S'expatrier, c'est te séparer de quelqu'un, sans être fâché ni rien, juste les aléas de la vie. Tu continues à la regarder vivre mais de loin. C'est la même personne mais elle est devenue ton ex. Elle continue d'exister sous tes yeux. Tu vois avec qui elle sort, qui la tente, avec qui elle couche. Tu observes tout cela avec une sorte de gourmandise affadie. La curiosité l'emporte encore un peu sur l'indifférence.
Ta vie continue sur d'autres rails et il s'installe une sorte de détachement. Tu constates avec l'accumulation du temps que ces événements sont assez lointains pour ne pas être tant que cela de ta vie. C'est un peu comme d'arrêter du jour au lendemain de t'intéresser au football. Après quelques années, ils te semblent étranges, les gars qui courent en short après un ballon.
Ils vivent une ferveur qui t'est devenue étrangère. S'il arrive qu'ils gagnent, tu es content pour eux mais ça n'atteint plus jamais l'extase. Ce n'est pas plus grave que d'assister à un spectacle de danse contemporaine sans rien comprendre à la contorsion généralisée à laquelle tu assistes.
Côtoyant le peuple belge, tu constates ce qui les fait différents. L'appellation «ton pays», c'est un peu vidée de sons sens, elle s'est dépassionnée. C'est la même patrie mais elle est devenue ton ex. Elle continue d'exister sous tes yeux d'entomologiste et c'est cette distance acquise qui t'offre une nouvelle liberté de conscience. Ce n'est finalement pas plus grave que de se départir d'une mauvaise habitude.
L'expérience de s'expatrier, c'est commencer à comprendre combien le nationalisme est une sorte de peur viscérale de cette désalié(nation).
J'ai proposé ce texte à Newsring en tant que débat
sur la nature du nationalisme. Je n'ai pas encore reçu de réponse…
sur la nature du nationalisme. Je n'ai pas encore reçu de réponse…
Source photo : montage perso de 2 images d'e-bay*
C'est un peu comme un type du Centre Bretagne qui vient habiter en banlieue Parisienne et qui y est depuis près 20 ans en se sentant chez lui (je dis bien en banlieue, je ne suis pas un "Breton de Paris"). Tu finis par regarder des compatriotes avec un autre regard (et tu te fous des résultats de Rennes ou de Guingamp au foot mais tu aimes bien quand ils gagnent...).
RépondreSupprimerNicolas Dublog : oui c'est un peu ça côté régionalisme. Je pense que le changement de pays donne le même résultat mais en plus intense du fait du changement de culture locale. En la Bretagne et Paris, par exemple, l'administration fonctionne de la même manière. Pas quand tu passes les frontières ! :-))
RépondreSupprimerC'est intéressant de lire la vision d'un autre expatrié. Dans mon cas, mon expatriation en Belgique depuis 5 ans m'a, pour la première fois, donné le sentiment d'être française. Ce déracinement me fait apprécier mon pays d'origine plus que jamais et j'ai très envie de rentrer à la maison maintenant! Même si je me vois tout aussi bien essayer un autre pays.
RépondreSupprimerJ'ai aussi connu le changement de région dans le sens Province/Paris, mais cela ne m'a pas fait aimer ma région d'origine davantage! Au contraire.
Une chose est sûre, ce sont des expériences extrêmement enrichissantes
C'est vrai. Je me souviens que de l'Afrique on regardait autrement ce qui se passait en Belgique et revenue en Belgique, ce qui se passait au Congo.
RépondreSupprimerEclipse_Sabrina : c'est intéressant d'entendre comme l'expatriation se vit par d'autres. Si je rentrais en France, j'adorerai toujours mon pays mais je râlerais aussi sur ce que je constate de dysfonctionnement ou de sclérose. :-) Discussion à développer autour d'une bière ? :-)
RépondreSupprimerMolinia : la distance change le perçu ! :-))