dimanche 27 février 2011

Les Étrangers [Retour vers le futur…].




Mesdames et Messieurs les Étrangers sont priés de bien vouloir fermer les yeux cinq minutes. Tu vois bien que je ne parle pas d'immigration*, j'ai mis une majuscule. Ce message s'adresse à nos pays amis et néanmoins lointains*. Nous avons besoin d'un peu d'intimité entre nous pour terminer quelques réglages.

Oui, il s'agit du cas de Michèle Alliot-Marie, bien sûr. Mais laisse-nous, nous devons recevoir les candidats sélectionnés pour le casting. La dernière fois, nous n'avons pas eu le temps de nous organiser, il nous a fallu choisir dans l'urgence et nous nous sommes retrouvés avec OSS 117* à Tunis.

En même temps, pendant qu'on parle de son maillot et des abdos*, personne ne critique plus ma politique. Quoi ? Tu peux répéter s'il te plait ? Non, plus loin, la phrase avec "nomination inutile", qu'est ce que tu veux dire exactement ? Mais bien sûr que la Ministre parlait au nom de la France, évidemment. Tu crois quoi, qu'elle était concierge à Sarcelles ? Les Affaires Étrangères*, ça porte la voix du pays à travers le monde entier. Oui, à Tunis aussi.

Tu exagères, je te rappelle qu'on a aussitôt réagi et qu'on a changé l'ambassadeur* local. Nous n'avons pas eu de bol avec le recrutement, c'est tout. Mais pour ce dossier, nous avons de la pointure. Oui, Juppé ou Villepin, pourquoi ? Oui, Chirac mais je te rappelle que Chirac c'est quand même le double* vainqueur d'une Présidentielle.

 Ah ! La campagne* de deux mille deux, tu te souviens ? L'insécurité plein les Journaux télévisés, des pages entières dans la presse (juste avant les articles sur la dette qu'on laisse à nos petits enfants, oui !) et Jean-Marie qui passe au second tour. Fini le Jospin, les socialistes et bien fait pour Balladur. Ah il n'a pas perdu la main, le vieux. 

Dis, tu crois qu'il pourrait m'aider pour les affaires étrangères. Je crois que j'ai merdé…


Nota Benêt : la meilleure solution, ce serait de renommer Fillon premier ministre !

Illustration*

vendredi 25 février 2011

David ! [Deux secondes…]


Muriel Robin entre en scène :


— Patricia, Patricia, ça fait un quart d’heure que tu me parles de ce David. J’ai très bien compris où tu veux en venir : je suis ta mère*, je te connais, comme si je t’avais faite. Tu veux savoir si je suis d’accord pour que tu le… fréquentes. Pour que tu ? l’épouses ? !!! Deux secondes…

(elle se tourne et pleure brièvement mais bruyamment) 

— Scrofrogné, scrogneugneu*… Excuse moi Patricia, pour l’instant, je te livre les mots un petit peu comme ils arrivent… Je le connais ? Je ne le connais pas… Ton père le connaît ? Non plus !… Finalement, personne ne le connaît…

— Et bien écoute, Patricia, je suis un peu surprise, je crois qu’on va en rester là, j’ai besoin d’en parler avec ton père… Un problème* ?!? Ça ne vient pas de nous, j’espère ? Alors, quel problème ? Il est… (elle commence à pleurer)… juif* !!!??  Deux secondes…

(elle se tourne et pleure brièvement mais bruyamment)

— 
Mais… Tu en es sûre ?!? … Je te fais confiance ! Si ça me gêne ? Alors là pas du flou… pas du plou… pas du flouchlouplou, s’il est juif*, c’est qu’il a de bonnes raisons de l’être… Mais dis moi un petit peu, il est juif-juif ou juif, un peu… un peu… catho ? Ah, juif-juif, complètement juif… Oui… On n'est pas dans la merde…

— Oh, mais tu as tout à fait le droit d’épouser un youpin, alors là… Pardon ? J’ai dit « youpin » ? Oh ça m’étonnerait que j’ai dit un truc comme ça… J’ai dû faire un lapsus parce que tu vois, j’en parlais encore à midi avec ton père, et je lui disais : « Chéri, y a beaucoup trop de catholiques dans la famille… » des cathos, toujours des cathos, moi, j’en ai marre… Je le dis tous les jours « vive les juifs* », alors…


— Et les parents de ce sémite, ils sont juifs ? Eh oui, eux aussi… Mais, ils le savent ? Non ! Que leur fils épouse une catholique* ? Ils sont plutôt contents ? Oui, tu penses… Oh détrompe toi, détrompe toi, Patricia, je cache ma joie…

— D’ailleurs, si tu le veux bien, j’aimerais aller dans la cuisine pour fêter l’événement avec ton père… 
Pardon ? La date des noces ? Oh, on n'en est peut être pas encore là ? Ah si ! Vous avez arrêté une date, ah, mais alors, c’est différent bien sûr… Et alors, c’est quand est-ce prévu* pour ?

