lundi 24 juin 2024

Dans le passé, les gens qui mangeaient leur caca le faisaient secrètement, avec un peu de honte. Quand on les interrogeaient, c'était anonymement, on modifiait leur voix, on les floutait pour que personne ne puisse les reconnaitre.

Aujourd'hui que c'est devenu une sorte de mode, des gens revendiquent publiquement de manger leur caca et qu'ils en sont fiers.

mercredi 19 juin 2024

L'Europe et Macron [c'est par où la sortie ?]

En 2005, les citoyens français ont clairement demandé par leur vote à sortir de cette version de la construction européenne. Ce scrutin a ensuite été mis sous le tapis et trahi par Sarkozy et tous les autres partis. Mais la colère citoyenne est toujours là. On ne la retrouve pas dans les médias mainstream qui sont tous animés par des journalistes convaincus que "l'Europe c'est super".
 
(je pourrais développer sur cette étrangeté
des professionnels du micro qui estiment
que le peuple se trompe quand il n'est pas
de leur avis mais ce serait un peu long)

A cette colère larvée de 2005 s'ajoute la détestation d'un président qui passe son temps à insulter les gens d'en bas.
Résultat : un scrutin européen 2024 où la colère du peuple réapparait au grand jour.

Selon ma compréhension du système, dans une république, il faut respecter le vote des citoyens et donc, la France ne devrait plus faire partie de CETTE construction européenne et devrait exiger qu'on renégocie les accords. Ce qu'aucun élu d'envergure n'ose faire.

En 2022, Macron a été élu mais, si tu regardes les chiffres, par une minorité du corps électoral. Ensuite, dans la foulée, les citoyens ont refusé de lui accorder une majorité à l'Assemblée nationale. Depuis 2022, on a donc un président qui gouverne CONTRE ce qu'ont décidé les citoyens dans les urnes. A coup de 49·3 et de décret, il fait comme s'il était au pouvoir légalement, ce qui n'est plus le cas.


Dans cette élection européenne, les citoyens ont redit au président qu'il n'était pas élu par eux.
La réaction de Macron face à la colère du peuple est très grave : la dissolution. Ce qui consiste à dire : «J'ai entendu le vote des citoyens contre moi, donc je vire tous les autres élus». Un bon gros doigt d'honneur à la république.

On va donc se retrouver [sauf sursaut citoyen à gauche] avec aucune majorité à l'Assemblée et donc une instabilité politique jusqu'en 2027.

Mon conseil : que Macron démissionne de son mandat et qu'on refasse une présidentielle.

Nota benêt : j'ai entendu Macron faire une intervention
publique hier pour dire "Le RN et le Front Populaire ne sont
pas républicains". Ce qui est encore plus grave puisque
ces partis et groupes politiques se présentent aux élections
t respectent le processus électoral. Bref, ce type
est dangereux. Qu'il démissionne.

mercredi 1 mai 2024

Je verrai toujours vos visages

fragment de l'affiche du film "Je verrai toujours vos visages", on y voit, vu d'en haut, un demi cercle de personnes assises chacune sur une chaise, au centre une table ronde en bois.

 

On peut aimer les films avec des monstres plus ou moins poilus et qui détruisent toute une ville en quelques minutes chrono ou même les histoires de voitures qui vont très vite en faisant vroum-vroum de manière ostentatoire, ce besoin parfois de gâcher un jeu de pneumatiques juste pour faire le mariole, ça m'échappe. Et puis aussi les films où c'est de l'humain qui se fendille, presque sans bruit mais au travers de mots exprimés en présence et à d'autres humains.

Ça n'est pas moins spectaculaire.

Quel grand film.

Toute la question est de savoir comment on peut faire un film qui montre les sentiments humains au travail sans que ce soit rébarbatif parce que la règle n°1 du cinéma, c'est quand même de ne pas emmerder les gens.

Tous les acteurs sont incroyables, à tel point qu'en citer un ce serait annuler les autres alors que c'est un tout. Miou-Miou est prodigieuse parce que Fred Testot est fortement fragile, Leïla Bekhti est juste dingue parce que tout le groupe est là pour l'amplifier.

Des victimes, des agresseurs, le camp du bien contre le camp du mal, ce sont les données de départ et, finalement, ça n'est pas si simple, comme tout ce qui nous concerne en tant qu'humain, les frontières ne sont jamais nettes, les limites floues.

C'est beau, voyez-le, ça parle de nous.

 

[Critique écrite pour SensCritique]

samedi 27 avril 2024

à ne pas rater (moment à passer ensemble au détriment du reste)

Nicolas Heredia et Sophie Lequenne dans "A ne pas rater"

Après la découverte de la formidable «Fondation du Rien» qui m'avait tellement enthousiasmé que j'avais interviewé Nicolas Heredia (ici), ce dernier a eu la gentillesse de m'inviter à aller le voir sur scène lors de son passage à Perpignan.

