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jeudi 14 décembre 2023

Le vaste monde (pas du tout !)



 
Il y a une chose qui m’inquiète beaucoup en ce moment et ce ne sont pas les différentes guerres en cours.

Parce que, bon, la guerre, on sait déjà comment ça fonctionne : chacun des deux camps extermine le plus de gens possibles pendant un certain temps et quand une sorte d'équilibre est atteint, ou quand le nombre de victimes "acceptables" est dépassé, alors tout le monde se retrouve autour d'une table, pour mettre fin au conflit. C'est là qu'ils se décident à se parler.

On est d'accord qu'ils pourraient éviter de claquer des milliards en armement et en frais d'obsèques pour commencer par négocier mais, pour le moment, nous ne voyons pas l’humanité progresser sur ce front. Il faut visiblement d'abord qu'une grande quantité de femmes et d’enfants terminent éparpillés façon puzzle, qu'une majorité des édifices et des maisons soient écrabouillés façon gravats, pour qu'on se dise : hé, que pensez-vous d’appeler le camp d'en face pour discuter un peu ?

Non, ce qui m'inquiète le plus, c'est la capacité des gens à penser par eux-mêmes qui disparaît progressivement.
 
On leur sert des balivernes à pleines louches et ils les avalent. Ne rigolez pas, les gens, c'est nous. Dans les émissions dites de débat entre des personnes déjà d'accord entre elles ou sur les chaînes de distraction informative, partout la vérité est maquillée et présentée sous un certain angle afin de séduire par sa beauté factice.

Il suffit désormais d’une petite campagne de presse pour que tout le monde commence à gober n'importe quoi. Par exemple, Israël qui a été brutalement attaquée par le Hamas et qui ajoute à l'histoire quelques anecdotes encore plus horribles*. Comme si les faits avérés ne suffisaient pas à eux seuls à condamner les meurtres réellement commis, il faut aussi transformer les agresseurs en êtres barbares assoiffés de sang* .

De site Internet en site Internet et d'agence de presse en agence de presse, les mêmes mensonges sont répétés sans preuves et sans référence aux faits et, du citoyen lambda jusqu'à certains journalistes chevronnés mais distraits (?), chacun avale goulûment sa petite pilule de réinterprétation du réel.

Un autre exemple est le recours systématique à l'accusation d’antisémitisme. Je n'ai pas besoin de vous rappeler pourquoi il s'agit d'un crime qui, s'il est prouvé, mérite absolument d'être traduit en justice. L'antisémitisme est un racisme, ça n'est pas une opinion. Sauf que dans la plupart des cas jetés en pleine lumière ces derniers temps, il n’y a tout simplement aucuns faits. Il n'y a que des soupçons, des rumeurs reprises et répétées, du quand dira-t-on qu'on nous demande d’y croire. Et bizarrement sont accusés majoritairement des personnes qui critiquent le fait qu'Israël occupe depuis 1967, c'est le Droit International, les terres de son voisin.

Je prends l'exemple de Roger Waters, qui a passé sa vie à défendre le droit des Palestiniens à vivre chez eux et qui est soudain accusé de cette infâmie. C'est vrai qu'il joue le rôle d’un dictateur dans The Wall depuis 1979. S'il en endosse lui-même le costume, c'est qu'il est forcément qu'il est lui-même un dictateur. Je vous jure qu'on en est arrivé à ce stade. Dans cette logique, autant dire que Charlie Chaplin, habillé en Adolphe Hitler* est lui-même un nazi. Vous voyez le ridicule ou pas ?
 
Une fois que cette pseudo information est lancée, elle est répétée à l'envi de site en site, de réseau social en réseau social, à tel point qu'il devient impossible de parler du (formidable) travail musical de Roger Waters sans qu'une personne surgisse pour s'exclamer : Ah oui, Roger Waters l'antisémite ?
 
Et c'est là que ça devient effrayant. Plus personne ne semble capable d'aller vérifier une information* quand elle circule, les gens ont l'air d'être devenus juste capable de relayer ce qui les choque. Sans aucune capacité d'analyse, ni même l'intelligence d'aller écouter ses chansons ou l'écouter à la source.
 
Ça marche avec un tas d'informations différentes comme les migrants «qui envahissent le pays» alors que statistiquement, pas du tout, avec l'argument «en France on paie trop de charges» sans jamais mesurer que si ta belle sœur peut passer les 3 derniers mois de sa grossesse à buller sur le canapé, c'est justement parce qu'on a construit un pays qui assure cette possibilité. On prend une petite part de tout l'argent produit dans le pays pour financer l'aide à ceux qui en ont le plus besoin.
 
