De gauche à droite : Salim Abdelhadjid pour Ségolène Royal, Pervenche Berès* pour Martine Aubry,
Jean-Michel Waele arbitre du débat, Valérie Rabault pour François Hollande et François Xavier Petit pour Arnaud Montebourg.
La bonne idée des organisateurs du débat des primaires du PS à Bruxelles* hier soir, c'était de les avoir casées à Saint-Gilles. Pile-poil sur une ligne de tramway directe depuis chez moi, ce qui m'a évité de me faire promener à travers toute la ville par la Stib, la société des transports d'ici.
J'étais très impressionné en arrivant sur le Parvis de découvrir le gigantesque écran gonflable* et les centaines de chaises installées mais encore vides. Je me suis dit que le Parti Socialiste avait décidément mis le paquet pour obtenir un maximum de participants à ce scrutin inédit. En réalité, il y avait là la mise en place d'une séance de cinéma de plein air. La réunion avait en réalité lieu à l'intérieur de la Maison du Peuple, à quelque pas de là.
Je te rappelle au passage qu'il te suffit de te sentir de gauche* et d'être à jour de ton inscription électorale au 31 décembre dernier pour participer. Ne te dit surtout pas que c'est une histoire de spécialistes, un truc réservé aux encartés, c'est justement ton avis qu'ils veulent entendre. Et c'est justement pour te permettre de te forger une opinion qu'était organisé ce débat.
Très sincèrement, je ne connaissais personne et personne n'avait l'air d'être venu pour des rencontres. Côté fraternité, ils étaient soit séparément dans leur bulle personnelle soit en groupe de quatre ou cinq, déjà copains entre eux ou travaillant ensemble*. En tout et à vue d'œil, il devait y avoir entre 100 et 150 personnes dans la salle. Je me suis retrouvé à côtoyer un groupe de 7 ou 8 qui avait déjà son avis et semblait surtout là pour papoter et ricaner entre eux. Assez désagréable.
Ne compte pas sur moi pour te raconter en détail ce qui s'est dit mercredi soir. Tu n'avais qu'à y être et tu aurais eu droit à une soirée riche d'échanges et de petites phrases*. Presque trois heures de débat d'une qualité telle que tu oublies qu'il est tard et qu'il va bien falloir rentrer avant le dernier tram. Ne compte pas non plus sur moi pour l'objectivité, je suis sur mon blog, je fais ce que je veux. Mais j'ai sincèrement écouté chacun dans ses arguments.
Le meilleur orateur fut sans conteste Salim Abdjehadjid par sa fraîcheur, la sincérité de son engagement et sa capacité à transmettre simplement des éléments compliqués. Il a la ferveur communicative. Pervenche Berès s'en est très bien sortie qui, sans en avoir l'air, a démonté le programme de François Hollande et a rappelé la qualité du travail de Martine Aubry à la tête du Parti Socialiste. Valérie Rabault a fait ce qu'elle a pu pour essayer de faire briller les idées de son champion mais c'est une tâche difficile. Essayez de vendre du Giscard grisâtre de 1974 à des trentenaires bruxellois, vous verrez ! François-Xavier Petit doit encore un peu travailler la forme pour égaler le représentant de Ségolène. Mais sur le fond, il m'est apparu comme celui dont la vision est la plus juste.
Vous trouverez ci-dessous un condensé de quelques phrases prises en note, dans l'ordre de leur apparition voulue par le tirage au sort.
Charles Picqué en bourgmestre de Saint-Gilles est venu ouvrir la séance. Pour les français qui me lisent, je traduis : c'est lui le maire ! Il est par ailleurs président de la Régions Bruxelles-Capitale, n'en déplaise à nos amis flamands*.
Il a souligné combien les belges s'intéressent à la France et combien les réponses et les alternatives, face à la crise et aux enjeux économiques et sociaux apportées par l'hexagone peuvent aussi intéresser la Belgique.
Salim Abdelhadjid est revenu sur ce qu'est le socialisme. Il a rappelé pourquoi et comment il s'était engagé derrière Ségolène Royal* juste après sa défaite en 2007. Il la défend, a-t-il détaillé pour son intelligence et sa radicalité. Il a souligné que cette crise est une opportunité de changement.
Quelques éléments de programme :
. Révision complète de la fiscalité. [Evidemment !].
. Les États-Unis d'Europe* dont il a exposé le concept. [C'est intéressant mais il va falloir prévenir les 26 autres de cette nouvelle orientation, c'est pas gagné].
. Interdiction des licenciement boursiers. [C'est un très beau concept. Il reste juste à définir à quoi on reconnait un licenciement boursier et comment on le délimite exactement dans la Loi].
. Plus de moyens pour accompagner les chômeurs. [Je suis d'accord, la France est à la traîne et la création de Pôle-Emploi, grand projet du Président actuel, a surtout était l'occasion de limiter le personnel chargé d'aider les gens à retrouver du boulot].
La petite phrase :
«Nous n'avons pas le droit à un autre 1983»
François-Xavier Petit a expliqué qu'il ne servait à rien d'être un socialiste* élu pour gouverner dans des structures inventées par d'autres. Il pose que le véritable enjeu maintenant est dans un bras de fer avec le système financier. Pour lui, plutôt que de se contenter d'apposer des rustines, il faut un programme qui renouvelle de fond en comble. Il s'agit d'abord de remettre en cause les idéaux néolibéraux qui ont échoué et de cesser de croire que le libre-échange est la panacée. Ce sont les principes qui nous ont amenés où nous en sommes. Il défend la démondialisation d'Arnaud Montebourg et souligne que déjà le Brésil commence à l'appliquer à l'intérieur du Mercosur. Il rappelle intelligemment que sans cette remise en cause de la finance internationale, aucune proposition d'aucun autre candidat ne sera réalisable.
