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samedi 28 mars 2009

Coupée en deux [elle marche !]


«Divan belge», Cook and Book [source]


La Belgique est un pays coupé en deux et qui parle officiellement trois langues. Les flamands qui parlent couramment le flamand et aussi le français mais jamais avec les wallons. Il y a les allemands qui parlent allemand mais sans doute aussi d'autres langues parce que, pour une fois, ils ne sont qu'un détail de l'histoire. Et il y a les wallons qui outre une version de la langue, ont aussi gardé de français, cette manière entêtée de ne réussir jamais à bien parler les langues étrangères.

Du coup, les flamands ont un peu l'impression de ne plus avoir de copains et restent seuls en Flandre à bouder en flamand tandis que les wallons s'affairent en wallonie qui est l'autre moitié de la Belgique. Jusque là, ça va, le problème est relativement simple mais accrochez-vous, je vous explique la suite.

Il y a aussi Bruxelles qui, en plus d'accueillir le Comité Central de la Communauté Européenne, est installée sur des terres tout à fait flamandes tout en parlant généralement le français.

Sauf qu'ici, ils disent septante et nonante qui, s'il l'ont veut bien se poser trois minutes la question, sont bien plus logiques et surtout bien moins laids que notre soixante-dix et notre quatre-vingt dix. On ne trouve pas ici de «cartouches» de cigarettes mais des «fardes» ce qui désigne aussi cette pochette cartonnée, généralement dotée de rabats maintenus par une bande élastique de couleur, dans laquelle on range des feuilles de papier, des cours de néerlandais par exemple…

[Oefening 1 : zijn de woorden die je hoort gelijk = of niet gelijk ≠]
(ça se prononce : oufeninsh één : zeïn deu wôrdeun di yeu Hôrt shheuleïk = of nit' shheuleïk)

Tout cela, malgré toute la difficulté qu'on peut avoir à en comprendre la machinerie, semble ne pas mal fonctionner. Il résulte de cette guerre fratricide bien qu'amicale, un tas de situation qui finalement rend les choses plus justes. Il y a ainsi entre les uns et les autres, une sorte d'émulation très saine. Les belges voient souvent leur pays bien plus délabré qu'il ne l'est en réalité. Il y a même de multiples sujets sur lesquels mon point de vue de français fraichement expatrié penche largement à leur avantage.

Puisqu'ils ne s'entendent qu'à peine entre eux, les belges ont découpé leur pays en zone de pouvoirs régionaux qui, du fait sans doute de la proximité des organes de décision de la population qui subit les conséquences ou récolte les bienfaits, assument pleinement leur charge.

La multiplicité de langues nationales et la présence permanente d'un tas de représentants d'européens parlant en étranger font que l'immigration trouve plus facilement sa place. On ne s'offusque pas ici des tours de Babel, on se côtoie et le temps fait son travail de grand mélangeur du monde. Le médecin de famille s'appelle Ahmed et l'échevin [conseiller municipal] peut tout aussi bien être d'origine turque pourvu qu'il remplisse honnêtement son mandat.

Chacun occupe sa place et essaie de faire avancer sa partie de démocratie. Il y a bien un Roi quelque part dans un de ses palais mais il est incomparablement plus discret que votre Sarkozy. Il ne se permettrait jamais, par exemple, d'intervenir pour faire savoir publiquement qu'il désapprouve tel ou tel humoriste travaillant pour une chaine du service publique. Et s'il s'y essayait, cela serait traité, je pense, à hauteur d'un scandale d'État, une atteinte à une partie fondamentale de l'équilibre national.

Ici, on ne mélange pas les torchons et les serviettes et le souverain est toujours au-dessus de la pile…


Prochainement, je vous explique le système politique belge

mais il faut encore que je comprenne qui est qui…

vendredi 20 mars 2009

Benoît Seize [bientôt majeur…].

Cet article ne sera pas antisémite.



Double portrait of the old and the new pope. Cut-out. Antonia Schulz [source].

Je ne cesse de me laisser avoir par les gens qui habitent cette époque. Il suffit que le Grand Encapuchonné du Vatican nous lâche une connerie de plus pour que le brasier médiatique s'enflamme. Comment ? Le Très Saint-Père n'est pas pour la capote. Il serait à la limite d'accord avec l'onction des corps mais uniquement dans les cas les plus extrêmes. Mais à quoi doit-on s'attendre d'après vous ? Que Benoît Seize monte sur la table et, la jarretière pontificale au grand air, s'écrie :

_ Baisez-vous les uns, les autres ! D.ieu [dont les voies sont miraculeusement impénétrables] y retrouvera les siens ! Le plastique, c'est fantastique !

