mercredi 30 novembre 2011

Eva Joly [C'est du propre !]




Ça va peut-être vous surprendre mais moi je l'aime bien Eva Joly*. D'abord, le coup des lunettes, c'est génial. Ça y est, en quelques semaines, elle a implanté son image. C'est une épure, une esquisse, une personnalité toute entière résumée en une paire de lunettes rouges. Au niveau communication*, c'est fortiche.

Mais elle m'était sympathique pour une question de fond*, quand elle avait posé la question du défilé du 14 juillet. Et pourquoi est-ce devenu un truc militaire ? Si à l'origine, c'était l'armée du peuple dans les rues, c'est maintenant tout un boulevard de soldats professionnels*. Pourquoi est-ce eux qu'on met à l'honneur ? Et pourquoi pas plutôt une procession d'associations ? Un cortège de la fonction publique ? Un défilé de syndicat ?

Après tout, c'est bien là qu'on le trouve le plus, l'effort citoyen, non ? Vous imaginez comme ça aurait de la gueule : en premier les pompiers dans leur uniforme à boutons dorés, puis les infirmières modestement moulées de blouse, les maîtresses d'écoles en jupe [ah madame Berthelot et son enseignement des Sciences Naturelles !], les professeurs de littérature en veste de velours, les profs de sport en short haut de cuisse*. Elle aurait l'air un peu moins martiale, notre Fête Nationale, non ?

Et puis maintenant avec sa réaction à l'accord électoral intervenu entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie. De la cuisine électorale en sous-main*, on s'échange des circonscriptions contre des promesses, des votes de citoyens contre des sièges à la Députation. Et pourquoi c'est devenu un truc réservés aux Partis ? Si à l'origine, c'étaient des élus du peuple, on a maintenant tout un troupeau de mercenaires*. Pourquoi c'est eux qu'on met à l'honneur ?

Evidemment, toute la classe politique et médiatique en a profité pour se réconcilier et lui tomber dessus. De quoi elle se mêle la mamie* à l'étrange accent ? Ça fait des siècles qu'ils procèdent ainsi, qu'ils traitent ces choses entre eux, en toute discrétion. Qu'est ce qu'il lui prend de vouloir casser ces petits arrangements entre amis ?


Ça va peut-être vous surprendre mais que je trouve qu'Eva Joly soulève de bonnes questions quant à l'état de notre démocratie*.



Citation de Cabu :
« C’est peut-être ça la politique,
le compromis perpétuel :
entre compromis et compromission. »*




Illustration : vous pouvez essayer à la maison, les lunettes ne font pas tout*.



[J'ai même pas parlé de Cécile Duflot, elle va être furax !] 

lundi 28 novembre 2011

L'incertitude [tu vas où ?]





Les croyants, dans un sens, ce sont ceux qui ont le moins d'imagination*. Ils acceptent la théorie qu'on leur présente comme vraie et ne cherchent pas à aller plus loin. Quant à savoir s'il s'agit de leur part, d'une peur de l'inconnu, d'une fainéantise neuronale ou d'un excès de naïveté…

Les athées, à l'inverse, sont en questionnement. Ils admettent l'incertitude. Il y a bien sûr une part importante de cartésiens, pour qui un caillou est un caillou*. Ils nient jusqu'aux forces telluriques. Mais la plupart des impies ne sont au contraire limités par aucune religion.

Ils peuvent décider un jour d'explorer la thèse du Monde* en tant que sphère posée sur le dos d'un éléphant et plus tard, la ranger définitivement au placard. S'il s'agit d'une chose amusante par la liberté qu'elle procure, l'absence de foi est aussi une confrontation avec l'angoisse.

Là où le religieux se tourne vers la prière, vers la présence rassurante d'un ami imaginaire et bienveillant, le mécréant est seul face à la réalité du monde. Nul paradis ne vient adoucir la mort des êtres chers*, nulle montée au ciel à laquelle recourir contre notre petitesse…


Illustration : le d.ieu Ganesh [qui c'est ?]

dimanche 27 novembre 2011

La barbarie [stop !]