[Soulignons au passage que tous ces dispositifs sociaux qu'on se paie, ont été décidé d'un commun accord entre résistants de droite comme de gauche dans le but que ne revienne plus jamais la guerre. Tu vois comme ça fait peur de voir que chaque jour, ce sont des pans entiers de nos protections sociale qui sont éliminés…]
 
Dans cette France de 2023 où les médias sont la propriété de quelques milliardaires* qui, jusqu'à preuve du contraire ne sont pas très motivés par notre intérêt général ou dirigés par des personnes amies personnelles d'Emmanuel Macron, l'information est très orientée. Si le discours officiel est de «faire barrage au RN» reconnaissons que ça ne s'applique que rarement au contenu de son programme qui est largement présenté sur toutes les antennes comme un chemin possible vers des solutions.

Vous remarquerez que les chaînes de distraction informative travaillent selon un cercle bien défini : elles te présentent ce qui serait le problème pour ensuite te préconiser la meilleure solution. Et étrangement, ça n'est jamais pour vivre mieux ensemble.

Il n'y a plus nulle part de possibilité pour la gauche de se faire entendre. Dès qu'un ou une élu(e) Insoumis.e parait sur un plateau d'interview, on le ou la bombarde d'une série de questions à propos du projet raciste du RN. Vous avez remarqué ? Ce que tu entendras de la gauche en interview, c'est son point de vue sur l'extrême droite mais quasiment jamais la teneur de son propre projet.

Et quand la gauche n'est pas invitée, c'est à dire le plus souvent, on la dépeint comme la pire des catastrophes qui pourrait arriver au pays alors même que la Nupes défend un programme qui est plutôt centriste par rapport aux 101 proposition de François Mitterrand en 1981.

A quel moment, en tant que spectateur de tout cela avez-vous accepté d'éteindre votre cerveau ? Suis-je le seul à voir qu'on me vend systématiquement, partout, tout le temps des idées d'extrême droite ? Est ce qu'on a le droit de rappeler qu'il y a d'autres proposition moins basées sur la peur et sur la haine ?

Image : montage personnel

samedi 28 juillet 2018

Ce qui se dit [Hors champs]




Je trouve cette vidéo bouleversante. Il s'y raconte ce qui se dit dans la rue, sans le filtre du journaliste.

L’étudiante : C’est pas possible d’être devant le McDo pour filmer la violence quoi ! La violence c’est les CRS qui nous la…
Une femme hors-champs : ça montre des vitres cassées plutôt que des gens qui se font tabasser. Sérieux, c’est drôle !
L’étudiante : on s’est fait casser toute l’après-midi, on s’est fait casser toute l’après midi, vous voulez qu’on fasse quoi ? (elle pleure)
(brouhaha)
L’étudiante : c’est vous ! C’est vous qui allez montrer au public ce qui s’est passé aujourd’hui, montrez-leur qu’on s’est fait casser la gueule (…) qui sont en train de se faire embarquer par des policiers quoi. Juste parce qu’ils ont voulu manifester un premier mai. Un premier mai, quoi ! Ça sert à quoi ? On peut même plus manifester, c’est quoi ce pays ? Elle est où la démocratie ? Elle est où la liberté, l’égalité, la fraternité ?
Un homme, hors-champs : y’en a pas ! Y’en a pas !
L’étudiante : ben oui, y’a pas et du coup, c’est pour ça, on se fait gazer. C’est pour ça !
Un homme, hors-champ : moi, je suis avec vous, en tout cas, je suis pas…
L’étudiante : et après du coup, on filme un McDo qui a été cassé parce que, ouais, on en a marre de tout ça, on en a marre et après on se fait nasser et il y a des collègues à nous qui se font embarquer par le commissariat. Juste parce qu’ils ont voulu manifester, qui sont, ouais, un peu typés, qu’ils ne sont pas blancs avec des yeux bleu, quoi !
Une femme, en arrière plan : ce sont des étudiants pas des casseurs qui sont en train de se faire nasser là.
L’étudiante : des étudiants ! On a des partiels, on a des études à faire, (…) pour prouver que nous, on veut encore avoir l’égalité des chances, on veut encore pouvoir aller à la fac, payer normalement nos études, et pas à quinze mille balles notre année. Et là, bah voilà, on ne peut plus faire ça parce que du coup, on se fait frapper, on se fait frapper et on se fait gazer, il n’y a plus rien qui va dans ce pays. On se fait nasser, c’est n’importe quoi ce pays, c’est n’importe quoi ! C’est fatigant, tous les jours, de redire la même chose.
Un homme, en arrière plan : un petit peu d’honnêteté journalistique en filmant aussi ce qui se passe autour.
L’étudiante : vous filmez un McDo pour les violences parce qu’il y a un «black bloc» qui a fait ça quoi.
Une femme, en arrière plan : on travaille dans l’image aussi, on a quelques notions (…) la manipulation d’image on sait ce que c’est.
Brouhaha. 