C'est quand même le responsable médiatique de la plus grande église du monde, les enfants. Le type en vitrine chargé de représenter la marque. Ce n'est pas comme s'il dirigeait n'importe quelle boutique multinationale dans laquelle il est si facile de changer la baseline et de se repositionner en feng-sui avec le marché. Dans notre cas d'étude, si la clientèle se réduit, il faut reconnaitre que la notoriété reste bonne et laisse espérer une reconquête rapide. Il suffira de rappeler, un peu à la manière de Nutella, que des années d'expérience feront toujours la différence.

Sérieusement, il vaut mieux être célibataire parce que tu as rencontré d.ieu que de bouffer de la pizza devant un film porno du fait que la totalité de tes plans drague a fini en quenouille. Tu en as plein les cilles de cette fouille que tu ne rencontres toujours pas. Etre catholique aujourd'hui, ça donnerait un sens à ta solitude. Tu ne serais pas moins seul mais tu aurais au moins quelqu'un chez qui te plaindre et déposer tes prières.
Et au moins, ça motive à manger autre chose que de la pizza et peut-être même à renouveler ta DVDthèque [téléchargée à l'œil sur internet !].

Le type, il est élu par trois pépères et deux abbés pour garder la maison en l'état, il n'a pas signé pour revoir la déco et changer les peintures. Je ne vois aucune raison pour qu'on lui change les conditions en pleine exécution du contrat. On lui a demandé de conserver le dogme et là, pour conserver, il conserve. Nos conclusions sont que monsieur Ratzinger est tout à fait compétent pour le poste et rempli totalement la mission que lui a confiée le conseil d'administration.

Franchement, s'il y a un problème moral avec la capote du pape, qui s'en préoccupe ? A moins qu'il n'atteste d'un diplôme en sexologie, ce n'est quand même pas le gars à qui on pense le plus au moment de la levrette adultère, non ? [Quoique ça peut refroidir un peu les ardeurs et faire durer la chose]. Ce n'est quand même pas devenu du jour au lendemain, un spécialiste de la vie moderne qui pourra te dire s'il faut ou non coucher le premier soir et si c'est un péché d'avaler.

Pour vivre pleinement dans la foi catholique, il faut quand même sacrément se faire suer le saint-suaire, croyez-moi. Je ne suis même pas sûr que l'église de Rome autorise ma copine à prendre la pilule [
et ne comptez pas sur moi pour me lancer dans une vérification sur le sujet, faut pas déconner, j'ai un article à terminer]. Ils en sont peut-être encore à considérer que tout doit être en mode d.ieu automatique où tout ce qui t'arrive est, de toute manière, suprêmement inévitable. Une bonne quinzaine d'enfants et un mari frigide est vraisemblablement le dernier stade avant l'excommunication, quand tu en as déjà tant fait que tu as épuisé ton stock complet des pardons et des prières.

On peut parfaitement l'écouter et considérer qu'il défend sa paroisse. On peut être suffisamment subtil pour ne pas désirer être de ses brebis et décider soi-même de la conduite à tenir qui nous convient. D'être conscient des risques à baiser sans capote et de choisir soi-même sa route, en toute connaissance de cause. On peut parfaitement l'écouter et décider librement…


A ce propos, où en est le montant de l'aide versée par la France à l'Afrique ?

mardi 17 mars 2009

Bashung [les mots pour le dire…]


[source]


Ce ne sont pas seulement les paroles ni la musique qui me manqueront. C'est surtout qu'il n'y aura plus personne pour me chanter ma vie vue par d'autres yeux. J'ai connu une Elvire sur des serveurs de Minitel au moment exact où cette chanson passait à la radio :


[…]
Mais saura t-elle
Ce que j'éprouve
A séjourner au sein d'un logiciel
Oui saura t-elle
Ce que j'éprouve

Elvire
Tes danses inaltérables
Au matin m'atteindront
Frappé par la ressemblance
Attends-moi
Me manques pas
Tu me manques déjà
Elvire
Nos aubaines
Traquent l'anguille au gymnase
On s'éparpille aux quatre coins
Simuler
Dissimuler
Simuler
[…]*


C'était comme s'il racontait le contenu émotionnel de mon existence, collant aux mots un sens que l'instant d'avant j'ignorais. Comme s'il révélait la signification sensorielle d'un présent dont je m'abreuvais à pleine bouche [et comment alors peut-on respirer…].