Au début, ils se battaient comme des barbares, à l'épée, au marteau et s'il fallait défoncer un crâne ou deux à coup de pierre* pour terminer, ce n'était pas de refus. Et puis, je ne sais pas si c'est la vue du sang ou à cause des taches difficiles à enlever sur le linge — à une époque où les lessives modernes n'étaient encore qu'une promesse marketing* — mais les combats se sont un peu améliorés.

Je veux dire en terme de bien-être humain. Par exemple, on a cessé de systématiquement torturer les prisonniers. On a accepté l'idée que d'avoir choisi le camp d'en face, ça peut tout aussi bien être un coup du sort. On a intégré qu'à la place des prisonniers ennemis, on apprécierait soi-même un peu plus de confort*.

Plutôt que de laisser la liberté à chacun de pratiquer la boucherie* selon son bon vouloir, il a été décidé de réguler l'exercice de la guerre. Ça nous a globalement plutôt bien réussi puisque nous sommes aujourd'hui plus de sept milliards pour en témoigner*. Et ça n'a en rien empêché le progrès technique vu que nous disposons du moyen de les tuer tous en seulement quelques minutes.

C'est donc bien par la régulation* que ce fait le progrès. Voilà.




Illustration : Boucherie Perennes, 1974*

jeudi 24 novembre 2011

Le vécu [Merci d'être venu !]




Je n'ai pas trop de mal à répondre à la question tarte de savoir pourquoi je suis de gauche. Je n'ai pas choisi mon camp politique pour avoir entendu mon père maugréer d'un humour méchant contre les fonctionnaires autour de la table familiale ni parce que maman* œuvrait dans une association d'aide aux plus démunis.

Je viens d'une famille un peu bizarre où l'absence de parole avait valeur d'échange. Je l'ai compris plus tard même si concrètement, je me suis barré de là dès que j'en ai eu l'occasion avec sous le bras, mon instinct de survie par la maîtrise des mots. Je me retourne sur cette histoire qui est la mienne et j'y porte la lumière de mon présent, de mon âge*.

Je perçois aujourd'hui ce qui a mené certains de mes pas, emmené certains de mes choix. Je suis repassé tout seul par la case départ, je n'ai pas palpé dix mille euros et j'ai pour l'instant toujours échappé à la prison*. Je n'ai pas touché le gros lot à la naissance et comme je ne suis pas doté de patience, j'ai préféré avancer que de l'attendre.

Je ne m'en serais sans doute pas sorti sans un système social solidement bâti. Si j'ai reçu de l'aide quand j'avais touché les fonds [eh tu l'as vue la vanne ?], c'est de la part de la communauté. Je n'ai vu aucun riche me porter secours*. Je les ai côtoyés avec respect et je leur ai toujours payé mes loyers mais aucun n'a jamais pensé à fournir autre chose.

Je ne dis pas que je suis malheureux de ce que j'ai vécu, que je regrette quoi que ce soit de cette enfance particulière, bien au contraire. Sans cette période un peu étrange*, sans cet enfermement ouaté, sans cette prison de silence aux barreaux de mutisme,  je n'aurais certainement pas la chance d'être celui que je suis désormais devenu.

Je ne vous oblige pas à partager ce sentiment mais je vous assure que, tel que je me vis de l'intérieur, je suis quelqu'un de vraiment intéressant à découvrir*. Sous le vernis de l'apprentissage, sous les apparences de la norme acquise, dans l'au-delà de l'apparence identitaire, derrière le mimétisme familial, je déterre qui je suis.
Et même si on m'a inculqué que la prudence* est mère de tout, malgré les interdits qu'on m'a collés sur le paletot comme autant d'adhésifs publicitaires pour les valeurs familiales, nonobstant la peur et l'effroi installés sur le canapé comme s'ils habitaient chez moi, j'espère toujours retrouver trace du gars d'origine.


PS : donc le cadeau que je souhaite
m'offrir pour le Noël mes dix ans*,
c'est juste la capacité de comprendre
tout ça un peu plus vite. :-)


Illustration* 
 

mardi 22 novembre 2011

Dix ans [le cadeau !]



