mardi 24 juin 2025

Chronique parlée 02 : la violence du monde

 

 [Ceci est le deuxième épisode d'un exercice d'écriture de chroniques radio. 
 Ce texte est conçu pour être prononcé à voix haute 
 et interprété derrière un micro]
  

 

Je ne sais pas si vous avez vu la situation ces derniers jours, ça canarde dans tous les coins.

Enfin, ça tire surtout beaucoup dans la région d'Israël.

Maintenant, à chaque fois que je vois un truc se pointer dans le ciel, je me demande si c'est juste un avion qui passe ou bien si c'est l'arrivée de la démocratie et de la liberté qui nous sont envoyées sous forme de missile.

Comme dit tata Jacqueline : «C'est quand même pas en les tapant qu'on va améliorer la vie des gens».

Officiellement, ils bombardent les Iraniens pour les encourager à changer de régime. C'est pas comme si, depuis des mois, les habitants du lieu manifestaient leur mécontentement contre toutes les interdictions qu'on leur impose.

Et sortir manifester en Iran, c'est autrement plus courageux que de larguer des bombes depuis un avion.

FEMME - VIE - LIBERTÉ - MISSILE !
Cherchez l'intrus.

ÉGALITÉ - FRATERNITÉ - ÉDUCATION - CANON !
Cherchez l'intrus.

Allez, un dernier pour la route.

ÉQUILIBRE - BIEN-ÊTRE - BONHEUR - BOMBARDEMENT !
Cherchez l'intrus !

On voit tout de suite que la méthode utilisée n'est pas en concordance avec l'objectif visé.

Mais Donald Trump ou Benyamin Netanyahou n'inventent rien. C'est une vieille tradition, de croire qu'en faisant mal aux gens, on peut leur faire comprendre qu'il faut changer de comportement.

Des esclaves aux enfants, on a déjà tapé sur pas mal de personnes. Y compris les femmes. Avec à chaque fois le même argument : c'est pas que ça nous fait plaisir d'être violent mais c'est parce que cette personne ne veut rien comprendre. On est obligés.

Ce sont toujours les victimes qui se retrouvent coupables des coups qu'elles reçoivent. Les frappeurs ne font que répondre à la nécessaire remise en ordre du monde.

Ce n'est pas de gaieté de cœur que le policier fracasse le crâne d'un manifestant, que le parent bat son enfant ou qu'un président bombarde une population. Ce n'est pas pour son bon plaisir qu'un gouvernement prive les demandeurs d'emploi des moyens de vivre ou nos aînés de toucher une bonne retraite.

Oui, c'est aussi de la violence. Y'en a partout.

On s'est tellement habitués que plus personne ne le remarque. Par exemple, les Iraniens se prennent des bombes de plusieurs tonnes sur la tête et le monde médiatique s'inquiète.

Deux points ouvrez les guillemets :

«ce qui serait vraiment grave c'est si l'Iran décidait de fermer le détroit d'Ormuz». Fin de citation.

Faudrait pas que la guerre nuise au commerce international, il y a des priorités. Les gens qui meurent sous les décombres, les femmes et les enfants, merci de vous laisser bombarder en silence. S'il vous plait.


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[Les temps sont durs, vous pouvez m'aider au quotidien  par ici ]


mardi 17 juin 2025

Chronique parlée 1 : la horde de vieux

 

 

 [Ceci est le premier épisode d'un exercice d'écriture de chroniques radio. 
 Ce texte est conçu pour être prononcé à voix haute 
 et interprété derrière un micro] 

 

 

Tata Jacqueline me disait l'autre jour :
«Tu as vu l'état du pays ? Heureusement qu'on ne vote que pour des professionnels de la politique, sinon imagine ce que ce serait !».

Et elle a raison tata Jacqueline.

Par exemple, ces jours-ci, vous avez dû l'entendre sur à peu près tous les médias de droite — oui, ok sur tous les médias — : les comptes sociaux sont dans le rouge et c'est la grande catastrophe.

Ça fait 48 ans que tous les gouvernements autorisent les entreprises à ne pas financer la Sécurité Sociale et devinez un peu qui on accuse d'avoir creusé la dette ?

Ils en sont à dire que les gens font exprès de tomber malade pour ruiner le pays.


Les chômeurs coûtent trop chers, l'école coûte un bras, les allocations un pognon de dingue et maintenant, ce sont les malades qui font rien qu'à ne pas guérir pour creuser la dette.

Ce qui est étonnant c'est que les gars, et de plus en plus de femmes, sont élus pour s'occuper bien du pays mais que prendre soin des pauvres, des vieux et des malades, on croirait qu'ils trouvent ça excessif.

C'est pourtant le cœur de métier de la politique.

Député c'était un peu comme médecin ou infirmière, un choix de carrière pour s'occuper des autres. Je ne sais pas à quel moment ça a changé.

