mardi 17 juin 2025

Chronique parlée 1 : la horde de vieux

 

 

 [Ceci est le premier épisode d'un exercice d'écriture de chroniques radio. 
 Ce texte est conçu pour être prononcé à voix haute 
 et interprété derrière un micro] 

 

 

Tata Jacqueline me disait l'autre jour :
«Tu as vu l'état du pays ? Heureusement qu'on ne vote que pour des professionnels de la politique, sinon imagine ce que ce serait !».

Et elle a raison tata Jacqueline.

Par exemple, ces jours-ci, vous avez dû l'entendre sur à peu près tous les médias de droite — oui, ok sur tous les médias — : les comptes sociaux sont dans le rouge et c'est la grande catastrophe.

Ça fait 48 ans que tous les gouvernements autorisent les entreprises à ne pas financer la Sécurité Sociale et devinez un peu qui on accuse d'avoir creusé la dette ?

Ils en sont à dire que les gens font exprès de tomber malade pour ruiner le pays.


Les chômeurs coûtent trop chers, l'école coûte un bras, les allocations un pognon de dingue et maintenant, ce sont les malades qui font rien qu'à ne pas guérir pour creuser la dette.

Ce qui est étonnant c'est que les gars, et de plus en plus de femmes, sont élus pour s'occuper bien du pays mais que prendre soin des pauvres, des vieux et des malades, on croirait qu'ils trouvent ça excessif.

C'est pourtant le cœur de métier de la politique.

Député c'était un peu comme médecin ou infirmière, un choix de carrière pour s'occuper des autres. Je ne sais pas à quel moment ça a changé.

Est-ce que c'est excessivement de gauche de dire qu'être élu c'est s'assurer que les gens vivent bien ?

On en est à 14 millions de pauvres, il y a 4,5 millions de personnes qui mourraient de faim s'il n'y avait pas les associations et 330 000 SDF dont des femmes et des enfants, je n'ai pas l'impression que ça sente le bien-être et la félicité pour la population.

Le bilan de nos élus n'est pas très positif. Un peu comme les comptes du pays, c'est raccord.

Les milliardaires, ça va.

Le double-quinquennat d'Emmanuel Macron va rester comme une grande décennie pour les plus fortunés. Ils se sont faits des gonades en métal précieux comme on dit pour ne pas utiliser le mot couilles ou ovaires à la radio.

Si on avait élu, je ne sais pas moi, un mécanicien ou une infirmière à la tête du pays et qu'on se retrouve avec des comptes dans le rouge, on pourrait leur trouver des circonstances atténuantes mais là ?

Ce sont des professionnels de la profession. Ils sont même depute de père en fils. Pardon, député, j'ai oublié les accents.

«Emmanuel Macron, le génie de la finance» avait titré la presse en 2017. Qu'est ce qu'on avait ri.

Je suis allé vérifier, si vous avez internet, servez-vous en : ce qui coûte le plus cher pour les comptes sociaux du pays c'est le nombre de retraités.

Je vous laisse réfléchir.

Ils sortent d'où tous ces retraités ? C'est une génération spontanée ?

N'y avait-il moyen d'envisager que tous ces gens nés après guerre allaient un jour ou l'autre vouloir se mettre au repos ? Et profiter de leur pension ?

Le pays est dans un tel état financier qu'on dirait qu'une horde de vieux est soudain apparue au guichet de la banque pour réclamer sa retraite.

Et comme «gouverner c'est prévoir», on se demande avec tata Jacqueline si on n'aurait pas mieux fait d'élire un maçon à l'Élysée ou une mère de famille célibataire à la tête du pays.

C'est des gens qui font attention et qui s'y connaissent pour tenir un budget…

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