Article écrit pour le blog de L'Express «12 regards sur la présidentielle»
Moi j'aimerais bien qu'on m'explique
comment on est passé des années 80 et leur ministère du Temps Libre à
la nécessaire ré-industrialisation*
de la France. Je n'ai pas rêvé, on nous a quand même bien vendu qu'il
fallait fermer les usines pour passer au secteur du service. L'hexagone
devait atteindre le tiercé de tête du tertiaire.
On a détricoté le textile, liquidé la métallurgie*, on a chassé l'ouvrier jusque dans les chiottes des usines. On a recyclé les OQ et les OS en un tas d'autre chose*.
L'argent européen a financé la mutation de nos bassins industriels.
C'était un temps où la pré-retraite à 54 ans ne choquait personne, même
pour un mineur.
On a formé un tas de gamin à l'informatique*,
on a réformé l'éducation nationale pour la remettre en adéquation avec
la volonté de nos élites. On a élevé au rang d'ingénieur tout un tas de
caissières de chez Carrefour. On est certainement devenu aujourd'hui, le
numéro mondial du développement en techniques de recherche d'emploi.
Des zones entières ont été restructurées autour des anciens sites de production. Les usines ont été reconverties*
ou rasées afin de redessiner le territoire. Les réseaux de transport
ont été réorientés de manière à desservir d'autres secteurs d'activité.
Et aujourd'hui, on vient nous dire qu'il faut ré-industrialiser.
Tandis que l'argent européen s'en est allé vers les nouveaux entrants afin de les aider à aiguiser leur tissu industriel (et d'accepter de travailler à bas coût parce qu'on est déjà bien gentils de vous filer du boulot),
nos représentants nationaux ont changé d'idée. Les analystes ont dû
tomber sur un autre résultat, les experts réécrire leur rapport, les
conseillers varier d'orientation.
La
nouvelle philosophie du moment, c'est la renaissance industrielle. J'ai
l'impression de revivre l'histoire des tramways qu'on avait démontés
dans les années 50, pour les réinventer plus tard et les remettre en
place pour la modernité* et à des prix faramineux.
Bon, on va reconstruire les usines, redéployer les routes, ça devrait offrir de l'ouvrage à la main d'œuvre*. Mais on va fabriquer quoi exactement, chef ?
Ce
revirement soudain me semble un tout petit peu une preuve de la
complète incompétence de nos dirigeants. Même si entendre Nicolas
Sarkozy en appeler au retour de la classe ouvrière*, est assez distrayant.
Nota
benêt : Quand en Tchéquie, ou ailleurs,
un ouvrier se plaint de sa
situation économique,
on lui rétorque : «pense aux Français qui sont au chômage»
Dans un prochain article, nous parlerons de la société des loisirs et de la condition féminine. Ou pas.
Illustration : En Guadeloupe, l'usine à sucre de Grosse Montagne désaffectée dans les années 80*
y a de s'en étonner effectivement... c'est de l'incompétence, maintenant ça va être long pour former et voir germer de la graine d'industriel...
RépondreSupprimerStef : si j'en crois les prévisionnistes de tout bord, on va réouvrir des usines mais sans préciser quand et comment ! :-)
RépondreSupprimerEn Espagne, on a redécouvert les chemins des champs et de l'émigration. On vit en plein revival !
RépondreSupprimerAirDeFilm : la vie économique est un éternel recommencement. Le plan de l'Etat et son statut d'auto-entrepreneur allait tout à fait dans l'autre sens, on revient en arrière ! :-)
RépondreSupprimerOui, l'incompétence.
RépondreSupprimerNicolas J : du coup ça pose la question des candidats en lice ! :-) (notamment le sortant…).
RépondreSupprimerBen, dans ma région, les usines on en a fait des musées.
RépondreSupprimerTa comparaison avec le tramway est tout à fait juste.
Peut-être faudra-t-il reconstruire les petites gares de campagne ?
(et tout ça avant les élections, of course)
solveig : ah oui, les petites gares ! Je suis pour ! :-))
RépondreSupprimer(merci !).