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mercredi 22 juillet 2009

La Banque Populaire [de se foutre du monde !]


Chaque vendredi soir, le service «Courrier électronique international» de la Banque Populaire part en mission vers les Amériques… [source]


Si vous aussi, vous rêvez de naviguer dans l'espace sidéral d'internet, de surfer au vent des lointains horizons du réseaux mondial et d'entrer de plain pied dans la moderne modernité du tout électronique en accédant à la gestion de votre compte en banque en ligne, le cul moulé dans votre canapé, la Banque Populaire a pour vous la solution.


Ils ont baptisé ça Cyber-Plus, c'est vous dire s'ils sont ambitieux.

Et pendant qu'ING vous offre bêtement la gratuité totale d'un compte rémunéré parce qu'informatisé, il vous faudra, pour accéder au prodigieux service de cette banque qui a la prétention d'être populaire, débourser un euro et cinquante centimes d'abonnement mensuel.

Pour ce coût, il est légitime que vous imaginiez entrer dans le monde du luxe à la française, dans l'univers des portes à dorures et des tapis tellement épais qu'un canal s'est pendu, du cousu à la main et du sur-mesure. Si je m'en réfère à ma propre expérience, il se sera écoulé plus d'une année avant qu'ils ne parviennent à opérer la portabilité de la connection vers les machines de monsieur et madame Apple. Précisons qu'il m'aura fallu leur pousser plusieurs fois le cri de la vache à lait avant qu'ils ne daignent me rembourser le prix de l'abonnement ainsi que les frais des virements effectués au guichet [cinq euros forfaitaires] auquel j'étais contraint de me rendre du fait de l'incapacité de leur service.

Vous pourrez à moultes occasions communiquer avec votre chargé(e) de clientèle grâce au formidable outil que constitue le courriel électronique et obtenir une réponse dans un délai régulièrement inférieur à trois semaines pleines. Un silence d'une durée supérieure signifiant, outre la possibilité de son décès prématuré par les suites d'un étranglement fortuit par un client mécontent, que vous venez de changer de responsable.

Grâce à une accessibilité parfaite, il vous suffira alors de vous rendre sur le site du siège régional du groupe afin de protester de ce silence prolongé et vous recevrez, dans l'après-midi même une réponse automatique confirmant toute l'importance que vous représentez à leur yeux. Dans les deux semaines suivantes, un mail personnalisé vous parviendra afin de vous informer des coordonnées téléphoniques de la nouvelle personne en charge de votre dossier.

Mais la partie la plus festive du service CyberPlus de la banque qui aimerait se faire aussi populaire que le bœuf, réside vraiment dans le module permettant d'effectuer des virements de compte à compte. Vous toucherez du doigt le sublime, vous atteindrez ici les sommets d'une logique que même un ingénieur féru de casses-tête chinois n'aurait jamais pu imaginer. Je conseille vivement au lecteur d'attacher sa ceinture et de bien nouer ensemble ses neurones :

XXXXX. Le module de virement bancaire sur lequel vous gérez votre compte, vous permet, par défaut, d'effectuer autant de virements que vous le souhaitez vers… votre propre compte ! [amusant, n'est-il pas ?]

XXXXX. Si vous espérez vous appuyer sur la norme IBAN créée par l'Europe [depuis janvier 2007] pour faciliter un libre échange bancaire à travers tout l'espace communautaire afin de créer d'autres destinataires à vos virements électroniques, par exemple votre adorée compagne [je fais gaffe, elle me lit !] ou votre belle-mère si vous leur devez de l'argent ou même la tante Zaza pour lui rembourser les deux kilos de jambon sec qu'elle vous a généreusement expédiés du fin fond de l'Espagne, sachez que la banque qui, au même titre qu'un certain Louis XVI en juin 1789, s'imagine populaire, en a verrouilé la possibilité.

XXXXX. En interrogeant par courrier électronique votre chagré(e) de clientèle, et sous réserve qu'entre-temps il ou elle soit toujours sur ce poste [voir plus haut], vous apprendrez que cette opération n'est possible qu'en transmettant à votre agence bancaire le nom, le prénom, l'adresse exact du destinataire mais aussi la dénomination et les coordonnées postale de sa propre banque.

Parti courageusement habiter la Belgique, ce pays aussi exotique qu'éloigné des frontières hexagonales, j'ai donc transmis au siège régional de la banque populaire-de-se-foutre-du-monde, puisque ma chargée de clientèle est enceinte jusqu'aux yeux et que j'ignore encore qui la remplace, les coordonnées IBAN de mon propre compte ici avec ma propre adresse de résidence et c'est après à peine douze jours d'un suspense insoutenable, que je viens de recevoir la réponse par courrier électronique :
«Monsieur,
Vous ne pouvez pas effectuer de virements internationaux par internet, ni rentrer dans les listes de bénéficiaires de comptes étrangers. Pour réaliser ce type d'opérations, vous devez adresser votre demande à votre agence en fournissant le numéro de compte à débiter, le montant, le nom, l'adresse du bénéficiaire, ainsi que le nom et l'adresse de sa banque, ses codes IBAN et BIC. Nous restons à votre disposition pour toute autre question.».

Je me demande si ce n'est pas le service marketing qui a commis une boulette en prenant un nom aussi prometeur que «CyberPlus»…


Nota Bene : cher client de banque française, sache qu'ici, ta situation de vache à lait fait rire à gorge déployée !