Vous avez une machine à remonter dans le temps à votre disposition. Il n'y a que vous et vous n'avez droit qu'à un seul voyage*, afin de garantir au maximum de vous éviter le coup de l'aile de papillon.

Vous avez le droit de ne modifier qu'une seule chose dans le passé : le cadeau* du Noël de vos dix ans. Souvenez-vous de qui vous étiez alors, quel genre d'enfant avez-vous été, quelle grande personne souhaitiez-vous peut-être devenir, quel cadeau* voudriez-vous offrir à votre vous-même âgé de dix ans ?

Illustration : time machine*

samedi 19 novembre 2011

Sans travail [le progrès !]




C'est vers 1850 que ça a commencé*. On a appelé ça l'industrialisation. De grandes usines capables de produire des tonnes de machins et bien évidemment, il a fallu des bras pour faire marcher les machines. Les fils qui ne voulaient pas faire comme papa, suer sang et eaux pour produire du blé sans rien gagner, sont partis pour la ville, s'engager dans la société moderne.

Des horaires fixes, la paie garantie à la fin du mois, un logement* fourni par la patron, ce n'était pas si mal. Au début.

Plus tard, on a embauché les fils qui ne voulaient pas faire comme papa, suer sang et eaux pour produire des biscuits* sans jamais en croquer, et on les a fait bosser à l'amélioration des machines. Il fallait augmenter la productivité à cause des villes qui devenaient énormes et jamais rassasiées*. Et bien évidemment, il a fallu de moins en moins de bras pour que les machines fonctionnent.

C'est vers 1975 que l'Europe est sortie de la société du travail* pour entrer dans l'ère financière. Avec l'apparition de l'électronique grand public est apparue la possibilité de fabriquer et vendre des tonnes de machins* sans presque d'intervention humaine. Et à bas coup pour générer un chiffre d'affaire confortable.

C'est fini, il n'y aura plus jamais de retour à l'emploi pour tous. Les Trentes Glorieuses* et l'ère industrielle sont derrière nous. Notre société a déjà muté vers autre chose. Elle génère plus de richesse qu'elle n'en a jamais rêvées et une quinzaine de pour cent de la population ne sert plus à cette production.


Mais ils ne sont pas exclus du système, ils en sont le résultat.


Nota benêt : une publicité disait
que le progrès ne vaut
que s'il est partagé par tous.
Alors, pourquoi les chômeurs
seraient-ils seuls
à en profiter ?


Illustration : Usine Catin (année non précisée*)
 

jeudi 17 novembre 2011

Responsable [bande de malades !]




Moi, ce que j'adore, c'est quand les hommes politiques viennent nous parler de responsabilité. Je fais bien sûr référence à monsieur Wauquiez* pour sa déclaration : «être rémunéré lorsqu'on est malade, c'est dé-responsabilisant». Je vous demande de la relire calmement, c'est du lourd.

Voilà des gens qui depuis 1983, nous expliquent le cœur sur la main que le libéralisme, c'est le bonheur* pour tous et pour pas cher, qui ratent systématiquement lorsqu'ils sont aux commandes [d'où l'expression la Foire du Trône] et qui viennent nous expliquer que tomber malade, c'est une responsabilité personnelle.

Collectivement, on ne peut pas dire qu'ils assurent. A part Emmanuelli* qui, je ne sais pour quelle raison stupide, serait-ce une vieille grandeur d'âme ? s'est retrouvé à l'ombre, les quelques uns qu'on attrape se comptent sur les doigts d'une seule main.

C'est incroyable comme le talent qu'ils ont d'embellir par les mots une réalité toute autre, leur offre par ailleurs de s'en sortir toujours.

Pris la main dans le pot de confitures*, ils sont capables de te lancer un débat de société sur pour ou contre l'augmentation du diamètre d'ouverture des bocaux. Ou de créer une commission d'enquête sur la recrudescence des vols dans les récipients de marmelade. S'il arrive que l'un ou l'autre se retrouve tout de même à passer en jugement, il y a dans la plupart des cas, rassurons-nous, de quoi plaider le non-lieux*.