Comme je l'ai vu vivant, vêtu de cuir et fait de rage, il était maigre comme la colère, vif comme le rock. Toujours pour la douceur, un souffle d'harmonica ; petite table à son côté où s'éparpillent les instruments ; la longue main qui s'en saisit et cela fait une doublure de velours à l'électricité des guitares. Comme je l'ai vu nimbé de cette sueur particulière que révèle une salle enfin conquise, les yeux brulés de lui-même.

Je l'ai vu comme un indien outrageusement timide, comme une amphore emplie à ras bord de sa propre fièvre contenue ; comme un rêve de chanson parfaite au moment où on la partage et qui jamais ne sonnera de même. Et comme il avait compris que cela ne venait pas de lui, pas de lui seulement qui avait cette réserve de ceux que la distance parcourue a travaillé au corps, de ceux qui ont compris des choses…

Et puis plus tard, tandis que la vie me changeait à nouveau de chemin, ma platine creusait en boucle sur ce qu'elle me révélait :


[…]
J'ai fait la saison
Dans cette boîte crânienne
Tes pensées
Je les faisais miennes
T'accaparer seulement t'accaparer
D'estrade en estrade
J'ai fait danser tant de malentendus
Des kilomètres de vie en rose

Un jour au cirque
Un autre à chercher à te plaire
Dresseur de loulous
Dynamiteur d'aqueducs

La nuit je mens
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens
Effrontément
J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho
[…]*

Il m'a permis de comprendre parfois mieux ce qui vibrait en moi, à éclairer d'une autre manière et par le biais du langage [et l'on aura compris que cela m'intéresse] les émotions trop fortes qui me submergeaient. Je suis de ceux qui rendu triste par une inadvertance du destin, m'en vais creuser la plaie afin d'en bien visiter le moindre détail. Si certaines chansons ont bien, comme je le pense, la capacité incompréhensible de nous désenclaver la lacrymale, alors je suis de ceux qui s'encasquent pendant des heures sur ce type de play-list dans mon Itunes.

Il y a eu les Vertiges de l'amour, les Gaby de passage et peut-être des enfants dans le dos. Il y a eu les soirées Pizzas et quelques incendies plus ou moins volontaires. J'ai osé des Joséphines et quitté des Bijoux dans la rancœur des aubes blafardes [et j'espère parfois que, se souvenant de ces instants passés, Madame rêve…]. J'ai connu Tchernobyl et les irradiations à long terme, de celles qui vous font prendre les fantaisies militaires pour une ode à la vie. Il a croisé ma route et vit toujours au creux de mon oreille. Il me rappelle que :

[…]
J'étais censé t'étourdir
Sans avion sans élixir
J'étais censé te soustraire
À la glu

Les impasses
Les grands espaces
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

J'étais censé te ravir
À la colère de Dieu

La douceur d'un blindé
Le remède à l'oubli
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent

Mes bras connaissent
La menace du futur
Les délices qu'on ampute
Pour l'amour d'une connasse

J'étais censé t'encenser
Mes hélices se sont lassées
De te porter aux nues
Je me tue à te dire
Qu'on ne va pas mourir

Sauve toi
Sauve moi
et tu sauras où l'acheter le courage

J'étais censé t'étourdir
Sans aviron sans élixir
J'étais censé te couvrir
À l'approche des cyclones

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts

La promesse d'un instant
La descente aux enfers
Mes bras connaissent
Mes bras mesurent la distance

Sauve toi
Sauve moi
Et tu sauras où l'acheter le courage

J'étais censé t'étourdir
Sans aviron sans élixir
J'étais censé t'extraire
Le pieu dans le coeur
Qui t'empêche de courir

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts

Mes bras connaissent

Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s'éteindre

Mes bras connaissent

Sauve toi
Sauve moi

Mes bras connaissent
[…]

Je l'ai vu si faible et souriant, vivant toujours comme une pierre qui conserve la chaleur de toute une vie solaire, brillant et simple d'un sourire à la foule de ses amis intimes venus encore l'entendre. Des gens venus l'écouter. Non pas sa carcasse de cancéreux, sa vieille peau tellement palie par cet empoisonnement des chimiothérapies. Non pas l'homme atteint de toute sa chair humaine, non pas celui à qui l'arbitre n'a encore rien sifflé, mais bien les chansons à travers lui.

