vendredi 30 décembre 2011

Dassier parle épais [il fallait le faire !]




Et la blague d'Arnaud Dassier qui découvre que l'UMP n'est pas démocratique*, on vous l'a déjà racontée ? Je vais commencer par faire les présentations, vous serez plus à l'aise. A ma droite, Nicolas Sarkozy et, à ma droite aussi, Arnaud Dassier, son conseiller internet de 2007.

Visiblement, ce n'est pas lui qui a le contrat cette année*. Je ne sais pas sur quels critères ça se décide. J'imagine qu'il doit y avoir quelqu'un qui regarde que tout ça se réalise dans les règles de l'art et de la comptabilité.

Cette année, il comptait se présenter dans une circonscription qu'il avait du repérer, je suppose. Je ne sais pas où il habite mais si c'est sa région de résidence, c'est très différent. Si non, voilà un type qui débarque avec toute son estime de soi pour choisir les électeurs à qui offrir le bonheur* de le faire député.

Tu penses que les caciques* en place l'ont reçu à coup de pelle*, on a déclenché des guerres pour moins que ça. Je ne vois pas de quel droit, on autoriserait n'importe quel freluquet, parce qu'il est ami du Président, à devenir député. Ce n'est pas encore un titre de noblesse que distribuerait le Château à ses plus fidèles partisans

[Non, ça, c'est pour les feuilles d'impôts !].

Arnaud Dassier exprime toute sa rancœur dans une interview qu'il donne au JDD de mardi dernier. Il ajoute que, bien entendu, il votera Sarkozy au second tour s'il se retrouve face au PS* ou au FN. En clair, la manœuvre ne consiste pas du tout à se venger de Nicolas Sarkozy pour le désintérêt qu'il lui manifeste.

Si vous aviez lu en détail le travail journalistique de Benjamin Bonneau, auteur* de l'article, vous auriez plutôt sursautés à la lecture de ce passage :

«De toute façon, je ne me retrouvais plus vraiment à l'UMP. J'avais déjà arrêté de cotiser en 2009/2010 et n'avais renouvelé ma cotisation en 2011 que pour Jean-François Copé. Mais le programme proposé par l'UMP pour 2012 m'a beaucoup déçu par son manque d'audace et de vision*. Ce parti est au bout du rouleau. Il est temps d'aérer les idées et de renouveler les hommes.»


Voilà, en clair, la guerre interne à l'UMP est officiellement déclarée. Le premier missile, sans doute envoyé par Jean-François Copé, s'appelait Arnaud Dassier…

Source photo*

mardi 27 décembre 2011

Nicolas Sarkozy, la rupture [Partie VI à IX]




Nicolas Sarkozy* nous annonce une «surprise» pour le mois de janvier. Un truc qui devrait booster sa campagne. Pour moi, le mieux, s'il veut espérer gagner, c'est de jouer la rupture. On sait qu'il a autant de scrupule à changer d'avis qu'un serpent à changer de peau, ce qui va lui permettre de virer de bord très facilement.

«Mes chers amis, je me suis présenté devant vous, il y a bientôt 5 ans, avec la sincère certitude que j'allais réussir.
Cette crise est venue qui m'a obligé à mettre un terme aux réformes*. Le capitaine du navire, est-ce qu'il sort la grand voile au plein milieu d'une tempête ? Non ! Il s'abrite et il pilote au mieux pour éviter au navire de s'échouer.


Aujourd'hui, je vous le dis : les décisions que j'ai prises, avec le gouvernement, ont évité à la France un naufrage dans lequel la spirale des marchés financiers* voulaient l'emporter. Le ciel est encore chargé, les nuages flottent encore sur nos têtes mais l'horizon s'éclaircit. Nous allons pouvoir reprendre le vent des réformes.


C'est pourquoi j'ai invité l'ensemble des partenaires sociaux à se rencontrer et discuter. Vous m'avez vu, ces derniers temps, aller à la rencontre du pays. Parce que, vous savez, je suis président de la République mais je n'oublie pas que ce ne sont pas que des dossiers, ce sont des gens.


