Je
ne sais pas où on le range entre deux élections mais à l'approche de la
présidentielle de 2012, revoilà le Bayrou. On dit qu'il passe ces
longues années à errer parmi les ours sur les sentiers du Haut-Béarn*. Comme il n'a l'air d'exciter ni les plantigrades ni les agriculteurs du coin, on le laisse tranquille.
Je
l'ai vu l'autre jour dans une interview télévisée. J'avais l'impression
étrange de regarder un documentaire à propos de la campagne de 2007*.
Il n'a pas changé une virgule à son discours. Tout comme s'il
s'apprêtait à succéder à Ségolène Royal ou quiconque d'autre qui aurait
pu se faire élire lors de ce dernier scrutin.
Sa
grande idée, c'est toujours de vouloir faire travailler ensemble des
gens qui ne sont fondamentalement pas d'accord. Il y a ceux qui croient
plus à la solidarité*
qu'à la liberté et il y a les autres. Chacun pour l'autre est dans
l'erreur. Ça laisse augurer un joyeux bordel dans les couloirs du futur
Conseil des Ministres.
Alain Juppé*
aux Finances œuvrant à l'exonération d'impôt la moins visible possible
en faveur des moins démunis et Ségolène Royal aux Affaires Sociales
réclamant la création d'un budget d'aide aux entreprises volontaires
pour concrétiser dès maintenant l'égalité salariale entre hommes et
femmes.
Et puis si c'est pour bosser réellement tous ensemble*, au delà de nos convictions — tels des robots obéissant à l'intérêt supérieur du devoir —
pourquoi François Bayrou n'a pas accepté d'être ministre de Nicolas
Sarkozy ? Il aurait pu être utile à son pays, selon la formule qu'il a
sans cesse à la bouche.
Vous n'avez pas un peu l'impression que la grande idée*
qu'il a, c'est un tout petit peu attaché à la condition de sa propre
élection ? Le genre de gars qui veut bien sauver la France mais
uniquement si c'est lui le chef de chantier…
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