Peut-être était-ce, au filtre des masques et du paraître, du maquillage rendu nécessaire par l'entertainment, au delà des arrangements de façades, quelque chose de sa propre vie. Peut-être était-ce un peu de lui qu'il avait raconté avant que la musique ne nous atteigne une première fois, ne nous rencontre. Que chacun ait sa manière de recevoir importe peu.

Et ce soir là, sa main dans l'air traçant des compléments d'informations, ajoutant de l'espace à cet enclos de mots, changeant le pré carré en grand espace illimité et offrant à chacun un passage à sa mesure. Ses mains mouvantes, autour creusées de bien plus d'os que de doigts de même matière avant de retrouver l'harmonica. Le geste lent du bras démesuré pour parcourir la distance jusqu'à la bouche. Un souvenir de joue près d'un restant de lèvres. Et voilà que ses mains se referment, qu'il se saisit de l'intrument. Et voilà qu'il souffle et joue, et voilà qu'il ajoute la douceur des velours à l'électricité des guitares…


O


Discographie indispensable :

Chatterton [1994 - le plus facile pour commencer]
Osez Joséphine [1991]
Fantaisie militaire [1998]
L'imprudence [2002 - son œuvre au noir sans concession]
La tournée des grands espaces [2004 - live]
Bleu pétrole [2008 - dernier en date]

samedi 14 mars 2009

Alain Bashung [Dernière date…]


Photo perso à l'AB de Bruxelles le 03 décembre dernier


La chanson française a perdu, samedi 14 mars, un grand monsieur. Alain Bashung, 61 ans, est mort samedi après-midi à l'hôpital Saint-Joseph à Paris des suites d'un cancer. Depuis l'automne 2007, il était atteint d'un cancer du poumon et suivait une chimiothérapie. En raison de la maladie, il avait dû annuler ses concerts prévus ce samedi 14 mars à Longjumeau (Essonne) et les 17 et 18 mars au Grand Rex à Paris.
Sa dernière apparition publique s'est déroulée lors des dernières Victoires de la musique, le 28 février. Il y avait remporté trois nouveaux trophées, s'ajoutant à huit autres obtenus précédemment. Un triplé qui faisait de lui l'artiste le plus primé de l'histoire des Victoires, qui récompense les meilleurs artistes de la chanson française. Il y était apparu alors très affaibli.

Source : Le Monde

vendredi 13 mars 2009

Les rêves [Tenir bon !]


Escher's symmetry [source]



Mes rêves, si je les lache, ils tombent par terre et sans doute s'en trouveront brisés.
Alors je les tiens contre moi, qu'il ne leur arrive rien de mal…


Lisez peu, lisez bien

jeudi 12 mars 2009

Le système [Ça se travaille !]


Memento Park (Szoborpark), Buda, Budapest, Hungary [source]


Si on y réfléchit, on se rend compte que la plupart des systèmes de société qui ont été basé sur la valeur travail ont fini par tellement dévier de leur projet initial qu'ils se sont auto-détruits.


Le dernier en date prétendait être totalement au service du prolétaire et d'ajuster toujours la production à l'ampleur de ses besoins. Pour une race de singes qui désirent sans cesse, vous imaginez ce que ça a donné : création d'une classe supérieure de dirigeants du Parti totalement aux services du Peuple mais dans de la moquette épaisse que même chez Ikéa, tu n'en trouves pas [Chez Ikéa, même les tapis, ils pensaient les faire en kit, livrés avec le schéma de montage].

On finira par comprendre que l'homme n'est pas fait pour travailler. Dans un autre système, il lui suffirait d'attraper un lapin de temps en temps et de le faire cuire avec quelques légumes du moment pour subvenir à ses besoins. Dans le notre, nous avons établi une échelle de valeurs pour chacune des choses qui nous entourent, défini plus ou moins le prix que représente une portion plus ou moins importante de mes journées de vie [Compte tenu du prix horaire auquel je suis rémunéré et sachant que la vie humaine compte en moyenne de vingt à trente mille jours, calculez la valeur de mon existence totale…] et l'un dans l'autre, on trouve des équilibres.