— Demain !?! Tu peux me prendre en photo, s’il te plaît ? Oh, ben c’est à dire que ça fait pas mal de nouvelles* d’un coup… Alors comment tu penses faire, avec ton père ? On est invités ? On vient ? On vient pas ? Parce que moi personnellement demain, ça m’arrange, j’ai rien à faire…

— 
Dis moi, je pense à un détail : tous ces juifs d’un coup, d’un seul, tu n'as pas peur que ça fasse un peu Shoah* pour un mariage, toi ? Non ? Bon… Ah, et ça va être quoi ton nouveau nom, ma chérie ? Ah ! En plus ! Bien, je peux retourner dans ma « frisine » ? 
Ah, pour ton père, qu’on soit bien d’accord, je lui dis que demain tu épouses un juif qui s’appelle David Letoile ? Tu peux me rappeler où est ma cuisine s’il te plaît ? Ah la voilà, je l’ai « reconnute » !

(elle se dirige difficilement vers la cuisine )

— 
Autre chose ?!? Mais j’arrive* !

(elle revient difficilement sur le devant de scène) 

— On pourrait en garder un petit peu pour demain ? Non, c’est important ?!? Ça ne t’ennuie pas que je m’assoie par terre ? Merci… Alors, vas y je t’écoute… Il est de Goush Halav* ? Oh, ben ça, ce n'est pas le plus grave… Je ne te cache pas que j’avais un petit peu peur que tu m’en files une autre sur le coin de… Tu pars t’installer dans son village ?!? Je vais peut être m’allonger cinq minutes*

Muriel Robin sort de scène.



Dans un prochain article :
Doit-on raconter «les trois petits cochons» à des enfants musulmans ?


Le texte original est de Pierre Palmade et Muriel Robin, interprété par Muriel Robin


Illustration : Various costumes of medieval French Jews, je vous le conseille*

mercredi 23 février 2011

À l'essai [science-fiction…]





Dans un mauvais roman de Science-Fiction*, l'auteur imaginerait que notre planète est une sorte de test dans un laboratoire. Des gens bien plus intelligents que nous, de toute évidence. Nous serions à l'intérieur d'un univers* créé pour les besoins de la recherche scientifique dans un monde qui ne serait pas le nôtre.

Enfermés quelque part dans un tube à essai, en suspension dans une substance étrange, notre planète et l'ensemble de ce que chacun de nous connait ici, constituons l'objet d'une expérience* en cours. Tout occupés que nous sommes à observer la lente chute de l'économie mondiale, nous ne nous rendons compte évidemment de rien.

Avant, il n'y avait rien puis vint le verre* dans lequel on versa le reste. Une civilisation bien plus avancée que la nôtre, de toute évidence. Ce fut l'instant I de la minute M du début de notre monde. Ainsi fut fait le vivant et ce fut comme un gigantesque orgasme*, un sacré big-bang pour peupler ce milieu de culture.

Ils n'avaient balancé que deux spécimens* près d'un pommier et, l'instant d'après, ils se retrouvaient avec six milliards qui grouillent partout. Vous imaginez bien qu'ils avaient des doutes sur la possibilité de planter suffisamment d'arbres fruitiers pour pour pouvoir les nourrir tous. 

Dans le mauvais roman de science fiction, c'est à partir de ce moment qu'ils prennent tout un tas de mesure de sécurité* autour du site. Comme s'il craignait une contamination, que nous nous propagions un peu partout dans leur monde à eux. Ce n'est qu'à cette condition qu'ils continuent l'expérience.

Fort logiquement, l'élément colonisateur*, que ces gens appelaient autrement dans la langue qui est la leur, arrivé à ce stade d'évolution commence à chercher un nouvel organisme à contaminer. Il invente le missile puis le réacteur assez puissant pour s'envoyer en l'air. Malgré des capacités naturelles particulièrement limitées, il semble s'adapter quelque soit l'évolution de son milieu*.