Je suis allez voir la France et j'ai été frappé par la pauvreté. Par exemple, j'ai rencontré Martine qui est coiffeuse*. Madame Aubry voudra bien ne pas se sentir visée. Vous n'avez pas le monopole du prénom ! Martine, quand elle a fini son mois, il ne lui reste plus grand chose.

Des personnes comme Martine, qui bossent dur et qui s'occupent bien de leurs enfants, il y a en plein en France. C'est pourquoi j'ai demandé à Laurence Parisot* de préparer des propositions pour libérer les salaires.

C'est quand même incroyable, on a du boulot et on gagne pas sa vie. En France, aujourd'hui, on s'enrichit plus de l'assistanat* que de son travail et de ses efforts. C'est pourquoi nous allons permettre l'augmentation des salaires par la suppression d'une grande partie des charges sociales.


Je veux être le Président qui a libéré vos salaires.»


Et sinon, l'UMP peut surprendre tout le monde en ne présentant pas Nicolas Sarkozy mais François Fillon*. Un coup à la Poutine que ça s'appelle…

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lundi 26 décembre 2011

Le divin enfant [Il est né ?]




Quand on a appris que Carla Bruni était enceinte, on a soupçonné un plan communication vieux comme mes robes (de grossesses) et monté de toute pièce par l'Elysée*. On a aussi plaisanté sur l'identité du père mais c'était par pure méchanceté. A gauche aussi, on est méchants. Mais on le regrette…

On imaginait qu'on nous servirait dans cette campagne, «Le roman de Nicolas Sarkozy, de nouveau papa à 56 ans». Un récit mis au point pour faire pleurer dans les chaumières* et fendre le cœur de la ménagère de moins de cinquante ans. Je ne sais pas s'ils en sont capables mais je n'ai pas dû être le seul à avoir cru qu'ils auraient pu le faire.

Et puis finalement, la méthode diffère de ce que nous attendions. Le bébé est né, tout le monde est au courant, quelques images ont miraculeusement couvert les pages des magazines mais rien n'a paru exposé volontairement. A peine, un poids* emmitouflé dans les bras de sa mère à la sortie de la clinique.
Le Président lui-même, signale aussi souvent qu'il le peut, qu'il n'en parlera pas mais que tout va merveilleusement bien. La maman* et le marmot ont disparu des écrans. Carla serait en pleine dépression post-partum, à trainer chez elle en jogging informe et bourrée du soir au matin que rien ne filtrerait. Tout va merveilleusement bien dans cette paternité nouvelle.

A tout moment, on nous rappelle subrepticement l'existence du rejeton. En plein sommet européen, par exemple, tandis que les chef d'États se sont réunis pour sauver le monde d'une mort certaine (sans même avoir payé ses dettes, quelle honte !), Angela Merkel offre au paternel, un nounours* made in Germany.

Tout le monde aura compris que le locataire de l'Élysée* ne s'est pas soudainement remis aux peluches et que le cadeau est bien destiné au mioche. Ce lardon qu'on ne voit jamais, dont on ne nous parle pas mais qui est si fortement présent dans la campagne.

Les communicants* de Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, nous abreuvent de cette absence du chérubin. Ils entretiennent une sorte de suspens qui signe le retour du story-telling. On pressent que la scène finale sera la présentation du divin enfant au bon peuple de France…

Illustration : «Ours Teddy bébé Fynn dans sa valise» de la marque Steiff

vendredi 23 décembre 2011

Printemps arabe [Le sens de l'Histoire !]



Elle l'a acheté finalement son appartement en Tunisie*, Michèle Alliot-Marie ? Non, parce que j'ai vu qu'elle revenait un tout petit peu sur le devant de la scène, j'aimerais bien avoir la fin de l'histoire.

Il faut vraiment qu'il n'ait plus personne d'autre, Nicolas Sarkozy, pour aller la chercher elle. Oui, je sais, les infos passent et on s'y perd un peu dans la chronologie*. Je vais vous rafraîchir la mémoire.

