur".
    Comme ce texte se base sur la manière de Stéphane Guillon d'interpréter l'actualité pour en rire, je profite simplement d'internet et des possibilités d'entrer facilement en contact pour le lui signaler.
    Il décide ou non d'en faire quelque chose, ça lui appartient (euh… moyennant mes droits d'auteur hein ?).
    En clair, je ne suis jamais sûr de la qualité de ce que j'écris mais ça ne m'empêche pas de les diffuser !
    Après tout, c'est à cause du blog que je me retrouve éditeur mais aussi auteur d'un texte de chanson [titre 06 : J'ai rêvé] inscrit à la Sacem !!!
    :-))

    [J'ai cru que tu signalais une faute à "joué". Je disais bien que je voudrais que ce texte soit interprêté sur scène ! Il est écrit dans cette idée ! :-)) ].


    (Tout cela me donne l'idée de faire un article plus développé sur mon rapport à l'écriture…).

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  19. Je vais passer ma journée à parler blogage avec Ciguë et Poireau.

    Je viens de faire une longue diatribe chez la miss... J'aurais pu ajouter un point : j'ai le cerveau qui zappe facilement d'un sujet à l'autre. Par exemple, si un débat se tient sur la burqa, dès que j'ai fini un commentaire, j'oublie le débat et repasse à autre chose (mon boulot, par exemple), très facilement.

    Le contrecoup est que je ne fais pas toujours de relation entre deux événements comme tu peux le faire entre une émission de télé et un débat de blog !

    Enfin, je n'ai pas le même rapport à l'écriture que toi. Ca fait 15 ans que je suis payé pour écrire des trucs qui ne seront pas lus, ou, qui seront relus par des types qui vont m'imposer des corrections pour me faire croire que leur version est meilleure (mais c'est mon boulot d'écrire, pas le leur : ils se plantent généralement). Donc j'écris sans apporter d'importance au texte comme tu peux le faire. Avec le métier (manipulation des outils comprise), ça permet de faire passer directement l'idée en se consacrant exclusivement dessus. Quand je suis "en forme", ça passe tout seul !

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  20. Nicolas : oui, de commentaires en commentaires, c'est une conversation qu'il vaudrait mieux avoir en vrai et une bière à la main !
    Au contraire de toi, mon cerveau "travaille" en permanence sur plusieurs sujets que cela soit cloisonné ou non. Je ne sais pas vraiment expliquer en détail ce fonctionnement, j'ai en permanence de l'écriture en cours que ce soit pour la maison d'édition, pour le blog et sans parler de ce qui se passe sur le papier pour d'autres projets en cours, notamment côté chanson.
    Parfois, ça se rencontre, parfois non. Parfois ça ressort après des mois de maturation…
    :-))

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  21. Je confirme, c'est avec un énorme plaisir que je débâterai de ça avec vous autour d'un verre... :-)

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