J'adore le théâtre. Vous pouvez découvrir de vraies personnes en chair et en os qui interprètent, en direct et avec le soutien de toute une équipe technique dans l'ombre,  un spectacle à votre seule intention, pour à peine plus cher qu'une place de ciné.

Ceci dit pour la catégorie sociale où je stagne, située non pas en bas de l'échelle mais sous le premier barreau, même le prix d'une place de cinéma est inabordable. Quand tu réduis le nombre des repas pour espérer tenir jusqu'à la fin du mois, il n'est pas envisageable de dépenser le prix de plusieurs kilos de pâtes pour une seule soirée. Je souligne à ce propos que plus personne parmi les élus du peuple ne semble se soucier que les plus pauvres parmi le même peuple puissent accéder à la culture.

Bref j'étais invité, merci Nicolas, ça c'est chouette.

Le public est plutôt bourgeois et majoritairement entre 45 et 60 ans même si j'ai pu apercevoir quelques cultureux qui se reconnaissent à leur dreadlocks et à leurs vêtements de style indien mais made in Bangladesh ou à leur manière de parcourir l'assemblée d'un grand regard circulaire un peu hautain.

En attendant le début, j'ai pu écouter la conversation de ce couple plutôt âgé, disons 65 ans chacun environ, assis juste derrière moi, qui déplorait que telle famille amie soit contrainte de vendre le château suite au décès du patriarche mais qui se réjouissait juste après que les enfants aient pris la décision de se partager entre eux les cendres du père (!). Ils ont ensuite projeté de partir soit à Bali soit de passer quelques jours dans leur résidence secondaire dans le Var, la question reste à trancher.

La vie des gens a l'air passionnante.

Je vais essayer de ne pas trop dévoiler le contenu de la pièce pour que vous ayez quelques surprises inoubliables lorsque vous aurez la chance de la voir (est-il prévu d'en faire une captation ?).

J'ai senti comme un vent de malaise à l'ouverture du spectacle.

C'est à dire que là où, habituellement, une pièce de théâtre commence avec des comédiens qui sont tout de suite dans la fiction qu'ils sont chargés de porter et d'incarner tout le long, on se retrouve ici face à deux comédiens assis sur une chaise, près du premier rang, en bord de scène, légèrement de biais. Un homme (Nicolas Heredia) et une femme (Sophie Lequenne), tournant le dos à un grand espace scénique presque vide avec un sol tout blanc, s'adressent directement aux spectateurs.

Pourquoi vous êtes-là ?

Et c'est à partir du sens de cette première interrogation, brutale et frontale, que toute la pièce va jouer. Qu'est ce qui fait que vous choisissez d'aller assister à ce spectacle plutôt que de voir une autre pièce ou un match de football ? Et, une fois que vous avez déterminé votre choix, qu'est ce que ça fait de ne pas assister aux autres spectacles ou aux autres possibilités que la vie offre ?

D'ailleurs, la vie, parlons-en, est-ce qu'il faut en faire quelque chose et si oui, pourquoi avoir justement choisi cette chose-ci plutôt que celle-là ? Et puis, est-ce qu'on est vraiment libres de nos choix ? Est-ce qu'il vaut mieux tracer une ligne droite, une belle vie bien régulière et, on le suppose, confortable ou exister dans le chaos de l'imprévu permanent ?

Tout ce dialogue qui rebondit du comédien à la comédienne et réciproquement a lieu pendant que le spectacle a véritablement lieu. Parce qu'évidemment, pour une soirée réussie, il faut du spectaculaire, du surprenant, de l'imprévu. D'une chute de ballons de baudruches à quelques pétards, les évènements spectaculaires se succèdent. Chacun est annoncé à l'avance par un grand chronomètre affiché sur l'écran du fond de scène.

Si les premiers happenings provoquent un peu de suspense et d'attente, très vite, ils ont lieu dans une sorte d'indifférence générée par la répétition. Les comédiens eux-mêmes prêtant de moins en moins d'intérêt aux comptes à rebours. Les évènements étant de toute façon, en eux-mêmes, totalement dérisoires.

A grands coups d'absurdité mais également en glissant sur le terrain d'une certaine profondeur métaphysique sur ce qu'est le fait de vivre, de choisir sa vie (est ce possible ?), Nicolas Heradia crée ce que je trouve être une grande pièce. C'est pas tous les jours qu'on voit, traité par l'absurde et le syllogisme, des questions aussi importantes, tout en explosant tous les standards du théâtre lui-même.

Et vous, pourquoi avez-vous choisi de lire cet article plutôt que de faire un autre choix ?

Nota Benêt : parmi les différents surgissements inattendus,
il y a un grand chauve avec une scie sauteuse
et puis une barre de défilement du temps totalement artisanale… 

 

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Écriture, scénographie et mis en scène : Nicolas Heredia - Avec Nicolas Heredia, Sophie Lequenne - Manipulation : Gaël Rigaud (le chauve !), Marie Robert - Production La Vaste Entreprise

*Photo (Marie Clauzade)