L'auteur n'a que la capacité des mots*. S'il n'a qu'un seul talent qui le différencie parmi les siens, c'est d'être plongé vivant dans le langage. Comme une sorte de liquide amniotique dans lequel il baigne, qui circule en ses vaisseaux, au plus intime de sa chair intérieure. Il en connait ainsi les plus secrètes senteurs, les zones d'ombres.
Il connait le goût* de chacun d'entre eux posé sur la langue, en cherche d'autres dans le langage, il aime le métissé des épices et des herbes.
Il plonge sa plume au liquide alentours, en extrait quelques particules* qu'il assemble. Selon la manière, le verbe change d'allure, il s'étire au calme des saules pleureurs d'une rive alanguie ou s'agite et bouillonne pour la cambrure d'une roche offerte à ses assauts. Les obstacles génèrent autant d'énergie qu'ils en coûtent.
L'auteur assemble la grammaire comme un nez tisse le parfum, en trames successives. Il crée une fragrance par la mêlée des syllabes et du rythme. Les mots à son oreille contiennent leur propre danse, le pas qui les anime pour agiter* le monde. La main sur la cambrure vivante et chaude, mouvante et rude, il remue de l'intérieur.
L'auteur n'a que la capacité des mots. C'est le lecteur qui a de l'imagination…
Illustration par monsieur Botero, The Reader*
Donc, quand je rate un billet de blog, c'est de la faute du lecteur ?
RépondreSupprimerNicolas : dans l'absolu, oui ! Tu rates la possibilité pour lui de laisser aller son imaginaire ! :-)
RépondreSupprimer"L'auteur n'a que la capacité des mots. C'est le lecteur qui a de l'imagination… "
RépondreSupprimerj'adore.
nicolas.boucher73 : merci ! :-)
RépondreSupprimerIl y a de nos percussions langagières là-dessous, Verte Tige, des émois dictionnaires, des frissons vocabulaires...
RépondreSupprimerJe le prends pour dit, et persiste pourtant : il me plait de dire en lieu et place de couilles, le mot sentiment.
Avec ma plus délicate ver-ve,
Nora G.
Nora Gaspard : non, ça venait de ma réponse avec les perches sur Twitter.
RépondreSupprimerCela dit, tu utilises le vocabulaire que tu veux, pourvu que le lecteur s'emballe ! :-)
Ah oui, les verges tendues...
RépondreSupprimerC'est joliment torché. J'irais même jusqu'à risquer une comparaison hardie. Ton billet ressemble à un verre de bon vin. D'abord, il accroche. Ensuite, ils surprend. Il demeure et prend de l'ampleur et finalement, il entraîne tout un bouquets de réflexions qui tourbillonnent.
RépondreSupprimerIo : qu'importe le flacon…
RépondreSupprimer:-) #Merci