Quelques éléments de programme :
. Séparation des métiers bancaires [c'est urgent pour refinancer l'économie réelle !].
. Révision complète de la fiscalité. [Evidemment !].
. Démondialisation et financement de l'innovation [Comment prétendre conserver notre niveau social en laissant une concurrence ouverte avec des pays qui ne s'occupent pas de ces questions ?].
. L'interdiction du redoublement scolaire libérera 8.000 profs qui pourront être affectés au dédoublement des classes [Je ne suis pas spécialiste mais ça a l'air d'une idée de bon sens].
. Extension des allocations familiales aux parents isolés [Ce n'est pas déjà le cas ? Ça devrait…].
La petite phrase :
«Melenchon au PS voterait Montebourg, Chevènement voterait Montebourg,
Hulot trouve Montebourg plus écolo, Montebourg, c'est déjà l'union de la gauche !»
Pervenche Berès a remercié Martine Aubry d'avoir redonné aux socialistes le goût de faire de la politique ensemble. Elle a rappelé que le seul a avoir gagné une présidentielle ce fut François Mitterrand justement en rassemblant les siens puis l'ensemble de la gauche. Elle a souligné que pour elle, l'Europe était le résultat d'un long chemin de la démocratie* et que c'est précisément cette démocratie que les marchés sont en train de grignoter. Pour elle, cette crise est elle-même une création du capitalisme. Elle a critiqué l'attitude de la BCE qui préconisent des solutions ultralibérales face à la crise plutôt que de protéger les services publics.
Quelques éléments de programme : [mille excuses, je n'ai pas relevé grand chose]
. Révision complète de la fiscalité. [Evidemment !].
. Ne pas faire du pacte de stabilité un pacte d'austérité et relancer l'investissement en s'appuyant sur le duo PS français - SPD allemand [le mythe de la croissance, encore !].
. Consacrer 50% de nos revenus à la création de la croissance et 50% au remboursement* de la dette [Je n'ai pas bien compris de quels revenus elle parlait. Personnellement, je suis dans la dèche donc pour la dette…].
. Elle ne croit pas du tout au pacte de génération proposé par François Hollande. Elle dit qu'il faut être déconnecté de la réalité pour ne pas voir le fossé qui existe entre générations. De plus elle remarque que c'est à nouveau une mesure de défiscalisation, chose contre laquelle nous luttons en ce moment [Pan ! En plus je suis d'accord !].
La petite phrase :
«L'Europe doit défendre la démocratie et le citoyen.
Ce sont ses valeurs contre les marchés»
Valérie Rabault pense que le pays est perdu si de nouveau Nicolas Sarkozy était élu en 2012. Pour elle, l'Europe a besoin d'une France forte et que pour cela, nous devons avoir une justice sociale et une économie qui fonctionne. Elle a rappelé que quelque soit le candidat choisi, il débutera avec le boulet* laissé par la droite. Elle a cité l'OCDE pour qui notre endettement est pour un tiers à la moitié du à la politique défendue par le gouvernement actuel. Elle a prôné de dire la vérité aux français et mentionné Mendès France pour qui «gouverner c'est choisir». Elle a posé le projet de François Hollande sur deux conditions préalables : la réforme fiscale et l'Education.
Quelques éléments de programme :
. Recréation dans l'Education Nationale des 65.000 postes supprimés par la droite soit un coût de 500 millions d'euros par an [Belle idée et en plus c'est chiffré].
. Contrat de génération. En France, il faut 8 ans pour obtenir un premier CDI. Hollande propose donc la signature de contrats entre salariés de, par exemple, 55 ans et d'un jeune entré dans l'entreprise en échange d'une déduction de charges sociales et fiscales [Comme dit plus haut, je trouve ça absurde et totalement irréaliste. On croule sous 150 milliards de niches fiscales, la Sécu est en déficit abyssal et il propose une mesure qui creuse encore tout ça. On dirait une idée de Valéry Giscard d'Estaing* au cœur des trente glorieuses !].
. Recréer de la croissance par l'investissement industriel [Ah la croissance ! Ça fait rêver, hein ?]
. Refonder l'Education Nationale [oui mais comment ?]
. Création d'un véritable militantisme européen plutôt que de laisser les responsables des Partis nationaux décider entre eux [J'aime bien cette idée, allons-y !].
La petite phrase :
«François Hollande pour mettre en œuvre le rêve français»
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Tu as noté avec perspicacité qu'aucun représentant n'était là pour Manuel Valls et Jean-Michel Baylet. Si tu sais pourquoi tu me le dis parce que ça a été expliqué pendant que je cherchais les toilettes qui étaient super bien cachées ! C'était la seule faute de l'organisation* par ailleurs impeccable de ce débat. Merci aux organisateurs et à Jean-Michel Waele pour son arbitrage parfait !
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Après le débat Philip Cordery* est venu se présenter. Il est candidats aux élections Législatives de 2012, circonscription du Benelux. Sa suppléante Hélène Le Moing était également présente et c'est étrange, j'ai l'impression de l'avoir déjà rencontrée ailleurs.
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Nota-benêt : des quatre débatteurs, seule Pervenche Berès est présente sur Twitter mais son compte n'est pas à jour ! On est encore loin de la démocratie 2.0…
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