Ils ont déjà testé les périodes glaciaires de plusieurs milliers d'années. L'humain a très vite inventé les longues soirées d'hiver et les galipettes* sur des peaux de bêtes, au coin du feu. En ce moment, ils expérimentent le coup de chaud mondialisé mais les actionnaires de «Bermudas & Bikinis» (B&B*, tu vois ?) se frottent déjà les mains.


Ils savent que nous ne pouvons pas partir à cause de leur système de protection : dès que nous quittons cette planète, il nous est impossible de nous reproduire. Ici bas, on peut baiser comme des lapins, niquer comme des fakirs ou s'aimer d'amour tendre mais au delà du septième ciel, c'est un sens interdit.


Une civilisation supérieure à la nôtre, de toute évidence…


Nota benêt : je m'excuse si le roman existe et pardon si c'était un projet, c'est niqué.
 

Source image  Tous droits réservés par JCasalena*

dimanche 20 février 2011

L'instant [l'éternité !]



J'aime la note bleu, l'instant parfait durant lequel tout est exactement à la place qui est la sienne dans l'univers*. De la moindre de tes particules* jusqu'à l'infiniment grand de la distance entre les planètes.

Le trombone coulisse, tandis que, sur la grosse caisse, le marteau vient frapper violemment la peau du tambour au rythme intime du sang à l'intérieur de tes veines. Leurs battements se superposent et s'entrecroisent*.

Cet instant qui n'a que la durée d'un instant, une fraction infime de l'éternité, prélevée à l'ensemble du vivant.

Comme la peau du tambour* vibre longtemps sous le heurt du maillet. Quelque chose s'étire dans le secret de l'air, au-delà du perceptible. Le mouvement réglé comme une horloge, les tendons du poignet, les doigts, les phalanges blanchies au moment de l'effort, ce petit soulèvement, au coin de la lèvre* du musicien.

Puis, l'archet glisse le long des cordes du violon. La chair des doigts* s'enfonce sous la pression, le crin reprend son avancée. A l'autre bout du rythme, le bras du virtuose, le pouce et l'index liés qui soulignent le mouvement.

Votre souffle lui-même se met à s'agiter, pénètre parmi la danse entre les instruments. Le cœur apprend la mélodie, la tempe respire en harmonie, la main s'ouvre et s'étire. C'est le moment du trompettiste. Les joues* gonflées sous la poussée, les lèvres comme fendues aux commissures que la langue de peu à peu vient mouiller de salive.

L'appui de l'instrument déforme les muqueuses tandis qu'une agitation du métal, fait naître la note ultime. Lentement, elle prend de l'altitude, elle virevolte et se cambre et se cabre. Les doigts s'accélèrent aux pistons*, enfoncent l'air ou le relâchent. Tout se chevauche délicatement. De toutes petites mécaniques s'agitent les unes après les autres tandis que la peau du tambour étire son vibrato de basses.

Votre nuque se courbe et vous n'êtes soudain plus que la musique qui trépigne entre le dedans et dehors, plus que la brasse* douce d'une note jusqu'à l'irruption de la suivante. Votre esprit se dilue et se concentre, votre amplitude est immense, tout est exactement à la place qui est la sienne dans l'univers…

 L'image d'origine est là*

jeudi 17 février 2011

L'hymne à la joie [luxembourgeoise…].




Depuis que je suis dans l'affairisme international*, les pays n'ont plus aucune frontières pour moi. Hier à Luxembourg, aujourd'hui à Bruxelles*, demain à Paris, je me demande si l'Europe ne commence pas à être trop petite.  Je sais que dit comme ça, ça peut faire rêver mais c'est uniquement parce que vous n'avez jamais essayé le train* entre Bruxelles et Luxembourg.

D'un côté la capitale de l'Europe*, de l'autre son petit-ami, le pognon, vous imaginez entre les deux, tel un animal fougueux et véloce, un TGV* doré à l'Or fin, intérieur en cuir cousu à la main par des jeunes filles vierges glissant silencieusement* sur des rails d'argent moulés à la louche.

[Dans le cadre de la législation sur le travail des enfants, on ne peut les embaucher qu'à partir de seize ans. Si vous pensez que c'est facile de trouver des employés]

Alors que c'est juste un train normal qui traverse le pays et dessert à peu près toutes les villes qu'il rencontre. Ce qui exclut, la vie est belle, les cente-nonante-deux mille villages implantés par ailleurs*. Entre deux heures cinquante et plus de trois heures de trajet, c'est qu'il y en a des cités tout le long de la Belgique.