Pendant que le peuple tunisien retrouvait la mémoire quant à sa propre existence, madame était occupée à chercher un bien immobilier dans le pays de Ben Ali. Il me semble qu'elle avait profité du transport offert par un ministre* du gouvernement en place afin de faciliter sa prospection. Mais ma mémoire est une passoire et ma volonté d'enquêter sur le personnage assez limitée.

Elle a du quitter précipitamment sa carrière ministérielle quand on a découvert que de l'autre main, elle avait proposé l'aide de nos forces de l'ordre* pour ramener ses chiens à la niche. La bonne idée du peuple libyen a été de se soulever à peu près à ce moment-là.

Le Nicolas Sarkozy qui peu avant défendait avec force le concept d'un Khadafi «en route vers la démocratie» a sauté sur l'occasion. Les avions, les bateaux, les soldats, il a sorti la grosse artillerie pour tourner la page médiatique*. Et on a arrêté d'en parler.

Quand on pense que la révolution libyenne doit toute une partie de sa réussite au plan média de l'Élysée pour corriger l'image de ses ministres, ça relativise le sens de l'Histoire dont nous parlent les spécialistes de la chose.

Illustration*

jeudi 22 décembre 2011

Le tri sélectif [pur et bio à part…]





Quand tu es d'origine étrangère, tu adores tuer des gens. Pas seulement les méchants flingueurs de gentilles mamies*, les violeurs de caniches* ou les désosseurs de Citroën, non, tout ce petit monde, y compris dans un autre ordre.

Quand tu es d'origine étrangère, tu es haineux et révolté par nature. Tu vends du shit, tu voles des poules, tu te présentes à la présidentielle* et tu déposes partout des bombes de peinture après avoir écrit ton nom en gros sur les murs. Tu niques ta meuf en burqa pour l'engrosser* et toucher des allocs.

Autant le juif* a le sens de l'argent, autant l'arabe a la tactique du profiteur. L'italien est menteur, le wallon fainéant, le grec est sodomite* et le suisse est petit. Il n'y a que le portugais qui ne s'en sorte pas trop mal avec son problème de pilosité. Ce n'est pas parce qu'ils deviennent français* que les étrangers changent de nature.

Quand tu es d'origine étrangère et que tu adores abattre un policier au petit déjeuner, il va falloir prendre sur toi et changer d'habitude. Fini la collection d'uniformes pour amuser les enfants. S'il s'agit de leur apprendre les différents grades de la fonction, ils regarderont Navarro* ou Julie Lescaut* sur TF1*, comme tout le monde.


Illustration : "American propaganda" (tout droit réservé Nicolai_G)

[Reprise (sauf la fin) d'un article du 2 août 2010]

mercredi 21 décembre 2011

Le détail [existe aussi en XL !]




L'autre jour, pendant que j'étais convaincu de mourir d'un cancer*, je me disais que quarante-cinq ans, c'est tout de même un peu tôt. Je ne m'y attendais pas. Et dans le même instant, je passais en revue les quelques trucs qui me sont arrivés. Je me disais que quarante-cinq ans, c'est quand même pas mal de déjà vécu.

Des moments de l'enfance, je grimpais dans les arbres*, l'air chaud de l'été le long de la peau quand je roulais super vite à vélo, puis les baisers furtifs, les échanges corporels de plus longue durée, les fornications d'occasion, parfois mieux que des neuves, des lacs où je me suis baigné, des vagues dans lesquelles j'ai plongé, des apparts où j'ai logé, des yeux déjà lus, des sourires déjà bus*, le nombre de fois où j'ai conclu.

Les jours passent. Ils s'en vont et ne reviennent pas.

Depuis que je sais que je suis mortel, j'essaie d'y prendre garde et de noter* mentalement le soir, une chose agréable qui m'est arrivé dans la journée : une inconnue souriante croisée dans la rue, quelque chose que j'ai aperçu et qui m'a interpelé, une réussite momentanée, des mots qu'on aurait pu me dire, un texte que j'aurais pu écrire et qui, sur l'instant*, me semble à l'équilibre, un petit air de musique qui me glissait entre les lèvres, le goût parfait d'une tasse de café…

Ce peut-être anodin et sans aucune importance comme un parfum de fleur à l'entrée du jardin*. Mais c'est exactement cette senteur qui, en vous, tisse cette douceur du souvenir qu'il deviendra. Le goût de la Madeleine. Et vous, là, qui me lisez, dites-moi, à cet instant précis, qu'avez-vous noté d'agréable* en cette journée ? Quel bonheur a croisé votre vie aujourd'hui ?

