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samedi 4 mai 2013

Nathalie Mercier : «La communication n’est pas le grand Satan du monde moderne»


Suite à l'article paru dans Marianne* que j'ai twitté parce que le sujet de la communication politique m'intéresse, Nathalie Mercier, qui y est présentée comme «la communicante de Valérie Trierweiler», m'a interpelé afin d'en corriger le contenu erroné. Je lui ai donc proposé de répondre à une interview pour le blog ce qu'elle a accepté.
 

Dans plusieurs articles de presse, dont Marianne*, vous êtes citée comme «la communicante Euro-RSCG déléguée auprès de Valérie Trierweiler», ce n’est pas le cas ?

J’en tombe de ma chaise ! Non, mais sérieusement, mon expertise de conseil en communication hors d’Euro RSCG s’exerce depuis suffisamment longtemps – début 2005 - pour que quiconque ne puisse prétendre aujourd’hui me « placer » comme j’ai pu le lire à plusieurs reprises.

Ma fonction, en tant que chargée de mission, au sein de l’équipe de campagne présidentielle de François Hollande relève de ma seule démarche, directement auprès du candidat. Cette fonction, non spécifiquement liée à Valérie Trierweiler et qui couvrait un champ large dont les réseaux culturels et économiques, je ne la dois qu’à moi-même. Mais je n’en reste pas moins surprise d’être un « sujet » de questionnement.

Qu’est-ce qui peut générer cette confusion? De 1995 à début 2005, auprès de Bernard Sananes, Stéphane Fouks et Laurent Habib chez Euro RSCG C&O, j’ai participé à la conception de la stratégie de communication de grandes entreprises et de celles de leurs patrons, de délégations interministérielles, de campagnes gouvernementales, de collectivités locales...
Airbus, SFR, Harrods, La Redoute, l’Olympique de Marseille, la ville de Quimper, la Sécurité Routière, la délégation Interministérielle de lutte contre la Sida, entre autres, étaient quelques-uns de mes dossiers. Le champs de la culture, des médias et de l’entertainment fait également partie de mes expertises. A cette époque, à titre personnel et en toute transparence avec la hiérarchie d’Euro RSCG, j’ai également conseillé Viviane Reding, commissaire européen à la Société de l’information et aux médias. Puis début 2005, je suis devenue la directrice de la communication du musée du quai Branly où je travaille toujours. Mon parcours est limpide donc je ne trouve pas d’explication à cette confusion.


Quel est votre travail auprès de Valérie Trierweiler ?
C’est simple : aucun ! Plus intense comme cadre professionnel qu’une campagne présidentielle, je ne connais pas. Ce qui amplifie et consolide des liens, forcément. Dont ceux qui se sont développés avec Valérie Trierweiler dans ce contexte. La campagne terminée, il m’a été effectivement proposé de rejoindre l’Elysée.


Par choix personnel, j’ai souhaité reprendre mon poste de directrice de la communication au musée du quai Branly, ayant pris des congés exceptionnels, non rémunérés par le musée, de quelques mois pour la campagne. Ce qui est totalement usuel et autorisé dans la fonction publique. Mais je n’en ai pas moins gardé une relation amicale avec Valérie Trierweiler par la suite.

En quoi une «1ère dame» a-t-elle besoin de conseils en communication ?
Si la question m’est posée, je répondrai : rester soi-même. Ce qui dans le cas présent relève du bons sens et non de la stratégie. La communication n’est pas un sujet de préoccupation pour Valérie Trierweiler, me semble-t-il.


Valérie Trierweiler assume un rôle « officiel », et non une fonction, auprès du Président de la République. Un rôle non défini qui donne donc lieu à toutes les interprétations quant à la façon de s’y impliquer. En l’état, c’est même potentiellement 66 millions d’ «hypothèses» du rôle qui sont envisageables. A chaque français d’imaginer ce qu’il attend d’elle quelque part. Un peu complexe comme position non ? 


Alors ce que j’en vois, c’est justement quelqu’un qui ne cherche pas à « fabriquer » une image. Qui ne pense pas en terme de « communication » quand elle prend des décisions liées à ce rôle, à ces attentes. Qui répond aux nombreuses sollicitations dont elle est l’objet et ce avec discrétion. Quelqu’un qui s’inscrit avant tout dans un postulat de femme active du 21ème siècle, autonome financièrement et vigilante à protéger sa vie privée et celle de ses proches.

A sa façon, Valérie Trierweiler fait évoluer le rôle et bouscule les conservatismes. Sans qu’il soit question pour elle de problématiques de communication. N’en déplaise à tous ceux qui ont décidé, exilés fiscaux et twittos de droite inclus, d’en faire une cible trop facile de leurs critiques stériles et malveillantes.

 
Vous avez travaillé avec Stéphane Fouks jusqu’à il y a huit ans. Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?
Stéphane Fouks est l’un des talents Havas. C’est indéniable et il serait stupide de le nier. Et quels que puissent être les commentaires divers et variés lus à son sujet actuellement, il est reconnu depuis longtemps comme un stratège visionnaire et créatif. Ce serait malvenu et malveillant de ne pas tirer un bilan plus que positif de ces 10 années passées au contact quotidien des dirigeants d’EuroRSCG, dont Stéphane Fouks. Certes, son côté quelque peu extraverti en irrite certains.


C’est dommage mais c’est ainsi que le temps médiatique le perçoit en ce moment. De surcroît, ce que je lis, de ci de là , au sujet des communicants d’Havas, me laisse perplexe. Ce n’est pas l’entreprise que j’ai connue et que j’ai pratiquée. Je n’ai pas de raison de croire fondamentalement que cette grande maison, alliant à la fois transparence et discrétion, a changé globalement de ligne déontologique en 8 ans.