C'était la première fois que je mettais les pieds* à Luxembourg. Pour être exact, j'y suis déjà passé mais à peine le temps de m'en rendre compte que nous étions déjà débarqués en Allemagne.
Coluche se moquait de la Suisse en affirmant qu'on ne peut guère y attraper que des médicaments*. J'avais un peu la même image du grand Duduche du grand Duché mais avec les billets de banque à la place des remèdes.

Vers dix-neuf trente, sur le grand terre-plein de la Gare Centrale, une foule étrange démontre ce qu'il en est des clichés. Ils sont par deux ou trois et semblent parler entre eux*. Ils portent sur eux la misère et s'expriment dans des langues venues de quelque part à l'Est. Ils boivent de la bière ou du vin et s'échangent joyeusement entre eux les bouteilles.

L'ambiance est paisible, il ne règne aucune menace. Ces humains* se sourient, presqu'autant de femmes que d'hommes. Leur âge oscille entre trop jeune et presque plus. Une clope passe d'une main à l'autre, un briquet éclaire parfois un visage aux yeux sombres. Des échanges qui marquent un respect mutuel, ils possèdent si peu qu'ils préfèrent partager*.

Plus loin à peine, le hall de la gare est de cette sorte de marbre* que seul un grand soin régulier permet de lui conserver durablement un air aussi propre. Des passagers sont de passage, les impatients grignotent pour compenser. De chaque côté, des boutiques, des vitrines richement dotées et, dans le coin là-bas*, juste après l'entrée de la grande salle d'attente de verre opaque, deux clochard avinés qui s'engueulent.


Là-dessus, je ne sais quel employé zélé* nique l'ambiance avec la musique qu'il balance à fond dans des hauts-parleurs qui saturent. Pour que vous visualisiez bien : Je viens de traverser une sorte de babel* slave de la misère heureuse, je débarque dans un palais de pierre fine si propre sur lui qu'on dirait un suisse, j'ai sous les yeux, deux pauvres hères engrammés de boissons qui s'injurent et j'entends :

L'hymne à la joie.
Vive l'Europe !


Source image*

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Au fait, t'as vu, j'ai un nouveau blog !

samedi 12 février 2011

Multipolaire [T'avais froid ?]





Vous ne pensez quand même pas que si les américains ont collé un noir à la maison Blanche*, c'est juste par amour des contrastes ? Dans notre monde de la petite phrase et du cliché médiatique, on vous répète pourtant inlassablement que les Etats-Uniens l'ont élu parce qu'il est d'une minorité visible*.

J'avais pourtant suivi la campagne du bonhomme* et écouté l'analyse de son discours d'investiture. Il y expliquait notamment qu'il lui semblait urgent de changer la manière dont la première puissance mondiale se comporte sur la scène internationale*. Si je vous dis Irak, Afghanistan, Guantanamo, la mémoire vous revient du contexte de l'époque ?

Je pense qu'on peut résumer l'art diplomatique de ces prédécesseurs en deux parties distinctes :
. soit vous êtes d'accord avec eux.
. soit vous protestez, auquel cas, nous espérons que vous avez apprécié* votre séjour dans notre établissement.

Si vous vous souvenez du pauvre Sadam Hussein* qui, tranquillement occupé à dictater sa population, s'est retrouvé soudain ennemi public à dimension mondiale puis pendu au bout d'une corde, par la décision d'un Tribunal plus populaire* que judiciaire*, vous pouvez trouver la méthode quelque peu expéditive.

Obama a milité bien avant son mandat pour une vision multipolaire du monde. Il a opposé à la frappe armée du clan Bush, au petit jeu des biscottos, une autre possibilité. Puisque toutes les guerres* se terminent autour d'une table, autant préparer les chaises, non ?

Evidemment, tout dépend des convives appelées à partager le repas. Vous avez tous, dans vos carnets d'adresses, quelques amis que vous ne tenez pas réellement à inviter. Cette énergie des peuples à vouloir se libérer du joug qui durait depuis trop longtemps. Des amis de trente ans…

C'est quand même beau, toutes ces foules qui se soulèvent* contre leur oppresseur. Comme j'aimerais croire au naturel de cette libération, à la spontanéité* des révoltes. Et comme j'y vois la mise en pratique, la concrétisation du discours politique d'Obama : un monde multipolaire…

En image, une chaise de Pharell Williams

jeudi 10 février 2011

Le Vainqueur [d'après le récit…]







Tu vois, il faut toujours garder à l'esprit que l'Histoire est écrite par les vainqueurs. À la fin des batailles, le gars qui vient de se prendre la pâtée, il ne lui reste généralement l'énergie ni de raconter sa version des faits, ni son ressenti. Il faut déjà qu'il rassemble les morceaux de ce qui reste et, même s'il y parvient, aucun éditeur ne le voudra le publier.

