Je vais te dire. Tu peux bien penser que la vie est une salope. Tu peux bien ouvrir grand la fenêtre qui donne sur la rue et hurler qu'elle est une chienne. A part ce minuscule instant durant lequel, à plein poumons, tu sentiras ton sang battre en son réseau*, cela ne sert à rien.
Tu peux bien réfléchir au sens à donner à tes dernières aventures*. Chercher à comprendre le pourquoi et le comment de cette collection de gamelles et de râteaux. Vouloir sonder ce vide immense dont le froid t'enserre en morsure. Disserter sur le poids exact de l'échec. Ce n'est d'aucune utilité.
Ta vie n'est pas une femme qui te quitte, te tourne le dos et s'éloigne en t'offrant, une dernière fois, son déhanché de reine. N'est pas un mec* que tu souhaites blesser à mort de tes flèches de langage. Tout un carquois. N'est pas une compagne assise à tes côté à tricoter de la patience.
Te prendre une porte dans la gueule. Recevoir les crachats pour être revenu au niveau des trottoirs. Recompter l'un après l'autre les fragments éparpillés de ton cœur. Colmater l'épanchement* des larmes qui en résulte. Trembler devant l'œil jaune de ta peur sortie de son enclos. T'éteindre sous le manteau de glace de la chair frigidifiée. Voila ce qu'est ta vie.
Je vais te dire. Tu peux bien penser ce que tu veux d'elle. Te lamenter. Te plaindre. Crier au scandale. Constater la trahison. T'interroger, est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent. Déplorer le manque de choix. Regretter l'absence de menu et constater l'excès de ce qu'on trinque*. Tu n'auras pas d'autres vies que la tienne…
Alors, vis !
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Image : Christine Aerfeldt, Avalanche knitter (2008). Source*
Vivons...
RépondreSupprimerComme des soleils révolus ...Jolie note
RépondreSupprimerNicolas : yep ! :-)
RépondreSupprimerPetit Louis : ah mince je me rends compte que dans la nuit tardive où j'ai terminé, je n'ai pas rendu à Aragon sa citation. Je compte sur la culture des lecteurs pour le faire !
Merci…
:-)
Cher Poireau...
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerQu'il est triste le cri du poireau, le soir au fond des bois ...
RépondreSupprimerAllez, vive la vie !
NoGaspard : oui et ? :-)
RépondreSupprimersolveig : triste ? Ah mais non, justement, je refuse ! :-)
Et ? Et tu es touchant, Poireau, avec ton regard de traviole sur le monde qui part en couille... Mais c'est ton regard ! Et c'est ton monde, aussi...
RépondreSupprimerQuelle belle plume ! Merci !
RépondreSupprimerNoraGaspard : merci !
RépondreSupprimerLe regard en biais, j'aime bien. Changer d'angle, ça change tout, évidemment ! :-)
Princesse101 : merci et bienvenue par ici !
#Tous : Le prochain article est à propos du KDB, avec du Moati dedans, mais pas ce soir parce que ce soir j'ai couette ! :-)
La toile est réellement impressionnante. C'est qui s'appelle "habiller son texte" !
RépondreSupprimerC'est un beau texte, qui me parle. Merci Monsieur Poireau.
RépondreSupprimerLu... mais no comment !
RépondreSupprimerTiens, on ne reçoit plus les commentaires par mail maintenant ? La petite boutique blogger n'est plus tenue ?
RépondreSupprimermtislav : j'ai un peu galéré pour trouver the image pour ce texte, merci de le souligner ! :-))
See Mee : ah te revoilà ! Youpi ! Tout va bien ? ;-)
Mademoiselle Ciguë : bah… :-)
@Poireau : Je prépare un nouveau billet... Donc faut croire que ça va !
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