Pourquoi avoir mis fin à votre collaboration avec Stéphane Fouks et 
Euro-RSCG ?
Au début de l’année 2005, une formidable opportunité professionnelle s’est présentée. Devenir directrice de la communication du musée du quai Branly représentait la synthèse parfaite, à mes yeux, de mes affinités professionnelles au confluent des problématiques culturelles et de politique internationale.


Après 10 ans de collaboration avec Euro RSCG, dont j’étais également directrice de la communication du Groupe en France quand j’en suis partie, il était totalement normal de réfléchir à une nouvelle étape. Passer du côté de l’annonceur, créer un nouveau territoire de communication et participer à l’ouverture d’un grand musée international, c’est une opportunité qui ne se loupe pas.
Donc pour toutes ses raisons, il ne s’agissait pas de la fin d’une collaboration avec les dirigeants d’Euro RSCG mais d’une nouvelle étape professionnelle qui s’est ouverte pour moi. Et qui se poursuit toujours aujourd’hui.
 
Dans l’affaire Cahuzac, on assiste à une mise en cause du travail des communicants auprès des responsables politiques. Comment observez-vous cette tournure des événements ?
Le choc dans l’opinion a été violent. Dans le travail de décryptage des causes et conséquences que sont en droit d’exercer les médias, dans leur rôle de 4ème pouvoir, j’assiste de nouveau à une forte cristallisation des critiques autour des communicants. Trop simple de résumer ainsi le problème.


Dans ce contexte, Euro RSCG suscite des débats dont une grande part de fantasmes, il faut le souligner. Ce n’est pas une pseudo secte, avec des desseins pernicieux, aux réseaux ayant pour ambition de noyauter le pouvoir. Cessons la plaisanterie, cela va trop loin. C’est totalement faux et injuste. Et quand je dis cela, je pense aussi à tous mes ex-collègues compétents dont une grande partie fait encore partie d’Havas et qui voit l’opprobre jetée sur leurs métiers. Sur nos métiers.


La communication n’est pas le grand Satan du monde moderne tels que certains «moralistes» d’horizons divers voudraient le faire croire. Nous sommes au 21ème siècle. La communication fait partie intégrante de l’époque dans laquelle nous vivons. Tout va très vite. Une information se juxtapose à une autre en quelques minutes.
L’image est également un vecteur majeur et instantané de diffusion de l’information par le biais de tant de canaux désormais. C’est un état de fait qui ne s’inversera pas.


La communication, c’est tout simplement un ensemble de professionnels, des médiateurs en quelque sorte, adossés à des métiers. Des professionnels qui sont une courroie de transmission entre l’émetteur et le récepteur, l’opinion publique. J’aurai tendance à dire que là où certains voudraient ne voir qu’une réalité, il y a des réalités. A chacun de faire alors valoir ses arguments, dans la mesure du respect d’une parole juste.

________

Conditions de l'interview: j'ai envoyé mes questions par mail et j'ai reçu les réponses quelques jours plus tard. Quelques corrections de formes ont été faites avec l'accord de Nathalie Mercier avant publication. Merci de ne pas copier mon travail sans demander mon accord*.

20 commentaires:

  1. Beau boulot !

    Je vais copier une partie de ton travail sans ton accord (mais pour te faire de la publicité) parce que j'ai trouvé matière à introduire un billet que j'ai en tête.

    Sinon, je rebondis sur la dernière partie : les gens croient toujours connaitre mieux que les autres leurs boulots...

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  2. (à part ça, toujours content de voir les copains revenir à leur blog).

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  3. Merci Nicolas ! Le droit de citation, toi, tu peux ! :-))

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  4. CaptainHaka : marde, ça c'est vu ? :-)

    Fred Camino : merci !

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  5. Hooo il n'y a pas de complot alors...
    Les communicants ne veulent pas envahir le monde... :(

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  6. Judas Ptolémée : en même temps, les complotistes n'avouent que rarement ! :-)

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  7. Je n'ai rien compris à tout ce baratin. Mais alors rien du tout !

    Je dois être con...

    On ne devrait plus dire : je suis professionnel dans la communication mais je suis technicien en ventilation ou maïtre d'œuvre dans l'air pulsé...

    Merci de m'avoir éclairé. :}

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    1. Cuicui, ta réponse prouve le contraire. De quoi ? Je ne sais pas. Toutefois Elle montre que tu t'intéresse plus aux techniques de com qu'à ce qu'ils ont à dire. Triste dérive.

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    2. Nicolas, avant d'être clochard, j'ai bossé dix ans dans un service marketing d'une grande boîte française de produits alimentaires.. Du coup, j'ai une petite expérience de la communication, des agences, de la pub et des rigolos qui circulent dans le milieu...
      J'admets que ça fait longtemps mais les loups pneumatiques ne se sont pas transformés en agneaux philosophiques, tout de même !

      ;-)

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    3. N'ayant jamais bossé dans le marketing, je ne peux pas savoir.;-)

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  8. Cela dit, je ne critique pas l'ITW de monsieur Poireau, je n'oserais jamais.

    La meilleure preuve : je commente.

    Ce sont les réponses aux questions qui me paraissent fumeuses...

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  9. Nicolas : merci de garder la maison ! ;-)

    Cui-cui : tu as le droit de n'y rien comprendre, on n'est pas obligé de tous apprécier les mêmes choses… :)

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  13. Merci monsieur Poireau pour vos apports réguliers et cet article qui permet de noter la différence entre ce qui ce dit dans les médias et ce qui est vraiment le cas.
    Effectivement « la communication n’est pas le satan du monde moderne » !

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  14. Agence de com' : merci ! Evidemment, ce n'est qu'un outil à utiliser, bien ou mal. :-)

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