mardi 18 août 2009

Moriarty - Gee whiz but this is a lonesome town [chronique musicale].

299 - Tentative de chronique musicale pour le mille-feuille




[source Mnemotopy]


Il y a déjà longtemps, si longtemps, que j'ai compris qu'une soirée présentée par Michel Drucker ne peut être une Victoire pour personne et surtout pas pour la musique, en l'occurrence. Je sais bien que Nagui désormais le remplace mais il s'obstine tellement à suppléer le vieux maitre qu'il en arrive à n'en donner qu'une caricature désuète. S'il vous est possible d'imaginer un Taratata réalisé entièrement sous respirateur artificiel et sans électricité, vous obtenez une image assez fidèle de l'ambiance générale.

Pour ma part, c'est l'état de santé d'Alain Bashung qui m'avait mené devant mon écran. Le cancer lui avait déjà bouffé les cheveux, sérieusement entamé sa capacité à se mouvoir avec l'aisance des grands fauves qui s'abreuvent au rock et il était encore le plus vivant d'entre tous.

Et puis Moriarty a débarqué pour je ne sais plus quel prix. Cela semblait ne pas avoir non plus d'importance pour eux. Ils étaient tant dans les chœurs, dans le banjo et et tant dans le sourire complice de ceux qu'un même amour musical unit et se le partageaient à mains nues : sur les boutons de l'accordéon, sur le corps métallique mais réchauffé de l'harmonica, au dos du manche des guitares et sous le glissé langoureux et puissant des doigts du contrebassiste.

C'était magnifique avec par dessus, cette chanteuse pulpeuse à souhait. Elle vocalise avec le regard qui pétille, le souffle à fleur de peau, avec cette gourmandise des filles en jeans qui savent bien comment regardent les garçons. Elles ont la joue trop rose, les lèvres légèrement trop rouge et affichent leurs rondeurs comme la fierté même de leur féminité.

C'est avec Charles Carmignac, Arthur B. Gillette, Thomas Puéchavy et Stephan Zimmerli, que Rosemary Standley forme Moriarty. Quand leur album "Gee whiz but this is a lonesome town" tourbillone sur ma platine, il m'arrive depuis, de rêver à de plus grands espaces. Quelque chose comme une promenade à dos de cheval dans un far-west imaginaire qui reste à explorer, comme installé au comptoir d'un saloon ombragé de claires-voies, au bout d'un chemin poussiéreux, bien paumé au milieu de nulle part, mais affiché en seize neuvième et en couleurs de la vie véritable.

Je fais ce que j'ai à faire dans la vie, la vaisselle, la cuisine ou que sais-je des tâches ménagères, passer l'aspirateur ou déboucher l'évier mais, lorsque l'ordre aléatoire de mon lecteur offre à mon tympan la douceur alarmante d'une "private Lily", ou la compagnie dansante d'un "Jimmy", je pousse le son du mp3 que je porte aux oreilles, je me déhanche et c'est avec le sourire complice de ceux qu'un même amour musical unit que je remplis mon devoir domestique.



Moriarty - Gee whiz but this is a lonesome town
Produit par Deschamps & Makkeieff
- Naïve, 2007

8 commentaires:

  1. Bel article pour ce groupe qui porte une odeur estivale. Le blues, la rythmique, fait penser à ces chansons américaines des années 50, venues tout droit de Louisiane. Très bon choix !

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  2. J'ai vu la même cérémonie que toi, je n'ai pas du tout accroché à ce groupe, mais ne lisant ton billet, ça me donne quand même bien envie d'y rejeter une oreille...

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  3. Homer : un côté bluesy aussi, c'est vrai ! Merci !

    Mademoiselle Ciguë : ah tu finiras donc par vraiment écouter alors ? :-))

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  4. La t'avoue que ma première écoute a été "légèrement" gâchée par un type à coté de moi qui n'arrêtait pas de dire "Woua, c'est bien ce groupe ! C'est qui ? Rhô c'est bien ! Mais que c'est bien ! ... "
    J'ai des circonstances atténuantes, non ?

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  5. Mademoiselle Ciguë : Non ! Tu devrais toujours écouter ton homme ! Naméo ! :-))

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  6. Mais oui chéri, c'est toi l'homme !

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  7. J'avais été ému par le Bashung et également resté bouche bée sur la pulpeuse au milieu des Moriarty. Désormais, un peu noyé je l'avoue, il figure dans ma playlist et quand le "genus" de l'iPhone veut bien le caler, c'est un régal.

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  8. Je te crois sur parole, quant à M Drucker et Nagui. Il me semble les avoir regardé l'un et l'autre en des temps très reculés… J'aimerais bien écouter et voir —surtout voir—, la chanteuse pulpeuse à souhait qui pétille et tout et tout à fleur de peau…
    Mince alors! On peut voir sur internet?
    Merci pour le joli lien! :-))

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