Remarquez que, quand il y a condamnation, il arrive que des années plus tard, on soit obligés de payer des sommes abracadantesques comme s'il avait fallu qu'on s'excuse d'une sorte de bug du système. Erreur de la banque en votre faveur, vous repassez par la case départ et touchez les 285 millions d'euros, monsieur Tapie*.

Je vous propose de vous dévoiler dès à présent le prochain sujet qu'abordera l'UMP : «être rémunéré lorsqu'on est en vacances est-elle une charge excessive pour la compétitivité nationale ?».

Quelle bande de malades…


Notre illustration : «Comment avoir l'air responsable» Schéma n°1 [source]


jeudi 10 novembre 2011

Un soupir au menthol [Physique et cérébral !]

Je n'étais pas fan de Gainsbarre mais plutôt du Gainsbourg des débuts, quand il avait plus d'ambition que d'esbrouffe. Pour Bashung, c'est l'inverse. Autant l'un à mis des années à se perdre, autant l'autre a tardé à se trouver lui-même. Mais il s'est bonnifié* jusqu'au bout.

Les derniers temps, il travaillait à l'enregistrement de «L'homme à la tête de chou» de Gainsbourg dont je redécouvre la plume à travers l'interprétation qu'il en fait. Ecoutez, c'est pas dégueu…



Variation sur Marilou

Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Tandis que Marilou s'amuse à faire des vol
Utes des sèches au menthol
Entre deux bulles de comic-strip
Tout en jouant avec le zip
De ses Levi's
Je lis le vice
Et je pense à Caroll Lewis.

Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Tandis que Marilou s'évertue à faire

Des volutes des sèches au menthol
Entre deux bulles de comic-strip
Tout en jouant avec son zip
A entrebailler ses Levi's
Dans son regard absent et son iris
Absinthe dis-je

Je lis le vice
De baby doll
Et je pense à Lewis
Caroll.

Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Quand crachent les enceintes
De la sono lançant
Accord de quartes et de quintes
Tandis que Marilou s'esquinte
La santé s'éreinte
A s'envoyer en l'air...

Lorsqu'en un songe absurde
Marilou se résorbe
Que son coma l'absorbe
En pratiques obscures
Sa pupille est absente
Mais son iris absinthe
Sous ses gestes se teinte
D'extases sous-jacentes
A son regard le vice
Donne un côté salace
Un peu du bleu lavasse
De sa paire de Levi's
Et tandis qu'elle exhale
Un soupir au menthol
Ma débile mentale
Perdue en son exil
Physique et cérébral
Joue avec le métal
De son zip et l'atoll
De corail apparaît
Elle s'y coca-colle
Un doigt qui en arrêt
Au bord de la corolle
Est pris près du calice
Du vertige d'Alice
De Lewis Caroll.

Lorsqu'en songes obscurs
Marilou se résorbe
Que son coma l'absorbe
En des rêves absurdes
Sa pupille s'absente
Et son iris absinthe
Subrepticement se teinte
De plaisirs en attente
Perdue dans son exil
Physique et cérébral
Un à un elle exhale
Des soupirs fébriles
Parfumés au menthol
Ma débile mentale
Fais tinter le métal
De son zip et Narcisse
Elle pousse le vice
Dans la nuit bleue lavasse
De sa paire de Levi's
Arrivée au pubis
De son sexe corail
Ecartant la corolle
Prise au bord du calice
De vertigo Alice
S'enfonce jusqu'à l'os
Au pays des malices
De Lewis Caroll.

Pupille absente iris
Absinthe baby doll
Ecoute ses idoles
Jimi Hendrix Elvis
Presley T-Rex Alice
Cooper Lou Reed les Roll
Ing Stones elle en est folle
Là-dessus cette Narcisse
Se plonge avec délice
Dans la nuit bleu pétrole
De sa paire de Levi's
Elle arrive au pubis
Et très cool au menthol
Elle se self contrôle
Son petit orifice
Enfin poussant le vice
Jusqu'au bord du calice
D'un doigt sex-symbole
S'écartant la corolle
Sur fond de rock-and-roll
S'égare mon Alice
Au pays des malices
De Lewis Caroll.
 

