samedi 14 octobre 2017

La classe politique [costume-cravate]



Je pense que notre analyse des politiques est tout simplement erronée. Nous leur prêtons sans cesse une volonté d'améliorer notre société comme s'ils étaient des saints ou des humanistes ou missionnés par je ne sais quel mystère pour nous sauver du désastre.

Parce que, tu as vu, il y a toujours un désastre à venir dont il s'agirait que nous soyons préservés ; une catastrophe toujours future qui justifie à elle seule que l’on agisse comme ils agissent.
 

Je pense qu'en réalité, on peut mieux comprendre la nature des politiques* en les regardant pour ce qu'ils sont : des adorateurs du pouvoir. Ce que veulent les politiques n'est pas de faire baisser le chômage ou de trouver un toit à chacun, de prendre soin de la veuve et de l'orphelin, ni de préserver nos valeurs, ni de répandre le bonheur sur la terre.

La seule réelle volonté des politiques est de conquérir le pouvoir et d'en récolter les fruits.

Même en cas de crise économique, ils le conservent et ne sont pas affectés réellement. Ils ne sont pas comme des généraux qui prendraient la tête de leurs troupes durant la bataille, ils sont comme des colonels qui restent à l'abri de leur QG pour mieux compter les morts.

Les politiques ne font pas face au danger, ils le contemplent du haut de leur tour d'ivoire. Citez moi un seul élu qui après avoir échoué dans sa mission se serait retrouvé à la rue ou dans un dispensaire à se gratter les poux ? Citez-moi un seul politique qui se soit retrouvé dans la difficulté pour ne pas avoir accompli la mission que nous lui avions fixée ?

À part François Mitterrand rattrapé par l'arbitre avant la fin du match, nos anciens présidents poursuivent leur existence dans le confortable standing que leur procure la République. Notre République.

Si j'en crois les commentaires sur la situation actuelle, notre pays serait au bord de la ruine. Et Giscard, Chirac, Sarkozy et Hollande qui ont amené ce résultat vivent dans le confort douillet que le pays leur offre. Que NOUS leurs payons. Et si nous voulions comparer le pays à une entreprise, ils sont comme des dirigeants qui après avoir failli couler la boîte* continuent d’en percevoir une grasse rémunération.

Ils ont consacré leur vie à la conquête du pouvoir, ils ont régné quelques années avec un résultat largement décevant et ils finissent leur existence avec la garantie du luxe permanent.

Ils ne sont pas en place publique à se flageller de leurs erreurs. Ils ne se terrent pas dans l'ombre, couverts de la honte de leurs échecs. Ils vont en ville se faire admirer, se prêtent aux selfies, serrent quelques mains et pérorent* encore d'avoir pu conquérir le pouvoir mieux que les autres. Ils vont dans les dîners et ils narrent leur merveilleuse aventure* personnelle. Ils sont auréolés d'une gloire qui masquent leurs échecs.

Nous avons laissé se créer et prospérer une «classe» politique qui n'a que faire des conséquences de ses propres agissements. Quand ils échouent, ils continuent, qui de briguer d'autres mandats, qui de profiter de leur réseau pour trouver refuge dans le privé. Comme s'ils vendaient leur naufrage* au plus offrant.

Et Emmanuel Macron qui échouera comme d'autres avant lui pour avoir tenté les mêmes stupides approches libérales* face à une crise de société, nous savons déjà qu'il ne paiera rien de sa faillite. Il retournera d'où il vient, de la finance internationale, de la banque d'affaire ou bien coulera des jours heureux à briller encore et encore de son merveilleux destin.

Il racontera longtemps, laissant dans le non-dit l'armée des miséreux qu'il aura créée, comment son parcours fut un complet succès. Emmanuel Macron n'a pas besoin de réussir son quinquennat, sa gloire est déjà là : l'accomplissement politique est tout entier contenu dans la conquête du pouvoir.

Source image*

 
––––––––––––––––––
Nota benêt : faute d'embauche, je survis au RSA avec 435 euros par mois.
Si tu veux, je peux écrire dans les colonnes de ton journal, je suis disponible.
Si non, il y a en haut à droite [si tu es sur ordi !] un bouton de don pour m'offrir du beurre et des épinards.

mercredi 11 octobre 2017

Vers l'avenir [C'est où ça ?]





Est ce que quelqu’un sait encore où nous allons ?

Si vers 1850, nous avons lancé la société industrielle, c’était dans le but louable que chacun puisse être équipé d’un minimum de confort. Nous avons constaté que l’artisanat, tout noble qu’il soit, ne suffirait pas à apporter à chacun, les éléments jugés indispensables à la modernité.


Nous avons conçu les usines et les machines pour que chacun ait des vêtements, chacun son assiette, chacun une chaise et une place à table, chacun son poste de radio, chacun sa voiture et c’est ainsi, à force de progrès technique, qu’à partir des années 1960, chaque nouveau logement disposait enfin de sa propre salle de bains.

Parallèlement, cela nous a permis d'instituer une société du travail où chacun a pu louer sa force de production en échange d'une somme d'argent supposément suffisante pour profiter de l'effort de tous dans le but d'améliorer le quotidien.

Si nous constatons, quelques 167 ans plus tard, qu’il reste encore plus dix milles personnes qui vivent sur le trottoir, pourquoi consacrons-nous notre énergie à fabriquer autant de babioles* et de breloques inutiles ? Je n’ai rien contre le hand–spinner, ni le nouvel i-Phone, mais quel sens cela a-t-il dans notre société ?

