259ème article
Paris, siège historique de la Société Générale sur le boulevard Haussmann, lors des Journées du Patrimoine 2008. [source]
Vous avez remarqué comment les banquiers et nos élus se ressemblent ? Quand ce ne sont pas les tenues entières, ce sont des détails du costume de fonction, des chaussures cousues patiemment à la main, des chaussettes tricotées en pur fil d'Écosse ou bien l'un ou l'autre des accessoires qui marquent l'appartenance au même groupe social.
Ils dînent en ville et fument ensemble les même cigares, partagent la même passion pour les montres aux cadrans taillés dans le saphir le plus pur et jouissent du même plaisir au volant des mêmes sportives de haut de gamme.
Les premiers ont failli sombrer corps et biens pour avoir fabriqué des châteaux sur du sable avec des matériaux qu'ils s'étaient contentés d'emprunter. Un sacré paquet de briques à rembourser.
Le plus simple quand tu dois de l'argent autour de toi, c'est d'avoir des amis sur qui compter. Si possible des gens assez haut placés pour porter la clé du coffre. Ça évite le mouron d'y laisser des plumes ou de se faire plomber. Des gens avec des espèces sonnantes et trébuchantes, du grain à moudre sous la patte et en grande quantité.
Les seconds sont justement de ceux là. Ils ont depuis des décennies et grâce à notre naïveté, tous les moyens à leur disposition. Nous les avons élus et réélus à tour de rôle, nous les avons crus et recrutés à nouveau. Nous les avons laissés faire et nous refaire et ils ont dirigé selon leurs intérêts et servi leurs amis.
L'État qui est notre régulateur commun, le résultat de toutes nos forces mises ensemble a été utilisé volontairement au service des richesses privées. Toutes les barrières ont été une par une éliminées légalement. Il s'est agi de lui donner l'allure d'un progrès, l'apparence formelle de la modernité pour que la bête soit nourrie plus souvent qu'à son tour.
La boîte de Pandore a craché et recraché ses miasmes sur la planète. La voracité, l'avarice, le désir infini du papier-monnaie, la rapacité se sont saisis de l'économie mondiale pour l'essorer convenablement. En aspirer la moelle suave et langoureuse : la richesse.
Les Assemblées élues de tous les pays se sont laissées berner et ont cédé aux chants des sirènes. Une par une, elles ont sapé les défenses qu'avaient bâties nos pères et nos grands-pères contre ces maux. Ils avaient de l'expérience et en avaient tiré des leçons : séparer le public du privé, cloisonner l'activité bancaire classique de la folie pure des marchés où tout s'achète, où tout se vend et garder sauvagement pour les élus du peuple, le droit de fabriquer de la monnaie…
Cette crise n'est pas arrivée par le hasard du temps qui passe. Elle est le fruit de plus de ces vingt-cinq années de libéralisation à marche forcée à travers le monde. Elle est le résultat des politiques qui ont permis et favorisé une économie détachée de toute réalité sociale.
Si les banquiers, les traders et autres affairistes sont à blâmer, qu'ils ne le soient pas seuls. Ils ont marché main dans la main avec les dirigeants politiques qui leur ont ouvert toutes les portes et facilité toutes les démarches. S'il faut se souvenir de la crise de 1929, c'est non pas sous l'emprise de la peur mais à la lumière des solutions que nos aînés avaient appliquées pour en sortir une fois pour toute.
Ils sont revenus ensuite avec leur désir capitaliste, leur appétit multi-national [le world-food est à la mode] et leur éternel chantage corrupteur. Le poids que donne la richesse sur les décisions de nos élus est parfois surprenant…
Et c'est pour ça qu'il est temps de faire table rase de la régulation libre des marchés, pour pouvoir recommencer un nouveau cycle économique. L'Histoire le démontre. Tout a été.
RépondreSupprimerJe poste juste un commentaire pour me rappeler d'aller lire ce billet plus tard en recevant les commentaires (je suis dans le jus...).
RépondreSupprimerFinalement, j'ai craqué : j'ai lu, je sentais le bon billet... et j'avais raison !
RépondreSupprimerJuste : "Si les banquiers, les traders et autres affairistes sont à blâmer, qu'ils ne le soient pas seuls. Ils ont marché main dans la main avec les dirigeants politiques..."
Je dirais que les dirigeants politiques ont marché pour eux !
Homer : oui ! Je compte continuer cet article en parlant des élections européennes qui fixent justement la manière dont va être régulée ou non l'économie ! :-))
RépondreSupprimerNicolas : merci !
Dans une première version de cet article, le titre était "cul et chemise" et comme Coluche, je soulignais qu'on ne sait plus bien qui fait le vêtement et qui remplit le rôle de fesses ! :-))
[Tiens, seulement deux commentateurs÷ :-| ].
Ils partagent tout, c'est un fait, costumes, tuyaux, profits, et vivent dans le même monde, si loin du nôtre!
RépondreSupprimerÀ propos de la banque, il paraît que le coffre de la Banque de France (du moins dans le temps) peut être noyé en quelques instants par les eaux de la Seine, en cas de malheur…
"Cul et chemise" ou la "main et le gant" !!! pour le côté élégant (lol)
RépondreSupprimerCela a toujours été ainsi et, comme l'on veut vivre bien tranquille, on fait confiance sans même chercher à comprendre qui est blousé au bout du compte... on pourrait dire qu'on s'autoblouse soi-même, ce que j'en dis Monsieur Poireau... c'est que le "mot passant" ...
Pour vous faire sourire Monsieur Poireau et surtout pour l'humour, vous n'en manquez pas, c'est fort agréable en fin pour moi... je vais signer Jeffanne Bouillon, rappelez-vous..
Bonne soirée à vous...
@ homer : et vous y croyez ? parce que ,puisque vous évoquez l'Histoire, je crois bien que le constat atteste qu'elle begaie...
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