L'homme à la tête de chou, chez Monsieur Poireau, il fallait s'y attendre…
 

mercredi 9 novembre 2011

Les grosses dettes [C'est pas drôle !]




On dirait qu'on a oublié une évidence que je me charge de rappeler : ni les banquiers* ni les marchés ne sont là pour le bien de tous. Il s'agit d'un ensemble d'intérêts privés que nous avons laissé s'établir, année après année. Je veux bien admettre que nous avons du ne pas tout comprendre au départ ou rater quelques explications au passages mais les conséquences sont là, sous nos yeux.

Personnellement, j'étais un tout jeune citoyen* quand on m'a demandé si j'étais d'accord ou non avec le Traité de Maastricht. J'ai fait mon boulot d'électeur, avant de répondre à la question qu'on me posait, j'ai essayé de le lire dans son intégralité. J'avoue que je n'ai pas tout compris et que j'ai donc décidé de voter blanc. Pourquoi j'irai donner ma voix à des gens incapables de s'expliquer clairement ?

Il y était écrit, parait-il que désormais, les pays s'engageaient à ne plus fabriquer l'argent pour eux-mêmes mais à ne passer que par les banquiers. En gros, jusque là, quand le Président Raymond Costner avait besoin de cent cinquante deux millions de Francs pour construire une autoroute, il appelait la Banque de France et il demandait qu'on lui fabrique l'argent.

Comme d'un seul coup, il y avait plus de pognon en circulation, ça diminuait d'autant sa valeur sur le Marché et les factures libellées dans la monnaie augmentaient d'autant. Ça créait de l'inflation* artificiellement, même si tu notes au passage que la communauté s'était enrichie d'une autoroute*.
L'argent c'est toujours la promesse d'un échange à venir*. Si tu as cent vingt euros à disposition sur ton compte, tu sais que tu pourras acheter douze kilos de viande à dix euros chaque, même si, pour l'instant, tu n'as rien dans ton assiette.

Si tu as dix milliards d'euros, tu as du mal à trouver suffisamment de bouchers pour t'approvisionner et le tas de congélateurs à prévoir pour entreposer la barbaque. Tu es obligé de reporter tes achats à plus tard. Comme le prix de la viande augmente, plus tu attends, moins tu peux en acquérir. L'inflation, c'est la ruine de l'épargne, ce qui n'aide pas les banquiers à remplir* leurs caisses.

De ton côté, ne t'inquiète pas, ton salaire est évidemment indexé* sur l'augmentation du panier de la ménagère*. Tu as la garantie de conserver ton pouvoir d'achat intact. Ce qui soulève la question de l'absence de ce sujet dans les programmes présidentiels pour 2012 mais c'est un autre débat dont nous reparlons ailleurs.

Par notre accord au Traité de Maastricht, nous avons interdit à l'État de pomper ses liquidités* auprès de l'Imprimerie Nationale et de sa planche à billets. La tuyauterie communautaire, c'est une banque Centrale* qui loue de l'argent aux marchés financiers au taux directeur (soit 1,25% au moment de la rédaction de cet article) pour qu'ils puissent le reprêter aux États (c'est nous !) à un taux plus ou moins supérieur.

Ce qui aide énormément les banquiers à remplir les caisses, avec nos intérêts…


Illustration : Chez les Gilbert, on est tailleur d'euros de père en fils - Source*


lundi 7 novembre 2011

La liberté de la presse [l'opinion publique !]




Un cocktail molotov dans les bureaux, pour le moins, ce n'est pas très gentil. De là à crier à la liberté de la presse outragée, à la liberté de la presse brisée, à la liberté de la presse martyrisée*, je me demande si ce n'est pas un petit peu exagéré.

Si j'ai bonne mémoire, nos amis les journalistes enquêtaient il y a peu sur ce gouvernement qui, pour chasser le traitre jusque dans les chiottes des ministères, s'était permis de pister tous les coups de fil* de l'un des leurs. Les médias dont le financement est assuré en grande partie par les liquidités de l'État, avaient hurlé à l'atteinte au secret des sources.