Il y a bien quelques brebis qui sortent des sentiers battus et finissent par coucher dehors mais que voulez-vous, dans toute expérience, il y a des ratées, un quota de pertes sans profits…

mardi 10 mars 2009

L'Assemblée [à table !]


[source]


Un type qui veut s'en sortir aujourd'hui face à la crise que les médias nous annoncent longue et dure comme la métaphore adéquate, soit il se lance à corps perdu dans la médecine mais il s'en prend tout de suite pour sept années d'études sans aucune garantie de succès, soit il parvient à devenir Député de la République.


Toi ou moi, on peut se faire élire, c'est même tout le principe du truc. La démocratie, ce n'est pas seulement ce machin dont on te parle à la télévision, la liberté de signer une délégation de pouvoir pour une durée déterminée, c'est aussi la possibilité que nous allions nous-mêmes nous mêler des choses qui nous regardent.

Mais il semble bien que de laisser ses fesses épouser le cuir du pouvoir, ça vous change profondément.

Déjà, tu changes automatiquement de statut social. Même si la vieille, tu n'étais qu’éboueur ou technicien de surface dans le métro, avocat des nantis ou trapéziste dans la haute finance [à de telles altitudes, ce n'était plus de l'équilibre, c'était de la voltige. Les enfants de la balle se relèvent tant bien que mal et, bien que secoués par leur chute brutale, se remettent en selle et vont vous refaire leur numéro], te voilà Chef de province à la Capitale.

Peu importe que tu te sois lancé dans la carrière pour en virer tes ainés qui y étaient encore, pour sauver une poignée de veuves et d'orphelins ou pour sauver le patronat des griffes toujours plus exigeantes du prolétariat, ton compte en banque est automatiquement crédité de quelques milliers d'euros. C'est au moment où tu pourrais le plus facilement sortir ta carte bancaire que partout où tu vas, le moindre restaurant, la moindre salle de spectacles, on se contente de ta carte de visite.

Cela est assorti de quelques avantages en nature dont même un chômeur de longue date se refuserait à rêver un soir de Noël au moment de se coucher en songeant aux cadeaux qu'il aurait pu offrir à ceux qu'il aime : logement à bas prix, électricité à l'œil et déplacement jusqu'à plus soif sur tout le territoire.

Dans ces conditions, il est assez logique que ces gens, tout occupés qu'ils sont à transmettre à leurs enfants les fonctions qu'ils squattent à longueur de mandats, les postes dont nous leur avons confiés la charge [enivrés par l'espoir dont ils nous avait abreuvé par le biais de prospectus débordants de quadrichromies], en oublient assez vite leur mission. Il est assez normal qu'ils se retrouvent, presque malgré eux, déconnectés de notre réalité.

D'un côté, un reportage de France 2, dans lequel on découvre qu'il existe un marché aux portes de Paris où s'achètent et où se vendent toute sorte de denrées. Les dates limites de consommation dépassées permettent de négocier les prix au quart de leur valeur dans les rayons d'un supermarché. Des nuées de pauvres viennent y remplir frigidaires et placards parce qu'ils n'ont plus d'autres solutions pour subvenir aux repas familiaux.

La misère affiche son visage au grand jour dans ma télévision.

Et de l'autre, l'Assemblée de nos représentants qui décide que les quelques uns qui profitent des avantages du ticket-restaurant vont pouvoir s'acheter des patates et des navets en lieu et place d'un repas assis dans un établissement servant des victuailles cuisinées. Ils se soucient du rose de nos joues et de notre bonne santé qui serait provoquées par l'absorption de cinq végétaux à raison d'une journée, tandis que parmi les rues de la grande ville, la télévision découvre le visage hâve de ceux qui ne possèdent rien.

La misère expose ses figure d'ombre en pleine lumière.

Nos élus sont loin de cette réalité et se préoccupent de ce qu'ils croient important. Quand tu choisis ta carrière, il faut garder en mémoire que la différence essentielle, finalement, entre le député et le médecin, c'est qu'on demande au second de l'efficacité…

mardi 3 mars 2009

Les ardeurs du marché [ils endurent…]

Attention : le lecteur est averti qu'au delà de cette ligne d'avertissement, figure un texte réservé aux adultes. Il assure d'autre part à l'auteur être normalement doté d'une certaine proportion d'humour et d'auto dérision.



