Je me demande parfois à quoi sert de continuer de me battre avec 437 euros par mois. Je me suis construit une bonne estime de moi, quasi indestructible. Je n’ai de ce fait, rien à prouver à quiconque. J’existe par moi-même en tant qu’individu autonome et adulte, je me suffis. Devenu orphelin par le passage du temps, je suis devenu l’unique responsable de mon destin.
Il m’apparait parfois comme une certitude que ce destin n’a aucune espèce d’importance. Je ne suis pas mégalomane au point de croire que le monde sans moi serait moins intéressant. Si j’ai conscience de ma propre valeur, elle n’a de sens que et uniquement pour moi-même. Le reste est illusoire.
Je me fais à l’idée que je ne compte pour personne, que ma disparition, si elle avait lieu, perturberait quelques vies, quelques jours, peut-être mais guère plus. Je ne suis indispensable qu’à moi-même et j’ai chaque jour clairement conscience de ma propre incongruité sociale.
Dans cette société que nous avons construite, c’est bien la situation économique qui entraîne tout le reste. Parce que le RSA ne permet tout simplement pas de vivre, il finit par marquer au plus profond de ses récipiendaires, leur propre inutilité en tant que bouches à nourrir.
En n’accordant à chacun des délaissés de l’emploi qu’une somme ridicule, c’est la société toute entière qui leur envoie le message qu’ils sont des passagers surnuméraires, des clandestins voire des parasites. Un excédent de main d’œuvre. Un "trop" dont on ne sait que faire.
Si tu ne produis rien, tu n’es rien.
Il m’apparait parfois comme une certitude que ce destin n’a aucune espèce d’importance. Je ne suis pas mégalomane au point de croire que le monde sans moi serait moins intéressant. Si j’ai conscience de ma propre valeur, elle n’a de sens que et uniquement pour moi-même. Le reste est illusoire.
Je me fais à l’idée que je ne compte pour personne, que ma disparition, si elle avait lieu, perturberait quelques vies, quelques jours, peut-être mais guère plus. Je ne suis indispensable qu’à moi-même et j’ai chaque jour clairement conscience de ma propre incongruité sociale.
Dans cette société que nous avons construite, c’est bien la situation économique qui entraîne tout le reste. Parce que le RSA ne permet tout simplement pas de vivre, il finit par marquer au plus profond de ses récipiendaires, leur propre inutilité en tant que bouches à nourrir.
En n’accordant à chacun des délaissés de l’emploi qu’une somme ridicule, c’est la société toute entière qui leur envoie le message qu’ils sont des passagers surnuméraires, des clandestins voire des parasites. Un excédent de main d’œuvre. Un "trop" dont on ne sait que faire.
Si tu ne produis rien, tu n’es rien.
À la recherche d’un rôle qu’on pourrait t’accorder dans la pièce en train de se jouer, tu deviens comme un intermittent de l’existence. Tu n'es plus invité pour les sorties, on ne compte plus sur toi pour les festivités. Tu descends peu à peu les marches de la condition sociale. Il n’y a pas de tapis rouge, pas de photographes, il n’y a personne pour immortaliser l’instant dans sa durée.
C’est que pour être quelqu’un sur scène, il faut participer au jeu.
C’est que pour être quelqu’un sur scène, il faut participer au jeu.
Dans cette société que nous avons construite, la position sociale est définie par ce que tu possèdes et ce que tu achètes. Acquérir des objets, effectuer des dépenses, soutenir l’industrie de l’entertainment et de la joie pour tous, aller manger au restaurant, affirmer ta personnalité par l’appropriation des biens de consommation.
Pris au piège au bas d’une l’échelle sociale dont on a graissé les barreaux, c’est épuisant de croire qu’on pourrait remonter. C’est épuisant de croire que je pourrais remonter. Même les plus enthousiastes des rats de laboratoire finissent par ne plus faire tourner la roue dans laquelle on les insère. Ils finissent par se lasser de l’expérience de la roue elle-même…
Pris au piège au bas d’une l’échelle sociale dont on a graissé les barreaux, c’est épuisant de croire qu’on pourrait remonter. C’est épuisant de croire que je pourrais remonter. Même les plus enthousiastes des rats de laboratoire finissent par ne plus faire tourner la roue dans laquelle on les insère. Ils finissent par se lasser de l’expérience de la roue elle-même…
Nota-benêt : vivre au RSA consiste essentiellement
à constater l'impossibilité de vivre,
même et surtout si l'on aime vivre.
à constater l'impossibilité de vivre,
même et surtout si l'on aime vivre.
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