[Syd Barrett en 2006, quelques mois avant sa mort]
Syd Barrett a été un petit génie du renouveau musical de la scène anglaise du milieu des années soixante. Dans l'émergence de la pop culture, il a su comme personne brasser ensemble des comptines enfantines et une vision plus adulte et oppressante de la société britannique.
Sous l'impulsion des enfants du baby boom, c'est toute la société d'après guerre qui se ré-invente et se libère du corset victorien. Cet appel d'air crée une effervescence qui fera du swinging-London, le centre du monde culturel. Si l'on cite les Beatles et les Rolling-Stones, il faut aussi rappeler qu'ils ont d'abord scandalisé la «bonne société anglaise» avant de s'imposer comme des références absolues sur la scène musicale mondiale.
C'est dans ce contexte, entre 1962 et 1965 que quelques étudiants de l'université de Cambridge s'initient à la musique. Ils montent différents groupes dont, à l'automne 1965, les Architectural Abdabs composés de Roger Waters, Nick Mason, Rick Wright, Bob Klose, Clive Metcalf, Juliette Gale (qui deviendra madame Wright) et Keith Noble.
Ils jouent d'abord du Rock rythm and blues, puis, après le départ de Bob Klose et sous l'influence de Mike Leonard, un professeur de la Polytechnique de Londres chez qui ils se réunissent, abordent les sonorités psychédéliques et les improvisations. Ce n'est qu'à ce moment là que Waters, Mason et Wright rencontrent Syd Barrett qui va leur apporter sa vision déjà étrange d'un monde fantasmagorique aussi poétique qu'halluciné.
Le premier album de Pink Floyd, «The piper at the Gates of Dawn», sort en 1967. Onze titres sont gravés dont deux sont signés collégialement, un par Roger Waters et dix composés par Syd Barrett. Le groupe part aussitôt en tournée (en compagnie de Jimi Hendrix !) et c'est dès cette série de concerts internationaux qu'apparaissent les premières fêlures de Syd Barrett.
Sous influence permanente des drogues et notamment du LSD, il est très souvent désorienté, ignore où il se trouve, oublie de se rendre sur scène ou bien quand il s'y rend, passe la soirée à jouer inlassablement le même accord durant de longues minutes. Pour terminer la tournée, Pink Floyd fait appel à David O'List, guitariste des Nice puis invite David Guilmour, qui est rentré à Londres, à les rejoindre.
Le deuxième album, «A Saucerful of Secrets» parait en 1968. Il contient sept morceaux dont un signé collégialement, un par Syd Barrett, deux par Rick Wright et trois par Roger Waters. Assez ironiquement, on peut relever que l'ultime chanson de Syd Barrett pour Pink Floyd dit ceci :
Entre ce deuxième album et celui de 1973, «Dark Side of The Moon» qui amènera Pink Floyd au succès planétaire, le groupe enregistrera plusieurs disques qui témoignent à la fois de son évolution interne et de sa recherche artistique. Roger Waters prend en charge la quasi totalité des textes et participe, en compagnie de David Gilmour, Rick Wright et Nick Mason, à l'écriture d'une grande partie des musiques.
C'est sous cette influence de Roger Waters et sous sa direction artistique que Pink Floyd fera une gigantesque carrière internationale. Ils développeront une musique blues rock* au cœur d'albums concept avec de longues improvisations musicales et des textes de plus en plus politiques critiquant à la fois la société de consommation et la montée du cynisme des responsables politiques.
Jusqu'à la fin de l'année 1978 où le groupe se retrouve pour produire un nouvel album après la très longue tournée de «Animals». Tandis que les trois autres arrivent «les mains dans les poches», Rogers Waters fournit deux brouillons d'albums complets dont l'un deviendra «The Wall» en 1979 (26 titres dont 17 signés par Waters*) et l'autre «The Pros and Cons of Hitch Hiking*» qui sera son premier album solo sorti en 1984 après qu'il ait décidé de mettre fin à l'expérience Pink Floyd.
[Passons sur «The Final Cut» de 1983 qui est plus ou moins le chutier de The Wall - parce que EMI, la maison de disque, a refusé d'en faire un quadruple album - et qui est signé Roger Waters, interprété par Pink Floyd mais sans Rick Wright totalement détruit par ses addictions aux drogues]
Connaissant toute cette histoire, on constate que si Syd Barrett a été le déclencheur du succès du groupe, il n'a réellement contribué à la musique que d'un seul album. Il est bien évident qu'il a influencé la suite de la carrière du groupe, notamment «Wish you were here» sur lequel Roger Waters exprime toute la tristesse* d'avoir perdu un ami, emporté à la fois par sa propre folie mais aussi la pression de l'industrie musicale.
