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C'est quand le facteur débouche au coin de la rue et que le chien de la première maison l'aperçoit que commence la scène. Le molosse qui jusque là semblait dormir, la babine tombante et l'œil clos se retrouve soudain sur ses quatre pattes et se dresse tel le gardien infranchissable de l'habitation.
Son poil se hérisse au milieu des épaules afin de le faire paraitre plus imposant qu'il n'est en réalité ; sa joue se plisse de nervosité, se contracte jusqu'à révéler les canines et les molaires qu'il prévient pouvoir se servir. Les muscles du haut des cuisses se bandent et son corps trace dans l'air comme un léger balancement qui laisse penser qu'il pourrait d'un instant à l'autre bondir. Que quelque chose encore le retient.
Il se poste sur le perron et suit de l'œil l'apporteur de courrier. Ses mouvements le déplacent de manière à toujours l'avoir en face et ses grognements ne sont interrompus que par le flot des aboiements. Il projette en avant sa mâchoire qui mord le vide et lance un son rauque et répété. Cela résonne terriblement.
L'alerte est belle et bien lancée et ce sont successivement toutes les habitations en enfilade dans lesquelles réside un chien qui sonnent de jappements. L'une après l'autre, chacune des adresses destinataires se remplit de ces cris d'animaux.
L'employé des Postes connait le coin et sait parfaitement qu'aucun chien dans ce quartier n'est réellement méchant. Ils se contentent de faire leur boulot, celui dont ils se croient investis : leur mission est de garder la tanière de la meute et d'y interdire toute intrusion.
Ce qui leur semble étrange, c'est ce gars avec le même uniforme qui se pointe à la même heure, chaque jour que Cador, le d.ieu des chiens, fait. Qu'il neige, vente ou pleuve, il revient et cherche à s'approcher de la propriété avant que l'ensemble des gardiens, chacun son tour, ne lui rappelle que le pâté de maison est bien protégé.
Nous savons maintenant avec certitude et grâce au travail de chercheurs en toute sorte de chose qu'il s'agit là d'un exercice nécessaire. Le canidé trouve en cette pratique ancestrale, une sorte de bien-être. Garder la demeure et répondre victorieusement à la menace sont pour lui source d'équilibre.
Il est par ailleurs tout à fait convaincu dans sa tête de cabot que c'est uniquement du fait de son intervention que le préposé finit par quitter les lieux. Qu'il arrive que le manège routinier du facteur s'arrête et nous aurions sur les bras, toute une armée de toutous dépressifs. Ils auraient perdu non pas seulement l'occasion de s'exercer au cri guttural propre à la race mais avec elle, un certain sens de l'utilité. Devenu sans mission, ils se traineraient d'un pas pesant.
Observez un peu vos fidèles amis à quatre pattes un dimanche après-midi et dites-moi donc à quoi ils ressemblent ? Ont-il l'œil vif et l'air joueur ou bien ont-ils l'air sombre d'un italien quand il sait qu'il n'aura ni les femmes ni le vin ?
J'espère sincèrement que les personnes qui décident ces temps-ci de privatiser la Poste se rendent bien compte de ce qu'elles font. Le pays, après cela, se retrouvera découpé en zone plus ou moins rentables, définies par la quantité de courriers papier émis et reçus. Si l'on tient à ce que Tata Paulette profite de plus d'une visite annuelle, on sera obligé de lui écrire plus souvent mais avec un timbre hors de prix à cause de son idée désuète d'habiter la campagne.
L'ensemble des chiens de la nation, désemparé par la disparition de la régularité postale sera gagné par la déprime et finira par devenir obèse. Les maisons seront alors sans protection et ce sera le retour à grands pas, de l'insécurité avec ses hordes de cambrioleurs sanguinaires planqués derrière la porte et prêts à te couper la gorge en t'arrachant l'argenterie des mains.
Ce seront des dizaines d'appartements, de résidences, de logements, laissés en libre accès à la voracité insatiable des sauvages tapis dans l'ombre et sur le point de s'approprier ton lecteur dvd dernier cri et ta collection complète des CD de Michel Sardou.
C'est pour sauver les chiens qu'il faut sauver la Poste des griffes assassines de la privatisation programmée. C'est par amour pour tous les toutous que ce projet ne doit surout pas être voté par nos représentants. Evitons ce choc à nos plus fidèles compagnons et conservons-leur la Poste telle qu'elle est. Défendons le droit pour les clébards de se sentir utiles…
lundi 15 juin 2009
Les gardiens [vous avez du courrier !]
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J'aime cette photo !!!!!!!!!
RépondreSupprimerOuaf !
RépondreSupprimerFlaconhill : moi aussi ! :-)
RépondreSupprimerNicolas : tu as du courrier ? :-))
Un chien, c'est fait avant tout pour chier sur la pelouse.
RépondreSupprimerFranssoit : tant que le facteur n'y marche pas, tout va bien ! :-))
RépondreSupprimerLes clebs sont pour la privatisation de la poste, sauf le mien qui n'emmerde jamais le facteur.
RépondreSupprimer"Chien méchant", beaucoup prennent l'avertissement au pied de la lettre et se sentent obligés de mordre.
RépondreSupprimerD'ici à ce que la bête du Gévaudan revienne...
RépondreSupprimerLe coucou : tu as un chien socialiste ? :-)))
RépondreSupprimermtislav : je préfère de beaucoup les pancartes "je monte la garde" que "chien méchant" !
Pour l'instant, ce sont les privatiseurs qui sont après les mollets des facteurs…
:-))
Mademoiselle ciguë : ah non, pas elle !!!
:-))