jeudi 18 décembre 2014

Strate [Merci pour ce moment !]


 
Le matin du dimanche se lève sur le #hackathon22 débuté
le vendredi soir et les équipes sont toujours au boulot !



J'étais le week end dernier embarqué à bord du premier hackathon* des Côtes d'Armor qui avait lieu à Saint-Brieuc. J'ai pu suivre de l'intérieur cette aventure de quelques humains qui ne se connaissent pas mais forment ensemble des équipes pour mettre au point, sur la durée d'un week end, une application ou un service web, utile à la communauté, aux gens, à toi, à moi.

Tout cela a d'abord été possible parce que les élus des Côtes d'Armor ont compris tout l'intérêt qu'il peut y avoir à rendre accessibles les milliers de données produites par leurs services. Des horaires de piscines aux trajets suivis par les transports publics, des adresses de toutes les bibliothèques au détail des budgets votés par l'Assemblée Départementale, ce sont des milliers d'infos* qui étaient jusqu'à lors laissées en sommeil, qu'on a soudain ouvertes à l'ingéniosité de quelques uns pour les transformer en objet d'utilité sociale.

Ils étaient neuf porteurs de projet ce week end à présenter leur idée d'application ou de service web à partir de ces 69 jeux de données rendues publiques et utilisables. Ils ont ensuite discuté avec les uns et les autres et recruté leur équipe en fonction du volontariat et de leurs besoins. C'est ainsi que des développeurs, des intégrateurs web, des graphistes, des bidouilleurs touche-à-tout qui parfois ne se connaissaient pas du tout en arrivant, se sont retrouvés à travailler d'arrache-pied ensemble pour un set de 48 heures non-stop.

Parmi ces 9 idées présentées* puis déployées durant ce week end marathon du 12 au 14 décembre 2014, une a particulièrement retenu mon attention parce qu'elle se base sur un concept qui selon moi dépasse largement les enjeux départementaux. «Strate», puisqu'elle s'appelle ainsi, apporte quelque chose de nouveau dans le monde des applications à la lisière des réseaux sociaux, c'est celui de la mémoire.

Le principe de Strate : tu visites un lieu où tu vis un agréable moment ; tu déposes alors sur l'application le témoignage de cet instant. Ça peut être un petit mot écrit, un poème, une vidéo joyeuse, tu laisses l'empreinte que tu veux. Strate invente ici le concept de bonheur géolocalisé.

Mais Strate va plus loin en offrant de laisser les messages s'accumuler pour chaque lieu selon un ordre chronologique, sans aucune notion de «like» ou de favori. Ce sont ainsi, à chaque endroit du monde, des strates de souvenirs qui vont s'accumuler peu à peu. Chaque témoignage portant son lot d'émotion du moment mais aussi marquant de manière indélébile la mémoire du lieu.

On peut ainsi imaginer dans l'épaisseur du temps, que Strate conservera, par le biais de témoignages humains, non seulement le souvenir architectural de nos lieux de vie mais aussi la trace concrètes de ceux qui y sont venus, de ceux qui y ont vécu, qui s'y sont aimés au point de graver comme dans l'écorce d'un arbre, l'empreinte éternelle de leur passage ici.

Strate, qui est monté sur la 3ème marche du podium de ce premier #hackathon22*, est une sorte de Snapchat dont les photographies ne sont pas limitées dans le temps mais dans le lieu. Les messages déposés ne sont en effet accessibles qu'à l'endroit même de leur inscription. Il faudra donc revenir sur place pour découvrir si d'autres strateurs ont répondu à votre souvenir et pour découvrir quelles autres empreintes y ont été gravées.

A rebours de l'instantanéité des réseaux sociaux actuels, à l'inverse de la fugacité des tweets, Strate développe avec son concept, une sorte de réseau social à temps long voire infini. Les empreintes laissées ici ou là portent le romantisme d'un message glissé dans une bouteille, confiée aux flots du temps et dont on ignore,  au moment de son écriture, si quelqu'un le lira et qui sera celui-ci.

Je ne sais pas si l'équipe de sept personnes qui a travaillé durant ce long week end à rendre l'application Strate efficiente et opérationnelle a réfléchi à un business modèle. Pour ma part, il semble évident qu'ils tiennent là un projet d'avenir. Il y a tant et tant de lieux sur toute la planète où l'on aurait envie, chacun, chacune, de laisser une empreinte, un souvenir, un témoignage.

Nous sommes bien, selon moi, avec Strate dans une nouvelle forme de partage social qui unit intimement la temporalité de notre présence humaine à la mémoire d'un lieu, touristique ou non. Je souhaite en tout cas que cette application voit le jour rapidement afin de pouvoir dessiner sur cette plage [Aliiiiine !*], écrire à la table de ce restaurant, graver au sortir de cette chambre d'hôtel où nous avons connu nos premiers émois, toute la joie ressentie, témoigner de ce sentiment d'y avoir été, un instant, vivant.

En attendant l'application valisée par Apple et Android, le compte Twitter @Team_Strate à suivre et le site à découvrir : Strate.io.  

Nota : s'il arrivait que tu aies laissé une joyeuse empreinte
du genre «Merci pour ce moment», par exemple au Château de l'Elysée
et que, par la suite, tu la regrettes, il existera la possibilité,
via un formulaire, d'en demander le retrait.



Source photo : le reportage en image de ce week end hackathon

2 commentaires:

  1. Quel rapport entre Strate et l'Open Data ?

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    1. Je pense qu'au départ, ils sont partis de l'idée d'empêcher les gens de graver leurs initiales sur les "arbres remarquables" de Bretagne, qui font l'objet d'un recensement plus ou moins précis dans les open data des Côtes d'Armor !

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