Si j'ai bonne mémoire, il y a quelques mois, plusieurs affaires de cambriolages dans des locaux occupés par les gazettes avait laissé quelques plumitifs* supposer un lien entre la réforme des services secrets voulue urgemment par Nicolas Sarkozy et la disparition régulière d'ordinateurs portables et de disques durs au contenu supposé "sensible" pour les affaires* en cours.

Entendre aujourd'hui les mêmes Guéant, Fillon et toute la troupe des trompettes de l'offense couiner* contre l'oppresseur enturbanné qui menace d'empêcher nos fouineurs de fouiner en paix, c'est assez cocasse. Même TF1 relaie les appels à manifester pour soutenir Charlie Hebdo. C'est beau tout cet amour qu'ils vivent.

Cet «attentat» dont on ne connait ni la cause ni les auteurs, on peut dire qu'il tombe à point et tout rôti dans dans la bouche des rédactions*. La lutte contre l'infâme intégrisme des étranges étrangers, ça les occupera bien quelques semaines. Sans jamais souligner combien les thèmes de la sécurité et de l’immigration sont chères à la communication de la majorité en place.

De l'autre main, notre encore-Président de la République exerçait un chantage clair afin d'éviter que la Grèce ne demande l'avis de son peuple* quant à la manière de sortir de la crise de la dette. La stratégie inventée par nos élites consiste essentiellement à s'assurer que les marchés financiers ne puissent vraiment manquer de rien, tu imagines facilement quel aurait été l'opinion des hellènes face à la cure de pain sec.

De là à crier à la liberté d'expression outragée, à la liberté d'expression brisée, à la liberté d'expression martyrisée, je me demande si ce n'est pas un petit peu exagéré. Les ministres UMP continuent de discourir sur tous les plateaux* télés pour te convaincre de voter pour eux, ça démontre par les faits, qu'on est encore libre de manipuler comme on veut.

D'un côté, la dette qui nous guette, de l'autre le terrorisme à nos portes*. Il n'y a pas de doute, la campagne électorale est lancée.


La blague à laquelle vous avez échappé :
quelles bonnes poires ces hellènes !

L'illustration vient de Wallcoo.net*
 

vendredi 4 novembre 2011

L'amour en rose [J'effleure le sujet…]


 

La lumière où elle s'étend
Empêche l'écoulement de l'astre
Comme la peau des prunes
Peut contenir ma soif

L'été qu'en son regard
Elle porte
Tandis que dans leur nid
Ses yeux
Parmi les pétales de cils
Me lancent des nacelles

Ce qui émane de sa féminité
M'enrôle,
Exacerbe ma tectonique
Et libère mes nuages

Je quitte à pas feutrés mes autoroutes
Je délaisse mon train-train
La rectitude des essieux
Pour des chemins de traverse
Où s’écartèle un arc-en-ciel
Unijambiste

Frémissement des landes escarpées
Sa peau s'incurve à mes baisers
Je m'étends bien au delà de mes limites
La mécanique du désir se met en branle
Petit ressorts de mes anguilles
Au temps infini de ses bras

Calligraphie de l'épiderme
Où se rejoignent nos désirs
Pulpe des doigts
Chacun, chacune
Tandis qu'aux chambres secrètes
Soudain s'éveillent la multitude
De nos petites bêtes
Pour le départ des transhumances.

Humaine beauté des déesses
Délice à la surface des miroirs
Où mon souffle dévoile
Le lent parcours des régates
Je la navigue,
Je l'extrapole
............... La nudifie
Dans les reflux

Au rythme lent de ses marées
Je réinvente le ressac*
La mer saline qui se retire
Compose le chant du sable

Elle énumère un alphabet
Dans une autre langue que la mienne
J'apprends l'idiome des broussailles
A mon tour, je babille
Dans le plus simple appareil

Je murmure à son oreille
Le brouhaha du bout des plaines
Par où arrivent mes chevaux