Illustration

mardi 20 décembre 2011

BeGov [Obsession].




Ce soir, je découvre le résumé du documentaire présenté par France5, chaîne francophone. Obsédé comme je le suis par la crise nationaliste en Belgique*, je comprends :

«Il était une fois, au nord de la Tanzanie, un lac de feu appelé le lac Natron, l'un des ultimes sanctuaires sur Terre, berceau de la vie d'un million de flamands*... Dans cet environnement hostile et sauvage, on plonge au cœur de l'extraordinaire aventure d'un bébé flamand au destin hors du commun, Bart de Wever. Depuis sa naissance jusqu'à l'âge adulte, un incroyable périple parsemé de dangers l'attend, où le climat* et les grands prédateurs sont autant d'obstacles qu'il faudra vaincre pour accomplir* le cycle de la vie. L'un des derniers mystères de notre planète et une histoire que seule la nature peut nous révéler…»

Concluez comme vous voulez…


Source illustration*

jeudi 15 décembre 2011

L'humour [Je partage !]




L'humour est une chose très difficile à manier*. Comme l'esprit humain se lasse assez vite de la répétition, bien que cela puisse amuser tout autant, il faut sans cesse lui réinventer des surprises. Ce qui amène l'auteur humoristique à se rapprocher au plus près des limites.

Avez-vous déjà remarqué que, quand les enfants se marrent, mais qu'ils en sont en même temps gênés, ils ont ce O de la bouche et qu'ils mettent la main devant pour venir le cacher. Ce qui est assez stupide parce quitte à envoyer un message labial, autant qu'il puisse rester visible. Mais ce sont des enfants*, nous savons qu'ils ne sont pas comme nous.

Faut-il se moquer des enfants ? Ce qu'il faut en penser, bientôt dans votre télévision. Un «C dans l'air» avec des spécialistes du comique qui n'ont même pas un exemplaire sur eux. Les mêmes qui, dans leur obsession de gestionnaires*, m'obligent à glisser une vanne à cet endroit précis du texte. Parce que l'humour, c'est aussi une question de rythme.

Il n'y a aucune plaisanterie dans la phrase précédente. C'est le lecteur qui fait son texte, l'auteur ne peut que proposer des pistes. Certains d'entre vous ont, sans nul doute, pris le temps de la relire mot à mot afin de rechercher l'emplacement de la badinerie, convaincus qu'il y avait quelque chose à découvrir. Je vous ai déjà expliqué le comique de répétition ?

Il y a eu un drame à Liège, vous êtes au courant ? Un type connu de la police, 33 ans, qui balance deux grenades puis qui tire à la kalachnikov dans la foule. Quand on lit ça, on est content de n'être pas là-bas, de n'avoir pas eu à vivre ça et de ne pas devoir se souvenir toute la vie de ce à quoi on a réchappé ou ni de ne pas avoir eu à vivre* cela alors que la personne disparue, oui. Qui était notre personne.

Il y a chez l'humain*, cette qualité d'empathie envers les victimes. Un phénomène d'identification dont l'humour protège. Le rire est ce qui permet de mettre à distance ce qui nous atteint de trop près. Chacun d'entre nous possédons une certaine capacité d'empathie. Mais comme il y a les plus ou moins bons et les plus ou moins méchants, il y a les blagues plus ou moins drôles. C'est selon votre vécu, votre culture et votre niveau de contrôle sur les émotions.

Sur Twitter, à propos de la tuerie de Liège*, je me suis permis de chercher cette limite ténue entre le drôle et le pas drôle. Ce qui marque la distance entre ce qui nous touche et ce qui nous touche au point qu'on ne puisse pas encore en rire.