[source]


Alors, comme ça, tu n'en a rien à foutre du cinéma porno national ? Tu es prêt à te tirer la nouille sur n'importe quelle crevette asiatique, à te faire danser le joyeux pour n'importe quelle brésilienne. Tranquillement sur ton ordinateur, tu mates tous les culs piratés du monde entier. Si on te le demandait, tu serais sans doute incapable de dire en quelle langue s'expriment les langues quand elles s'expriment.

Au sein d'internet, tu sais chercher «bite» ou «nibards» dans tous les dialectes. Et tu n'en as rien à branler de la production nationale qui porte pourtant haut nos couleurs. Des acteurs et des actrices qui se cassent le cul pour que cela dure aussi longtemps que possible. Qui réalisent des cravates de notaire à l'ancienne, qui se culbutent sur des sofas de style dans des demeures dignes de ce nom.

Ils résistent à la pression, aux à-coups et à la poussée incessante de la concurrence : de la polonaise qui suce à vil prix à l'africain qui sodomise en gros plan en échange de quelques breloques, comment voulez-vous qu'ils luttent ? Ils serrent les fesses et sont nos derniers résistants à dire non au libéralisme et non à la concurrence déloyale.

Il faut revenir aux règles dans le cycle économique et que le législateur arrête cette hémorragie de nos meilleurs talents. Il s'agit de rappeler qu'un bon cunnilingus a une valeur et que d'accepter d'en baisser le coût, c'est prendre le risque de perdre en qualité. Rien que le budget rasoirs pour un long métrage, vous n'imaginez pas à combien ça chiffre. Il est plus que temps de reprendre les choses en main.

J'avais commencé cet article et puis M. Rosselin de Vendredi
a mis au défi Nicolas d'écrire un article pornographique et politique.
Ça m'a donné l'idée de terminer celui-ci !

lundi 2 mars 2009

Les victoires de la musique {enfin… presque !]


[source]

Quelques notes à propos des Victoires de la Musique sur France2, ce samedi 27 février 2009


. La soirée des Victoires de la Musique, dès le générique, tu comprends que le compositeur n'a évidemment rien gagné.

. Christophe Maé, si tu fermes les yeux, a la même voix que Gilbert Montagné. Le problème, c'est qu'à un moment, tu es obligé de regarder.

. Alain Bashung a les cheveux qui repoussent.

. Thomas Dutronc a le même talent que son père pour faire, avec très peu d'efforts, beaucoup d'effets…

. Je découvre un nouveau chanteur prénommé Stanislas. Je pense que Stanislas… et nous aussi !

. Pour l'hommage à Jean-Loup Dabadie et à l'impressionnante suite de très grandes chansons qu'il a écrites sur-mesure pour Reggiani, Polnareff ou Julien Clerc, les producteurs de la soirée ont choisi de ressortir du formol une brochette des anciens et anciennes de la Star-Ac®. La séquence commençait par un gros-plan sur la partition posée sur le pupitre d'un des membres de l'orchestre de cordes. Le titre imprimé était "Pot pourri"… [Ils ont finin par "Partir" !].

. J'ai découvert Moriarti dont l'existence ne m'était pas inconnue mais que je n'avais pas encore eu l'occasion, d'écouter.
C'était magnifique. Une chanteuse pulpeuse à souhait dont la limpidité d'interprète, dont l'absence d'effet vocal associé à un physique en chair véritable et en regards de braises vous rend joyeux comme à l'entrée d'un bon repas. Au menu, l'harmonica, la contrebasse, les guitares et l'enrobage des chœurs dont les harmonies vocales ajoutent au sucré qui clôt tout délice qui se respecte. Ils seront bientôt dans ma CD-thèque ou mon mp3.

. Micky Green avait un pull de toutes les couleurs…

. Julien Clerc, par le titre de son dernier album, se demande "Où vont les avions ?". C'est assez idiot dans la mesure où ceux-ci se garent en général près des aéroports.

. Alain Bashung marche presque tout seul.

. Lors du passage de tel ou tel, l'émission proposait en surimpression, une anecdote à propos de l'interprête. Ainsi pour Mademoiselle K. : «A 9 ans, ses parents lui offrent une raquette de tennis. Elle y ajoute une ficelle et s'en fait une guitare.». A mon avis, elle écrit aussi avec une raquette ! [Remarquez, elle chante aussi bien que certaines joueuses sur le court…].