Est-ce que c'est excessivement de gauche de dire qu'être élu c'est s'assurer que les gens vivent bien ?

On en est à 14 millions de pauvres, il y a 4,5 millions de personnes qui mourraient de faim s'il n'y avait pas les associations et 330 000 SDF dont des femmes et des enfants, je n'ai pas l'impression que ça sente le bien-être et la félicité pour la population.

Le bilan de nos élus n'est pas très positif. Un peu comme les comptes du pays, c'est raccord.

Les milliardaires, ça va.

Le double-quinquennat d'Emmanuel Macron va rester comme une grande décennie pour les plus fortunés. Ils se sont faits des gonades en métal précieux comme on dit pour ne pas utiliser le mot couilles ou ovaires à la radio.

Si on avait élu, je ne sais pas moi, un mécanicien ou une infirmière à la tête du pays et qu'on se retrouve avec des comptes dans le rouge, on pourrait leur trouver des circonstances atténuantes mais là ?

Ce sont des professionnels de la profession. Ils sont même depute de père en fils. Pardon, député, j'ai oublié les accents.

«Emmanuel Macron, le génie de la finance» avait titré la presse en 2017. Qu'est ce qu'on avait ri.

Je suis allé vérifier, si vous avez internet, servez-vous en : ce qui coûte le plus cher pour les comptes sociaux du pays c'est le nombre de retraités.

Je vous laisse réfléchir.

Ils sortent d'où tous ces retraités ? C'est une génération spontanée ?

N'y avait-il moyen d'envisager que tous ces gens nés après guerre allaient un jour ou l'autre vouloir se mettre au repos ? Et profiter de leur pension ?

Le pays est dans un tel état financier qu'on dirait qu'une horde de vieux est soudain apparue au guichet de la banque pour réclamer sa retraite.

Et comme «gouverner c'est prévoir», on se demande avec tata Jacqueline si on n'aurait pas mieux fait d'élire un maçon à l'Élysée ou une mère de famille célibataire à la tête du pays.

C'est des gens qui font attention et qui s'y connaissent pour tenir un budget…

[Les temps sont durs, vous pouvez m'aider au quotidien  par ici ]

jeudi 27 mars 2025

L'argent [papier-monnaie !]


 

Pour acheter, par exemple, cette marchandise dans un magasin, je peux l'échanger contre un bout de papier de la même valeur. Mais il faut que ce soit un vrai bout de papier, évidemment.

Tata Josette me dit : elle est bizarre ton histoire.

C'est comme ça que ça marche.
En échange d'une certaine marchandise, tu donnes à quelqu'un quelque chose qui vaut symboliquement la valeur de cette chose.
On a choisi des bouts de papier mais c'est une pure convention.
On pourrait très bien payer avec des plumes d'oiseau ou des brins d'herbe.
Pourvu qu'on soit tous d'accord qu'une plume d'oiseau vaut CECI et que deux brins d'herbe valent CELA, les échangent peuvent se faire.

Ta Josette : et c'est pour ça que les gens veulent tout le temps avoir des papiers ? 

D'une certaine manière oui. Il faut avoir des papiers pour acheter de quoi manger, s'habiller, se laver et ceux qui ont beaucoup de papiers les gardent pour eux.

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Source image*

vendredi 24 janvier 2025

L'entretien [Le plus souvent possible !]

J’ai passé un entretien hier et c’était un moment très agréable.

Pendant quelques minutes, une vingtaine vraisemblablement, bien que je n’ai pas compté, l’une après l’autre, les secondes qui s’écoulaient, qui s’étiraient, qui s'empilaient. C’était un temps de sortie du chômage, comme un astronaute qui se rend au dehors, dans l’espace. En apesanteur et À L’EXTÉRIEUR du vaisseau.

J’ai été pendant quelques instants considéré comme une personne capable d’apporter quelque chose à la société. Pas cette sorte de rebut social qu’on tient à l’isolement dans la remise et qui coûte trop cher à nourrir*.

On m’a interrogé sur mon parcours, sur mon expérience de la vie. J’ai pu être pendant toute la durée de cet épisode, comme un véritable personnage avec de la profondeur, une histoire. J'ai pu habiter un récit.

J’ai été considéré.

On m'a écouté, on m'a posé des questions, demandé de préciser tel ou tel détail qui dans ma narration semblait peu importante mais qui, dans l'oreille de la personne écoutante, méritait d'être mieux exploré, plus détaillé.

Je ne sais pas si je serai choisi pour ce poste, il reste 40 personnes à candidater pour 10 places à prendre. Il se peut que cet entretien me permette d'accéder à l'emploi, comme on dit dans les ministères. Il se peut tout autant que je sois laissé encore de côté.

Comme une sorte de rebut social qu’on tient à l’isolement dans la remise et qui coûte trop cher à nourrir.