Le tueur, dont on ignore précisément (au moment où je rédige cet article) s'il s'est tiré une balle dans la tête* ou s'il a été abattu par la police, s'appelait Noredine Amrani. J'ai donc écrit : 
« Si tu t'appelles Noredine Armani, tu as doublement raté ta vie. Quoique ».

Ce qui n'est absolument méchant pour personne, tu peux relire calmement. Je t'ai déjà expliqué le comique de répétition ?

Plus tard, comme il existe un moyen technique* de barrer du texte dans Twitter et de profiter de cette astuce graphique pour suggérer que l'auteur a lui-même biffé son manuscrit, j'ai diffusé :

« Tweet auto-censuré : Noël à Liège, ça sent le sapin ».

J'admet que ce dernier était vraiment la limite de ce que je me suis permis et c'est en découvrant que quelqu'un avait créé un groupe Facebook pour appeler* à une marche blanche en mémoire de Noredine Amrani, que je l'ai personnellement dépassée. Même si je continue de défendre l'idée qu'il nous faut rire de tout.


Illsutration : photo de Paul Farrer, droits réservés*

lundi 12 décembre 2011

Les puissants [un euro fort !]




C'est à croire que les financiers ont tout fait tout seuls. Ils sont arrivés un jour avec leur argent et ils ont acheté les gardes-frontière et les douaniers pour qu'ils tournent la tête, le temps de faire passer la marchandise. Ah oui parce que jusque là, chaque pays percevait pour l'entrée sur son territoire*, une taxe plus ou moins élevée selon la géographie.

A vrai dire, on le sait, ce ne sont pas les gabelous qui se sont enrichis* dans l'histoire. Les types étaient peinards dans leurs cahutes*. Ils n'allaient pas eux-mêmes scier la barrière sur laquelle ils étaient assis. Ce sont bien nos élus, ceux qu'on avait envoyés à la Capitale pour défendre nos Droits qui s'en sont occupé.

On ne sait pas vraiment pourquoi mais tout le monde s'est mis à croire que moins les États prélèveraient d'argent sur le commerce plus la population serait riche*. Oui, je sais ça a l'air stupide et c'est quand tu réfléchis bien, que tu te mesures combien ça l'est vraiment*.

On était sortis de la servitude par la construction d'un État Républicain. Le but était d'être plus puissant que les puissants*, tout en élisant de temps à autre nos dirigeants. Et voilà que les affairistes sont parvenus à corrompre la formule au point qu'on leur délègue la possibilité de nous attribuer des notes.

Nous avons décidé collectivement de rendre la monnaie* aux camelots en confiant la direction du pays à des acteurs du systèmes. Ils viennent jouer leur texte à la télévision à longueur d'expertise. Ils nous vendent la continuité d'une doctrine agonisante.

Si quel que soit notre vote, ils s'emparent du pouvoir, comme en Grèce, en Italie et indirectement en Espagne, à quoi bon, 2012, s'il n'y a pas auparavant cette remise en cause du modèle à perpétuer ?


Illustration*

lundi 5 décembre 2011

Républicain [à tout moment !]





Par une sorte de raccourci de la pensée, on imagine couramment qu'il y a eu 1789 et que la République fut une chose acquise pour les siècles et les siècles, amen. Mais ce n'est pas parce qu'on avait coupé court à la Royauté que les marquis et les bourgeois avaient accepté le principe d'égalité et de fraternité.

Napoléon, Louis XVIII, Napoléon III et quelques autres au passage* ont bien tenté de reprendre la main. Il a fallu qu'à plusieurs reprises le peuple redescende dans la rue, ressorte les fourches et les souvenirs de guillotine pour rappeler aux dirigeants qu'ils étaient un tout petit peu là parce qu'il le voulait bien.

Le pouvoir républicain est un compromis établi entre les intérêts des classes* présentes dans la société française. La moins mauvaise manière de faire cohabiter le riche marchand le trader plein aux as et l'adepte de l'ascèse sociale. L’État est là pour assurer la régulation* entre, d'un côté, les biens-nés et, de l'autre, les laissés-pour-compte. Il tente de rendre aux uns la vie agréable et d'éviter aux autres une trop profonde vallée de larmes.