. Quant à Cali, je ne peux rien dire, Mademoiselle Ciguë m'a séché avec sa vanne !

. Pour Alain Bashung, taper 1.

. Damien Saez est un écorché vif comme on n'en voit plus guère sur les plateaux télé où les pseudos rockers se montrent polis et s'assoient où on le leur demande. Il joue de la guitare et cela semble pour lui, une des rares occasions d'ouvrir les poings. Il est une sorte de Ferré qui aurait eu plus tôt l'occasion d'investir la musique électrique. Il en a la révolte peinte au langage d'aujourd'hui…

. Si j'en crois la catégorie «Musique du Monde», la planète est entièrement peuplée de noirs ! Même pas un petit air bavarois ou une belle chanson italienne, pas le moindre asiatique pour représenter l'immensité des habitants autres que français !

. Après la musique d'ascenceur, Berry nous invente la musique d'autoroute. Un truc sans goût particulier qui se répand dans l'habitacle pour les longues transhumances. C'est aussi intéressant qu'une vache dans un pré entraperçue au bord d'une nationale et cela laisse autant de souvenirs après coup, qu'un TGV passé au loin dans le paysage.

. William Baldé est une sorte de Patrick Sébastien des Antilles. Les textes sont tout autant sans intérêt que les mélodies sont obsédantes. Il a pour avantage sur l'imitateur au grand cœur de relever tout cela d'un sourire éclatant et d'une note épicée toujours bienvenue dans ce genre de soirée.

. Si Julien Doré est un artiste contemporain qui a pour démarche de pénétrer à l'intérieur du jeu médiatique pour en moquer les lieux communs et les stéréotypes, il me fait beaucoup rire et m'intéresse. S'il s'avérait, à l'inverse, n'être qu'un simple chanteur en vogue, il serait aussi désolant que Christophe Willem.

. Yaël Naïm doit beaucoup à Apple de l'avoir propulsée au niveau mondial en choisissant l'une de ses chansons pour accompagner la publicité pour le MacBook Air. Elle est belle comme une femme au piano, qualité esthétique à laquelle je suis particulièrement sensible. Je suis par exemple fan de Fiona Apple…

. Spéciale Didier Goux :
A l'occasion de la victoire du meilleur album Dance ou Électronique, nous apprîmes avec étonnement que monsieur Martin Solveig a été promu au rang de Chevalier des Arts et des Lettres en septembre dernier. Nous eûmes ensuite la joie de l'entendre nous interpréter son ode intitulée «beauty false».
[En quoi est-ce un art ? En quoi sont-ce des lettres ? Si l'on écoute les textes d'Alain Bashung (ou des auteurs qu'il sert), il mérite d'être chevaliérisé si ce n'est déjà fait. Martin Solveig pour sa part, tapote sur des claviers de fabrication japonaise en scandant des onomatopées anglo-saxonnes ; il mérite tout au plus, de recevoir un NRJ Music Award !].

. Il existe une catégorie titrée «Victoire de la Musique Urbaine» ! A croire que toutes les autres ne s'écoutent qu'à la campagne ! [C'est Abd El Malik qui l'emporte et il la mérite !].
NB : Gérard Jouannest qui, à ma connaissance, n'a plus fait grand chose depuis que la mort de Jacques Brel l'avait privé de son principal boulot, s'est remis au piano et compose pour Abd El Malik. Ça vaut le coup d'y prêter une oreille, non ?

. A l'inverse, Pep's, que je découvre, est tout de même meilleur quand il chante en anglais. Mon niveau linguistique me permet en général d'échapper à la douloureuse compréhension des paroles [mais que dire alors des bouffons qui viennent raper en rouge et noir sous le nom de Jeanne Mas Sefyu].

L'auteur de cet article tient à remercier vivement et avec émotion, les programmateurs de la soirée sans laquelle il n'aurait pas été possible d'écrire autant de bétises.

. Choix pour l'artiste révélation à l'issue du vote du publique : Sefyu. On est toujours surpris par ses contemporains.

Après ça, tu retrouves le générique digne d'une émission de Michel Drucker et tu mesures combien ceux qui, pourtant au bord du ridicule, ont quand même le mérite d'être arrivés jusque là…