Peut-être que la plus belle des vies serait de renoncer à l'illusion du mouvement.
Comme si le but de l'existence pouvait être d'aller quelque part.
Comme s'il s'agissait avant tout de se déplacer à la découverte du vaste monde.
Comme si on nous attendait quelque part.
Mais personne ne nous attend, nulle part.
Peut-être faudrait-il abolir le désir de la bougette, cette manière frénétique de se mouvoir en tout lieu que nous avons en tant que groupe humain.
Effacer de nos tablettes, le terme de «voyage» et la forme verbale «se déplacer».
Pourquoi faudrait-il courir le monde alors que l'on peut rester ici, à contempler le ciel changeant ?
Peut-être vivre serait de se domicilier dans cette même rue où nous naquîmes.
Ne pas s'éloigner de plus de quelques pas de la source première.
Peut-être que vivre serait de déclarer forfait dès le départ.
D'en rester à ses racines et de n'en jamais démordre.
Une sorte de «je suis puisque j'y reste», n'en déplaise à Pascal.
Ils sont nombreux les exemples de personnes qui auraient pu mourir dans leur lit, dans le confort douillet de leur domicile personnel, plutôt qu'à l'autre bout de la planète et dans d'horribles conditions.
Ne pas aller plus loin que le bout de son nez, ça aurait évité bien des déboires à Pinocchio ou à Jeanne d'Arc.
Et puis qu'est-ce que ça nous a rapporté d'autant voyager plutôt que de rester chez nous ? La colonisation, l'esclavage, l'extermination de quelques peuplades, la liberté totale des circuits financiers et la mondialisation.
Alors, s'il vous plait, arrêtons de bouger tout le temps. Restons chez vous et consommons local.
Photo : Ako, guerrier comanche, par James Mooney, 1892*
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Question bêta : comment ça s'appelaient, les Amériques,
avant l'arrivée des Européens ?
avant l'arrivée des Européens ?
Joli billet. Avec plus de vitamines que de soufre.
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