Le matin, quand tu arrives à la station de Métro, il te faut slalomer entre les distributeurs de journaux gratuits. Encore, les SDF, tu peux éviter de les regarder. Eux se plantent devant toi avec leur sourire d'arracheurs de dents. Tu te sentirais presque plus coupable de ne pas leur prendre un exemplaire que de ne pas lutter concrètement contre la misère du monde.
J'exagère un peu, il y a des voyageurs qui s'en saisissent volontairement puisque c'est offert. De même, ils dévorent les catalogues publicitaires des grandes surfaces et comparent à chaque parution, le prix des nouilles au centime près. C'est pour le programme télé de la future soirée, ou bien c'est pour la grille de sudoku qu'ils rempliront aux toilettes durant l'après-midi, ils sont considérés comme des lecteurs à part entière.
On devrait toujours se méfier de ce qui est gratuit. Ici,
Entre une calamité et les dernières nouvelles du gouvernement, entre une catastrophe et l'annonce des prochaines réformes, entre un cataclysme et une interview de Claude Guéant, les yaourts P'tilait t'encouragent à la consommation.
A l'inverse, je me demande quelle part du prix de mes biscuits sert à rémunérer la presse gratuite ; combien pourrais-je économiser sur mes courses si je ne payais que le prix du produit lui-même ? De combien d'argent supplémentaire pourrais-je profiter pour m'acheter de véritables journaux ?
Nota benêt : le pouvoir d'achat, c'est peut-être
de pouvoir choisir d'acheter des journaux !
de pouvoir choisir d'acheter des journaux !
[source image]