Ça ne vous arrive pas à vous ? De vouloir que tout aille bien, d'être suffisamment motivé pour déplacer une bonne dizaine de montagnes avant la pause déjeuner, d'avoir un moral en Tour Eiffel et de vous prendre quand même la porte dans la gueule ?
Putain, maintenant ça fait mal aux gencives quand je serre les mâchoires. Je passe à la ponceuse le concept d'un ailleurs dans lequel tout serait mieux, effervescent et serein, dans lequel il n'y aurait qu'à se laisser respirer pour se remplir du bien-être à la dose prescrite.
_Docteur, docteur, je ne me sens pas bien. Le monde qu'on vit, je ne l'aime plus, c'est mal ?
_Vous me prendrez 2 piqûres et trois cachets ; vous verrez de nouveau la vie en rose.
Et si ma pharmacopée n'est plus plus remboursée, il me reste la musique. Je démarre le I-Tunes au hasard, le shuffle comme on dit dans les manuels, le casque à sa place, je démarre la soirée.
Du Neil Young, du vieux Floyd, du plus récent Waters, du Arid, du Bashung,du Portishead. Et puis les nouveaux venus : Aaron, Abd el Malik [je ris déjà de l'avis de Didier Goux !], Alamo Race Track, Arman Meliès, Andrew Bird, […*]
Je me ballade parmi les cordes et les claviers, les batteurs et les choristes, le piano et la basse, le violon et le texte. Pendant une heure, pour le moins, je me shoote aux décibels de jour. Celles que tu ballades en mp3 et les yeux grands et ouverts sur le monde ; tu marches dans la ville de ton pas d'aventurier des mocassins. Parfaitement conscient des vocalises et des bécarres, des ressentis et des pensées et pourtant spectateur parfaitement attentif de la réalité.
Je vis dans deux dimensions en parallèle. Les mélodies sucrées de la chanson d'amour et les déchirures véritables que porte ma chair, ma mémoire, mon être. Mes hectares de vie antérieure Mes hypermarchés d'échecs et de mécomptes mais c'est quand même bien décoré pour aider à digérer la douloureuse. Restent aussi quelques parcelles lumineuses.
Des carrés d'herbe fraîche où elle s'étendait alors, le rouge de ses baisers par dessus la chlorophyle. L'auteur ajouterait facilement quelques bruits d'insectes bourdonnant afin de renforcer l'évocation bienheureuse s'il n'était aussi craintif de ses propres débordements de guimauve rosâtre.
Mais si l'on m'interdit toute connection parce que je souhaite découvrir des artistes avant d'acquérir leur album, comment voulez-vous que je retrouve le moral ?
C'est sûr que la Sécu,
si elle ne rembourse plus rien
va retrouver des comptes équilibrés.
Mais est-ce bien le but du truc ?
si elle ne rembourse plus rien
va retrouver des comptes équilibrés.
Mais est-ce bien le but du truc ?
* Je n'ai pas même terminé la lettre A !