jeudi 17 février 2011

L'hymne à la joie [luxembourgeoise…].




Depuis que je suis dans l'affairisme international*, les pays n'ont plus aucune frontières pour moi. Hier à Luxembourg, aujourd'hui à Bruxelles*, demain à Paris, je me demande si l'Europe ne commence pas à être trop petite.  Je sais que dit comme ça, ça peut faire rêver mais c'est uniquement parce que vous n'avez jamais essayé le train* entre Bruxelles et Luxembourg.

D'un côté la capitale de l'Europe*, de l'autre son petit-ami, le pognon, vous imaginez entre les deux, tel un animal fougueux et véloce, un TGV* doré à l'Or fin, intérieur en cuir cousu à la main par des jeunes filles vierges glissant silencieusement* sur des rails d'argent moulés à la louche.

[Dans le cadre de la législation sur le travail des enfants, on ne peut les embaucher qu'à partir de seize ans. Si vous pensez que c'est facile de trouver des employés]

Alors que c'est juste un train normal qui traverse le pays et dessert à peu près toutes les villes qu'il rencontre. Ce qui exclut, la vie est belle, les cente-nonante-deux mille villages implantés par ailleurs*. Entre deux heures cinquante et plus de trois heures de trajet, c'est qu'il y en a des cités tout le long de la Belgique.

C'était la première fois que je mettais les pieds* à Luxembourg. Pour être exact, j'y suis déjà passé mais à peine le temps de m'en rendre compte que nous étions déjà débarqués en Allemagne.
Coluche se moquait de la Suisse en affirmant qu'on ne peut guère y attraper que des médicaments*. J'avais un peu la même image du grand Duduche du grand Duché mais avec les billets de banque à la place des remèdes.

Vers dix-neuf trente, sur le grand terre-plein de la Gare Centrale, une foule étrange démontre ce qu'il en est des clichés. Ils sont par deux ou trois et semblent parler entre eux*. Ils portent sur eux la misère et s'expriment dans des langues venues de quelque part à l'Est. Ils boivent de la bière ou du vin et s'échangent joyeusement entre eux les bouteilles.

L'ambiance est paisible, il ne règne aucune menace. Ces humains* se sourient, presqu'autant de femmes que d'hommes. Leur âge oscille entre trop jeune et presque plus. Une clope passe d'une main à l'autre, un briquet éclaire parfois un visage aux yeux sombres. Des échanges qui marquent un respect mutuel, ils possèdent si peu qu'ils préfèrent partager*.

Plus loin à peine, le hall de la gare est de cette sorte de marbre* que seul un grand soin régulier permet de lui conserver durablement un air aussi propre. Des passagers sont de passage, les impatients grignotent pour compenser. De chaque côté, des boutiques, des vitrines richement dotées et, dans le coin là-bas*, juste après l'entrée de la grande salle d'attente de verre opaque, deux clochard avinés qui s'engueulent.


Là-dessus, je ne sais quel employé zélé* nique l'ambiance avec la musique qu'il balance à fond dans des hauts-parleurs qui saturent. Pour que vous visualisiez bien : Je viens de traverser une sorte de babel* slave de la misère heureuse, je débarque dans un palais de pierre fine si propre sur lui qu'on dirait un suisse, j'ai sous les yeux, deux pauvres hères engrammés de boissons qui s'injurent et j'entends :

L'hymne à la joie.
Vive l'Europe !


Source image*

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Au fait, t'as vu, j'ai un nouveau blog !

8 commentaires:

  1. L'hymne à la joie ! Ah misère !
    Il aurait dû mettre l'hymne russe. Non, sans rire, hier on a fait un tour des hymnes avec deux amis (en se levant, une main sur le coeur, quand c'était le nôtre) et le russe était un des plus beaux !

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  2. mamzelle carnetO : je ne me souviens pas de l'hymne russe, j'irais chercher ça sur le net. Mais j'imagine qu'à Moscou, parmi les sdf, l'hymne en envolées lyriques doit aussi contraster avec la misère ambiante !
    :-))

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  3. Deux jeunes vierges de 16 ans ? Il en faudrait assurément dix fois plus pour coudre de leur délicates et blanches mains le capitonage des banquettes du wagon dans des délais acceptables... Est-ce si difficile à trouver ?



    (Et c'est bien le jour pour parler de délais acceptables, non ?)

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  4. Nora Gaspard : je ne sais pas, je ne suis ni spécialiste des trains ni des vierges ! J'imagine que quelqu'un quelque part s'est astreint à calculer le rendement nécessaire de cette main d'oeuvre rare !
    :-))

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  5. Faignant comme je te connais, tu n'as même pas vérifié si elles étaient vraiment vierges.

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  6. Nicolas : je ne faisais que passer, je n'ai malheureusement pas eu le temps ! :-))

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  7. Conseils tres interessants. A quand la suite?

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  8. Anonyme : Commentaire intéressant, à quand la suite ?

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