Grand feu de nos cahiers
Incendie du langage
Tel qu'il fut
Abolition de la comptine
De toutes les comptines
Tant que le loup y sera
Permission de démolir
Les bâtiments qui nous connurent

J'invente l'architecture
Octogonale
Elle crée des nasses
Sensitives
Qu'elle tresse avec ses doigts
Surnuméraires

Ce qui émane de sa féminité
Qui me couronne d'acuité
Sur le pourtour des épines
Où je salive mon ouvrage

Elle me nomme dans la nuit
Oublieuse de son rang
Mon patronyme suscité
Elle le ponctue,
Le réitère a l'envi

Le tissu pourpre du plaisir
Où tout se fige
Eternellement
Suspend ses lèvres
Désunies.

Quelque chose au lointain
Mêlé aux brumes de chaleur
Se met en route
Du coin de l'oeil, on aperçoit
Parmi les feuilles et les ramures
L'âme d'un arbre en mouvement

Intime union des racines
La main aux doigts remplis de terre
Malaxe la lourde argile
Gorgée de vie
Plongée secrète de nos coeurs
Où rebondissent les échos
Gravés à même la pierre
Par les anciens energumènes

Ce qui émane de sa féminité
Est comme un dé lancé dans l'herbe

Et qui amène au mouvement
Involontaire de mes lucioles…

____________________________ ( ¨ )
*Variante : ”Je réinvente le ressac des filles“
Mais je ne suis pas très sûr de la valeur
phonétique de ce vers !!!


__________
Article réchauffé du 11 août 2006*. Illustration ajoutée*

jeudi 3 novembre 2011

La revanche [la démocratie !]



Dans l'Histoire de l'Humanité, il y a eu les chasseurs* et les cueilleurs*. Deux talents fort différents qui ont changé la face du monde. C'est en passant de l'un à l'autre que l'on a inventé la propriété, la serrure et le fil barbelé pour en protéger l'accès.

Ceux qui ne savaient rien faire*, ceux qui n'avaient de don ni pour tuer les animaux ni pour dégorger les poireaux*, ceux qui jusque là se contentaient de suivre la masse sans faire remarquer leur improductivité, sont devenus banquier. Le plus vieux métier du monde.

Et quel beau symbole, quelle belle revanche que de voir aujourd'hui, ces parasites devenus des financiers internationaux étrangler à mains nues le pays inventeur de la démocratie. Quelle revanche de la vie…


Illustration : l'enlèvement d'Europe (Rembrandt 1632)*

mardi 1 novembre 2011

Rien [etc…]




Il ne m'est rien arrivé. J'ai croisé des chemins et poursuivi des routes, essuyé des tempêtes et glissé le long de l'onde. Les fleuves auront accompagné quelques brassées, les rivières les clapotis, les torrents agité les passions.

Enchaînés, griffés, mordus, brulés, soufflés. Feu dedans, dehors. Le cramé d'alentours importe peu. Sang, chaleur, l'enfer est oxymore. Battements de tempe et la nuit tout autour, qui illumine la peau.
Une flamme dans chaque pore.

Il ne m'est rien arrivé, quelques bras, des regards, des sourires, la douceur d'un vagin sous la pulpe du doigt, des seins plein les mains, des hectares de ventre offerts à la conquête, le désir des bouches et le goût du café, la lumière du matin dans les yeux des femmes. J'ai toujours trouvé les raisons d'aimer plus que de.

Des razzias de vertiges, des Far West à portée de main, des lendemains qu'on chante sous la douche, j'ai couru nu sous la pluie, traversé des orages, du tonnerre, sans me vanter, des escapades inépuisables parmi de doux éthers réitérés.

Il ne m'est rien arrivé, j'ai croisé des chemins, échangé quelques mots, dévalé des collines de langage, tu vas bien, bonjour, tu te souviens, que devient-elle. J'ai entamé des routes, effectué un choix giratoire à chaque carrefour, assumé mon parcours et rempli ma mémoire.

Il ne m'est rien arrivé, je suis seulement parti…


Emprunt d'image* [On n'est jamais mieux servi que par soi-même !]