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mercredi 23 mars 2011

Black tram [avec du rose…]







S'est assise à côté de moi. Une black pas totalement africaine, du Brésil* dans le moelleux des lèvres. J'étais nase et je subissais mollement le tramway. Les pensées libres, sans prendre garde aux autres autour, une sorte de flottement nonchalant de fatigue.

Il faisait doux au dehors depuis quelques jours. Les femmes ressortaient leurs robes comme les arbres leur parure au printemps*. Il flottait dans l'air, outre ses tissus légers, une mélodie de douceur et le vent taquin nous l'amenait à l'oreille.

Elle s'est assise à côté de moi. Je crois que j'ai regardé ses fesses. J'écris "je crois" car je le fais parfois sans même m'en rendre compte. C'est un peu comme quand on conduit, on ne pense plus vraiment à donner l'ordre au pied gauche* d'enfoncer la pédale. Cela se fait, cela a lieu, voilà tout.

J'ai du le faire sans m'en apercevoir, je me souviens juste l'avoir trouvé très regardable mais elle s'est assise trop vite pour que j'en sache plus. Elle sentait bon. Elle sentait terriblement bon*. Une bonne odeur de savon, quelque chose de fraîchement propre, comme une femme qui sort de la douche.

Elle avait le mp3 sur les oreilles. J'adorais la forme de sa bouche, pulpeuse, gourmande, mangée du sourire de son état intérieur. La forme des yeux aussi. La paupière comme incarnation du velours*. A un moment, elle se tourne vers moi et m'offre toute la gourmandise d'un sourire…



L'image est issue d'ici

samedi 9 octobre 2010

Les contemporains [plusieurs modèles disponibles…].


The real meaning of "Simple People" par Rui Palha*


Moi, je connais déjà plein de gens. Je ne sais pas combien on peut en rencontrer au long de toute une vie. De vingt à trente mille jours*, ça en laisse du temps pour croiser du passant. J'en connais déjà plein. Je ne me lasse pourtant pas de contempler mes contemporains*.

Il y a des types étranges* avec la gueule de travers. Des que tu crains, qu'à trop les regarder, on puisse t'apercevoir. Tu aurais un peu honte qu'on te surprenne à les observer. Une partie de l'humanité* qu'on croirait maudite. Hors de notre vue, en quelque sorte.

Il y a des types normaux que rien ne sort de l'ordinaire*. Pas même ce costume d'un dimanche désuet qu'ils portent en semaine. S'il arrive qu'on les remarque, cela ne dure qu'un instant. Ils ne marquent en rien la mémoire, à peine qu'ils l'effleurent. Une sorte de surface laissée intacte. Des types chevelus, des chauves

Je dis «des types» mais il y a des gonzesses* aussi. La féminité* mériterait de s'écrire au pluriel*. Il n'est pas toujours évident de trouver ce qui relie les unes aux autres. Déjà, sur l'apparence, il n'y pas d'unanimité. Les premières s'offrent à la caresse* du regard tandis que les autres ajoutent des lunettes noires à leur burqa.

Il y a ce gamin vietnamien aussi. Ou bien chinois, je ne veux vexer personne*. Il est tellement sérieux.
Il grimpe dans le tramway un énorme cartable accroché sur le dos. Il ne sourit pas, observe l'intérieur du véhicule, repère une place libre. C'est un lieu où la ligne a déjà délaissé les zones de concentrations urbaines et s'en va vers la Flandre*. Il ne se déleste pas du sac qui l'oblige à ne s'assoir qu'en bord de siège. Il ne sourit pas et regarde au dehors…