Article écrit pour "12 regards sur la présidentielle" sur L'Express
Je crois que Nicolas Sarkozy s'est trompé dans sa manière de communiquer. Il avait imaginé qu'en nous informant jour après jour de ses faits et gestes au service du pays, nous allions lui tisser une cape de grand vizir*, lui remettre la médaille d'or du plus beau déplacement en province.
Le telling-story, c'est le principe des tele-novelas sud-américaines. Plus personne ne se souvient des premiers épisodes mais chacun développe un besoin irrépressible de découvrir la suite*. La politique en feuilleton, servie à dose quotidienne, comme une drogue ou comme plus belle la vie.
Il est apparu à vélo allant chercher lui-même le pain sur des routes pentues qu'il vainquait avec courage, ami des américains, en canoë sans bourrelets, en yacht, en short avec sueur, en short sans sueur, en Egypte, offrant l'Epad au fiston, fâché avec les USA, sur les tarmacs, sous la tente de Khadafi, s'offrant 172% d'augmentation*…
Loin d'agir sur nos consciences comme il était prévu, tout cela n'a bientôt plus été pour nos perceptions qu'une sorte de ronron, un bruit de fond sans importance. Comme nous éludons parfois d'entendre ce que nous dit la publicité télévisée*, nous nous sommes échappés par distraction de cette propagnade.
A présent, nous ne retrouvons nos esprits que lorsque quelque chose sort de l'ordinaire et vient couvrir la routine médiatique. Il se passe soudainement quelque chose et nous réactivons notre attention. Parmi le défilé des communiqués de presse, des reportages complaisants et interviews de ministres* qui litanisent très exactement les mêmes éléments de langage, la réalité réapparait.
Selon ce principe de filtrage de l'information, pas de bol pour le président sortant, il ne nous reste que les ratés*. Les accrocs dans le plan de communication : au soleil sur un yacht, en canoë avec bourrelets, criant casse-toi pov'con, poussant l'union méditerranéenne avec Ben Ali, Moubarak Kadhafi et Bachar Al-Assad (quel visionnaire !), pariant sur l'Angleterre avant de faire freund-freund avec Angela.
Le président jamais touché par toutes ces affaires qui pourtant le frôlent. Je crois que le Nicolas Sarkozy réel qui transparait* n'est pas la hauteur du personnage qu'il a voulu fabriquer. La proportion d'entre nous qui s'en rend compte mesure, j'espère, le poids de ce mensonge…
Illustration : France Inter*
On attend surtout l'épisode final.
RépondreSupprimerOh, ça flingue, chez vous, Monsieur Poireau, ça flingue avec brio !
RépondreSupprimerNicolas J : une guerre éclair est annoncée, on va voir ce qu'on va voir, dit-il… :-))
RépondreSupprimer(mon prochain article est déjà écrit là-dessus !).
Nora Gaspard : il n'est pas exclu que j'écrive autre chose entre deux, mais il va y avoir bcp de politique ces jours-ci ! :-)
Merci, restons élégant dans la critique ! :-)
Sarkozy est devenu du bruit, et maintenant on filtre.
RépondreSupprimerOmelette : exactement ! :-)
RépondreSupprimerBravo ... J'éprouve aussi un certain détachement , un recul ironique , mais je n'oublie rien de ce qui fut choquant ; le reste , le brouhaha ambiant ne m'atteint plus ^^
RépondreSupprimerMamie Rebelle : c'est amusant parce que je lance une théorie non vérifiée (je ne suis qu'un blogueur !) et je découvre que je ne suis pas le seul dans ce cas. Les infos Sarko, on les filtre très bien en fait ! :-))
RépondreSupprimerPour le filtre c'est certain et il y a longtemps qu'il est posé !
RépondreSupprimerLe temps s'étire, comme toujours dans les fins de règne ...
solveig : c'est ce que je voulais montrer avec la photo, combien Sarkozy est loin de nos réalités ! :-)
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