Mais ce n'est pas Syd Barrett qui a fait tout cela. Ce n'est pas Syd Barrett qui a fait Pink Floyd. C'est Roger Waters accompagné de David Gilmour à la guitare, de Rick Wright aux claviers et de Nick Mason à la batterie qui ont permis l'existence de ce groupe.
Aussi, quand je lis en 2016, soit cinquante ans plus tard, que Pink Floyd est le groupe de Syd Barrett, je me dis que les journalistes musicaux devraient un tout petit peu bosser leurs sujets.
Le premier album de Pink Floyd, «The piper at the Gates of Dawn», sort en 1967. Onze titres sont gravés dont deux sont signés collégialement, un par Roger Waters et dix composés par Syd Barrett. Le groupe part aussitôt en tournée (en compagnie de Jimi Hendrix !) et c'est dès cette série de concerts internationaux qu'apparaissent les premières fêlures de Syd Barrett.
Sous influence permanente des drogues et notamment du LSD, il est très souvent désorienté, ignore où il se trouve, oublie de se rendre sur scène ou bien quand il s'y rend, passe la soirée à jouer inlassablement le même accord durant de longues minutes. Pour terminer la tournée, Pink Floyd fait appel à David O'List, guitariste des Nice puis invite David Guilmour, qui est rentré à Londres, à les rejoindre.
Le deuxième album, «A Saucerful of Secrets» parait en 1968. Il contient sept morceaux dont un signé collégialement, un par Syd Barrett, deux par Rick Wright et trois par Roger Waters. Assez ironiquement, on peut relever que l'ultime chanson de Syd Barrett pour Pink Floyd dit ceci :
«It's awfully considerate of you to think of me here
And I'm much obliged to you for making it clear that I'm not here»
And I'm much obliged to you for making it clear that I'm not here»
(C'est très attentionné de votre part de penser à moi
Et je me sens obligé d'être clair : je ne suis pas là)
Entre ce deuxième album et celui de 1973, «Dark Side of The Moon» qui amènera Pink Floyd au succès planétaire, le groupe enregistrera plusieurs disques qui témoignent à la fois de son évolution interne et de sa recherche artistique. Roger Waters prend en charge la quasi totalité des textes et participe, en compagnie de David Gilmour, Rick Wright et Nick Mason, à l'écriture d'une grande partie des musiques.
C'est sous cette influence de Roger Waters et sous sa direction artistique que Pink Floyd fera une gigantesque carrière internationale. Ils développeront une musique blues rock* au cœur d'albums concept avec de longues improvisations musicales et des textes de plus en plus politiques critiquant à la fois la société de consommation et la montée du cynisme des responsables politiques.
Jusqu'à la fin de l'année 1978 où le groupe se retrouve pour produire un nouvel album après la très longue tournée de «Animals». Tandis que les trois autres arrivent «les mains dans les poches», Rogers Waters fournit deux brouillons d'albums complets dont l'un deviendra «The Wall» en 1979 (26 titres dont 17 signés par Waters*) et l'autre «The Pros and Cons of Hitch Hiking*» qui sera son premier album solo sorti en 1984 après qu'il ait décidé de mettre fin à l'expérience Pink Floyd.
[Passons sur «The Final Cut» de 1983 qui est plus ou moins le chutier de The Wall - parce que EMI, la maison de disque, a refusé d'en faire un quadruple album - et qui est signé Roger Waters, interprété par Pink Floyd mais sans Rick Wright totalement détruit par ses addictions aux drogues]
Connaissant toute cette histoire, on constate que si Syd Barrett a été le déclencheur du succès du groupe, il n'a réellement contribué à la musique que d'un seul album. Il est bien évident qu'il a influencé la suite de la carrière du groupe, notamment «Wish you were here» sur lequel Roger Waters exprime toute la tristesse* d'avoir perdu un ami, emporté à la fois par sa propre folie mais aussi la pression de l'industrie musicale.
Mais ce n'est pas Syd Barrett qui a fait tout cela. Ce n'est pas Syd Barrett qui a fait Pink Floyd. C'est Roger Waters accompagné de David Gilmour à la guitare, de Rick Wright aux claviers et de Nick Mason à la batterie qui ont permis l'existence de ce groupe.
Aussi, quand je lis en 2016, soit cinquante ans plus tard, que Pink Floyd est le groupe de Syd Barrett, je me dis que les journalistes musicaux devraient un tout petit peu bosser leurs sujets.
[Roger Waters, novembre 2015]
Nota : en 1992, Roger Waters a sorti l'album «Amused to death»
sur le concept d'une humanité qui s'autodétruit en se distrayant
et dont une nouvelle version est ressortie en juillet 2015.
Je vous le conseille
sur le concept d'une humanité qui s'autodétruit en se distrayant
et dont une nouvelle version est ressortie en juillet 2015.
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