S'il s'avère que son côté bourgeois bourgeonne* un peu trop, que la gangrène de l'argent facile le gagne, s'il arrive que les favorisés le soient un peu trop aisément, l'Histoire montre que le peuple s'occupe de remettre les équilibres à leur place*. La chose qu'on ignore encore, c'est la fréquence exacte des soulèvements.




Illustration : Republic of Dance*


dimanche 4 décembre 2011

Les faits [L'effet…]



Une fois n'est pas coutume*, je vais recopier un article sur LeSoir.be. Les enfants, si vous lisez ceci, ne le faites pas chez vous, ça peut être très dangereux. Cet article est recopié avec un maximum de sécurité assurée par des professionnels*. Je prends le risque mais c'est que j'en ai besoin pour mon sujet du jour. J'ai pris ce journal, j'aurais prendre n'importe quel autre, c'est un hasard (mais celui-ci est très bien !). Il ne s'agit que de la narration d'un fait divers :

Ixelles : deux adolescents rouent de coups une passante

Rédaction en ligne - samedi 03 décembre 2011, 15:43

Les faits se sont produits samedi matin à Ixelles quand deux mineurs ont agressé une passante qu’ils tentaient de voler. La victime a été rouée de coups de pieds et de poings puis a eu le visage aspergé de spray au poivre. Une patrouille de police qui passait par hasard sur les lieux de l’incident est ensuite intervenue. Les suspects, âgés de 16 et 17 ans, ont été déférés devant le juge de la jeunesse. L’un d’eux est en séjour illégal en Belgique. 

 

Le travail de journaliste n'est pas toujours évident. Il s'agit de rapporter les faits pour que le lecteur se forge une opinion. Il parait qu'il faut absolument rester objectif*. Comme si le journaliste, une fois sa carte de presse en main, n'était plus une personne humaine, comme s'il abandonnait son opinion, ses émotions, son ressenti.

Il arrive que cela échappe même au conscient. Tenez, dans l'article ci-dessus, rien ne vous frappe ? La dame a été agressée en pleine rue, ce qui n'est pas très cordial, nous sommes d'accord*. Mais relisez surtout la dernière phrase. Voilà.


Pouvez-vous m'expliquer le lien factuel qui existe entre la possibilité que l'un des agresseurs ne soit pas en possession de papiers* officiels et les actes commis sur la passante ? Est-ce qu'il existe une logique selon laquelle l'absence de titre de séjour transforme les gens en personne, pour le moins, dépourvue d'empathie ? Si oui, il est urgent messieurs-dames d'accélérer les régularisations, nous courons actuellement en très grand danger.


Mais, si cette théorie est exacte, son contraire* ne peut donc que l'être lui aussi : posséder d'une pièce d'identité offre magiquement aux individus une sorte de paix intérieure. N'avez-vous jamais entendu parler des bienfaits de la citoyenneté ?


Maintenant, modifions de nous mêmes, la chute de ce texte :

Les faits se sont produits samedi matin à Ixelles quand deux mineurs ont agressé une passante qu’ils tentaient de voler. La victime a été rouée de coups de pieds et de poings puis a eu le visage aspergé de spray au poivre. Une patrouille de police qui passait par hasard sur les lieux de l’incident est ensuite intervenue. Les suspects, âgés de 16 et 17 ans, ont été déférés devant le juge de la jeunesse. L’un d’eux était apprenti-coiffeur.

 

Devons-nous décider de nous méfier des capilliculteurs ? Et qu'en est-il des shampouineuses*, sont-elles également dangereuses ? Vous pouvez essayer avec autant de variantes qu'il vous plaira, c'est très distrayant. Par exemple : « Les deux suspects ont été déferrés. L'un deux est un célèbre journaliste », ça marche aussi. Vous voyez comme il suffit de peu de choses, un rien de bruit médiatique pour ré-orienter facilement votre manière de penser ?  

Illustration : A Maka, près de Liège, les derniers forgeurs d'opinion*.