Quel sens cela a-t-il pour notre avenir commun de nous préoccuper de changer de voiture tous les trois ans alors que notre mission de départ n'est toujours pas accomplie ? Nous disposons de montagnes de beurre, d’océans de vins et de bières, nous profitons chaque jour de kilomètres de programmes télévisés, de tonnes d'objets plastiques de toutes sortes, nous avons un choix infini de yaourts et de plats industriels, sans parler de la multitude d'ultra-riches et de leur matelas d'or et d'argent. Mais quel est le but de tout cela ?

Est-ce que quelqu'un sait encore où va notre société industrielle ?  Quel est notre objectif en tant que communauté humaine dans cette accumulation sans fin ? Si nous devions aujourd'hui débarquer aujourd'hui sur cette planète Terre, est-ce là le modèle d'organisation que nous mettrions en place ?

Source image*

lundi 9 octobre 2017

Manuel Valls [et tu danses avec lui !]

 
 
 
Selon le principe de la démocratie qui est le notre, Manuel Valls s'est présenté face aux électeurs qui ont choisi de l’éjecter. Tout d'abord parti fièrement pour être le favori des pseudos-sociaux-démocrates à la présidentielle, il s’est présenté à la primaire du-PS-et-du-PS où il a maigrement ramassé quelques 41% à la sortie* ; qu’il aurait déjà dû prendre à ce moment-là.

Candidat ensuite à la députation, il n’a été élu que de toute justesse. Un tout petit coussin de 139 voix* (sur une population de 71.200 électeurs) lui a permis de poser ses fesses sur les bancs du Palais Bourbon. Il s’y montre, de temps en temps, avec une étiquette «divers gauche» qui souligne déjà l’étendue de son isolement politique. Il n’a pas plus le dossard du Parti Socialiste et encore moins celui des zozios d’enmarche qui lui ont fermé la porte puis la fenêtre avant de le voir tenter de passer par le toit.

Si nous vivons dans un régime démocratique qui, pour le coup fonctionne, force est de constater que les électeurs ont décidé de ne pas porter Manuel Valls au pinacle.
 
Dans ces conditions, comment se fait-il que BFM décide d'en faire son invité pour sa grande émission politique du matin ? À quel public s'adressent-ils ? Quelle est la raison PO-LI-TI-QUE qui justifie qu'un gars éjecté par l'expression citoyenne se retrouve mis en vedette par un média national ? Compte tenu de l'impopularité du personnage, il n'est pas possible d'espérer tabler sur un soudain sursaut d'audience, alors pourquoi ?

Je pose sérieusement la question.

Qu'on ne me réponde pas «c'est parce que Manuel Valls a été premier ministre» ! Il est bien évident que chacun des votants au moment de glisser son bulletin dans l'enveloppe avait cette information et en a tenu compte dans son choix de l’écarter du pouvoir.

Dans quel genre de démocratie sommes-nous pour qu'une chaîne nationale d’information privée utilise son antenne pour remettre en selle un ex-représentant du peuple que le peuple a déchu ?
 
Dans quelle démocratie sommes-nous ?
 
Source image : Le Figaro

jeudi 10 août 2017

Le triple saut [quelle vigueur !]



C'est quand le type s'élance qu'il fait un petit saut sur place. Ensuite, il court en grandes enjambées dans sa tenue de Cosmos 1999 mais avec des pubs et des autocollants dessus. Il accélère et il prend un air vraiment sérieux, serrant les dents et tirant sur les bras comme si l'air offrait des poignées à saisir.

Pendant qu'il en est là, en arrière plan, tu vois un groupe de fille qui elles aussi courent mais en rond autour du stade. Elles vont beaucoup moins vite, c'est visible, mais comme elles sont plus nombreuses, peut-être qu'elles doivent faire plus attention. Et lui, il essaie encore d’accélérer mais il commence à relever la tête et à regarder devant lui.

Et c'est là qu'il se rend compte : ils ont déplacé le bac à sable. Il y a la ligne là, le trait qu'il ne faut jamais dépasser mais le sable est beaucoup trop loin !

Tu sens qu'il hésite un peu. Il court toujours mais il y a comme un  léger ralentissement, ses pas se font légèrement plus courts. Quand il arrive à la marque, il pose son pied juste bien comme il faut, ni trop loin ni trop près. Il y a des hommes tout autour qui sont là juste pour vérifier qu'il ne dépasse pas cette ligne ! Un homme qui regarde et un autre qui lève le drapeau. Ils créent des emplois en Suède !

Et l'autre, il s'élance dans les airs. Comme le sable est beaucoup plus loin, il fait exactement comme s'il sautait. Il est invité ici, il a été bien reçu, il ne veut vexer aucun de ses hôtes. Alors, pour que personne ne constate l'erreur des organisateurs, il prend un air normal de sportif et il  s.a.u.t.e pour retomber sur le premier pied en faisant des grands gestes avec les bras afin de détourner encore plus l'attention, puis il r.e.b.on.d.i.t sur l'autre pied en créant de nouvelles grimaces avec son visage en plein effort et enfin, il retombe dans le sable !

Et tout l'après-midi, ils ont fait ça ! Il n'y a pas eu un seul organisateur qui ait osé faire remarquer que ce serait quand même plus logique de rapprocher le bac à sable !


[Vieil article de 2006 !] - Image empruntée ICI