Pages

mardi 30 août 2011

Le poème [éphémère…




J'ai écrit un poème magnifique. Il est composé de vers d'une telle finesse que sa rythmique verbale imite le son d'une eau de source qui s'écoule entre les rochers. Par endroit*, le ciel s'y reflète.

Je l'ai pensé en français mais pour chanter le monde, j'y ai semé ici ou là quelques mots de langues exotiques comme le flamand, le polonais* ou le russe. J'avoue y avoir glissé d'un peu d'américain comme on jette une poignée d'étoile pour faire briller les yeux.

Les mots sont tissés de telle sorte que, s'ils sont prononcés à haute voix, ils se répondent et résonnent les uns parmi les autres*. Leur sens accolés s'amplifient, s'additionnent s'extrapolent mais parviennent dans le même temps à se contenir entièrement dans ce léger débordement sonore.

Ses sonnets sont d'une longueur raisonnable. Ils évoquent aussi bien la vie dans sa partie de plein soleil que les douleurs que cette chienne laisse profondément dans nos chairs. Comme dans la magie du vivant* s'y répondent un soleil flamboyant et ceux qu'il pousse à vivre perpétuellement dans l'ombre.
 
Je crois modestement qu'on n'a pas entendu une telle ode depuis longtemps et je porte la fierté de lui avoir donnée vie. Malheureusement, cette prose se termine par l'infinie tristesse de la mort qui est inéluctable. Après avoir décrit toutes les beautés de ce monde, de cette planète et du bienfait d'y avoir séjourné, je tenais à souligner que l'auteur n'est pas naïf. Je ne pouvais que conclure par son horrible fin.

La magnificence du bruit de l'herbe sous le vent. La musique de l'eau claire qui tombe sur un rocher de granit recouvert d'une mousse rendue quasi fluorescente. Le sentiment de cette complétude du corps dans la langueur du désir. Les yeux des enfants, le regard des chats, le goût du vin blanc des rives de Loire, la beauté des lacs en été. La rencontre du vent et de l'épiderme, la pierre* contre la paume, le tremblement d'une pupille adolescente, la chemin froid de la sueur le long de la colonne vertébrale à la fin du concert où ne fut qu'une foule musicale. L'expérience de la légèreté, le temporaire et le durable.

Rien ne dure. Rien ne reste, toute cette histoire n'est que transitoire. Je conserve ainsi ce poème dans ma tête. Certains soirs je me le récite pour moi-même au creux des nuits. Ma langue s'émerveille de ses sonorités, même chuchotées. Toute la beauté* du monde en quelques phrases. Je le révise, je le retravaille parfois, je le complète au gré de mes humeurs.

Et puisque rien ne dure, et puisque rien ne reste, je n'écris ce poème nulle part. Je ne le note sur aucun papier, ne le tape à aucun clavier. Je garde ces vers en moi et je les emporterai…


Image de Andrew Kaiser* empruntée sur Tumblr*

17 commentaires:

  1. Je suis sans voix, devant tant de modeste conscience, et cette abnégation éternelle face à la grandeur du couchant, cette époustouflante démonstration par l'exemple du bruit du vent qui s'égare au fil des liens de la sphère légère mais point superficielle.
    Je n'aurais donc pas de mot pour qualifier l'inqualifiable...

    Cela dit, vous êtes un grand malade, cher Monsieur Poireau,à n'en point douter. Un peu comme le fou du village qui permet aux autres de se sentir "normaux". Indispensable, en quelque sorte. Nomdidjoss.

    RépondreSupprimer
  2. Nora Gaspard : merci ! :-)

    J'espère rester anormal le plus longtemps possible ! Si ça peut servir, en plus !
    :-)

    RépondreSupprimer
  3. Bien !
    Sur ce, je vais aller me coucher !
    Merci !
    :)

    RépondreSupprimer
  4. Le passage que tu ne rends pas public est si beau...

    RépondreSupprimer
  5. Gildan : j'espère que tu as bien dormi ! :-)

    Nicolas : oui hein ? Les poèmes jamais écrits sont les plus beaux ! :-))

    RépondreSupprimer
  6. Poireau vous m'épatez, la présentation de cette ode est si poétique que le lecteur (fidèle) dont je suis, attend la suite avec impatience! Et vous (ingrat), nous annoncez cruellement que vous le gardez pour vous même, que vous ne partagez point ? Que nenni jeune légume, plumez rapidement que nous puissions jouir de votre plus belle écriture!

    RépondreSupprimer
  7. ThierryRégis : je t'invite à relire tout ça, je pense que ce sera suffisant. Nul besoin de découvrir le poème lui-même, il suffit d'y rêver !
    :-)

    RépondreSupprimer
  8. Didon jeune homme, j'ai parfaitement lu ton billet et je dis : j'en veux + un . c'est tout ! non mais... incroyable ça...

    RépondreSupprimer
  9. Thierry Régis : Je rappelle que l'auteur est ici chez lui et qu'il fait ce qu'il veut ! Namého ! :-))

    RépondreSupprimer
  10. Moui c'est pas faux mais ( toujours un mais) le client (lecteur) est roi!! :))

    RépondreSupprimer
  11. ThierryRégis : roi en son royaume ! :-)

    RépondreSupprimer
  12. Le crochet suspendu !

    (Quelle belle tapisserie ! Je ne te dis pas quels lieux de perdition cela me rappelle...)

    RépondreSupprimer
  13. Mtislav : ah t'es de retour !
    J'ai pensé à toi et aux pyrénées pour certains détails du texte !
    Pour le crochet, je ne sais pourquoi Blogger le considérait comme un signe typo interdit, j'ai viré. On ne fait pas ce qu'on veut ! :-)

    RépondreSupprimer
  14. Du premier au dernier mot, magnifique billet, merci !

    RépondreSupprimer
  15. Princesse101 : merci ! :-)
    J'aime bien la photo aussi! :-P

    RépondreSupprimer
  16. Je sais que je suis magnifique mais demande moi quand même avant de mettre des photos de moi sur ton blog

    RépondreSupprimer
  17. Gгeаt info. Lucky me I found your
    webѕite by accident (stumbleupon). I've saved it for later!

    Also visit my web site ... Read Full Article

    RépondreSupprimer