C'est ainsi que tu te retrouves à mâcher du chewing-gum* en matant des films de cow boys qui tuent des indiens. Tu aurais pu tout aussi bien te retrouver à te murger à la vodka en admirant les gracieuses envolées du Bolchoï*. Ou siffloter O Tanenbaum* avec une irrémédiable envie de marcher au pas de l'oie. C'est un hasard dont tu n'es pas responsable.

D'après mes cours*, le pire système est une horreur sans nom baptisée communisme. Une organisation implacable qui ne laisse aucune liberté à quiconque et punit sévèrement toute tentative individuelle d'originalité. Une telle volonté d'égalité* obligatoire qu'elle en devient stupide.

Une clique a fini par prendre le pouvoir* pour se remplir les poches sous les yeux du peuple qui crevait de faim et de necessité. La foi en un avenir meilleur ne calme pas l'appétit. Ou bien pas longtemps.
Quand le bloc de l'Est s'est effondré sous le poids de ses propres erreurs, tu as entendu parler de libération. Le grand vent du bonheur par la consommation s'en allait souffler sur la Taïga et atteindre jusqu'à la Volga. Vladivostok* et Petrovlanosk* allait être repeintes de rose, décorées de supermarchés et entourées de zones commerciales.


 Ils avaient été libérés.


Mais s'ils avaient gagné ? Si le communisme* avait emporté la bataille des idéologies, que te dirait-on du Capitalisme ? Comment serait raconté, dans ton livre, la manière dont nous vivons ? Dont nous acceptons de vivre ?

Une clique a fini par prendre le pouvoir* pour se remplir les poches sous les yeux du peuple qui crevait de faim et de necessité. La foi en la nouveauté technologique* ne calme pas l'appétit. Ou bien pas longtemps.

Source image

mardi 1 février 2011

Les paires [les maires]





Si ce n'était mon peu de goût pour la sodomie, je choisirais bien d'être homosexuel. Enfin, non, il y a la fellation* aussi. Je n'y suis pour rien, je suis câblé ainsi et l'idée de toucher un autre* homme me laisse absolument froid. Chacun fait comme il peut, je n'en veux à personne.

Mais quand on est hétéro, on s'amuse quoi ? Six, peut-être sept ans, le temps de faire le tour de la question, de tester quelques modèles de femmes* plus ou moins différents, huit années pour les plus espiègles ou les plus laborieux et après, il est urgent qu'on se case*

Si on veut s'offrir une voiture digne de ce nom, acheter une maison de rêve, la redécorer à son idée* et retapisser la chambre des gosses, aux conditions actuelles du marché, on a tout intérêt à ne pas traîner en route. La vie est courte et les crédits calculés sur trente ans minimum. Tant pis pour le kamasutra* sauvage, nourri au grain et élevé en plein air, on se contentera d'une sexualité d'élevage*.

Sans même évoquer ici, le temps qu'il faut à madame pour savoir si elle est prête et si ça vaut le coup de pondre, on se retrouve très vite au seuil de la quarantaine. Parfois, penser à la vie hétéro, c'est un coup* à vous faire une armée* d'impuissants.

Quand je m'imagine le samedi soir, à table devant mes pâtes au jambon, à discuter avec mémère ma dulcinée* des bienfaits comparés de Patrick Sébastien ou d'un épisode des Experts, je vous jure que je choisirais bien d'être homosexuel.

A moi les sorties, les boîtes et les backrooms, à moi les paillettes et la moustache*, à moi les shorts moulants*, la gaîté parisienne et à moi la sexualité sans tout ce chichi des chochottes, à moi le cul libre et direct.

Et voilà qu'on m'apprend que les homos veulent se marier comme tout le monde ? Non mais ça ne va pas les gars ou bien ? Déjà que nous, plus ou moins, on s'oblige à passer devant le maire, juste pour que belle-maman puisse sortir sa robe boudinée cintrée* et que Bibiche se transforme en Princesse Meringue*, qu'est ce qui vous prend ? On n'est pas bien comme ça, détendus du gland ?

Source image*