La femme de l’arrière plan, hors-champs : on est dans le cinéma, on sait très bien comment on manipule les images, donc arrêtez !
L’étudiante, hors champs : on a tous vingt ans, vous voulez qu’on crève à vingt ans ? C’est quoi, ça ? C’est quoi la future jeunesse de la France ?
Une femme, hors champs : ben, y’en aura pas, on sera tous…
L’étudiante, hors champs : c’est des étudiants qui auront 23 ans qui vont devoir payer vingt milles balles, quarante mille balles, leur année en primaire pour pouvoir apprendre que un + un, ça fait deux…



[La vidéo est de SylvainErnault. J'ignore qui sont ces personnes filmées, n'hésitez pas à vous signaler en commentaire !]

—> D'autres plans tournés ce même jour

vendredi 15 mai 2015

Twitter [et l'évolution ?]




Si j'étais le PDG, je me lancerais dans la création d'un espace de micro-blogging en parallèle et lié à chaque profil Twitter. Ce serait un espace réservé sur lequel épingler certaines tweet story (de soi ou d'autres), qui offrirait de pouvoir recycler des tweets existants et leur offrir une seconde vie.

Evidemment, il sera possible dans ce Twitter-blog, de produire des articles de toute sorte avec l'incrustation de vidéo venues de Periscope ou Vine mais sans exclusive. Twitter offrirait ainsi un peu plus d'air à son système de brèves qui s'essouffle. J'en viens à me dire que c'est cette contrainte des 140 caractères qui étouffe à présent les utilisateurs.

Maintenant que les twittos sont matures, Twitter peut passer à l'étape suivante qui est de transformer le service en centre d'information complet. D'un point de vue économique, Twitter augmenterait sa surface publicitaire disponible et, mieux repéré par les moteurs de recherche, il absorberait un plus grand trafic et donc son audience.

Bien entendu, je ne suis pas PDG. Twitter, si tu me lis…

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dimanche 4 décembre 2011

Les faits [L'effet…]



Une fois n'est pas coutume*, je vais recopier un article sur LeSoir.be. Les enfants, si vous lisez ceci, ne le faites pas chez vous, ça peut être très dangereux. Cet article est recopié avec un maximum de sécurité assurée par des professionnels*. Je prends le risque mais c'est que j'en ai besoin pour mon sujet du jour. J'ai pris ce journal, j'aurais prendre n'importe quel autre, c'est un hasard (mais celui-ci est très bien !). Il ne s'agit que de la narration d'un fait divers :

Ixelles : deux adolescents rouent de coups une passante

Rédaction en ligne - samedi 03 décembre 2011, 15:43

Les faits se sont produits samedi matin à Ixelles quand deux mineurs ont agressé une passante qu’ils tentaient de voler. La victime a été rouée de coups de pieds et de poings puis a eu le visage aspergé de spray au poivre. Une patrouille de police qui passait par hasard sur les lieux de l’incident est ensuite intervenue. Les suspects, âgés de 16 et 17 ans, ont été déférés devant le juge de la jeunesse. L’un d’eux est en séjour illégal en Belgique. 

 

Le travail de journaliste n'est pas toujours évident. Il s'agit de rapporter les faits pour que le lecteur se forge une opinion. Il parait qu'il faut absolument rester objectif*. Comme si le journaliste, une fois sa carte de presse en main, n'était plus une personne humaine, comme s'il abandonnait son opinion, ses émotions, son ressenti.

Il arrive que cela échappe même au conscient. Tenez, dans l'article ci-dessus, rien ne vous frappe ? La dame a été agressée en pleine rue, ce qui n'est pas très cordial, nous sommes d'accord*. Mais relisez surtout la dernière phrase. Voilà.


Pouvez-vous m'expliquer le lien factuel qui existe entre la possibilité que l'un des agresseurs ne soit pas en possession de papiers* officiels et les actes commis sur la passante ? Est-ce qu'il existe une logique selon laquelle l'absence de titre de séjour transforme les gens en personne, pour le moins, dépourvue d'empathie ? Si oui, il est urgent messieurs-dames d'accélérer les régularisations, nous courons actuellement en très grand danger.


Mais, si cette théorie est exacte, son contraire* ne peut donc que l'être lui aussi : posséder d'une pièce d'identité offre magiquement aux individus une sorte de paix intérieure. N'avez-vous jamais entendu parler des bienfaits de la citoyenneté ?


Maintenant, modifions de nous mêmes, la chute de ce texte :

Les faits se sont produits samedi matin à Ixelles quand deux mineurs ont agressé une passante qu’ils tentaient de voler. La victime a été rouée de coups de pieds et de poings puis a eu le visage aspergé de spray au poivre. Une patrouille de police qui passait par hasard sur les lieux de l’incident est ensuite intervenue. Les suspects, âgés de 16 et 17 ans, ont été déférés devant le juge de la jeunesse. L’un d’eux était apprenti-coiffeur.

 

Devons-nous décider de nous méfier des capilliculteurs ? Et qu'en est-il des shampouineuses*, sont-elles également dangereuses ? Vous pouvez essayer avec autant de variantes qu'il vous plaira, c'est très distrayant. Par exemple : « Les deux suspects ont été déferrés. L'un deux est un célèbre journaliste », ça marche aussi. Vous voyez comme il suffit de peu de choses, un rien de bruit médiatique pour ré-orienter facilement votre manière de penser ?  

Illustration : A Maka, près de Liège, les derniers forgeurs d'opinion*.

lundi 15 août 2011

La Royal [Le je de l'oie ?]




Ségolène Royal a donné une interview à Frédéric Gerschel et Rosalie Lucas pour Le Parisien. Je vous invite à la lire. Si vous n'avez pas le temps, ce n'est pas bien grave. Pour répondre aux questions de nos deux journalistes, la candidate socialiste de 2007 avance quelques pistes de solutions qui pourraient, d'après sa vision, fonctionner pour le pays*.

Pour la dette et la crise bancaire du moment, la présidente de la Région Poitou-Charente souligne que nous nous prenons dans les dents* les répliques du séisme financier de 2008 qui n'a donné lieu à aucune mesure concrète de la part de ce gouvernement à part le déversement de quelques milliards d'euros dans la poche des banquiers qui nous le reprochent à présent.

Elle rappelle et détaille les erreurs commises par Nicolas Sarkozy. Elle dénonce la responsabilité présidentielle dans son absence de réactions et dans sa politique fiscale en faveur de nos amis les très riches. Pour elle, les conséquences actuelles sont clairement le fruit des choix faits par l'UMP au pouvoir. Elle préconise toute une série de solutions politiques basées sur la démocratie participative et l'engagement citoyen*.

Si vous n'y croyez pas, ce n'est pas bien grave mais sachez que cela existe. Elle présente l'une des alternatives* possibles pour mener la gauche socialiste aux commandes pour l'élection présidentielle de 2012, il est sain de le savoir pour choisir correctement.

Mais ce qui m'énerve, ce n'est pas le propos, c'est la manière* dont le canard a choisi de titrer cet entretien. Je sais que le métier de journaliste est fait de renoncements mais, parmi toutes les petits phrases à mettre en exergue :

«Ce n’est pas qu'une crise financière,
mais aussi une crise de civilisation»

ou

«Dans les pays qui contrôlent le système bancaire,
la croissance est au rendez-vous»

ou


«Je demande à l’Autorité des marchés
de publier la liste des organismes financiers
qui ont spéculé contre les Etats»

ou

«Soyons aussi sévères contre la fraude fiscale
des grandes fortunes choyées par ce pouvoir !»

ou

«Certains veulent rester dans le confort des sondages…
La démocratie ce n’est pas ça»

ou

«Plus personne ne m’abaissera
car je n’ai jamais manqué de respect a quiconque»

Pourquoi le rédacteur en chef a-t-il choisi de titrer :

« Je vais prouver que je suis la plus forte » ?

Ce n'est pas un tout petit peu orienté avec la volonté de la rendre ridicule ? Je me demande…

Image du blog BriCréatif*